La Résurrection / Premier mystère glorieux

Nous méditons aujourd’hui le premier mystère glorieux…
Notre souci n’est pas de récapituler ce que nous pouvons savoir par les saintes Ecritures, mais d’essayer d’approfondir grâce à Marie, à l’Immaculée, et grâce à la doctrine infaillible de l’Eglise ce qu’il y a à l’intérieur du mystère de la Résurrection. Les saints Evangiles, la sainte Ecriture, sont une Révélation qui demande à notre foi de venir par dessous pour découvrir le cœur de la foi lumineuse de l’Immaculée et au fond de la foi de la Jérusalem spirituelle toute pure qui lui permet de découvrir, de voir se révéler sous ses yeux, dans sa chair, dans son sang, dans son esprit et dans la grâce qui lui est faite, le mystère, c’est-à-dire la réalité vivante et expérimentée de la Résurrection.
Jésus est ressuscité d’entre les morts, nous le croyons.
Nous avons dans la sainte Ecriture toutes sortes d’indices pour être saisis par Jésus ressuscité, le Saint Esprit s’y exprimant à travers la Révélation de manière juste.
Nous allons demander au Saint Esprit, à la puissante intercession du cœur glorieux, immaculé et douloureux de Marie, de nous faire rentrer dans ce que l’Esprit Saint se dévoile Lui-même en ce relèvement de la Résurrection du Seigneur, relèvement de son humanité brisée par la mort.
Méditer un mystère du Rosaire est toujours un miracle. A chaque fois que nous disons le Rosaire, il faut demander ce miracle. Les mystères du Rosaires sont des trésors qui viennent du ciel se manifester miraculeusement à nous. Il faut à chaque fois demander ce don de Dieu, il faut à chaque fois le désirer très fort, il faut avoir cette grande anxiété de pouvoir être à la hauteur du don, de la méditation, et des abîmes ouverts par le mystère en question, puisqu’il nous est donné pour nous transformer, pour transformer le visage intérieur de Dieu par rapport à nous, et notre visage intérieur par rapport à Dieu.
A chaque mystère une transformation se réalise.
Et s’il est une transformation tout à fait extraordinaire, c’est celle du mystère de la Résurrection : la transformation de cet état incroyable de mort, d’anéantissement qui a eu lieu pendant ce Vendredi Saint et ces trente-six heures de mort absolue de Jésus, du Christ, du Dieu vivant, en relèvement de la Résurrection.
Ce que nous voulons aussi, c’est être cachés à l’intérieur de la lumière toute claire de Marie. Marie est au cœur de la Résurrection et de la Pâque du Seigneur.
Regardez comme c’est simple, dans l’Evangile que nous venons d’entendre (Jean, 21, 1-14), il y avait « cent cinquante-trois poissons » : le passage extraordinaire de la solitude la mort à la plénitude de communion de la très sainte Trinité, [ passage de 1 à 3 en passant par 5 ], en passant par Marie ( nous savons bien que le chiffre biblique 5 désigne Marie, en ce qu’elle est comme « la grâce personnifiée : l’Immaculée Conception ; toutes les médiations des principes divins, des principes incréés avec tous les principes surnaturels créés, sont présents en elle et passent par celle qui est devenue la grâce-source de tous les mystères divins ).
Voilà donc l’Eglise de Pierre, l’Eglise de la Résurrection : « cent cinquante-trois poissons » : tous ceux qui vivent de cette solitude de la mort et de la résurrection du Christ qui s’épanouit en Marie rentrent du coup dans la plénitude de la communion trinitaire. Le passage de 1 à 3 en passant par Marie est le résumé de l’Eglise de la résurrection, le corps mystique de Marie. C’est bien cela, ce que nous venons de lire.
Marie est une source du Messie : dans sa virginité elle conçoit et fait naître tous les mystères du Messie incarné, crucifié et, maintenant enfin, glorifié.
Considérons ce fait très réjouissant : à la première apparition de Jésus, le premier mot prononcé dans la Haggadah par Jésus ressuscité est le nom de Marie.
A Madeleine, Jésus dit « Marie » (Jean, 20, 16).
Jésus ressuscite en premier pour Marie, pour le Père. Pour Jésus crucifié, le Père et Marie sont indissociables, comme ils ont toujours été indissociables dans l’incarnation. Il y a quelque chose de tout à fait semblable dans le mystère de la Résurrection et dans le mystère de l’Incarnation de ce point de vue-là, et c’est ce que nous voudrions approfondir.
Considérons la deuxième apparition : Jésus dit « Kaïrètè », « Je vous salue » ( Mathieu, 28, 9).
Extraordinaire : « Je vous salue, Marie » : c’est vraiment étonnant.
Si nous suivons les sept apparitions de Jésus, nous trouvons ce déploiement que nous avons regardé, qui en fait était une prophétie de la Résurrection, qui passait par la voix incarnée de plusieurs messagers, l’Ange Gabriel, Elisabeth, Jean-Baptiste : « Je vous salue Marie pleine de grâce ». Et Jésus ressuscité, à travers la Haggadah de la Résurrection, le prononce en toute réalité incarnée et glorieuse, à l’univers, à la création.
Lorsqu’Il est apparu la deuxième fois aux Apôtres et aux disciples, Il leur reprocha leur incrédulité et leur lenteur à croire (Luc, 24, 25 ; Marc, 16, 14) et Il leur dit : « allez dans le monde entier, proclamez la Résurrection à toute la création » (Marc, 14, 15).
« A toute la création »…
Toutes ces paroles s’adressent à Marie, nous le comprenons d’emblée : plus exactement à l’Immaculée en lien avec le corps mystique de la Jérusalem spirituelle.
Il va falloir approfondir ce grand message, cette grande réincarnation glorieuse à partir de la foi de Marie que constitue le mystère de Pâque.
C’est bien un mystère du Rosaire : une naissance nouvelle a jailli qui vient de la Mère du corps mystique entier vivant de Jésus entier. Il va falloir regarder cela et demander au Bon Dieu de nous aider à dire et à voir les choses de manière parfaitement juste.
Jésus dit à Marie : « ne t’accroche pas à moi, ne me touche pas, je ne suis pas encore remonté vers mon Père » (Jean, 20, 17). Cette parole fait comprendre ce qu’à l’instant de la Résurrection, Jésus exprime de manière incarnée et glorieuse en ressuscitant pour Marie, en manifestant sa résurrection à la Mère de la gloire éternelle de la Jérusalem glorieuse.
Regarder toutes ces paroles que Jésus prononce est une très belle méditation. Ces paroles adressées aux apôtres ou aux disciples montrent en contraste, en négatif, ce que Jésus fait dans la foi surnaturelle et vivante de l’Immaculée.
Jésus marche avec saint Luc et saint Cléophas, les pèlerins d’Emmaüs. « Notre cœur n’était-il pas tout brûlant au dedans de nous quand Il nous parlait en chemin, et qu’Il nous expliquait les écritures ? » (Luc, 24, 32).
Efforçons nous de reconnaître à chacune de ces paroles ce que Jésus veut révéler de ce qui se passe à l’infini dans le mystère du Rosaire vivant de la Jérusalem spirituelle que Marie va engendrer dans les 153 poissons jusqu’à la fin du monde, au travers de sa foi en la Résurrection, et se manifestant à la création toute entière.
Cela passe par l’eucharistie : « Il prit le pain, dit la bénédiction, puis le rompit et le leur donna » (Luc, 24, 30). Les Pères de l’Eglise ont considéré que c’était vraiment une messe avec une consécration, avec la présence transsubstantiée du corps glorieux de Jésus qui était donné.
Personnellement, je tire de là quelque chose de tout simple : Jésus ne s’est pas contenté de donner le nouveau pain eucharistique consacré par lui, Prêtre glorifié avant l’Ascension, uniquement à ces deux disciples : « oui ! Nous avons rompu le pain avec Lui, nous avons mangé ensemble ».
Ces quelques signes ne doivent pas non plus nous faire oublier la multitude d’apparitions et de signes que Jésus ressuscité a manifesté pendant ces quarante jours : c’est ce que dit l’Evangile : Jésus est ressuscité, et Il n’a pas eu que sept apparitions, c’est la Haggadah de la Résurrection qui nous donne sept grandes manifestations : « ces sept apparitions vous sont données pour que vous croyiez » (Jean, 20, 30-31). Mais Il s’est manifesté avec d’innombrables apparitions : Il a marché avec ses disciples, Il a mangé et bu avec eux, Il a célébré glorieusement l’eucharistie au moins une fois avec les Apôtres et avec l’Immaculée, je le pense très volontiers, donnant ce pain brûlant, ce sang glorieux qui sort de sa bouche et descend dans le calice, Il a partagé son Corps et son Sang avant de monter au ciel. Il faut sentir toutes ces choses, il faut sentir les moindres paroles.
L’Evangile de saint Matthieu dit ceci : les femmes s’apprêtaient à porter les parfums, « et voici qu’il y eut un « mégas séismos » (28, 2) (un séisme est un grand tremblement de terre, et en plus méga : un séisme extraordinaire), un ange est descendu avec la puissance de la foudre, la pierre a été soulevée.
Un tremblement de terre s’était déjà produit pour la mort de Jésus, avait arraché les colonnes du Saint des Saints, déchiré le voile. La qualification méga montre que ce deuxième tremblement de terre est encore plus fort. A Jérusalem, de nombreuses personnes devaient dormir, il n’était pas quatre heures du matin, mais les femmes étaient là quand s’est produit ce séisme étonnant, ce séisme majeur, ce séisme métaphysique, qui touche la terre vierge de Marie. Elle a été la première à connaître la manifestation glorieuse de la résurrection en sa terre vierge. Manifesté pour nous par ce séisme.
Il faut lire toute la Haggadah de la Résurrection dans cette perspective que Jésus demande, que le Pape demande aujourd’hui : ce mystère est un mystère du Rosaire vivant, un mystère de Marie.
C’est à partir de cette unité profonde de l’Immaculée, de Jésus et de Joseph, que nous allons rentrer dans la très sainte Trinité glorieuse de ce mystère.
Vraiment, demandons au Bon Dieu de nous aider à y pénétrer.

La disposition profonde pour entrer dans ce mystère est vraiment la foi : du dedans de l’obscurité profonde de toutes les intériorités divines, une lumière resplendit, et dans cette lumière, nous assistons à la résurrection. Nous attendons ce surgissement de la lumière surnaturelle de la foi, cette lumière dans l’obscurité profonde de toutes les lumières divines en nous, pour voir la Résurrection. Voilà la disposition préalable pour rentrer dans la méditation de ce mystère.
Actes de foi tranquilles, sereins, océaniques, d’obscurité absolue et de lumière jaillissante, pour que de l’intérieur, cette lumière surnaturelle jaillissant des profondeurs des intériorités divines en nous illumine notre intelligence et qu’il n’y ait plus que Jésus, la présence effective et intime de Jésus, en nous. La foi fait cela.
Une fois établis dans l’intérieur de Jésus, nous rejoignons la disposition dans laquelle était Marie à l’instant de la Résurrection. Alors le séisme magnifique de la Résurrection vient bouleverser toute la terre mariale, notre terre à nous, notre monde : « Je suis la résurrection ».
Pour donner un exemple de méditation, lisons cette minute composée d’après un texte d’Adrienne von Speyr… Avec l’Eglise, nous allons ensuite pouvoir entrer dans la méditation du mystère.

Comme Marie le jour de Pâques, recevoir la Résurrection :
le matin de Pâques, Marie goûte encore jusqu'à la lie le vide et la ténèbres… pourtant, Elle sait que Jésus est Dieu, et, comme Dieu, survivra à toute destruction, à toute mort
à l'aurore comme jadis à l'apparition de l'ange, Elle n'est de nouveau que pure attente
Elle ne s'attend pas à une apparition déterminée, mais sa foi est si ouverte, si disponible, que n'importe quelle apparition peut lui advenir
voilà que Son Fils se présente à Elle de l'intérieur d'Elle-même
la gloire divine fulgurante, remplit les espaces de sa foi d'une plénitude qui dépasse toute pensée et tout désir
Il ne remplit pas seulement le vide qui est en Elle, mais Il le comble absolument, comme la Divinité déborde toute attente humaine
Son premier ‘‘oui’’, trente trois ans plus tôt, Elle avait pu le former Elle-même et l'exprimer dans le chant du ‘‘magnificat’’, ce nouveau ‘‘OUI’’ est sans nom
car il débouche sur le ‘‘OUI’’ éternel de Dieu Lui-même
c’est comme un fleuve dans la mer, où Elle se noie et s'engloutit
à présent, c'est un cri de jubilation au-delà de toute parole… et de tout chant… Elle est entourée de toutes parts et illuminée jusqu’au plus intime par la Lumière brûlante de Son Fils
voilà Sa vision du Passage, dans une évidence qui illumine tout
la Passion et sa plaie béante ne laisse plus en Elle la moindre trace d’ombre… elle se dilate au contraire et surabonde joyeusement, immensément
à Pâques, l'unité d'existence de Marie avec le Fils est telle que dorénavant ils ne peuvent plus être séparés (ni corporellement, ni spirituellement, ni glorieusement) :
là où le Fils est essentiellement, actuellement, véritablement présent, la Mère s’enracine et s'écoule, Elle n'en peut plus être absente
comme Elle a dit ‘‘oui’’ à l'Incarnation du Fils, La voici emportée aussi à accompagner toute nouvelle venue du Seigneur sur terre
dès cet instant Elle l'accompagne en toutes Ses messes futures, toutes ses absolutions à venir, toutes ses Présences qui relèvent, toutes les jubilations d'éternité que le Christ ressuscité dépose de là dans les cœurs qui s'attacheront à Lui

C’est admirable.
( d’Adrienne von Speyr, qui connut la stigmatisation chrétienne de son protestantisme d’origine pour passer à la plénitude de l’Eglise apostolique … )

Si Dieu le veut, si Dieu nous le permet, allons plus loin.
Lorsque sous l’ombre du Père, Marie a été saisie, enveloppée du dedans de cet anéantissement en Dieu, et que la super-venue du Saint Esprit l’a pénétrée glorieusement et miraculeusement à l’intérieur de sa propre éternité, son ‘Oui’ nouveau incarnant Dieu en sa chair pénètre profondément en cette Lumière de l’éternité divine. L’éternité divine a donc été comme toute attentive, s’est toute rassemblée dans la lumière surnaturelle de la foi de Marie et du coup le Verbe de Dieu a regardé toute son humanité à travers elle et Il s’est incarné : Premier mystère joyeux, le Verbe est devenu chair. Comme c’est beau, comme c’est grand !
Le « Oui nouveau » de la Résurrection (ce serait beau de retenir au moins cela), est pénétré de la chair et du sang vivants de Jésus, de l’âme glorifiée de Jésus, du relèvement de Jésus, de l’humanité glorifiée de Jésus se saisissant de tous les temps et de tous les lieux de la création dans cette fulgurante traversée de la Résurrection : la Chair glorifiée du Christ se rassemble dans le cœur immaculé de Marie pour se faire Dieu.
C’est la chair glorifiée de l’humanité intégrale qui devient le Verbe de Dieu.
Le Verbe s’est fait chair…
Nous pouvons dire ici : la chair glorieuse assumée par la gloire de la Résurrection se fait Dieu, elle s’engloutit dans l’océan de la toute Puissance de Dieu et devient Dieu.
Jusque là, la chair, le corps, le sang de Jésus, en raison du mystère de la grâce capitale du Christ, avait repoussé l’absolue perfection de l’actuation incréée du Verbe de Dieu dans sa chair et son sang, à cause du mystère de la Croix. Tandis que dans la Résurrection, la chair du Christ glorifié, ressuscité, devient Verbe de Dieu.
Premier mystère joyeux, le Verbe s’est fait chair.
Premier mystère glorieux : la Résurrection devient Dieu Lui-même.
C’est la foi de Marie qui a permis cela. C’est la foi immaculée de l’Eglise qui a permis cela. Dieu, dans tous les mystères de sa rédemption, dépend de la foi. Il ne fait rien sans l’amour et la coopération dans une grâce d’affinité avec la lumière surnaturelle de la foi à l’état pur. Sans la foi, il n’y a pas de mystères du Rosaire.
Dieu n’a rien fait par sa toute Puissance, Il a tout fait par Amour dans l’Incarnation de son Messie …

Et le mystère de la Résurrection, comment cela a-t-il pu se faire ?
Dans l’Evangile, il y a deux mots grecs pour expliquer le mystère de la Résurrection (la Haggadah de la Résurrection s’est écrite en grec).
Deux anges, stolèn leuken (en habit sacerdotal immaculé - ‘stola’ : l’étole – Marc 16, 5 ) un à droite, un à gauche, à l’aspect de l’éclair, dit aux femmes : « mais vous cherchez Jésus (en français on dit : ) le crucifié ? Il n’est pas ici ». C’est tout à fait différent en traduction analytique : « vous cherchez Jésus dans l’état de crucifixion ? Mais Il n’est pas dans l’état de crucifixion, Il est dans l’état de résurrection » : ouk estin odè.( Marc 16, 6 )
« Il n’est pas là, Il n’est pas dans cet état, Il est dans l’état de résurrection, regardez les vêtements, Il était là ».
« Egertè ! : Il est ressuscité. » (Matthieu 28, 3-6).
Jésus dit : « Ne fallait-il pas que le Christ ressuscite dans la gloire ? ». Anastastè : Il est ressuscité. Saint Pierre le proclame : « Celui que vous avez crucifié, Il est ressuscité », anasastè !
Premier mot grec : égersis, résurrection.
Deuxième mot grec : anastasis, résurrection.
Quelle différence ? Que se cache-t-il donc derrière ces deux mots grecs que l’Ecriture utilise mais que nous traduisons dans toutes les langues par un seul mot. Pourquoi le cacher ? Le Saint Esprit est extraordinaire dans la Sainte Ecriture : comme Il aime à cacher les choses ! Mais dès que c’est nu, il y a deux mots. Enlevez le vêtement de la traduction, dévoilez les Ecritures, et vous trouvez à nouveau les deux mots : égersis, anastasis.
Egersis. Jésus est Dieu ; la toute Puissance intime et éternelle d’avant la création du monde qui saisit le corps mort de Jésus, attire l’âme toute glorifiée de Jésus en sa subsistance ( Il ne faut pas oublier que l’âme séparée et morte de Jésus est toute ressuscitée, toute glorieuse : cela fait trente-six heures que l’âme de Jésus est dans la gloire, elle n’est pas ressuscitée dans la chair, mais elle est glorieuse et enflamme tous les lieux de la mort, créant ainsi le diaphane merveilleux amoureux flamboyant du purgatoire et de l’entrée dans le parvis).
La divinité incréée d’avant la création du monde qui saisit toute l’âme toute ressuscitée, toute glorieuse, toute la lumen gloriae qui doit envahir tous les océans de l’intimité sans limite de Dieu de Père au ciel, est là, toute resplendissante dans les lieux de la mort, en son âme, à l’intérieur de l’âme du papa ( de son père humain ainsi toute glorifiée elle-même avec lui ). Dieu le Père et Dieu le Fils se rejoignent, fulgurant l’Esprit Saint : nous l’avons vu dans le dernier mystère douloureux.
Dieu reste Lui-même en ce corps mort de Jésus séparé.
Ce même Dieu dans toute la gloire de la Résurrection demeure également dans l’âme séparée de Jésus.
Et c’est Dieu assumant Son corps qui attire et fait pénétrer toute la gloire éternelle de la Résurrection de l’âme de Jésus dans les lieux de la mort de tous les temps et de tous les lieux, qui l’attire et la ramène dans le temps de son corps déposé dans le sépulcre.
C’est Dieu en ce corps de Jésus mort qui ramène l’âme glorifiée une nouvelle fois dans le temps de la situation cadavérique de Jésus, s’arrachant de l’aevum de la gloire de son âme, pour relever sa chair dans le temps de son corps mystique, pour le faire revivre.
C’est Dieu le Fils lui-même, le Verbe de Dieu, qui se ressuscite Lui-même à partir de son corps mort. Son âme resurgit donc et la forme glorieuse de ce corps réanime victorieusement son cadavre. Il est le Médiateur en Son corps de Sa résurrection !
L’âme glorieuse de Jésus avait pénétré tous les lieux de la création et de la mort ; le corps de Jésus se relevant, a donc fulguré : telle fut l’égersis .
Il a fulguré : Il a traversé tous les temps et tous les lieux. Tout le cosmos du corps divin de Jésus glorifié dans la gloire, brûlant de la gloire de ce fulgurant et extraordinaire relèvement, a traversé tous les éléments de matière.

Pourquoi disons-nous cela ? Je vous fais remarquer qu’il était dit dans la Torah que nul ne peut croire ni saisir ni être saisi par une réalité divine accordée en trésor aux pauvres par la foi, sans qu’il y ait le témoignage d’au moins deux témoins.
Qui a été témoin de la Résurrection ?
Nous voyons que l’Ecriture n’indique aucun témoin.
Il y a bien les soldats qui disent : « … avant que nous tombions dans le coma, Il était là… et après, euh… nous avons bien vu un méga-tremblement de terre, mais… ». Personne n’a vu.
Où sont les deux témoins ?
Remarque très intéressante, belle et significative que nous devons comprendre :
Le premier témoin de la Résurrection, c’est le monde minéral ( le corps de Jésus était enfermé, étendu, dans le creux d’un rocher) ; et le deuxième témoin est le suaire.
Quand Jean rentre avec Pierre dans le sépulcre, il voit le tombeau, c’est-à-dire le minéral, et le suaire, alors il croit (Jean, 20, 8) : c’est en voyant les deux témoins qu’il croit.
Quels sont ces deux témoins ?
On peut prier pour celui qui ne comprend pas que Marie se cache derrière.
Bien sûr, depuis que nous sommes nés dans la bible, depuis trois mille trois cents ans, tout le monde connaît le symbolisme extraordinaire du rocher fendu, du creux dans le rocher, de ce minéral ouvert, représentant la blessure du cœur du Jésus, la blessure d’un corps qui est devenu inanimé, cadavérique, mais qui garde une unité parfaite et divine. Le premier témoin est ce qu’il y a de plus physique dans ce qui appartient au Verbe crucifié dans le corps de Jésus mort. Il n’y a aucune vie, aucune vie végétative, pas de vie de plante, il n’y demeure plus qu’une réalité minérale, le corps cadavérique du Christ, le roc.
« Tu es mon roc »,
« Le Seigneur est mon rocher, mon ‘resh’ : mon royaume, ma citadelle, mon appartement »,
« Fais-moi rentrer dans le creux du rocher ».
Et une fois que nous sommes rentrés là, effectivement, Marie est toute entière dans l’obscurité de toutes les intériorités divines et obscures dans lesquelles elle a été établie dans le mystère de la mort de Jésus. Elle est toute attentive à ce qui se passe à l’intérieur de Jésus dans la blessure du cœur : l’eau, le sang et l’Esprit Saint.
L’Immaculée Conception est le témoin de la Résurrection. Parce que l’Immaculée Conception s’origine dans la blessure du cœur de Jésus, et depuis que Jésus est mort, elle est engloutie dans la chambre où sa mère l’a conçue, dans l’unité profonde d’une passivité substantielle d’amour de deux Personnes de la très sainte Trinité ( l’Esprit Saint et le Verbe disparaissant ensemble dans la blessure du cœur pour faire la fournaise ardente de l’Immaculée Conception ) …
Elle-même s’y introduit, elle s’y établit.
Quand la pierre fut roulée, nous pouvons dire qu’elle s’est clôturée dedans, que la lumière surnaturelle de la foi la faisait pénétrer non pas au ciel, mais là.
Et tel fut bien son ciel : l’Esprit Saint et le Verbe de Dieu disparaissant ensemble dans l’unité de deux Personnes incréées, dans le monde ouvert d’un monde minéral fermé à tous les hommes, mais ouvert à l’Immaculée. C’est ce que nous avons vu la dernière fois.
Le suaire.
D’après les 613 préceptes de la Torah, lorsqu’on fait la liturgie des funérailles, c’est la femme qui tisse le vêtement du tombeau. C’est Marie qui a tissé le suaire, nous sommes obligés de le penser, nous sommes obligés de le croire, parce que Jésus, Marie et Joseph ont accompli tous les préceptes de la Torah : ils ont été écrits pour eux.
Le suaire représente le travail de la femme. Et le suaire a été marqué : la fulgurance de la Résurrection en témoigne.
Quel est le travail de la femme, qui est caché derrière cette significative évocation que nous trouvons dans l’Evangile ? Que nous trouvons encore dans la confrontation du monde scientifique d’aujourd’hui sur ce suaire marqué, témoignant encore de la fulgurante, isotopique et chaleureuse présence de la Résurrection. Nous l’avons vu la dernière fois dans le cinquième mystère douloureux, le travail de Marie qui s’est réalisé dans les trente-six heures du grand sabbat est extraordinaire, ce travail par lequel Marie a tissé dans le cœur ouvert de Jésus, un lien très extraordinaire dans une trame parfaite, entre les Apôtres, entre tous ceux qui étaient dans les limbes ( notamment son époux ), la très sainte Trinité, Jésus mort, Jésus glorifié. Et avec cette trame s’est réalisé le mystère de la Trans-Verbération et de la Trans-Spiration dont nous avons parlé la dernière fois.
Vous le savez, pour faire un tissu, il faut que les fils de la chaîne et de la trame se croisent (regardez quelqu’un qui fait du tissage, en Afrique ou ailleurs, c’est trop beau !). C’est extraordinaire, le fil de Marie tisse le travail de la Trans-Verbération dans tout le tissu de l’enveloppement du mystère de la Résurrection du corps mystique vivant de Jésus vivant et entier. Ce grand travail de la Trans-Verbération était pour elle : elle a passé la navette de cette Trans-Verbération qui était en elle pendant ces trente-six heures dans la trame de la vie, de la chair et du sang de tous les élus, de toute création. Ce travail qui s’est fait dans la Trans-Verbération est vraiment extraordinaire, il s’est réalisé, et c’était cela son attente, c’était cela sa foi, c’est ce qui lui était demandé. Je trouve cela admirable.
Cette Trans-Verbération a réalisé à l’intérieur de Marie, au fur et à mesure, une incarnation de plus en plus physique, de plus en plus concrète, de plus en plus biologique, de plus en plus incarnée, disons-le, de cette plaie du cœur de Jésus, de ce glaive qui l’a traversé de part en part : pertransibit gladius, qui a traversé sa chair, son sang, son corps, son esprit, son âme, sa source de grâce adoptante pour tous les hommes du monde qui devaient être sauvés. Tout a été transpercé corporellement par le glaive du Verbe subsistant crucifié.
Et Jésus a attendu simplement. Pourquoi Jésus a-t-il dû attendre trente-six heures pour ressusciter d’entre les morts ?
Pendant trente-six ans, Il a vécu sur la terre avec Marie et Joseph, pour vivre de cette heure de la Résurrection. Ces trente-six ans sont récapitulés dans ces trente-six heures : c’est un signe que Joseph est par là aussi !
Il ne faut quand même pas oublier que quand l’âme crucifiée toute glorieuse de Jésus rentre dans l’âme toute crucifiée et séparée du papa humain, cette charité de deux âmes lumineuses, toutes glorifiées dans l’unité profonde de Dieu le Père et de Dieu le Fils les a tous deux faits disparaître dans cette gloire. Je suis sûr que Jésus glorifié dans son âme et Joseph glorifié dans son âme ont disparu tous les deux puisque Dieu le Père et Dieu le Fils ne cessent de disparaître l’Un dans l’Autre, mais ici, cela put se réaliser à travers cette disparition de Jésus et Joseph dans leur Un mutuel.
Joseph disparaît (il a tellement l’habitude de disparaître depuis que Jésus est dans le sein de Marie) : il disparaît dans l’unité sponsale, dans la chair et le sang de sa moitié sponsale toute obscure dans le tombeau de l’Immaculée Conception (corporellement, c’est ce qui se passe pour Joseph).
En sa chair et son sang, le glaive de la gloire pénètre d’un seul coup : la blessure du cœur de Jésus s’inscrivit en Marie ; par la force de cette gloire venue de l’unité sponsale glorieuse et active de Dieu le Père et Dieu le Fils en Joseph glorifié par Jésus dans sa Croix glorieuse pour atteindre par l’amour humain vivant le corps de Marie.
Où, dans le corps de Marie ? Dans la Trans-Verbération.
Où, dans la Trans-Verbération ? Dans la blessure du cœur qui a ouvert très largement un espace immense, qui a traversé de part en part le cœur de Marie, faisant dans son cœur une trajectoire dans laquelle on aurait sans doute pu mettre la main. Jésus a montré cela en ressuscitant d’entre les morts. Il a dit à Thomas : « mets ton doigt dedans l’intérieur de mes plaies, mets ta main, plonge-la dedans mon côté » (Jean, 20, 27).
Thomas était jumeau, cela me plaît beaucoup : étant jumeau, il savait très bien ce que c’était que de se trouver deux âmes en une seule chair.
Depuis la conception, les jumeaux palpitent dans les mêmes fulgurations métapsychiques et spirituelles, ils sont dans le même chiffre génétique, biologique, magnétique, mais aussi dans leur innocence divine commune, ils connaissent et communiquent l’un à l’autre leurs propres expériences de liberté et d’innocence divine originelle dans une seule chair : extraordinaire croissance mutuelle. Pendant neuf mois ! Ils ont l’habitude.
Thomas a donc l’habitude, à travers son corps, de saisir de l’intérieur du corps de l’autre, la personne de l’autre : c’est facile, pour un jumeau (pour les pauvres qui ne sont pas jumeaux, c’est très difficile…). Il a pénétré, il a touché la blessure du cœur de Jésus et là saint Thomas s’est effondré. Je suis sûr qu’il a fallu qu’on le retienne : il a touché Dieu, et il est le seul qui en touchant la plaie a éprouvé que c’était Dieu qu’il touchait.
C’est Marie tout craché :
Dans la chair de Marie, dans l’unité sponsale de complémentarité cette fois, la blessure du corps de Jésus (qui est cadavérique) est vivante de la gloire de l’âme glorieuse de Jésus à travers son unité sponsale glorieuse avec Joseph à partir de l’Hadès, tout rempli du feu de l’amour et de la Résurrection de Jésus dans son âme.
Marie ne regarde que Jésus, mais avec cette force qui vient d’en bas et d’en haut en même temps : voilà les deux trames. Comme c’est fort, ce qui s’est passé !
Dans la blessure du cœur de Marie, dans la blessure du cœur de Jésus qui fait que c’est la blessure du cœur cadavérique de Jésus qui est corporellement inscrite dans le cœur vivant de Marie ( et si elle vit encore, c’est précisément grâce à cette unité sponsale de la croix glorieuse en elle qui permet au Verbe de Dieu de donner Vie à cette blessure du cœur de Marie ; grâce à cela, elle n’est pas morte : ) c’est un miracle d’amour glorieux venu des enfers, venu à travers l’âme glorifiée du père de Jésus, tout amour sponsal de l’Immaculée Conception.
C’est vraiment extraordinaire ! Ils sont jumeaux. Le nouvel Adam et la nouvelle Eve apparaissent enfin, vivants. Dans cette blessure du cœur, dans cette Trans-Verbération, c’est elle qui est témoin de la Résurrection.
Marie n’a pas eu besoin d’apparition. Les apparitions sont pour les pauvres gens comme nous. Mais pour ceux qui ont la foi, il n’y a pas d’apparition.
Lorsque la blessure cadavérique du corps cadavérique de Jésus (inscrite corporellement dans le corps vivant de Marie) revit, c’est à partir de la vie de plénitude de grâce adoptante (qui vit de la blessure du cœur incarnée dans le cœur de Marie) que Jésus ressuscite : elle est médiatrice de la Résurrection : cela me paraît impossible autrement.
Pourquoi cela s’est-il passé à cette heure-là ?
Pour Marie, il faut que ce soit tout de suite, dès qu’apparaissent les toutes premières, microscopiques, lueurs de l’aurore. Marie a hâté l’heure de la Résurrection, c’est évident. Jésus ressuscite le troisième jour.
Marie est le premier témoin de la Résurrection, ou du moins cette Trans-Verbération incarnée est le premier témoin de la Résurrection, et le deuxième témoin de la Résurrection est le corps de Jésus.
Le corps relevé de Jésus et le cœur glorifié de Marie sont donc les deux témoins de la résurrection.
Le cœur glorifié de Marie restera cependant ( puisqu’elle demeure encore comme un principe de grâce adoptante pour tout l’univers et pour tous les temps ) pressée par le mystère de la croix dans toutes les autres instances et appartements de son âme et de tous les espaces d’habitation de sa communion de compassion ; cette grâce de co-rédemption et de compassion vont contraindre la gloire de la Résurrection dans les stricts appartements de cette blessure du cœur, de sa Trans-Verbération désormais glorieuse.
Voilà pourquoi Adrienne exprime la chose de cette manière.

Nous qui sommes chrétiens, c’est cela que nous devons vivre. C’est ce que le baptême nous permet de vivre. Nous sommes marqués par la blessure du cœur. C’est magnifique !

Egersis, le premier témoin de la Résurrection, est la Trans-Verbération du cœur de Marie. C’est l’ange qui le dit : égersis.
Et quand l’Apôtre parle, et Jésus, et l’ange encore, c’est anastasis, trois fois.
Quelle est la différence entre les deux ?
Egersis : le petit cosmos que constitue le corps de Jésus ressuscité d’entre les morts dans l’humanité intégrale avec la nouvelle Eve commencée, peut habiter et traverser effectivement tous les temps, tous les lieux et tous les éléments de matière. Il est ressuscité d’entre les morts. Jésus a atteint tous les confins de l’univers glorieusement en les traversant, sans y demeurer. Il les a seulement traversés. La preuve ? Ils ne sont pas glorifiés ( regardons-nous : nous sommes toujours aussi ternes ). Il les a traversés en laissant les traces des énergies de sa résurrection ( comme le dirait Grégoire Palamas), des traces glorieuses du feu de sa Résurrection, feu métaphysique et surnaturel, dans tous les éléments substantiels des particules de matière, de temps et de lieux
Il ne faut pas s’arrêter là : « Ne me touche pas ! Je ne suis pas encore monté vers mon Père ».
Anastasis :: Il les a traversés, les dépassant ainsi en Lui dans l’immensité de sa divinité, puisque il est devenu Dieu : tous ces éléments traversés du cosmos, ressaisis par Lui dans sa propre substance, Il les a laissés sans les emporter comme il nous laissé sa substance eucharistique sur la terre ( Voilà pourquoi Il a donné la communion ).
Son corps physique, son corps matériel, que l’on peut toucher, est rentré à l’intérieur de Dieu, faisant exploser toutes les limites du cosmos, faisant exploser toutes les limites de l’univers, toutes les limites du temps.

Egersis : Il est allé jusqu’aux limites du temps et du cosmos ; Il les a traversé, les a dépassé corporellement, et les a marqués des traces vivantes de sa gloire et son Amour…
Anasthasis : Il a pénétré corporellement son éternité, se faisant Dieu corporellement.

Dans le premier mystère joyeux, Dieu s’était fait chair.
Dans le premier mystère glorieux, l’humanité glorifiée du Christ est faite Dieu : Il est rentré corporellement dans toute l’intériorité de Dieu (s’y assimilant parfaitement et complètement) , laissant dans le temps ceux de ses membres vivants qui vivent le mystère de compassion, le baptême. La grande transformation de l’univers par la médiation de son corps mystique entier et vivant va permettre le surgissement d’une naissance provenant de cette introduction fameuse.
Il a également emporté avec Lui au ciel la plaie glorieuse et immaculée de la Trans-Verbération du cœur de Marie, l’inscrivant dans le Livre de vie de l’Immaculée Conception, établissant ainsi un nouveau trône pour la naissance glorieuse de la Jérusalem spirituelle et de la Jérusalem glorieuse à partir du ciel dans la terre de la foi.
Ayant ainsi traversé, égersis, s’étant ainsi établi dans la gloire de la Résurrection pour la conception de l’Eglise de la Jérusalem glorieuse à partir de la Jérusalem spirituelle de la foi, Il a laissé dans le cosmos des traces de sa Résurrection. Mais Lui est dans l’anastasis, Il n’est plus dans l’egersis.
Il est fondamental, essentiel, de comprendre cela.
Parce que si je prends du Christ ce qu’il y a dans le cosmos et qui vient de la Résurrection, je me coupe de l’anastase incarnée, glorieuse et divine : je me coupe des sacrements. Si je ne vis que du Christ cosmique et que je prends de ces réalités provenant pourtant du Christ ressuscité ( elles ne viennent pas de quelqu’un d’autre ), je me coupe du corps mystique glorieux du Dieu vivant et de la Jérusalem céleste.
Oh ! la ruse de Dieu pour garder aux enfants de Dieu leur liberté de choisir Dieu ou leur propre gloire : ils ont à leur disposition toute la gloire de la Résurrection dans le cosmos pour eux, s’ils le veulent, tout en gardant cette malheureuse possibilité de vivre hors de Dieu.
La nouvelle tentation est arrivée : celle de la fin des temps.
Nous comprenons mieux ici la différence entre égersis et anastasis.
C’est prodigieusement intéressant et important.
Le corps de Jésus glorifié est rentré dans l’anastase ; le corps de Marie est témoin de la Résurrection ; le travail de l’Eglise a commencé, tissant du ciel du trône de l’unité sponsale glorieuse de Jésus, nouvel Adam et nouvelle Eve, une nouvelle maternité de la foi de Marie.
Autant l’Eglise a été conçue à la blessure du cœur (nous l’avons vu dans le cinquième mystère douloureux), autant la Jérusalem glorieuse a été conçue à l’heure de la Résurrection.

Jésus a dit : « venez mes enfants ». Pierre a remis un vêtement pour cacher sa nudité honteuse, s’est précipité dans l’eau sur cent mètres, il a couru (cette fois-ci il n’a pas marché sur les eaux, il devait y avoir de la boue…). Ils ont ramené les 153 poissons ; Jésus était là ; il y avait du feu ; un poisson grillait sur le feu, et du pain. Il leur donne à manger du poisson ; Il leur donne le pain.
Le pain signifie l’eucharistie du Pain venu du ciel. Les poissons sont là, on les compte : ils sont 153. Ce poisson sous le feu ardent de la Résurrection représente l’Eglise qui n’est pas de la terre. Les 153 poissons représentent ceux qui de la terre vont vers l’Eglise qui n’est pas de la terre.
Quand Jésus donne à manger de ce poisson unique, que fait-Il ? Il donne une communion spéciale aux Apôtres qui sont là ; une communion non seulement à l’eucharistie, et tout à la fois une Communion de Pierre et des Apôtres les établissant avec Lui régisseurs, maîtres et rois, prêtres éternels… et Lui-même à travers eux Prêtre éternel de la Jérusalem glorieuse, de la Jérusalem flamboyante du purgatoire désormais transformée par Lui, en même temps que de la Jérusalem spirituelle des 153 poissons de la foi.
Ainsi se constitue une communion, et la constitution par communion dans le mystère de la Résurrection, d’un nouveau corps entier de Jésus entier et vivant.
C’est bien Marie encore une fois qui en est la source ; ce sont les Apôtres qui en sont les principes d’unité, les principes de croissance étant établis dans les sacrements, dans l’eau, le sang et dans le pain.
Voilà pourquoi je suis convaincu que Jésus a dû célébrer une nouvelle fois la Transsubstantiation de son Corps et de son Sang, une fois glorifié et pas encore remonté vers le Père. C’est trop clair.
Pendant quarante jours, Jésus va marcher avec eux. Pendant quarante jours, Jésus va circuler de la Jérusalem glorieuse à la Jérusalem flamboyante d’amour et d’immaculation de sa Croix glorieuse, de la Jérusalem nouvelle de la terre à l’innocence divine et triomphante dans les lieus de la mort, un chemin de va et vient commence et circule en toute pureté en ceux qui adhèrent à la foi, en lesquels coulent les torrents de la doctrine immaculée de l’Eglise, prédication infaillible de l’Immaculée Conception dans la bouche des Apôtres. Il circule pendant quarante jours avant de monter sous leurs yeux.
Ces quarante jours de purification où tous les espaces intérieurs sont saisis par la victoire de la mort et du péché, Jésus y circule avec Marie jusqu’à la fin du monde.
Marie est comblée, ce sont des abîmes d’allégresse qui circulent désormais librement à l’intérieur de la blessure de la Trans-Verbération glorieuse de Marie.
Le Livre de la prédestination éternelle a inscrit la maternité désormais glorieuse de son cœur trans-Verbéré…
Sa compassion pour l’Eglise militante qui doit vivre jusqu’au bout la crucifixion du Seigneur jusqu’à la Trans-Verbération et le mariage spirituel, ne délaissera plus la flambante charité et l’inaltérable espérance du poisson encore ardent sous la braise et le feu de la Croix glorieuse de la Résurrection.

Dans chaque parole, dans chaque Haggadah de la Résurrection, nous pouvons deviner comment Marie se cache dans l’intimité du Mystère de la Résurrection.
Il y a dans l’Ecriture sept grandes apparitions, et c’est normal, parce que dans la Résurrection Jésus reprend toute l’humanité dans toutes ses dimensions.
Il reprend toute la nature humaine et toute la création.
Il leur reproche leur lenteur à croire ( Marie , Elle, avait hâté l’Heure de la Résurrection).
Il leur dit de transmettre la Résurrection à toute la création. Je trouve cela extraordinaire ! Nous devons participer activement à l’égersis avant qu’il y ait l’anastasis universelle et finale. C’est quelque chose de très fort, vous voyez. C’est ce que Marie vit pendant ces quarante jours.
Tant que Marie n’est pas toute entière inscrite et établie en Sa Compassion dans ce lien entre égersis et anastasis, Il ne montera pas dans l’ascension. Il faut ces quarante jours de la traversée de l’Egypte à la terre promise du Livre de vie de la conception de la Jérusalem glorieuse dans la foi de Marie.

Le Mystère ne s’arrête pas aux mots qui permettent de les pénétrer, à la beauté et à la splendeur d’une grande liturgie sacrale qui les dévoilent. Non, ils ont un fruit pratique incarné, tout simple, et tout divin à la fois.
Tout simple :
Si nous sommes blessés par le mal, si nous sommes blessés par la mort, si nous sommes blessés par la nuit, heureux sommes-nous !
Si nous sommes dans cette blessure, dans cette obscurité, dans cette nuit absolue de la mort, du mal qui est en nous, du péché, heureux sommes-nous !
Si nous n’en sommes pas blessés, malheur à nous !
Mais si nous en sommes blessés, heureux sommes-nous : nous sommes stabilisés dans cette blessure qui est celle de l’attente de la foi, et il faut nous y déposer, nous y reposer tranquillement pour que le travail de la Trans-Verbération de notre chair, de notre sang et de notre cœur palpitant d’espérance commence à se réaliser.
Regardez, quand nous nous endormons… ( dites cela à vos enfants : ) Quand tu t’endors, ferme la lumière, ferme les yeux. C’est Jésus qu’il faut voir ; il n’y a plus que Jésus dans cette obscurité, dans cette nuit qui jaillit du dedans et du dehors. Il vient vers toi, Il rentre en toi, Il est là et Il te met dans le repos parfait.
Il faut t’habituer à vivre de la résurrection en t’endormant.
Si tu es ainsi en face de la nuit, enfonce-toi en elle, ferme bien les yeux ; dans la nuit tu pourras rentrer dans le cœur de Jésus ouvert : rentres dans cette nuit.
Si tu es blessé par le mal, la mort, si tu t’inscris dedans cette nuit profonde et que tu vis de cette nuit obscure que produit la mort, heureux es-tu !
Enfonce-toi dans la nuit et découvre dedans cette nuit l’intérieur du cœur de Jésus.
Repose-toi là.
Dans le cœur mort de Jésus, tout obscur, toute nuit, dans ce corps de Jésus, il y a de l’eau, il y a la paix, il y a la mort du péché (c’est l’eau), il y a le sang, il y a la présence de la vie venue du ciel dans l’obscurité humaine, il y a la présence de Marie qui te donne sa vie intérieure, et dedans encore, il y a l’Esprit Saint.
« Jésus souffle sur eux, et Il dit : recevez l’Esprit Saint » (Jean, 20, 22).
Quand Il ressuscita d’entre les morts, Il se trouva au milieu des onze, Il se pencha vers eux, souffla sur eux, « et Il dit : recevez l’Esprit Saint ».
Alors enfonce-toi dans la nuit, et dans la blessure du cœur de Jésus, rejoins le sang tout palpitant et immaculé de l’Immaculée Conception, et entends, vois le souffle intérieur de Jésus dans ton cœur blessé, souffler l’Esprit Saint.
Alors tu es dans la disposition du premier mystère glorieux : la lumière du Saint Esprit va fulgurer dans ton sommeil et te faire vivre du Shalaom imakh. Voilà pourquoi Jésus dit : « Paix à vous ». L’Esprit Saint est là, et cette paix va surabonder, surabonder, surabonder au ciel dès cette terre, dedans toi, dans la lumière surnaturelle de la foi.

Et je vais vivre cela tranquillement, je ne vais pas faire que de la théologie et de la méditation, je vais donner l’autorisation au mystère de la Résurrection de réaliser cette immense transformation de toute la création du monde ; je vais me laisser assimiler et laisser mon corps devenir Dieu à l’intérieur du Père, comme saint Joseph s’est laissé faire pour ressusciter d’entre les morts. Je vais apprendre à vivre surnaturellement de la Résurrection.
Il est ressuscité, et c’est comme cela.

Ave, Maria !