PREDICATION
Nous méditons aujourd’hui le troisième mystère lumineux, le huitième mystère du Rosaire,
Le mystère de la Prédication de Jésus
Comme tous les mystères que
nous avons à creuser, à méditer, dans lesquels nous devons
nous engloutir pour que Dieu surgisse, de l’intérieur de nous,
de manière libre ( qu’il n’y ait rien en nous qui empêche
Dieu de s’exprimer, d’être libre au dedans de nous ), ce mystère
a quelque chose de merveilleux, d’extraordinaire :
D’ailleurs nous appelons ce mystère le mystère de l’Evangile,
de la proclamation de l’Evangile : la proclamation de la Bonne Nouvelle,
ces trois ans dans lesquels Jésus a manifesté la lumière…
Le Royaume de Dieu s’est approché.
Il a annoncé la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu : la Haggadah.
La Haggadah du Messie a commencé à s’exprimer.
Ce que nous allons essayer de faire, comme toujours, c’est de voir comment
nous allons rentrer dans ce mystère-là pour que cela nous fasse
quand même quelque chose. Parce que la Parole de Dieu réalise quelque
chose, la Parole de Dieu n’est pas comme une parole humaine : la Parole
de Dieu est une Parole qui change tout. S’Il dit au sourd-muet ‘‘Ephata’’,
l’oreille s’ouvre et la langue se délie. Telle estt la différence
entre la Parole de Jésus et la parole humaine qui s’est séparée
de la grâce du Messie et de cette liberté vivante de Dieu le Père
à l’intérieur de l’âme. Le péché
originel a fait qu’effectivement il y a une séparation.
Mais Jésus, lui, après les noces de Cana, nous le voyons librement
commencer à opérer des Paroles où la puissance de la Lumière
réalise ce qu’elles signifient.
Cela a dû être d’ailleurs très émouvant de voir
cela en Israël, cela a dû être très beau.
Dans tous les mystères du Rosaire, il faut toujours commencer par essayer
de se représenter , de s’imaginer, d’être là
:
D’un seul coup, après les noces de Cana, Jésus est parti.
Il était déjà avec les disciples ; ils sont tout de suite
parti à Capharnaüm, la ville de Simon Pierre, le premier Pape ;
puis il a commencé à circuler, à marcher partout, partout,
partout ; Il a fait une vingtaine de kilomètres par jour pendant trois
ans ( si vous calculez bien, cela doit faire quelque chose comme vingt mille
kilomètres ) ; Il avait ses disciples à côté de lui,
et il passait, il passait, et il marchait, il marchait, le Basiléou,
le Roi d’Israël ; Il a marché, il a couru :
‘‘Qu’ils sont beaux, sur toutes les montagnes, les pieds de
Celui qui annonce la Bonne Nouvelle, la Haggadah’’.
Il passait partout, et aussitôt les gens le reconnaissaient, l’attendaient.
Il a circulé à droite, à gauche, revenait, repartait, revenait.
Quelquefois ils étaient soixante-dix autour de lui, quelquefois ils étaient
deux cents autour de lui, c’était une communauté qui marchait
; quelquefois ils étaient deux mille, cinq mille, vingt mille ; ils avançaient
ensemble : on n’avait jamais vu cela.
Et il multipliait les pains, marchait sur les eaux, traversait le lac.
Dès qu’il s’arrêtait dans une maison, les gens se pressaient
à la porte, se pressaient autour de la maison.
Je ne sais pas si vous voyez le spectacle : Il passait dans tous les villages,
dans toutes les cités d’Israël. Tous les enfants d’Israël
qui depuis environ mille sept cents ans attendaient le Messie, le voyaient passer
chez eux : il allait venir, il était passé, ils l’avaient
touché, ils avaient été guéris, il ressuscitait
des morts.
Vraiment, cela a dû être quelque chose d’extraordinaire, surtout
pour des Juifs qui avaient été travaillés pendant des générations
par le désir du Messie. Il était là, mais ils ne maîtrisaient
pas bien la situation, ils ne savaient pas très bien ce qu’Il faisait,
comment Il le faisait, comment Il allait faire, ce qui allait se présenter.
Mais cela a été extraordinaire, l’allégresse, la
joie, le désir surtout que Jésus arrive.
D’où est-ce venu ? C’est venu de Marie aux noces de Cana.
Aux noces de Cana, Marie s’est laissée complètement assumer
par Jésus, c’est ce que nous avions vu dans le deuxième
mystère lumineux. L’Immaculée s’est laissée
complètement assumer par le Verbe, par le Dieu vivant, dans le cœur
de Jésus.
Dans le premier mystère, Dieu le Père a déchiré
le ciel et Il a donné son fils.
Et Marie, aux noces de Cana, a donné son Fils, elle ne l’a plus
gardé pour elle, elle s’est laissée assumer, elle n’était
plus la mère, elle est devenue l’unité, la communion sponsale,
l’amour humain à l’état pur avec Jésus. De
sorte que l’amour de Dieu le Père et le don de Dieu le Fils, le
Dieu vivant (premier mystère lumineux), et l’amour nuptial, l’amour
de l’homme et de la femme retrouvé jusqu’à la racine
de l’Immaculée Conception et de l’Incarnation du Messie en
une seule assomption, tout cela est assumé ; et tout le désir
de Marie comme femme est assumé par Dieu, par Jésus, à
l’intérieur de sa divinité.
Et alors, Il va réincarner sa présence dans la chair humaine (
dans son humanité messianique ) Il va réincarner les heures qui
vont suivre dans le désir de l’Immaculée Conception.
C’est vraiment la foi de Marie qui est l’origine du troisième
mystère lumineux. Ce changement soudain dans la vie de Jésus sur
la terre, vient de la nouvelle manière dont Marie s’est laissée
entièrement assumer en confessant qu’elle était entièrement
assumée par Jésus dans le Verbe éternel de Dieu. Elle a
confessé cela dans le silence : elle n’avait plus rien à
dire…
Elle avait seulement dit aux serviteurs : ‘‘O ti àn legeï
umin, poiesatè : tout ce qu’Il vous dira, faites-le !’’.
Le Pape, quand il présente le troisième mystère lumineux,
dit que c’est le fond de ce mystère : ‘‘Tout ce qu’Il
vous dira, poiesatè ! ( faites-le ! )’’.
Le désir de Marie : que ce soit tous les disciples de Jésus, les
frères de Jésus, ceux qui aiment Jésus, ceux qui adhèrent
à Jésus dans sa grâce profonde, que ce soit eux qui fassent
ce que Jésus, dans son Verbe intérieur, proclame. C’est
ce que nous avions vu dans le deuxième mystère lumineux.
Du coup les serviteurs ont fait ce que Jésus a dit. Alors à ce
moment-là le vin nouveau est arrivé, Marie s’est laissée
entièrement assumer, et tous les désirs de l’Immaculée
Conception ont été pris par Jésus. Pour faire tous ses
actes et tous ses choix pour les trois ans qui venaient, Il a assumé
tous les désirs profonds de l’Immaculée Conception, dans
son Immaculée Conception.
Le Pape dit que ce troisième mystère lumineux est un mystère
très fort, parce qu’il revient à dire qu’une vie nouvelle
apparaît, qui est une vie de confession, qui est une vie d’absolution,
qui est une vie de pardon : le Messie vient absoudre le mal.
L’Immaculée Conception est déjà l’Absolution
en personne.
Marie est l’Immaculée Conception en personne, vous le savez bien.
L’Immaculée Conception, l’absolution créée,
c’est Marie. Elle a commencé, elle a été créée,
comme une absolution divine : c’est ce que nous appelons l’Immaculée
Conception.
Le désir de Marie, c’est que les disciples de Jésus fassent
tout ce que le pardon de Jésus va opérer : que ce soit eux qui
le fassent : ‘‘Tout ce qu’Il vous dira, faites-le’’.
C’est ce que dit le Pape : le troisième mystère lumineux
est lié à cette grâce, à ce fruit du mystère
de confession, à ce fruit du mystère de l’absolution. Jésus
vient laver, vient sauver, vient recréer un monde nouveau. Et il le fait
de cette manière : Il est avec les apôtres, Il est avec les disciples.
Et Il court partout, et les gens sont guéris, les aveugles, les boiteux,
les fatigués, les cœurs complètement désespérés
comme la Samaritaine qui retrouve une force d’amour pas possible, les
personnes complètement paralysées qui bondissent sur les collines,
les aveugles…
Toutes ces merveilles restent extérieures mais elles correspondent bien
entendu à une annonce que Jésus fait : ‘‘le Royaume
de Dieu apparaît, il est en train de s’approcher de vous, la Bonne
Nouvelle du Royaume de Dieu est proclamée’’, c’est
le troisième mystère lumineux. La Lumière est venue resplendir
dans les ténèbres, et à partir des noces de Cana, dès
lors que s’ouvre le troisième mystère lumineux, les ténèbres
ne peuvent plus l’arrêter.
Comme Jésus a assumé Marie dans sa chair, il est normal qu’il
commence par l’absolution dans la chair : ce sont les conséquences
du péché dans la chair, les maladies, la mort, qui sont les premières
à bénéficier de cette Proclamation, de cette Parole efficace.
Quand nous méditons chacun des mystères, nous essayons dans un
premier temps de faire mémoire, de revivre presque physiquement (spirituellement
en fait ), de revivre nous aussi ce que Jésus a vécu et comment
l’Immaculée au dedans de lui le vivait aussi, en lisant, justement,
les Evangiles. Le troisième mystère lumineux, c’est les
Evangiles, qui nous disent essentiellement ce que Jésus a fait, comment
Il l’a fait : Il a proclamé le Royaume de Dieu, et Il l’a
fait de cette manière-là.
Qu’est-ce que le Royaume de Dieu ? Le huitième mystère est
le mystère du Messie. Nous savons que le Heth, la huitième lettre
hébraïque, désigne le Messie, l’onction messianique
lumineuse qui nous touche, qui nous recrée, qui fait qu’il y a
quelque chose de nouveau en nous : nous ne sommes plus de la même nature
qu’avant. Nous ne sommes plus de la même texture qu’avant…
par la grâce messianique : par la grâce sanctifiante.
Saint Jean nous dit qu’au départ, quand Jésus annonce la
Bonne Nouvelle, aussitôt après les noces de Cana, il va dans la
maison, dans le village, dans la cité de Simon, le principal de ses disciples,
le premier Pape. Capharnaüm [ hebreu : Kapar-Nahum ] veut dire le pardon
de Dieu dans la compassion universelle. Or, c’est la maison de Pierre,
la maison du premier Pape. Jésus y alla avec Marie, avec ses frères,
avec ses disciples, peu de jours.
Aussitôt après, nous le voyons partir à Jérusalem
directement : Il fixe son front sur Jérusalem ; c’est comme cela
que commence le troisième mystère lumineux : à ce moment-là,
d’après l’Evangile de saint Jean, Il entra dans le temple
de Jérusalem et Jésus le Messie se met en colère : Il devient
brutal. Il se met en colère parce qu’il peut enfin exprimer ce
qui le blesse le plus. Il est blessé à mort en ce que ceux à
qui il a donné la grâce depuis des siècles et des siècles
ont fait du temple : de ‘‘la Maison de mon Père’’,
un repère de brigands, et Il chasse les vendeurs du temple ! Il ne supporte
pas que l’on touche à son Père, que l’on touche à
la maison où demeure son Père. Les Juifs, les Pharisiens, les
Hokmei Ha Talmud et les Peroushim, ne le faisaient pas méchamment : ils
s’étaient habitués à ne pas respecter le lieu où
le Père demeure.
Est-ce que c’était un péché ? Je ne voudrais pas
revenir ici sur la question du péché : je ne sais pas, je n’en
sais rien, mais en tous cas Jésus est blessé par cela. Quand quelqu’un
se met en colère, il dévoile à ce moment-là là
où il est le plus fragile. Or c’est le seul moment où Jésus
se mette en colère. Derrière, il y a quelque chose que peut-être
le Bon Dieu nous aidera à exprimer : la présence de Joseph. Peut-être
aurons-nous le temps de revenir là-dessus tout à l’heure.
Pour l’instant, nous lisons l’Evangile :
Aussitôt après avoir chassé les vendeurs du Temple, il revient
vers Capharnaüm, passe par Samarie et guérit la Samaritaine qui
avait sombré en son cœur de femme dans le désespoir : elle
était désespérée, avait essayé un mari, puis
un deuxième, un troisième, un quatrième, un cinquième,
enfin sa vie affective était un échec, elle était détruite
( ce n’est pas bon de faire des essais, remarquez bien, l’Immaculée
Conception n’a fait aucun essai, c’est pour cela que tout lui a
réussi dans l’amour nuptial : on ne fait pas d’essai dans
l’amour ! ) Et Jésus la remet dans la maison de Dieu le Père
pour lui apprendre l’adoration en esprit et en vérité, et
elle devient libre ; Il lui donne les eaux profondes de la grâce où
elle n’aura plus jamais soif.
Et après, tout de suite, il guérit l’homme qui était
complètement anéanti, qui ne pouvait même pas se bouger
pour guérir.
Puis l’enfant.
Et Il continue sa course, et il part avec les disciples, il va partout :
‘‘Il marche partout, le Roi d’Israël, le Roi Messie’’(saint
Matthieu)
En hébreu, le Roi se dit Melech : Adonaï Elohenou, le Seigneur est
notre Dieu, Yeshwah Melech, Jésus est notre Roi, Jésus est Roi,
le Messie est roi, Yeshwah Meshiheinou, Jésus est mon Messie, Yeshwah
Melech, Jésus est mon Roi. Et en grec, l’Evangile de saint Luc
dit Basileus. Et le Royaume de Dieu est Basiléia tou Théou. Ce
sont des mots très forts : la racine des mots Royaume de Dieu et Roi
Messie ( Basiléus ) se trouve dans basis ( qui ne veut pas dire base,
fondement, contrairement à ce que nous pourrions croire, mais :) le pied
qui marche : le Roi est celui qui fait tout remarcher. Il court partout, il
remet tout en route…
Et il pardonne les péchés.
C’est ce que dit le Pape : Il vient pour pardonner le péché
et donc laver les conséquences des fautes, arracher le mal, guérir
les maladies, absoudre, réconcilier, pardonner, donner la grâce,
prendre le péché partout où il se trouve, et rentrer dans
le noyau du péché pour le transformer en Porte du ciel …
Du centre du péché, Il vient faire jaillir la grâce.
Chacun d’entre nous, nous avons des péchés. Nous n’en
avons peut-être pas beaucoup, mais nous en avons quelques uns : au moins
le péché originel ; et on ne se débarrasse pas facilement
du péché originel, vous savez. Et nous avons nos fautes personnelles
: tout ce qui est contraire aux commandements, aux invitations de Dieu le Père.
Il en résulte que nous sommes spirituellement anémiés :
notre vie contemplative n’est pas libre, notre âme n’est pas
libre, notre vie intérieure n’est pas libre ( et en plus elle n’est
plus divine du tout !). Notre image ressemblance de Dieu ne ressuscite pas dans
des torrents intarissables de grâce et de vie divine intérieure.
C’est le péché qui fait cela. Alors Jésus s’introduit
dans chacun de ces péchés, il va dans le noyau, dans le centre
du péché, et transforme le centre du péché en source
de grâce chrétienne, en source messianique, en porte d’entrée
dans le sein de Dieu le Père, dans le Royaume de Dieu.
Nous passons du deuxième mystère lumineux que nous avons vu vendredi
dernier (la Sainte Famille et la sponsalité, l’union nuptiale de
l’époux et de l’épouse entièrement assumée
pour la production de la Toute Puissance de Dieu dans le vin nouveau : second
mystère lumineux) au troisième mystère lumineux où
le désir de Marie est que l’amour se répande, que les enfants
de Dieu le Père se révèlent, que l’absolution dont
elle est elle-même l’incarnation et la virginale épousée
soit féconde, qu’elle se produise elle-même. Et c’est
cela que Jésus assume : le désir de l’Immaculée Conception
de voir cette Immaculée Conception soit féconde et donne la vie.
Nous passons donc de la sponsalité à la maternité, ou si
vous préférez, de l’amour à la vie. L’amour
est le vin des noces de Cana, et la vie divine est la grâce. Jésus
devient le Père de la vie divine. Et les disciples ne seront plus serviteurs,
grâce à un nouvel acte de foi de Marie dans ce troisième
mystère lumineux : ils vont devenir des disciples, des agapetoï.
Vous voyez, dans le premier mystère, Dieu le Père avait révélé
: ‘‘Celui qui est l’Aimé absolument, c’est mon
Fils, le Dieu vivant, Il est là, écoutez-Le’’. A Cana,
Jésus dit à Marie qu’elle est sa bien-aimée mais
que son heure à lui n’est pas encore venue, et qu’il n’y
a aucune distance entre eux : elle est la bien-aimée. Et, troisième
mystère : les disciples, les bien-aimés de Jésus sont fécondés,
ils ne sont plus serviteurs, ils sont des agapetoï, des bien-aimés
comme Marie, ils deviennent des absous, ils deviennent immaculés, ils
deviennent plénitude de grâce, ils deviennent surabondance de vie
divine, ils deviennent incarnation de la vie divine dans une chair humaine,
ils deviennent des présences du temple qui n’est pas le lieu des
voleurs et des brigands, ils deviennent la coupe de l’Epoux de l’Immaculée
Conception.
Il faut voir comment saint Jean dit cela. Et saint Luc aussi. Saint Jean et
saint Luc sont les mieux placés pour les mystères du Rosaire parce
qu’ils sont les deux qui ont puisé dans l’Immaculée
Conception, dans la Mère de Dieu, après la Résurrection
et la Pentecôte, toute la Haggadah qu’ils ont écrite. Jean
et Luc.
Saint Luc, au chapitre 6, parle pour la première fois du Royaume de Dieu
(il en parle environ une vingtaine de fois dans son Evangile, je crois), ce
Royaume de Dieu qui commence à s’inscrire sur la terre grâce
à une fécondité mariale du Messie rédempteur. Au
fur et à mesure qu’il va écrire l’Evangile, il va
montrer ce que c’est que la proclamation de la Bonne Nouvelle du Royaume
de Dieu, ce que c’est que ce troisième mystère lumineux,
au fond : un mystère de grâce. Nous passons de la Sainte Famille
qui domine jusqu’au mystère de Cana, à la Cité du
Dieu vivant : une nouvelle Sainte Famille se multiplie, et cela devient une
cité, la Cité de Dieu, le Royaume de Dieu. Saint Luc montre bien
cela, et ce sera repris très fort par saint Augustin. Une nouvelle race
humaine est constituée et créée par Dieu, et dans l’Evangile,
la Haggadah, l’Esprit Saint montre bien comment elle commence à
venir et à s’approcher. C’est quand même assez extraordinaire
d’essayer de se mettre dans les débuts torrentiels de cette proclamation
et de cette apparition du Royaume de Dieu, et de comprendre surtout, de l’intérieur,
ce que c’est que le Royaume de Dieu. Saint Luc aide beaucoup à
cela.
Au chapitre 6 de son Evangile, saint Luc parle donc pour la première
fois du Royaume de Dieu sur le Mont des Béatitudes : ‘‘Bienheureux
les pauvres en esprit, le Royaume de Dieu est pour eux’’. ‘‘Bienheureux
les pauvres’’ : ceux ont une humilité vivante ( je ne sais
pas si tu vois cela : qu’il est beau de rencontrer quelqu’un comme
cela). Jésus était comme cela : Il était une humilité
vivante, l’Immaculée aussi.
‘‘Bienheureux les pauvres en esprit, le Royaume de Dieu est pour
eux’’.
Chapitre 7 . Jean Baptiste vient de mourir ; saint Luc explique : Jean Baptiste
est le plus grand de tous les enfants des hommes, mais le plus petit dans le
Royaume de Dieu est plus grand que lui. Nous passons vraiment à quelque
chose de tout à fait nouveau. Jean Baptiste a révélé
la divinité et donné le Rédempteur au monde, il ne faut
pas l’oublier, mais il y a plus grand que lui : ‘‘le plus
petit dans le Royaume de Dieu’’, le plus humble, celui qui est l’humilité
vivante presque incarnée… ( à mon avis : c’est l’époux
de l’Immaculée Conception, saint Joseph !. saint Joseph, coupe
qui contient toute la vie divine donnée par Dieu le Père. Son
humilité et son effacement ont été tellement forts qu’il
en est mort. Son humilité a été tellement intense qu’il
en est mort. Sa pauvreté a été tellement substantielle
qu’il en est mort ). Et Jésus porte cela avec l’Immaculée
pour inaugurer le Royaume.
Ensuite, quand saint Luc va parler du Basileia tou Théou, Il va dire
que le Royaume de Dieu n’est pas un retour à la santé, un
retour à la vie humaine du Paradis originel perdu ; attention : ‘‘celui
qui a mis la main à la charrue et regarde en arrière, est impropre
pour le Royaume de Dieu’’ ( Luc 9 ). Nous n’allons pas nous
remettre entièrement entre les mains de Dieu pour pouvoir être
mieux dans notre peau, pour pouvoir être plus à l’aise dans
la Lumière, pour pouvoir être guéri de nos nœuds, de
nos fissures, de nos aveuglements ! Si nous le sommes, tant mieux, mais telle
n’est pas la raison véritable. Nous ne revenons pas en arrière.
Le Royaume de Dieu est tout entier dans l’instant présent, et cela
à partir du péché ( c’est une question d’absolution
) : nous ne pouvons pas revenir en arrière comme s’il n’y
avait pas eu de faute, comme s’il n’y avait pas eu de ténèbres,
comme s’il n’y avait pas de mal, comme s’il n’y avait
pas de pardon à recevoir et de pardon à donner, comme s’il
n’y avait pas de miséricorde à communiquer partout. Non,
le Royaume de Dieu doit grandir et s’accomplir, il est dans une espèce
d’élan vers l’avenir dans l’instant présent,
et en vivant de l’accomplissement du Royaume de Dieu dès cet instant
présent, nous allons vers l’avenir du Royaume de Dieu accompli.
Le fils de l’Homme fixe son front vers Jérusalem : en avant ; c’est
saint Luc tout craché. A partir de ce moment-là, aussitôt
qu’il a dit cela ( verset suivant ) Jésus choisit ses soixante-douze
disciples et il les envoie deux par deux ; deux par deux puisqu’ils sont
déjà deux en Lui pour produire cette nouvelle cité vivante.
Tous ces nouveaux agapetoï sont deux eux aussi : la Sainte Famille est
là ; ils sont deux, et il les envoie deux par deux, Il les assume en
cette unité qu’Il fait procéder de Marie.
De même qu’il a assumé l’Immaculée Conception
pour le vin nouveau des noces de Cana, de même maintenant Il va assumer
cette adhésion d’amour dans la Lumière du Messie qu’ils
vont faire vivre dans les disciples. Et il va les envoyer deux par deux pour
chasser les démons, guérir les malades en son Nom. C’est
quand même assez incroyable : non seulement Jésus circule partout,
mais maintenant il a soixante-douze disciples (plus douze apôtres) qui
vont deux par deux. Je ne sais pas si tu vois, en Israël, c’était
la folie ! La Palestine, était en révolution dans la Lumière.
La DST de l’époque est tout de suite venue expliquer à Hérode
: ‘‘c’est vraiment incroyable, il n’y a pas un mort,
pas une rixe, rien, c’est fou’’. Et cela a duré trois
ans, sans arrêt ( il y a de quoi traumatiser les gardiens de la paix :
‘‘tiens, la paix ne vient pas de nous, ce n’est pas par la
peur du gendarme, ce n’est pas par la peur du roi, des soldats’’.
Non, c’est le pardon qui donne la paix). Nous voyons bien qu’Hérode
et Ponce Pilate n’ont pas peur du tout, mais ils sont vraiment étonnés.
Tout Israël est surpris :
Le Royaume de Dieu se fait voir, s’approche.
Jésus choisit à ses disciples et leur dit : ‘‘allez
partout et proclamez, annoncez la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu, et quand
vous rentrez dans une maison, dites : le Royaume de Dieu s’approche de
vous’’ [ Si vous lisez dans la traduction : ‘‘le Royaume
de Dieu est tout proche de vous’’, c’est une très mauvaise
traduction du verbe egizzo, approcher ] : le Royaume de Dieu vient vous visiter
et s’approche de vous. ‘‘Et si vous rentrez dans une cité,
dans un village, dans une maison, si vous rentrez dans le cœur de quelqu’un,
et que vous annoncez le Royaume de la grâce divine, si l’on ne vous
reçoit pas, alors secouez la poussière de vos pieds, [ Basi-léou
], et dites-leur en partant : le Royaume de Dieu s’est approché
de vous. Et vous les quittez.’’ Et donc, sous-entendu, le Royaume
de Dieu va s’éloigner. Il dit tout cela au chapitres 10
Chapitre 11… Pourquoi y a-t-il des gens qui ne reçoivent pas le
Royaume de Dieu ? C’est parce que le Royaume de Dieu est un Royaume de
prière à l’intérieur de Dieu le Père ; parce
que c’est le Père qui en eux fait que l’accueil du Royaume
de Dieu se fera. Alors Jésus enseigne le Notre Père.
Tiati melekoutka, en hébreu : qu’Il vienne vite, Ton Royaume (la
traduction en français est : que ton règne arrive) ; qu’Il
vienne !
Tel doit être le désir ardent que vienne le Royaume : « que
le Royaume s’approche et qu’Il vienne » ! Jésus explique
par là que dès que nous sommes liés à Dieu le Père
par la prière, c’est le désir de l’Immaculée
Conception qui va s’exprimer : que vienne vite la Cité du Dieu
vivant, le Royaume du pardon, l’absolution individuelle et générale,
le pardon partout, la miséricorde partout, le rétablissement en
toutes choses partout, dans le corps, dans l’âme, dans l’esprit,
dans la grâce et dans les cieux.
A partir du moment où Jésus dit cela, il va expliquer au monde
entier et aux foules, sous forme de paraboles, ce qu’est le Royaume de
Dieu ( chapitres 12 à 15 ) : ‘‘vous savez, le basiléia
tou théou est quelque chose de très caché, de tout petit
; un grain de sénevé, la plus petite des plantes potagères,
plantez-la et elle deviendra un arbre immense. Le semeur est sorti pour semer,
le grain va mourir mais va donner du fruit en son temps. Le Royaume de Dieu
est comme du levain dans la pâte. Vous les disciples, vous qui recevez
la lumière surnaturelle de la foi que vous partagez avec l’Immaculée
Conception, vous qui vivez dans le Nom du Messie, à l’intérieur
du cœur de Jésus, il faut que vous fassiez tout ce qu’il vous
dit : « poiesatè, faites-le ! » ; réalisez le pardon,
actualisez l’absolution, rentrez dans la réconciliation, recevez
le pardon et donnez-le.’’ Marie a reçu le pardon, elle est
Immaculée Conception, et elle est livrée avec le messie à
profusion : voilà le troisième mystère. C’est la
lumière qui éclaire tout, c’est le troisième mystère
lumineux. C’est la lumière qui éclaire tout, qui véritablement
fait que les disciples eux-mêmes chassent les démons.
Des paraboles de la petitesse : devenir tout petit comme le Royaume de Dieu,
lui-même tout petit à l’intérieur de la paternité
de Dieu cachée qui reste là, toute petite, mais que Jésus
fait revivre, va féconder, faire surabonder, et de plus en plus…
En nous tous ensemble : en un seul corps vivant messianique, dans une cité
vivante messianique. Et Jésus va expliquer ensuite aux apôtres
en particulier la signification des paraboles sur le Royaume de Dieu. Le Royaume
de Dieu est vraiment quelque chose qui pousse, qui doit grandir, sur lequel
nous devons travailler : « poiesatè ! Travaillez aux œuvres
de Dieu !».
Il faut y travailler, à ce mystère de confession, mystère
où nous confessons que Jésus est le Sauveur du monde, que Jésus
est le Créateur du monde, que Jésus est l’origine d’une
vie humaine, d’un corps nouveau, et d’une race nouvelle. La race
humaine, si elle est enracinée dans l’absolution, n’est plus
la même race qu’avant : c’est une autre race. Le Royaume de
Dieu appartient à une autre ethnos, une autre ethnie, une ethnie nouvelle
[« le royaume de Dieu vous sera enlevé, et sera donné à
une ethnos qui en rendra les fruits », Mt 21, 43]. Je ne sais pas si vous
voyez cela…(comment expliquer cela aux ethnologues ?) c’est vraiment
extraordinaire, vraiment.
Mais il faut aussi que nous y travaillions avec une force terrible, que nous
nous dépassions, que la petite graine qui est dans la terre se dépasse
elle-même pour produire cet arbre immense ; il faut que ce grain tombé
en terre se dépasse au-delà de la mort, qu’il aille plus
loin même que la mort pour produire des champs de blé gigantesques
et se multiplier. Il faut tout cela. Il faut que les disciples se dépassent
tout le temps eux-mêmes dans la présence déjà actuelle
en germe, la nouvelle naissance du Royaume de Dieu, la nouvelle naissance de
la grâce. Aussitôt après Capharnaüm et Jérusalem
où Jésus avait chassé les vendeurs du temple [ tout à
l’heure, nous ne l’avions pas noté ], tout de suite après,
Il a fait miséricorde à Nicodème en lui expliquant : ‘‘attendez
donc ! Tout part de la grâce : la vie divine qui jaillit du Père
; le Père fait jaillir la vie intime et divine de Dieu’’.
Jésus explique cela tout de suite après les vendeurs chassés
du Temple et avant d’aller guérir la Samaritaine : le Royaume de
Dieu est ce fait qu’une vie divine apparaît, toute nouvelle, fabriquée
avec une lumière vivante.. La grâce, cette lumière vivante
vient de Dieu le Père et elle passe par le Messie. Le troisième
mystère lumineux fait que Jésus devient père de la grâce
: la fécondité apparaît.
Ce n’est pas la même chose que la sponsalité (mystère
des noces de Cana). Jésus devient le Père de la vie divine, et
la lumière se répand. Et il demande qu’il y ait ce dépassement
dans la grâce, c’est une vie divine qui vient de Dieu et qui doit
se dépasser tout le temps elle-même par la foi, comme l’Immaculée
Conception ; et donc c’est pour cela que Jésus va dire, après
les paraboles, chapitre 16 : ‘‘voilà, le Royaume de Dieu
s’obtient par violence, c’est par violence qu’on s’en
empare » ; ce n’est pas pour les mollusques, ce n’est pas
pour les mous, ce n’est pas pour les endormis, c’est pour ceux qui
sont debout’’. Le Royaume de Dieu nous met debout et nous permet
de nous dépasser nous-même pour qu’il y ait cette communication.
Le Royaume de Dieu doit se communiquer, il doit être prêché,
il doit être manifesté, il doit être proclamé.
Ce ne devait pas être facile d’être des disciples de Jésus,
parce qu’il fallait se dépasser tout le temps. Et nous, nous ne
dépassons pas tout le temps sur le plan spirituel, nous n’avons
pas l’habitude de nous dépasser tout le temps. Mais avec la grâce
! Quand nous avons l’habitude, nous voyons qu’avec elle, il nous
faut tout le temps nous dépasser, et nous aimons bien cela, nous trouvons
cela génial. Ceux qui sont dans l’esprit du monde aiment être
en sécurité, tranquilles, et…. ‘‘touche pas
à mon pote’’ : ce sont des gens morts ! Tandis que le chrétien,
celui qui a la grâce chrétienne, celui qui a reçu l’absolution
et du coup fait surabonder la vie divine et du coup la vie humaine toute remplie
de grâce, d’amour, de pardon, de lumière infaillible jusqu’à
la fin du monde et jusque dans le sein de Dieu le Père dans la résurrection,
lui, il se dépasse tout le temps ; obligé ! parce que s’il
reste au même stade, le Christ n’est plus là, la colombe
de l’Esprit Saint s’en va.
C’est extraordinaire, ce dépassement : le Royaume appartient aux
violents, ce sont les violents qui s’en emparent.
A ce moment-là, oui, la graine peut produire l’arbre, le champ
de blé peut commencer à pousser, le levain fait lever la pâte,
parce que nous nous dépassons toujours à l’intérieur
de ceux du monde qui n’ont pas reçu la grâce.
Voilà ce qu’a fait l’Immaculée Conception : elle a
fait lever la pâte dans la cité des disciples, de ceux que Jésus
a aimés en un seul corps apostolique vivant et naissant. Cette nouvelle
naissance ne cessait de grandir et elle ne cesse de devoir grandir comme cela
tout le temps.
Chapitre 17. Mais cette violence, attention, n’est pas une violence extérieure.
Jésus a exprimé une violence extérieure au temple de Jérusalem,
parce que le temple était construit de manière extérieure
et qu’il n’y avait pas l’amour intérieur du Père.
Le Royaume de Dieu, lui, se conquiert par violence : c’est une vie divine
qui ne cesse par nature de se répandre inexorablement et les ténèbres
ne pourront jamais arrêter cela, jamais ; mais cette violence est toute
intérieure ( « entos umon » ) :
Le Royaume de Dieu ( Basiléia tou Théou ) est au dedans de votre
âme, au dedans de vous : entos umon. Il me paraît très injuste
et très faux de traduire par ‘‘le Royaume de Dieu est au
milieu de vous’’ : [ tandis que nous sommes ensemble , cherche-le
au milieu, entre nous ; fais l’épicentre géométrique
de tous ceux qui sont ici, et le Royaume de Dieu serait au milieu, là
?… cela ne va pas ! Non, le Royaume de Dieu est au dedans de nous ! ]
donc c’est du dedans de nous qu’il y a cette présence vivante
de la grâce divine, de la lumière qui se répand, et qui
demande que nous nous dépassions tout le temps de plus en plus dans une
nouvelle lumière divine vivante qui, passant par le corps, l’âme
et l’esprit en nous, notre regard, nos yeux, nos oreilles, tout, déborde
et se communique. C’est de l’intérieur, c’est à
l’intérieur et du dedans de nous qu’il doit y avoir ce dépassement
continuel. Le Royaume de Dieu est au dedans de nous. Alors à ce moment-là,
il y a un lien avec ce qui va s’épanouir au dehors de nous jusque
dans la vie éternelle, dans le Royaume de Dieu et son accomplissement.
Enfin, vous ne le trouverez pas en regardant en arrière, mais dans l’avenir
( chapitre 19 de l’évangile de saint Luc).
Jésus dit d’ailleurs qu’il va y avoir des signes à
la fin du monde ( au chapitre 21 de l’évangile de saint Luc ),
après que le Royaume de Dieu se répande ; nous sommes tout tendus
vers la fin, nous sommes tout appliqués à travailler à
faire naître une vie nouvelle, une vie d’enfance, une vie de désir
de voir Dieu, tout en Le possédant déjà en entier et en
faisant que cette lumière ne cesse d’aller en s’incarnant
de plus en plus jusqu’à son accomplissement final. Jésus
prophétise dans l’accomplissement final :
‘‘Lorsque vous verrez tous ces signes de la fin du monde, dites-vous
: le Royaume de Dieu est en train d’arriver.’’
Le Royaume de Dieu est sur la fin. Il est là au début de l’Eglise
comme une graine, mais comme un dépassement vivant, une vie divine nouvelle
de la grâce qui ne cesse de s’épanouir, de se répandre,
de s’intensifier jusqu’à atteindre son accomplissement à
la fin.
Et Jésus dit bien, quand il passe la dernière Pâque avec
ses disciples ( chapitre 22 de l’évangile de saint Luc ) :
‘‘La Pâque que je partage en ce moment avec vous, je la partage
pour la dernière fois, je ne la mangerai plus, tant que le Royaume de
Dieu ne soit accompli ( de « pléroma », plénitude
et accomplissement ), jusqu’à ce que tout soit accompli dans le
Royaume de mon Père. La coupe que je bois avec vous, je ne la boirai
plus jusqu’à l’accomplissement du Royaume de Dieu en mon
Père.’’
Le Royaume de Dieu annoncé par Jésus se conquiert dans son accomplissement
dans le sein de Dieu le Père ; le disciple en vit tout de suite maintenant
parce que c’est moi qui le réalise en lui. C’est les apôtres,
les disciples et ceux qui reçoivent la vie divine de la grâce,
qui vont faire ce Royaume de Dieu, qui vont le faire grandir, et qui vont le
mener à son accomplissement en en vivant au-dedans d’eux-même.
Dieu va tout faire à l’intérieur des membres vivants du
corps mystique vivant de Jésus vivant parce que c’est Marie qui
a voulu cela : ‘‘tout ce qu’Il vous dira, poiesatè,
faites-le’’. Jésus a besoin de ses membres vivants, des disciples,
des apôtres, des sacrements et des signes réalisés qui changent
toute la vie humaine de la terre, la vocation humaine de la terre, la mission
humaine et divine des hommes sur la terre pour construire le temple glorieux
de la Jérusalem céleste. Le Royaume de Dieu est au milieu de vous.
Ce sera à un point tel que quand l’ensemble de cette cité
vivante du corps mystique de l’Eglise sur la terre sera là (c’est
dit dans l’Evangile de Matthieu, chapitre 16), ceux qui seront encore
vivants (« cette génération ne passera pas que tout ne soit
accompli »… et il y en a parmi vous qui ne connaîtront pas
la mort ) verront le Fils de l’homme venir sur les nuées du ciel
avec son Royaume, c’est à dire avec tous ceux qui ont contribué
à faire cet accomplissement du Royaume de Dieu en le vivant par la foi.
Le Royaume de Dieu est lié à la fin. Nous ne le savions pas, n’est
ce pas ? Le Royaume de Dieu qui est proclamé est lié à
la fin mais il commence tout de suite, et il faut que nous nous dépassions
tout le temps pour être intégralement les constructeurs et membres
de la cité du Dieu vivant par la grâce, par la fécondité,
par le fruit des sacrements dans notre vie incarnée sur la terre.
Voilà pourquoi le Pape dit que ce qu’il y a derrière ce
troisième mystère lumineux, c’est le mystère de la
lumière, le mystère de la confession. Le mystère de la
confession est un mystère de dépassement continuel.
Le Royaume de Dieu n’est pas une question de nourriture et de boisson
: le Royaume n’est pas du tout une question de savoir si tu seras mal
si tu prends telle chose, si tu fais telle chose, si tu agis de telle manière,
ou si tu prends telle ou telle habitude. Ce n’est pas une question de
règles, de réglementation, de préceptes. Ce n’est
pas cela du tout.
Le Royaume de Dieu est amour incarné, joie, paix dans l’Esprit
Saint.
Si l’amour se dépasse, il produit une allégresse. Les noces
de Cana ont commencé à produire cette allégresse des mystères
lumineux que l’on voit apparaître, dans ces trois ans d’évangélisation
de Jésus :
Tous ces gens qui en avaient marre de vivre, qui se demandaient ce qu’ils
faisaient sur la terre, bondissaient comme des cabris sur toutes les montagnes
d’Israël. Cela devait être formidable à voir, d’ailleurs.
C’est vrai, c’était vraiment extraordinaire.
Quand la joie se dépasse, elle produit la paix.
Quand la paix se dépasse, elle produit la patience, c’est à
dire une force qui surabonde pour les autres.
Quand la paix se dépasse elle-même, elle est patience, elle est
force intérieure, elle subit tout : elle passe à travers tous
les défauts des autres, elle les traverse et pour ainsi dire, les comble.
Ainsi le révèle l’épître aux Galates, chapitre
5, verset 25, ou si vous préférez chapitre 5, verset 5 x 5 [ Vous
avez tout compris : derrière Galates 5, 25, il y a le chiffre 555 : c’est
à dire le Règne de Dieu accompli dans le mystère de la
grâce dans la Jérusalem mariale ]. Et donc le Royaume de Dieu accompli,
il est amour, joie, paix dans l’Esprit Saint, patience…
Quand la patience va jusqu’au bout d’elle-même et déborde,
il y a une bienveillance. Il faudrait mettre cela dans certaines écoles
: ‘ Si tu n’es pas patient, tu n’es plus bienveillant’.
Cela, c’est humain, mais sur le plan divin, sur le plan de la sainteté
?
Quand la bienveillance se dépasse elle-même, elle produit la bonté.
Patience vivante et incarnée, bienveillance vivante et incarnée,
bonté vivante et incarnée : ils devaient être impressionnants
ces soixante douze disciples et ces douze apôtres, avec tout cela se communiquant.
Et Jésus les faisait passer devant lui : sans l’Eglise, il n’y
a pas de Royaume de Dieu. Sans les signes que Jésus fait et qui sont
efficaces à travers les disciples, il n’y a pas de Royaume de Dieu.
Et les signes que Jésus fait et qui sont efficaces pour la vie divine,
ce sont les sacrements.
Qu’est-ce qu’un sacrement ? Vous le savez puisque vous avez tous
appris votre catéchisme : ‘‘un sacrement est un signe sensible
et efficace par lequel Dieu donne la grâce et la vie divine’’.
Les mystères lumineux, ce sont les mystères des sacrements, et
principalement celui de l’absolution des péchés, celui du
pardon des péchés, celui du don de la réconciliation, de
la communion avec le Père, et de l’appartenance intégrale,
en entier, dans toute son intensité et dans toute son extension, à
la Jérusalem glorieuse accomplie dès cette terre à travers
le fruit des sacrements.
Donc le fruit de la patience qui se dépasse elle-même, c’est
la bienveillance. Et le fruit de la bienveillance qui se dépasse elle-même,
c’est la bonté. Alors, si la bonté se dépasse elle-même
? Vous lirez cela dans l’épître aux Galates, chapitre 5,
verset 25 : il y a huit dépassements, c’est normal, c’est
le côté messianique et apostolique du Royaume de Dieu, dans la
violence intérieure de l’amour qui est lumineux et qui est infaillible,
et qui est intarissable, et qui ne cesse de s’intensifier tout le temps,
et de se répandre.
Et quand leur amour plein de bonté se dépassait, il produisait
la foi. La lumière vivante du troisième mystère se répand
en Israël à travers les aimés du Messie, se surabondant Lui-même
dans l’onction messianique de ses disciples. La foi se dépasse
en produisant la douceur ( la grâce, l’huile lumineuse de l’onction
des élus ) : le royaume vient nous visiter…
Le Royaume de Dieu règne dans la créature nouvelle des disciples
et de l’humanité visitée : qu’ils sont beaux les pieds
de ceux qui portent la Nouvelle du Royaume de Dieu…
Le dernier dépassement est la maîtrise de soi : il y a quelque
chose dans notre corps, lorsqu’il est entièrement maîtrisé,
possédé par la lumière divine du Messie et de la grâce
chrétienne, qui fait que le Royaume de Dieu nous appartient en entier,
non seulement dans notre grâce, dans notre âme, notre esprit, mais
aussi dans notre corps spirituel, en lequel nous contenons toute la Jérusalem
glorieuse à nous tout seul, chacun d’entre nous. Il faut aller
jusque là.
C’est exactement ce que fait l’Immaculée Conception lorsqu’elle
va jusqu’au bout d’elle-même dans sa chair glorieuse assumée
et ressuscitée : elle porte toute la Jérusalem glorieuse à
elle toute seule. Et voilà ce que l’Immaculée Conception
a voulu communiquer aux chrétiens. Elle a voulu que ce soit communiqué,
et Jésus a assumé ce désir de l’Immaculée,
de Marie.
C’est un mystère de Marie à cause de cela : Il a assumé
dans son conseil de Verbe incarné ce désir de Marie. C’est
pour cela que c’est le mystère du désir de voir Dieu. Tout
à la fois le mystère de l’enfance parce qu’elle n’est
possible que comme une vie nouvelle à l’intérieur de Dieu
le Père. Nous allons être de plus en plus petit : vie divine engendrée
et incarnée de Dieu le Père, du centre même du cœur
de Dieu de Père, et tous ensemble en communion, en solidarité
et en force. C’est comme cela que l’Evangile de saint Luc décrit
tout cela. L’Evangile de saint Luc, l’Evangile de saint Matthieu,
l’Evangile de saint Jean.
Donc quand nous contemplons ce mystère, il faut essayer de voir cette
espèce de surabondance qui ne cesse de se développer, de se communiquer,
de se multiplier sur toute la terre d’Israël. Ils croyaient bien
sûr que le Royaume de Dieu était pour tout de suite, c’est
dit explicitement à plusieurs reprises ( chapitre 19,11 de l’évangile
de saint Luc ) : tout le monde va pour glorifier Jésus les rameaux à
la main : Hosanna au fils de David, le Roi Messie !
Ils croyaient que le Royaume de Dieu allait se manifester immédiatement.
Non, le Royaume de Dieu ne doit pas se manifester immédiatement : il
surgit immédiatement, il doit être vivant immédiatement,
il doit se dépasser lui-même immédiatement, il doit être
présent dans son accomplissement immédiatement du très
profond de nous-mêmes, pour pouvoir être possédé immédiatement
dans son accomplissement dans le corps spirituel de la résurrection.
Ce n’est plus une cité terrestre, c’est une Cité divine,
c’est une Cité céleste, mais elle est au dedans de nous.
Quelle est la porte par laquelle le Royaume de Dieu dans son accomplissement,
la Jérusalem glorieuse, va pénétrer déjà
au dedans de nous ? Cette porte, et c’est cela qui est extraordinaire,
c’est le péché. C’est vraiment extraordinaire ! La
porte ne sera pas là où nous sommes ‘bien’, parce
que justement nous ne sommes pas ‘bien’. La porte, c’est le
péché qui est en nous, ce sont les actes de péché
que nous avons vraiment posés concrètement, et au cœur de
ces actes-là, il y a une division vis à vis de Dieu le Père,
que nous avons acceptée volontairement, lucidement, sciemment, profondément,
spirituellement, et dans nos actes. C’est dans ce centre du péché
que Jésus va faire venir le désir de l’Immaculée
Conception. L’Immaculée Conception a le désir de se communiquer,
Jésus assume ce désir et va le communiquer. Il voit ceux qui sont
dans le péché et il leur pardonne, s’ils ont la foi. Il
leur pardonne immédiatement, l’absolution est totale. Et donc ce
qui est au centre du péché, dans le noyau du péché,
au contact des membres bien-aimés de Jésus, au contact du signe
vivant et efficace des sacrements, explose immédiatement ; comme une
fusion nucléaire, il est transformé en feu divin : une porte ouverte
sur la présence du Royaume de Dieu accompli, Absolution vivante dans
son accomplissement dans lequel je dois travailler moi-même pour me dépasser
moi-même tout le temps.
Et Jésus est venu proclamer cette nouvelle-là : ‘‘vous
êtes pardonnés, vous êtes pardonnés’’.
Ce troisième mystère lumineux est un mystère de lumière
qui éclaire le péché dans ce qu’il est vraiment,
voilà la colère de Dieu, qui le transforme en porte pour le Royaume
de Dieu dans le pardon, l’absolution et le fruit des sacrements, et du
coup fait vivre en nous une vie nouvelle, une vie de grâce (nous n’avons
plus du tout la même vie), une vie d’enfants de Dieu, d’enfants
de Dieu le Père, et nous sommes vraiment le Messie du monde, l’onction
divine et messianique du monde avec Jésus et avec Marie. Cette onction
divine de Jésus, cette miséricorde, ce changement total du péché
qui nous alourdit en ouverture de dépassement continuel en Dieu, cela
nous impressionne tellement que comme saint Pierre nous nous disons : ‘‘c’est
Lui le Dieu vivant’’, parce que la source de cette vie divine, de
cette onction messianique ne peut être que le Dieu vivant et vrai. Saint
Pierre est tellement impressionné qu’il dit : ‘‘Tu
es le Christ, le Messie, l’Onction, le Fils du Dieu vivant’’.
Et Jésus dit à Pierre : ‘‘tu vois, ce n’est
pas humainement que tu dis cela, c’est impossible que tu puisses dire
cela parce que tu l’as compris humainement, tu peux voir cela parce que
tu as été assumé, obombré par Dieu le Père
et qu’il y a eu une super-venue du Saint Esprit en toi’’.
Les membres vivants de Jésus vivant sont comme Marie, ils peuvent vivre
ce que Marie a vécu dans sa maternité lorsqu’elle était
vierge et qu’elle a dit Oui, qu’elle a laissé l’ombre
du Père la saisir dans sa Toute Puissance, la super-venue du Saint Esprit
changeant tout en elle en son corps, dans sa chair virginale, pour que se réalise
l’Incarnation du Messie en elle.
Désormais, cela se réalise dans les disciples, les membres vivants
de Jésus vivant. Marie a voulu accepter d’ouvrir en Jésus
cette paternité, elle s’est effacée, et Jésus a pu
engendrer cette foi de Marie dans les disciples, de sorte que les disciples
forment avec Marie un seul corps, dans une seule foi immaculée qui est
féconde et qui donne la vie divine. Et Jésus a voulu que ce soit
à travers les signes, à travers l’enseignement de la doctrine
infaillible, à travers les signes sensibles et efficaces. Voilà
pourquoi, pendant trois ans, il ne fait que des signes. Celui que nous avons
lu, par exemple, dans l’Evangile d’aujourd’hui (il prend de
la salive, il met ses doigts dans les oreilles du sourd muet, il lui touche
la langue…), c’est le signe que fait le prêtre quand il donne
le sacrement des malades : il donne l’onction du Messie dans les oreilles,
les yeux, la bouche, le nez, pour que le pardon de Dieu guérisse de l’intérieur
tout ce qui a pénétré de malsain par les yeux, par les
oreilles, par la bouche, l’imprègne et le remplace par l’onction
de l’unité du Verbe incarné vivant et total avec Dieu le
Père, et qu’il n’y ait plus que le Royaume de Dieu.
Voilà comment nous pouvons décrire le troisième mystère
lumineux.
Le troisième mystère lumineux, il faut également le contempler,
parce que c’est la contemplation du mystère qui fait le mystère,
ce n’est pas simplement son cadre. Jusque là, nous n’avons
décrit que le cadre ; trop longuement, peut-être, mais cela était
nécessaire.
Au moins sachons qu’il faut que nous puissions demander au Saint Esprit
un miracle. Quand nous dirons ce Rosaire et que nous arriverons à ce
mystère lumineux, demandons au Saint Esprit le miracle d’être
entièrement absorbé dans ce qui a été vécu
par Jésus uni à Marie et à ses disciples dans ces trois
ans.
Comment ont-ils vécu cela ?
A ce moment-là nous verrons que Jésus a voulu se mettre en dessous
de la foi de Marie communiquée aux apôtres. Il a voulu se mettre
en dessous, en l’épousant, pour donner à la foi de Marie
une fécondité divine. C’est lui qui est la vie divine, il
est le Dieu vivant, et il s’est mis en dessous pour que cette vie divine
soit communiquée en le corps mystique entier et vivant de Jésus
vivant, qui est l’Eglise. Et il a voulu assumer notre foi pour communiquer
la rédemption du monde à toute la terre. Comment Jésus
a-t-il vécu cela ? Il faut demander au Saint Esprit que nous puissions
vivre cela comme Jésus l’a vécu de l’intérieur
spirituel de sa vision de Dieu et des hommes. Nous ne pouvons pas l’inventer,
vous comprenez bien que c’est le Saint Esprit qui nous le fait entrevoir
; si ce n’est pas Dieu qui vient nous expliquer, comment en ferons-nous
l’expérience… ?
Il faut le demander, il faut le désirer.
Ce troisième mystère lumineux est enfin un mystère de vie
nouvelle, d’enfance, de désir ardent, par la lumière de
la foi.
Il faut aussi demander à l’Immaculée : comment est-ce que
toi, l’Immaculée, en assumant la lumière de la foi qui était
naissante dans les apôtres, comment avec Jésus es-tu venue te réfugier
surnaturellement en eux et les as-tu laissé faire eux-mêmes ce
que vous viviez dans la lumière, dans l’unité de l’amour.
Nous allons voir l’Immaculée qui pendant toutes ces années
a vécu cette union profonde dans l’amour avec Jésus, dans
la lumière du Verbe de Dieu où elle était assumée,
et ne rien faire, dans le silence de la toute petitesse, pour que tout se réalise
de leur fécondité mutuelle dans la lumière de la foi toute
simple des apôtres, des disciples, et de ceux qui en recevaient les signes
et les prières. Il faut demander à Jésus et à l’Immaculée,
de nous faire expérimenter personnellement comment l’Immaculée
vivait cela dans la super-venue du Saint Esprit en elle, parce que tout est
venu d’elle et de Jésus : elle est la médiatrice du troisième
mystère lumineux.
Le troisième point consistera à désirer ardemment, dans
notre foi, comprendre tout ce que nous ne comprenons pas, et tout voir clairement,
tout saisir nettement : parce que ce désir de lumière est efficace
par lui-même.
Lorsque nous prierons ce mystère-là dans la dizaine de Rosaire,
il nous apportera une science, une connaissance, une expérience de compréhension
surnaturelle de ce qu’il y a au bout de l’accomplissement du Royaume
de Dieu. Et ce qu’il y a au bout de l’accomplissement du Royaume
de Dieu, c’est que nous sommes comme saint Joseph glorifié : le
lieu du Père où dans l’incarnation le Père donne
sa vie divine éternelle incarnée.
Il faudra saisir qu’il y a plein de choses que nous ne comprenons pas
à propos de la sainte Famille glorieuse et de cette manifestation de
la sainte Famille glorieuse dans la Jérusalem céleste à
l’intérieur de nous et dans tous ceux avec qui nous sommes en communion.
Le fruit du mystère :
Dans chaque mystère il y a :
- la méditation du mystère, donc vous avez compris que les vertus
dispositives étaient ce désir ardent divin et infus, et la toute
petitesse d’enfance d’abandon dans le sein de Dieu le Père.
Ce sont les dispositions pour recevoir et comprendre ce qui se passe dans ce
mystère,
- la contemplation du mystère, c’est ce que je viens de vous dire
: expérimenter divinement grâce à la vie contemplative (
si le Saint Esprit nous aide et si nous le lui demandons ) la modalité
vivante de la foi de Marie en cette nouvelle fécondité lumineuse…
- le fruit du mystère, enfin : pour le saint Père, c’est
vraiment que nous tous ensemble, les uns en communion avec les autres en une
seule communion, que nous puissions incarner et réaliser le jugement
dernier. C’est comme cela que la Haggadah de saint Luc clôture son
parcours sur la Bonne Nouvelle du royaume de Dieu : vous mangerez à ma
table, à la Table du Royaume pour juger les 12 tribus d’Israël
( chapitre 22, v.28 ).
Tel est bien le fruit du Mystère : vivre par appropriation, par anticipation
et par grâce l’accomplissement du mystère de Confession où,
assimilés par la grâce de l’absolution vivante, nous revenons
ensemble sur les nuées du ciel discerner (‘juger’ vient du
grec krinèïn ) dans l’humanité ceux qui appartiennent
à la race d’Abraham pour les aspirer dans la Cité glorieuse
du Royaume, et sauver avec Jésus tout ce qui était perdu.
En proclamant : tout est Pardon, tout est Miséricorde, tout est immaculé,
tout est transformé, tout est donné…
Je vous salue Marie pleine de grâce,
le Seigneur est avec vous,
Vous êtes bénie entre toutes les femme et Jésus, le fruit
de vos entrailles est béni.
Sainte Marie Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant
et à l’heure de notre mort.
Amen.