Nous méditons aujourd’hui le cinquième mystère du chapelet, le cinquième mystère joyeux.
Le mystère du recouvrement de Jésus au Temple de Jérusalem
Comme tous les mystères du
rosaire, c’est évidemment un mystère très impressionnant
et nous allons demander au Saint Esprit de nous aider à rentrer dans
ce mystère-là, parce qu’il est bien évident que nous
ne pouvons pas rentrer dans des lumières aussi profondes si ce n’est
pas une force qui vient directement du ciel qui nous y enfonce et qui nous les
fait voir au moins un petit peu.
C’est ce qu’il faut faire à chaque fois, et avec Marie et
avec la grâce divine : il faut rentrer dans ce jardin scellé qui
est réservé à Dieu. Chaque mystère du rosaire est
réservé à Dieu, et puis, ma foi, pour ceux qui veulent
vivre de ses Invitations, ceux qui sont les enfants de son appel, ceux qui disent
‘oui’ de manière vivante, jusqu’à la mort et
à en mourir, pour être dans cette vivante attraction, cet appel
de Dieu : les fils de la grâce, les fils de l’Invitation, les fils
de la Torah. Alors ceux-là, oui, sont invités aussi, évidemment,
parce que Dieu les aime. Il aime tout le monde, mais Il aime aussi ce ‘oui’
libre et divin qui s’inscrit à l’intérieur de nous
pour rentrer dans la vie divine.
Dans ce mystère, il faut vraiment chercher la volonté de Dieu
et chercher où est son Invitation.
Chercher de toutes ses forces. C’est la disposition profonde de tous les
mystères, mais principalement des mystères joyeux : si nous voulons
être dans l’allégresse, il faut dire ‘oui’. Il
ne faut pas dire ‘je ne suis pas d’accord, je coince, je ne veux
pas’, il faut dire ‘oui’. C’est un ‘oui’
qui n’est pas à notre niveau. S’il fallait d’abord
que nous soyons au niveau pour dire ‘oui’, nous ne dirions jamais
‘oui’. S’il fallait que je sois à mon niveau pour dire
la messe, par exemple, vous ne me verriez pas.
Le ‘oui’ vient de Dieu, c’est Dieu qui incarne ce ‘oui’
en nous : nous en sommes les incarnations. Le Verbe s’est fait chair,
tels sont les mystères joyeux : nous sommes contents de pouvoir s’inscrire
dans cette espèce de libération de la révolte humaine,
de la révolte diabolique qui dit ‘je ne suis pas d’accord’.
Nous ne savons d’ailleurs pas pourquoi nous ne sommes pas d’accord,
c’est intellectuellement que nous sommes bloqués, c’est sûr.
Notre cœur est converti, mais pas notre intelligence.
Ce mystère joyeux-là a ce fruit, cette fécondité,
ce rayonnement d’incarner en nous ce ‘oui’ qui va jusque dans
les profondeurs de Dieu.
Jésus, à l’âge de douze ans, fait sa Bar Mitsva et
devient un Fils des Mitsvot d’Elohim.
Dans le Talmud, et déjà dans la Torah bien sûr, on explique
les différents âges de la vie humaine.
A l’âge de trois ans, on commence à se nourrir de la Parole
de Dieu et de l’Alefbet.
A l’âge de cinq ans, on se nourrit de la Torah.
A l’âge de sept ans, on se nourrit de la tradition divine venue
du ciel, la Mishnah.
A l’âge de douze ans, on rentre dans la Bar Mitsva, c’est
à dire qu’on est enfanté par l’Invitation divine sur
la terre.
C’est cette Invitation divine de la Torah, les Mitsvot d’Elohim,
que l’on traduit malheureusement par le mot ‘commandements’
(dès lors que l’on dit Commandements, vous le savez bien, il y
a quelque chose qui ne va pas).
Les Invitations, les appels paternels de Dieu disent :
‘‘C’est dans cette direction, c’est par ici.
Si vous allez dans une autre direction, vous n’êtes plus dans le
‘oui’ originel et final,
dans le ‘oui’ éternel dans lequel vous avez été
créés pour exister.
Alors vous préférez peut-être votre vie et vos opinions
personnelles fermées
par rapport à Dieu, par rapport au monde, par rapport à l’éternité,
par rapport à la lumière.
Mais si vous voulez être tout à fait dedans ce ‘oui’
dans lequel vous avez été créés pour exister,
vous êtes des Fils de l’Invitation’’.
Il y a dix Invitations, parce que c’est le Père qui nous invite,
c’est notre Créateur qui nous invite de manière vivante
à être des Fils vivants. Alors nous sommes des Fils de l’Invitation,
et cela se passe à l’âge de douze ans. Bar Mitsva : on est
pleinement Fils, on est capable d’entendre l’Invitation, de la comprendre,
et d’en vivre.
Et donc à douze ans, on est adulte, on peut prendre la parole dans la
synagogue.
Jésus a fait sa Bar Mitsva à Nazareth, et tout de suite après,
a lieu la descente à Jérusalem et le récit qui correspond
au mystère que nous voulons méditer et contempler.
Pourquoi est-ce un mystère joyeux ?
Nous nous disons que c’est un peu dramatique, alors que ça se passait
si bien jusqu’à l’âge de douze ans.
Tout devait se passer merveilleusement, tout était bien huilé,
dans l’onction immaculée de la grâce, nous sommes encore
sous le coup de la transfiguration de la Nativité, de l’exaltation
simple de la pauvreté de Siméon dans l’offrande victimale
mutuelle à l’intérieur de Dieu, (ce que nous avons vu dans
les différents mystères précédents).
Ils faisaient surabonder tout cela, ils le faisaient augmenter au fur et à
mesure que Jésus bondissait comme un cabri dans la maison et qu’ils
circulaient sur toutes les routes de la terre, au nord, au sud, à l’est
et vers l’occident. Combien de milliers de kilomètres ont-ils fait
pour descendre à Bethléem, pour remonter à Nazareth, pour
partir en occident en Egypte, pour revenir Nazareth quand Jésus avait
l’âge de sept ans ?
Ils ont parcouru toute la terre avec cette grâce victimale. Vous vous
rappelez que le quatrième mystère est cette joyeuse apparition
d’un ‘oui’ libre qui permet de délivrer toute la terre,
en se plaçant directement dans toutes les aspirations sacerdotales de
tous les temps et de tous les lieux, en s’offrant comme offrande victimale
: l’agneau est offert, caché par deux colombes.
C’est trop beau, parce qu’à ce moment-là, nous le
disions la fois dernière, Marie médiatrice a fait l’unité
par sa foi entre :
- le sacerdoce ministériel, extérieur, traditionnel, de toutes
les religions et particulièrement celui d’Israël,
- le sacerdoce royal de Joseph,
- le sacerdoce angélique de Melchisédech,
- le sacerdoce éternel du messie qui est dans le Principe de la Création.
C’est Marie, la médiatrice, qui a fait l’unité entre
tous ces sacerdoces : il n’y a plus qu’un seul sacerdoce, le sacerdoce
est éternel, il est victimal, il est marial, c’est la gloire d’Israël,
c’est le sacerdoce du Principe et de la Fin, c’est un sacerdoce
d’offrande éternelle où Jésus est entièrement
offert.
Dans cette grande offrande, cette pureté de l’offrande du cœur,
la foi de Marie unie à celle de Joseph et de Siméon, enfin des
quatre coins du Temple, symbolisés dans l’offrande de Jésus
près de l’autel des parfums, la foi de Marie a pénétré
tellement profond à l’intérieur des processions divines
qu’elle a touché quelque part la dimension victimale de l’agneau
: un agneau a été offert. Elle était accompagnée
cette fois-ci par les deux colombes : elle-même, son offrande et celle
de Joseph, ces trois ‘oui’, trois puretés du cœur absolues,
trois obéissances divines qui permettaient d’aller aussi loin,
et du coup la lumière surnaturelle de la foi a permis que ce mystère
de l’agneau de Dieu, qui est un mystère très profond, un
mystère éternel, vienne s’inscrire dans le cœur de
Jésus. A partir de ce moment-là le cœur de Jésus enfant
a été un cœur sacerdotal éternel, et un cœur
victimal, la blessure du cœur s’est inscrite en la sainte famille
dans le cœur de l’Agneau. C’est pour cela que Siméon,
vous vous en rappelez, a proclamé la transverbération : ‘‘un
glaive te transverbèrera l’âme’’.
Ils ont vécu pendant douze ans avec cela, dans un unisson absolu, le
papa, la maman, et le fils. Il y eut cette unité sponsale toute offerte,
toute consacrée dans l’offrande victimale de Jésus et l’offrande
victimale du cœur de Jésus entièrement engloutie en Dieu.
En Egypte, ils ont dessoudé tous les faux sacerdoces, toutes les imperfections,
toutes les impuretés, toutes les désobéissances religieuses
du monde, en circulant partout.
Ils sont trois, ils vont sur toute la terre : les quatre coins du Temple se
manifestent, qui viennent délivrer toute la terre, envelopper toute la
terre, tous les temps et tous les lieux, de cette offrande joyeuse et victimale.
Ca y est, la délivrance est là, la médiation est là,
le sacerdoce de l’amour est là, ils sont trois.
La circoncision de la Torah, la fameuse circoncision dans laquelle Jésus
a donné son sang et dans laquelle l’ange, Marie et Joseph ont donné
son Nom à Jésus ( Dieu qui vient nous sauver ), le salut est là,
cette circoncision s’est inscrite dans le cœur de Jésus, c’est
pour cela que l’écriture dit que le sacerdoce nouveau est une circoncision
du cœur, une blessure du cœur.
Cette Torah va s’incarner, c’est ce qu’on dit dans le Talmud.
Dès l’âge de cinq ans, l’enfant apprend de ses parents
la Torah. Jésus s’inscrit toujours en dessous de la foi, puisqu’
Il contracte la divinité de son âme, et de là Il s’offre
toujours dans cet amour victimal comme prêtre selon l’ordre de Melchisédech.
Et donc la Torah, je veux dire la circoncision du cœur, c’est à
dire la blessure du cœur, l’Agneau s’inscrit et grandit en
lui en même temps qu’Il grandit. Cette offrande d’amour qui
augmente, est magnifique. Et Marie et Joseph, la maman et le papa dans leur
unité sponsale, toujours venant du ciel, admiraient cette incarnation
de la blessure éternelle du cœur dans le cœur de l’enfant,
et assistaient à cette incarnation de la Torah.
A douze ans, l’enfant qui était à la garde de ces épousailles
de Dieu, symbolisées souvent dans le Cantique des Cantiques, l’enfant
va être placé sous l’autorité du père.
Jusqu’à présent, dans les quatre premiers mystères,
Marie avait toujours l’initiative dans la super-venue du Saint Esprit,
et dans l’obombration du Père. Par sa foi, elle emportait Joseph
avec elle, à égalité sponsale, en se mettant en lui. C’est
évident et nous sommes d’accord là-dessus.
Mais à partir de douze ans, la Torah a dit : maintenant c’est sous
l’autorité du père que va se faire la croissance du Fils
de l’homme, du Messie, et l’incarnation du Messie.
Il peut commencer à parler ; donc tout ce qu’il a vécu,
tout ce qui a grandi dans toute la terre, dans lui dans son union avec toute
la terre et tous les temps et tous les lieux, et dans son cœur sacerdotal
depuis l’éternité dans son cœur d’enfant, il
va pouvoir le dire. C’est pour cela que quand il se trouve dans le Temple
de Jérusalem, pendant trois jours, il va prendre une initiative. C’est
la première fois que l’on voit Jésus prendre une initiative
:
‘Il faut que le monde sache que j'aime mon Père,
il faut que je fasse ce qui appartient aux choses du Père,
il faut que je rentre dans la grande Invitation de Dieu le Père’.
C’est l’heure pour lui, donc il obéit, il est toujours dans
cette obéissance du quatrième mystère, la pureté
du cœur, et il s’offre comme victime. Il va parler dans le Temple,
il va expliquer, il va enseigner. Mais il est dit dans la Torah, et Jésus
incarne la Torah, qu’à l’âge de douze ans un enfant
ne doit pas enseigner : il peut parler, il peut interroger, mais il ne doit
pas enseigner. Donc Jésus va enseigner en interrogeant. Le texte de saint
Luc est très beau, et ce sont des petits détails qui sont amusants,
qui donnent le contexte. Saint Luc dit que Jésus écoutait attentivement
les docteurs. Parmi les docteurs, il y avait évidemment Gamaliel, probablement
Jonatan Ben Uziel, et Jonatan Ben Zakaï sûrement. Siméon était
déjà mort, ainsi que son père Hillel. Il y avait là
les deux grandes écoles, les grands Nacis de la trente deuxième
génération qui étaient quand même étonnés
parce qu’il posait toujours les questions qui contredisaient leurs réponses.
Pourtant les Nacis possédaient tellement bellement, tellement glorieusement,
kabodiquement, intérieurement, doucement, pieusement et profondément
la doctrine du Messie !! Et le Messie lui-même était venu là
parmi eux.
Les parents s’aperçoivent que Jésus n’est pas dans
la caravane, vite ils reviennent, ils ne savent pas où il est, ils le
cherchent. Ils ne comprennent pas : cette unité si radicale qu’il
y a eu jusqu’à maintenant n’a pas souffert l’ombre
d’une atteinte. Ils le retrouvent dans le Temple : il était là,
assis, trônant au milieu des docteurs, des Hokmei Ha Talmudim. C’est
extraordinaire, les plus hauts docteurs d’Israël l’avaient
fait siéger au milieu d’eux, au milieu du Temple, dans le Beit
Mishnah du Temple de Jérusalem. C’est pour dire l’aisance
avec laquelle il interrogeait. Et il écoutait attentivement leurs réponses,
et eux étaient extasiés de ses apocrisesin, de ce qu’il
disait sous forme d’interrogation :
‘‘mais si c’est ça, pourquoi Daniel dit que l’Agneau…
? ’’.
Ils étaient probablement, au bout d’un certain temps, un peu irrités.
On le sent dans l’Evangile de saint Jean, quand les pharisiens disent
à Jésus alors qu’il avait déjà trente trois
ans passés :
‘‘quoi ! Tu n’as pas cinquante ans et tu nous fais la leçon
? ’’.
Le Talmud dit qu’à partir de douze ans tu rentre dans le Bar Mitsva,
à dix huit ans, tu apprends à travailler pour subvenir à
tes besoins,
à vingt ans tu peux te marier,
à quarante ans tu peux comprendre,
et à cinquante ans tu peux donner des conseils.
Vous voyez, quand vous aurez cinquante ans de vie chrétienne…
En attendant, on peut poser des questions justes. C’est beau, c’est
magnifique, on vit la sainteté et on pose les questions justes.
Jésus s’est présenté sous forme de question, comme
un petit agneau, et il a présenté forcément tout le mystère
de l’incarnation, ce qui explique toute la Torah, le sacerdoce éternel
du Messie, sacerdoce souffrant. Il est évident que c’est ce qu’il
a dit, à douze ans. La gloire d’Israël est d’avoir produit
cela, d’avoir produit la rédemption éternelle du monde.
Marie le trouve là, et la parole de la Vierge est la suivante :
‘‘o pater sou kago, le père, le tien, c’est à
dire moi aussi (kai ego),
nous te cherchions, tout déchirés de douleur.’’
Cette déchirure de la douleur, c’est évidemment ces deux
colombes qui offrent l’Agneau et qui vivent de cette déchirure
du mystère de l’Agneau qu’ils ont atteint dans le quatrième
mystère, qu’ils vivent en communion pour cacher Jésus en
l’offrant, de manière à ce qu’ils ne fassent qu’une
seule offrande sacerdotale et qu’il y ait une seule médiation vivante
d’amour. Et Jésus répond :
‘‘mais pourquoi me cherchiez-vous, puisque je dois être tout
entier à mon Père,
je dois être tout entier aux réalités vivantes de mon Père.’’
C’est ce qu’il venait d’expliquer aux Hokmei Ha Talmudim qui
étaient là. Alors saint Luc dit ceci :
‘‘non intellectexerunt Verbum quod locutus est ad eos’’
( version de saint Jérôme ) :
ils n’intellectualisèrent pas le Verbe qui leur avait parlé,
si l’on prend la traduction grecque.
Traduction française : ils ne comprirent pas la Parole qu’il leur
avait dite…
Les Hokmei Ha Talmudim avaient été le plus loin possible dans
la compréhension profonde et spirituelle du mystère du Messie,
de la rédemption et du pardon de Dieu au monde entier. Et nous avons
bien vu dans le quatrième mystère, c’est vrai qu’ils
avaient atteint quelque chose d’extraordinairement joyeux, puisque Siméon
en est mort de joie le lendemain.
C’est dans cette mort de joie que Jésus, Marie et Joseph ne cessent
de vivre pendant douze ans. Puis d’un seul coup, il va y avoir un basculement
: pendant dix-huit ans, Jésus va vivre avec Marie et Joseph et ils vont
demeurer au même endroit, et à Nazareth, et cachés.
Marie a tout de suite compris que Jésus voulait s’offrir seul comme
victime. Depuis douze ans c’était comme ça, et il est normal
qu’à partir du moment où le Verbe devait s’exprimer
en paroles, cette victimation devait s’exprimer extérieurement.
Et donc elle a tout de suite compris que Jésus, dans sa générosité,
voulait s’offrir seul, dans sa miséricorde, pour la gloire d’Israël,
dans sa miséricorde pour Israël et pour le monde à travers
Israël.
Telle est la générosité du cœur : un cœur blessé
veut être le seul à souffrir.
Il veut bien être entouré, enveloppé, accompagné,
porté, mais il veut être seul à souffrir.
Dans le premier mystère douloureux, à Gethsémani, c’est
ce qui a fait la plus grande souffrance de Jésus : il voulait être
le seul à souffrir, il ne voulait pas que le poids de croix, d’éternel
regard de Dieu sur le péché, s’effondre sur personne d’autre
que sur lui. Nous ne connaissons pas ce qu’un seul péché
a comme poids du côté de l’éternité : un poids
énorme de croix. Et c’est évidemment infiniment plus que
de la souffrance, c’est un poids énorme de croix, et il veut être
le seul à porter cela.
‘‘Ils ne savent pas ce qu’ils font, ils ne le savent pas’’.
Mais Marie et Joseph ont très bien compris tous les deux qu’ils
étaient offerts avec l’Agneau, comme deux colombes. Et ils avaient
entendu tous les deux cette prophétie venant du Saint Esprit, par Siméon,
le prêtre d’Israël, disant que cette blessure serait partagée
et que la co-rédemption serait le nœud, le cœur, la source
cachée de la Jérusalem glorieuse et du Temple nouveau. Il avait
proclamé la transverbération :
‘‘un glaive te transpercera’’,
Marie avait entendu cela, donc elle a cru, et elle a dit :
‘‘ton père et moi nous sommes là’’
O pater sou kago, vous vous en rappellerez.
O : le père.
Jésus parlait des affaires de son Père, et Marie lui dit : o pater
su kago, le père, le tien, c’est à dire moi aussi, et moi
avec, simultanément, nous sommes déchirés, et donc dans
notre déchirure tu peux rentrer.
C’est sur cet acte de foi de Marie, que la super-venue du Saint Esprit
et l’ombre du Père viendraient assumer Joseph et elle, et elle
sous Joseph cette fois-ci, dans l’initiative de Joseph justement. C’est
lui qui prendrait désormais l’initiative sacerdotale royale. Que
cette super-venue du Saint Esprit, que cette ombre de Dieu le Père, Première
Personne de la Très Sainte Trinité, les assumeraient tous les
deux pour vivre une seule blessure du cœur en trois personnes. Ce qui est
le mystère précisément très profond, qui n’est
plus un mystère intellectuel : ils n’ont pas intelligé la
chose, ce n’est pas intellectuellement qu’ils ont compris le Verbe
qui leur parlait, c’était dans le cœur.
Les docteurs de la loi, eux, réagissaient au niveau de l’intelligence
: ça, ça me choque, je ne suis pas d’accord avec ça,
je n’avais pas pensé à cela, ça me dérange,
quand même, sa manière de regarder les choses, c’est pas
mon truc à moi… Vous voyez, l’intelligence est toujours un
peu autonome.
Jésus toujours en communion avec saint Joseph, interrogeait. On dit toujours
que quand l’intelligence est vive, elle est angoissée, et donc
elle interroge : c’est l’angoisse de ne pas être dans la vérité
plénière. Jésus est en communion avec Israël, il sait
qu’ils ne sont pas dans la vérité plénière,
alors il interroge.
Cette angoisse est partagée par Joseph. Joseph sait qu’il n’est
pas vraiment le père de l’incarnation. Il est le père de
la nativité, oui, il est le père de Jésus dans son sacerdoce
éternel, oui, cela il le sait. A l’âge de douze ans, faut-il
qu’il se retire, qu’il laisse toute la place cette fois-ci à
Dieu seul ? Vous vous rappelez qu’il avait déjà eu cette
fascination, ce tremendum, cette crainte de Dieu, cette délicatesse divine
infinie par laquelle il voulait se retirer pour laisser toute la place en Marie,
puisque Marie et Dieu le Père avaient engendré Dieu le Fils. Lui
il savait ce que c’était que cette angoisse. Alors Marie s’est
mise à l’unisson de l’angoisse d’Israël, de l’angoisse
de Jésus, et de l’angoisse de Joseph, pour vivre précisément
cette interrogation par la foi. Et cette fois-ci c’est Joseph qui a l’initiative.
Joseph va avoir l’initiative.
C’est ce qui est beau dans ce mystère-là, on le voit bien
dans l’écriture, c’est que Marie signale à Jésus
que désormais, son père, c’est Joseph. Cela veut dire qu’elle
acquiesce à ce qu’avait dit Siméon dans le Temple : elle
accepte la co-rédemption, qu’elle accède avec Joseph aussi,
ensemble avec lui, à trois, à faire une seule blessure du cœur
en trois personnes, et ceci à partir du ciel. Alors devant cette foi
ardente, aussitôt Jésus est descendu du Temple, il est parti avec
eux à Nazareth et il s’est soumis, hypotasso, il s’est mis
sous l’ombre de cette trinité sacerdotale d’un seul cœur
victimal.
Cela a duré dix-huit ans. C’est une compréhension beaucoup
plus grande que celle de la prophétie et celle de l’incarnation.
Dans le cœur de la Sainte Famille, le monde surnaturel de la rédemption
va réaliser une unité trinitaire du cœur sacerdotal. La blessure
du cœur de Jésus va s’inscrire, dans les profondeurs. Cela
ne se comprend pas avec l’intelligence. Il va falloir que l’intelligence
descende beaucoup plus profondément dans l’unité de la lumière
rédemptrice qui est la blessure de l’agneau.
Si vous avez un livre à lire pour comprendre le cinquième mystère
joyeux, c’est le deuxième livre du Père Doze : ‘Joseph
gardien du Shabbat’. Ce livre est magnifique parce qu’il montre
que le sixième jour est arrivé.
Ce sixième jour va se vivre trois fois, et c’est pour cela que
ça va durer dix huit ans. C’est ici que l’anti-Christ dans
toutes ses formes, va être anéanti, quand on va se cacher et demeurer
dans la Sainte Famille, quand on va chercher Dieu dans les choses les plus profondes,
les plus petites, les plus simples, celles du cœur, alors à ce moment-là
on va comprendre Dieu.
Le fruit du mystère est la recherche profonde de Dieu partout, en toutes
choses et dans les choses les plus profondes. Plus elles sont profondes, plus
elles sont petites. Plus elles sont profondes, plus elles sont dans le cœur.
Plus elles sont profondes, moins elles sont idéologiques, et plus elles
sont simples, plus elles appartiennent à la Sainte Famille.
Dès lors, nous qui allons prier ce mystère joyeux-là, nous
allons comprendre la joie incroyable que Joseph et Marie ont, par une super-venue
du Saint Esprit prodigieuse, en raison de leur foi. Ils ont dit ‘nous
voici, avec Jésus’. Le Verbe de Dieu, le Père, et l’Esprit
Saint, vont s’incarner : cette fois-ci tous les Trois vont se rendre présents
ensemble dans l’offrande victimale de Jésus, dans la blessure de
l’Agneau de Dieu, une seule blessure, une seule rédemption par
trois personnes incarnées. Ils sont admis, si vous voulez, à la
rédemption du monde par l’amour à la fois divin et éternel,
et à la fois humain et surnaturel. La vie surnaturelle a commencé,
et ils sont les engendrants de la vie surnaturelle et de la vie éternelle.
Cette joie de savoir qu’ils sont admis à cet engendrement était
extraordinaire. C’est pour cela que l’on dit que ce mystère
joyeux est le mystère de la recherche de Dieu dans les choses les plus
simples, les plus silencieuses, les plus cordiales. C’est les retrouvailles
de l’esprit d’enfance, c’est l’abandon de l’intelligence
pour elle-même, c’est une intelligence cette fois-ci qui est au
service de l’offrande de tout et de la fécondité de la vie
et du cœur.
Alors, si nous rentrons dans la Sainte Famille, si nous rentrons dans ce mystère,
nous allons forcément rentrer dans cette trinité. Nous allons
faire comme Jésus, nous allons suivre l’Agneau partout où
il va, comme dit l’Apocalypse. Nous allons descendre de notre temple,
inspirer avec l’Immaculée Conception dans notre âme, jusque
dans les profondeurs de notre cœur incarné avec saint Joseph, et
sous sa direction nous allons vivre simplement l’oraison, nous allons
vivre la vie surnaturelle. Nous allons demeurer là. Nous allons quitter
les vertus, ce qui nous paraît être juste.
Vous voyez, le Hokmei Ha Talmud, lui, veut sortir de ce qui est révoltant,
il ne veut pas avoir affaire avec ces choses qui sont révoltantes, il
est dans le Temple, il a un monde religieux bien à lui, une espèce
de pureté.
La pureté d’intention, la pureté du cœur et l’obéissance
à la Torah ne suffisent pas : elles sont pour la circoncision du cœur,
elles sont pour l’amour éternel et pour l’amour surnaturel,
elles sont pour la charité aussi.
Ce passage fait que je vais pouvoir vivre de l’union avec Dieu, de l’oraison.
C’est ce qui s’est passé pendant dix-huit ans.
Avec l’oraison, je passe du temple, de la recherche du nombre de mes péchés,
de la considération de mes défauts et de mes qualités,
je passe de cela à la dévotion, et j’abandonne même
la dévotion pour entrer dans l’oraison, dans la vie surnaturelle.
Et je demeure là.
Il faut apprendre à faire oraison, c’est essentiel.
Je rentre dans un tabernacle très particulier qui surgit au fond de moi
par la grâce du rosaire vivant.
Et je vais me mettre, comme dit saint Grégoire de Nysse, dans l’esprit
de Jésus tout offert en mon esprit, je vais lui laisser toute la place,
je vais me mettre dans l’âme vivante toute offerte de Marie, en
sa plénitude de grâce toute offerte, et dans le corps tout béni
de Joseph.
Je vais me sentir dans mon être profond « les parents » de
cet Enfant : son père avec Joseph dans ma chair, sa mère avec
Marie dans mon âme, dans la vraie richesse de mon cœur…
Et je vais descendre dans mon corps, dans ma chair, dans mon sang, dans toute
ma personne, et je vais faire de moi un lieu pour la Sainte Famille. Mon corps
sera à l’unisson de saint Joseph, mon âme à l’unisson
de l’Immaculée, et mon esprit à l’unisson de Jésus
enfant, de Jésus obéissant, de Jésus soumis, de Jésus
qui descend toujours dans le cœur.
Heureusement que Jésus est descendu au niveau du cœur. Dans son
intelligence, il était dans la vision béatifique, il avait la
science infuse, et sa science acquise était désormais parfaite.
Il fallait qu’il descende, qu’il lâche prise, qu’il
mette toute son intelligence au service de la rétractation de sa divinité
dans la lumière - puisqu’il avait déjà rétracté
sa divinité dans son âme - et qu’il y ait ce recueillement
du cœur qu’on appelle l’oraison. Il a voulu que ce soit de
la blessure du cœur que jaillisse la vie surnaturelle. C’est très
parlant pour l’oraison.
Cela veut dire qu’il faut qu’on entende la parole que Marie a dite
:
‘‘ton père et moi aussi c’est à dire moi en
même temps, nous te cherchions, déchirés’’.
Il faut que l’on entende cela, spirituellement. Elle dit :
‘‘attends, tu vas à droite, tu vas à gauche, tu te
poses des questions,
tu luttes ici, tu luttes là, tu n’es pas bien, arrête.
Mais pourquoi veux-tu faire cela tout seul,
pourquoi veux-tu souffrir tout seul pour Dieu comme ça ?
Ton père, le tien, saint Joseph, et moi avec lui, moi-même en même
temps,
tout déchirés du cœur,
nous te cherchons’’.
Il faut entendre que cette parole s’adresse à nous, puisqu’elle
s’adresse à Jésus et que nous sommes les membres vivants
de Jésus vivant, et que tout soit offert à la vie chrétienne.
Nous allons entendre cette parole et nous allons rentrer dans la Sainte Famille.
Et le nouveau Temple, la nouvelle cité, ce sera dans notre corps, la
cité de David.
L’ange l’avait dit déjà aux bergers : ‘‘vous
verrez un enfant nouveau né dans la cité de David’’.
Théologiquement, vous savez bien que la cité de David, c’est
saint Joseph. La cité de David est Joseph qui fait croître Jésus.
Non seulement Jésus lui-même, mais tous les membres vivants de
Jésus vivant ( et il les fait croître encore au ciel !).
Le rôle de Joseph est de nous faire grandir dans l’intensification
incarnée surnaturelle de l’union vivante avec le Fils unique de
Dieu, pour que nous soyons tout aux affaires du Père, et du coup nous
sommes tout aux affaires de saint Joseph, nous rentrons en lui dans son unité
avec l’Immaculée.
Nous rentrons en lui, et notre corps, notre âme, notre esprit, sont tout
donnés à cette union trinitaire. Et c’est ce qui fait la
joie du mystère : nous retrouvons enfin la quiétude surnaturelle,
la demeurance :
‘‘je viens demeurer en vous’’.
Jésus quitte le Temple, la gesticulation est finie. Il descend à
Nazareth. Il descend et il se met sous l’ombre, hypotasso, de saint Joseph.
A partir de ce moment-là il ne regardera plus jamais le Dieu le Père
qu’à travers saint Joseph. Et saint Joseph, lui, ne sera jamais
en face de Jésus que dans l’admiration de l’Immaculée
Conception et dans la foi. Il le regardera du haut de sa foi, dans la simplicité
de son cœur, avec la foi de Marie, et donc il verra que c’est Dieu
qui est là, et qu’il est son père.
Quand nous rentrons dans la vie chrétienne, nous découvrons que
Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint Esprit, nous sont présent
corporellement, lumineusement et spirituellement, dans la Sainte Famille. C’est
pour cela que nous allons choisir, nous allons apprendre par le cœur, à
rentrer dans notre cœur, dans la fournaise ardente de la Trinité
de la Sainte Famille, et à nous y fondre dedans. Que notre cœur
soit le fils. Nous devenons à ce moment-là un fils des Mitsvot,
nous faisons notre Bar Mitsva, nous devenons un fils de l’Invitation du
cinquième mystère, nous répondons à l’Invitation.
Nous entendons Marie qui le dit :
‘‘tu fais partie de la famille, Jésus c’est toi, ton
père c’est Joseph, et moi, c’est à dire moi en même
temps,
et nous engendrons Jésus maintenant avec toi, et il va grandir’’.
Cela dure dix-huit ans.
Si nous rentrons dans l’oraison de cette manière, 6-6-6 (3 x 6,
cela a duré dix huit ans) ne pénètre pas.
666 ne pénètre que chez les intellectuels, ceux qui veulent encore
maîtriser le terrain, avoir une religion humaine, ceux qui disent : ‘attends,
on ne me la fera pas’’. Quand nous entrons dans l’oraison,
nous échappons à l’anti-Christ, et nous rentrons dans l’union
transformante, nous rentrons dans la vie surnaturelle.
Comme le dit sainte Thérèse d’Avila, ce n’est qu’à
partir de la quatrième demeure que commence la transformation surnaturelle
chrétienne dans l’âme, dans l’esprit, dans le corps.
Les trois premières demeures étaient des demeures où l’on
essayait de lutter contre le péché, on essayait, avec la grâce
de Dieu, de ne pas faire même de péché véniel, on
essayait de respecter tous les commandements, autant qu’on pouvait, et
avec la grâce de Dieu, on y arrivait.
Mais dans la quatrième demeure, c’est tout à fait autre
chose. C’est la Très Sainte Trinité qui fait vivre notre
corps, notre âme et notre esprit : nous faisons partie de la Sainte Famille.
C’est pour cela qu’il faut faire oraison tous les jours. Au début,
on n’a pas l’habitude, mais qu’on fasse au moins un quart
d’heure, une demi-heure. Il ne faut pas dire qu’on va faire trois
heures d’oraison par jour. Mais un quart d’heure, une demi-heure
où il n’y a plus que ce silence tout simple. Nous allons faire
avec nos pieds ce que Joseph fait, avec nos mains ce que Joseph fait, comme
Jésus, et en union avec Marie, tout simplement, tranquillement et dans
le silence le plus total.
Une personne me disait : je ne sais plus prier ; je me mets là devant
une croix, et cela dure une heure, et je n’ai rien à dire…
Eh bien , précisément : c’est bien, elle est en train de
passer à la quatrième demeure.
Parce que la prière est dans le recueillement, dans la demeurance silencieuse,
tranquille, passive et en même temps qui donne autorisation aux Personnes
de la Très Sainte Trinité de réaliser activement ce qu’Elles
signifient dans son sang, dans sa chair, dans son esprit et dans son âme.
Cette personne est rentrée dans la quatrième demeure ; c’est
très bien, elle devient chrétienne.
Cette manière de prier qu’est la prière d’oraison,
c’est quelque chose que nous devons au cinquième mystère
joyeux. Ce n’est plus la méditation.
La contemplation est un don.
La contemplation n’est pas dans l’intelligence discursive : la contemplation
est un don qui nous fait descendre et par lequel le Verbe prend chair.
Et ce n’est pas intellectuellement que nous entendons cette parole, c’est
dans l’oraison.
C’est magnifique.
Douze plus dix huit font trente ans. Jésus, Marie et Joseph vont vivre
ensemble trente ans. Quand même dix fois plus de temps que ce que nous
connaissons habituellement de la vie de Jésus.
Ce mystère-là a un poids énorme, gigantesque. C’est
le centre, la porte d’entrée.
Les douze portes de Jérusalem qui s’ouvrent, les douze années
qui s’ouvrent dans la nouvelle Jérusalem, la cité de David
qui vient du ciel. Et cette cité de David qui vient du ciel, cette nouvelle
Jérusalem, c’est la Sainte Famille, c’est Marie, Jésus
et Joseph. Et ce qui fait vivre cette Sainte Famille, c’est cette simplicité
surnaturelle mutuelle dans une vie simple de tous les jours, où Joseph
a l’initiative. On se met sous l’autorité du Père.
‘‘Ne savez-vous pas que je devais être tout entier aux affaires
de mon Père ?’’
A partir de ce moment-là, nous n’irons jamais à Dieu que
par Marie et Joseph, nous ferons comme Jésus.
Nous n’irons plus jamais à Dieu que par Marie et Joseph : nous
sommes chrétiens.
Celui qui veut aller à Dieu directement sans passer par cette chose extraordinaire
par laquelle on rentre dans un tabernacle, où notre corps devient lui-même
le tabernacle de la Sainte Famille, celui-là n’atteindra jamais
les cinquième et sixième demeures ; ce n’est pas la peine
de continuer. Or le Bon Dieu veut des saints, et il veut des chrétiens.
C’est dans ce moule que Jésus crucifié a pu grandir, c’est
dans ce moule que tous les saints vont être eux aussi préparés
à la transverbération du cœur et à la circoncision
chrétienne.
C’est une joie, parce que dès qu’on découvre cela,
on entend l’invitation de Joseph :
‘‘tu viens chez moi et puis c’est tout, je m’occupe
du reste,
tu te mets sous mon autorité et puis c’est tout, l’Immaculée
et moi on s’occupe du reste,
Jésus va vivre en toi maintenant, laisse’’.
Et je vais choisir Joseph comme mon papa, et ‘‘il faut désormais
que le monde sache que j’aime mon Père’’.
Je suis chrétien, et donc j’ai un Père : j’ai un Père
surnaturel, j’ai un Père incréé et j’ai un
père incarné.
Alors Jésus était vraiment tout content. Il faut voir la joie
qu’il y a eu à ce moment-là, parce que c’est une joie
tellement profonde que cela a stupéfié les docteurs de la loi.
Je crois qu’il faut sentir cela : ils étaient tellement fascinés
par les lèvres de cet enfant, le regard incroyable de cet enfant qui
lisait dans leur âme, qui lisait dans tous les préceptes de la
Torah, qui lisait en Dieu. Et puis Joseph arrive, il ne dit rien, et Jésus
quitte le Temple et descend à Nazareth. Tout le mystère du Temple,
tout le mystère d’Israël, toute la gloire religieuse, toutes
les perfections des préceptes de la Torah et de la loi, sont ainsi absorbés,
anéantis, disparus. Ils disparaissent dans la Sainte Famille, Jésus
se soumet à Joseph. Tout Israël se met désormais sous la
souveraineté du Roi d’Israël. Le Temple avait été
construit par un iduméen qui n’était même pas juif,
Hérode, vous le savez, je vous l’ai dit la dernière fois.
Hérode n’était même pas juif, c’était
un roi illégitime. Par le cinquième mystère joyeux, Jésus
prend tout le peuple d’Israël avec lui, qu’il a saisi dans
la fascination des Nacis d’Israël, il se met sous l’autorité
de Joseph, et Joseph devient ainsi le Roi d’Israël, le Roi légitime
et le nouveau Temple. Et le Temple qu’il construit est le Temple du corps
mystique du Christ.
Voilà pourquoi Jésus dit, dans l’Evangile de saint Jean,
chapitre 2 verset 19 :
‘‘détruisez ce temple, en trois jours je le reconstruirai’’.
Jean dit que c’est de son corps qu’il parlait, du corps mystique
de Jésus. Et Jésus disait :
‘‘vous faites de cette maison de mon Père une caverne de
brigands’’.
Il ne supportait pas que la maison construite par saint Joseph devienne une
caverne de brigands, il ne le supportait pas, ce fut la seule colère
du Christ en sa vie terrestre. Du coup ce nouveau Temple légitime, ce
corps mystique de Jésus, c’est Joseph qui l’a construit.
Voilà ce que dit l’écriture.
La joie vient de ce que Joseph est devenu le vrai père du corps mystique
du Christ, et il le sait.
Mais il est le Juste par excellence, non pas fasciné comme les Hokmei
Ha Talmudim devant Jésus, mais en adoration vis à vis de son Créateur,
parce qu’il s’aperçoit que son Créateur recherche
Dieu en lui. Son Créateur, Dieu le Fils, le Verbe de Dieu, à travers
son cœur blessé, cherche Dieu le Père en lui, saint Joseph.
Dieu le Fils ne regardera désormais plus Dieu le Père, qu’à
travers lui, Joseph. De même que dans cette unité si profonde du
Père et du Fils, dans ce regard et cette recherche mutuelle, Joseph ne
verra plus que Dieu le Fils, le Verbe éternel de Dieu à travers
Jésus, et le Verbe éternel de Dieu ne verra plus que Dieu le Père
à travers Joseph. A cause de cela, les deux ne verront plus que l’Esprit
Saint à travers l’Immaculée Conception. Et c’est cette
espèce de tornade joyeuse, cette joie du ciel dans la blessure du cœur,
incarnée tout simplement dans les actes simples de la Sainte Famille,
dans le dépouillement le plus total, cachée le plus possible,
qui fait que Joseph devient le Roi d’Israël, le Roi de la Jérusalem
céleste, le Fils de David.
C’est à cause de cela que quand Jésus aura trente ans, il
pourra donner des conseils aux pharisiens, parce qu’il n’y aura
pas que lui, il le dira lui-même :
‘‘mon père et moi, nous sommes ensemble’’.
Son père plus lui, ça fait plus de cinquante ans, donc il a le
droit de donner des conseils.
Mais à l’âge de douze ans, il ne donne pas de conseils, il
interroge.
Alors dans ce mystère nous demandons toujours la recherche de Dieu en
toutes choses. La recherche profonde de Dieu dans ce qu’il y a de plus
simple. Et ce qu’il y a de plus simple, ce qu’il y a de plus petit
dans le royaume des cieux, c’est Joseph. C’est Jésus qui
le dit : Jean Baptiste est grand, le plus grand, mais le plus petit dans le
royaume des cieux est plus grand que lui.
La recherche de Dieu est partout et surtout dans ce qu’il y a de plus
simple.
Du coup nous nous mettons à l’intérieur de notre père
: c’est lui. Et Dieu le Père ne nous parlera qu’à
travers lui. Et Dieu le Saint Esprit du coup, dans notre unité avec Jésus
et avec Joseph, nous parlera d’une manière vraiment « super-veniantesque
» : à la manière fulgurante du Saint Esprit, nous serons
tout élargis dans l’Immaculée Conception, si nous vivons
avec Joseph, si nous vivons avec Jésus.
Je crois que c’est bien de regarder ce mystère-là comme
cela.
Il faut savoir qu’à partir de ce moment-là, bien entendu,
Jésus, Marie et Joseph vont être une trinité incarnée,
une trinité non seulement humaine mais une trinité surnaturelle
qui s’inscrit dans cette déchirure de Dieu le Père en saint
Joseph, cette déchirure de l’Agneau de Dieu en Dieu le Fils, et
cette transverbération de l’Esprit Saint dans le cœur de Marie.
Ces trois extraordinaires médiations sacerdotales rédemptrices
crucifiées, déchirées, seront le lieu de notre reposoir,
de notre demeurance, de notre transformation.
Du coup nous allons pouvoir rentrer dans les mystères de la lumière,
la véritable lumière va pouvoir surgir. Nous pourrons rentrer
dans le premier mystère de la lumière, puis le second mystère
de la lumière, les cinq mystères lumineux. La lumière viendra
vraiment resplendir dans les ténèbres grâce à la
Sainte Famille. Nous rentrerons dans la nuit de l’esprit, dans la nuit
de l’intelligence, nous rentrerons dans la nuit du senti puisque le senti
est un mensonge, puisque le senti ‘ment’.
Il n’y a plus de sentiment ? excellent.
Je n’y comprends plus rien ? excellent.
Je m’interroge ? excellent.
Je rentre du coup dans les profondeurs du silence intérieur, en dessous,
là où c’est tout petit, là où je suis sous
l’ombre de Dieu le Père. C’est pour cela que je vous ai dit
dans les quatre premiers mystères que dans l’obombration de Dieu
le Père à travers saint Joseph, il n’y a plus qu’un
petit point, plus petit que la moindre parcelle de matière élémentaire,
qui se trouve en dessous, entre les reins et le cœur en nous, et quand
nous sommes dans l’ombre du Père, c’est là-dedans
que nous allons descendre. Nous serons en saint Joseph, là, dans notre
cœur et nous allons laisser saint Joseph nous prendre dans ses bras et
nous faire faire oraison surnaturelle, et nous faire grandir dans le corps spirituel,
dans le sang rédempteur et bouillonnant d’amour de Jésus,
dans l’Esprit Saint qui fait l’unité du ciel et de la terre
après avoir fait l’unité du Père et du Fils.
C’est pour cela que c’est joyeux, parce que du coup, il n’y
a plus l’angoisse.
C’est la conversion du cœur qui commence.