VISITATION
La dernière fois, nous avons
essayé de nous élever, de nous mettre sur le chemin de la Lumière,
d’ouvrir les portes du ciel qui nous permettent de rentrer, de recevoir
et de nous laisser pénétrer par le mystère de l’Annonciation.
Nous avons vu la beauté du « Je vous salue Marie pleine de grâces
» de l’Ange Gabriel et du ministère angélique, c’est-à-dire
de tous les esprits spirituels remplis de gloire devant la Face de Dieu, se
détournant de l’intérieur même de la Face de Dieu,
sans la quitter, pour regarder l’Immaculée.
La coopération entre le ministère glorieux des esprits purs qui
sont dans la vision béatifique, de Dieu, et de l’homme a donné
le mystère premier de l’Annonciation. Une unité s’est
faite : la lumière surnaturelle de la foi a réuni, cimenté,
le monde angélique glorieux, Dieu Lui-même dans son éternité,
et la création : l’homme.
La lumière surnaturelle de la foi étant tellement cristallisée,
tellement concentrée, tout ce Monde glorieux s’est aussitôt
converti autour de ce qui fut si pénétrant, si étonnant
dans la foi immaculée de la Vierge.
Nous verrons bien au ciel que la foi est étonnante, elle est vraiment
le chemin de Dieu,
le chemin par lequel les Anges rentrent dans la Jérusalem de Jésus,
la Jérusalem de la gloire de Dieu,
la Jérusalem et la gloire de toute création,
et d’eux-mêmes en tant que création,
et enfin le chemin de toute la création dans la gloire de Dieu.
L’acte de foi s’exprime dans la disponibilité extraordinaire
de Marie à ce moment-là, quand l’Ange la visite.
Elle a toujours été dans cette disponibilité joyeuse, pacifique
et surnaturelle, telle que dès que Dieu se manifeste, elle dit «
Oui ».
Cette incarnation s’est réalisée : Dieu a pu prendre possession,
a pu épouser sa création, Dieu s’est saisi Lui-même,
pour Lui-même, de ce qu’Il avait créé, pour que ce
qu’Il avait créé devienne Lui-même : Jésus
est apparu.
De là, nous rentrons dans le deuxième mystère joyeux du
rosaire vivant. Nous sommes déjà au ciel. L’Immaculée,
par son acte de foi, n’est plus seulement dans le lieu où elle
se trouve. Son acte de foi est bien là, là où elle est
toute entière elle-même, toute disposée ; mais comme elle
s’est laissée saisir complètement grâce à son
acte de foi, elle est toute habitée de cette saisie de Dieu, emportée
dans la gloire à l’intérieur de l’éternité
divine, portée par les Trois Personnes de la Très Sainte Trinité.
Grâce à son acte de foi, après l’Annonciation, les
instants qui ont suivi, les jours qui ont suivi, les semaines, les années,
l’éternité, qui ont suivi, elle s’est retrouvée
porteuse de l’éternité intime de chacune des Trois Personnes
de la Très Sainte Trinité. Tout en restant elle-même, elle
est restée ouverte à la Trinité glorieuse, le ciel s’est
ouvert sur elle, et s’est enfoncé en son intérieur.
C’est comme pour voiler à ses yeux cette gloire sans laquelle la
rédemption n’aurait pas pu se produire, qu’il y a eu le mystère
de l’Incarnation : le Verbe de Dieu a pris chair humaine, Il a assumé
l’opacité d’une chair passible.
Il s’est réalisé quelque chose de presque plus grand que
dans le premier mystère joyeux, et Dieu sait que le premier mystère
joyeux est grand.
Je suis obligé de dire ‘presque’ parce qu’il est difficile
de savoir ce qui est le plus grand.
D’un abîme s’ouvre un abîme nouveau , en un océan
si grand que nous avons l’impression qu’il nous y presse davantage.
Et je crois en effet que c’est plus grand, parce qu’il n’y
a pas de cause diminuante dans les mystères de Dieu.
Le premier mystère est un mystère de disponibilité surnaturelle
qui fait que nous sommes capables, dans l’allégresse joyeuse, sans
aucune entrave, sans la moindre ombre d’hésitation d’être
dans le oui éternel de Dieu dans notre chair.
Dans le deuxième mystère joyeux, en disant le chapelet, nous nous
laissons vraiment prendre par cette Visitation incarnée de Dieu. Le mystère
de la Visitation est un mystère d’amour, il ouvre l’heure
de la communion dans l’amour. En contemplant le mystère de la Visitation,
nous allons recevoir cet amour-là : l’amour, la communion dans
l’amour, vont s’inscrire en nous.
Quand Dieu vivant, attiré par la présence de l’acte de foi
de Marie, a découvert de son éternité, de là où
Il est présent à Lui-même comme Créateur de tout
ce qui existe avant toute création du monde, dans toute sa gloire, Il
a découvert la présence immaculée d’une chair toute
pure, d’un amour tout pur et créé, et Il a voulu la traverser,
Il a voulu l’assumer ; et l’ayant assumée, Il a effectivement
pris chair, de la chair de la Vierge Marie.
Dans le mystère de la Visitation, nous fêtons en même temps,
l’Incarnation et la communion d’amour qui se réalisent dans
cette visite de Dieu à Lui-même. En se créant pour Lui-même
une humanité, en prenant dans la chair de Marie de quoi se constituer
un corps, il a fallu que le Fils de Dieu traverse toute l’humanité
sainte de l’Immaculée, et la traversant pour se saisir Lui-même
un corps, il s’est fabriqué une humanité, une chair humaine.
Et Il a traversé toute la plénitude de l’âme de l’Immaculée,
plénitude qu’elle trouvait dans l’instant de l’Incarnation
: elle était totalement éperdue, toute déployée,
toute investie, tout immensément et absolument elle-même dans l’intériorité
du Saint Esprit. Le Saint Esprit était vraiment super-venu de l’intérieur
d’elle, la dilatant dans une vastitude qui était celle de l’amour
de Dieu. L’amour du Saint Esprit avait inscrit dans l’âme
de Marie les dimensions de sa vastitude.
Il a traversé en même temps la lumière surnaturelle de sa
foi, Il l’a vue dans toute son étendue, Il l’a atteinte jusqu’à
sa substance, jusqu’à sa racine, jusqu’à son ultime.
A travers la lumière surnaturelle de la foi de Marie, Il a atteint son
fruit ultime, celui de son assomption. Il a traversé son intelligence,
Il a traversé son cœur, et il a saisi Lui-même sa propre intelligence,
en voyant qu’Il était Dieu. C’est pourquoi Jésus,
en s’incarnant, est resté dans la vision béatifique. Quand
Il a pris chair, son intelligence, son esprit créé devait ainsi
rester dans la claire vision de Dieu le Père, et Il est demeuré
toute sa vie dans la claire vision de Dieu le Père, dans son intelligence
et son esprit créés( même sur la croix, Jésus voyait
Dieu le Père, dans les sommets de son intelligence humaine ).
Il s’est réalisé une communion entre l’esprit de Jésus
et toute la vie spirituelle de Marie jusqu’à la fin du monde, entre
le corps de Jésus assumé et le corps de Marie,
entre l’âme créée de Jésus et l’âme
de Marie(et toute sa vastitude, toute remplie de l’Esprit Saint)
Cette communion d’amour est la base du mystère de la Visitation.
Cette communion d’amour, il faut la contempler.
Nous ne pouvons pas décrire une communion pareille, mais nous pouvons
savoir ce que l’Eglise et la Révélation en disent.
Cette communion est allée jusqu’au bout, Jésus demeurant
dans la vision béatifique au cœur de son âme spirituelle.
Son esprit étreint tellement l’âme qui lui est totalement
associée, que son âme s’unit dans la communion avec l’âme
de Marie toute éperdument et divinement féconde de Dieu le Fils.
Alors Il en épouse les opérations divines en l’âme
de Marie, comme nous l’avons vu dans l’Annonciation.
La vastitude de l’âme de Marie toute éperdument produite
dans l’acte de foi, est, de son côté, spirituellement contrainte,
obombrée par Dieu le Père : la vastitude ( sous l’effet
de l’Esprit Saint ) est en même temps ramassée et saisie
(sous l’effet de l’obombration ).
L’obombration de Dieu le Père est une implosion, un rassemblement,
qui rend l’âme de Marie beaucoup plus petite que la moindre particule
de matière de notre monde. Et en même temps, par la super-venue
du Saint Esprit, l’amour de Marie est devenu aussi vaste que Dieu. Cette
contradiction incroyable s’est réalisée en Marie au moment
de l’acte de foi, que Dieu va épouser en se fabriquant une nature
humaine. Voilà pourquoi, à cause de cela, parce qu’Il s’unit
à l’esprit de Marie, Il va jusqu’à la vision béatifique
: c’est une communion spirituelle qui va jusqu’au bout. A cause
cette union et de cette communion, Il va épouser les opérations
de l’âme de Marie. A raison de quoi son âme à Lui,
au lieu d’être entièrement glorifiée dans la vision
béatifique, comme elle l’est aujourd’hui dans la résurrection,
fut également contrainte à cause de l’obombration : l’âme
de Jésus n’a pas été envahie par la gloire de sa
divinité, parce qu’Il a été engendrée par
Marie en une âme obscurcie et anéantie dans l’Ombre du Père.
La divinité de Son âme a donc été elle-même
saisie en Lui, pour qu’elle fût contrainte dans la plus grande petitesse
possible.
Pour entrer en communion totale d’amour avec Marie, l’esprit était
inopérant puisque du point de vue spirituel, Il est dans la vision béatifique
et elle est dans la nuit totale de la foi ; l’âme également
parce que Marie était sa mère et lui était le Fils ; donc
le seul lieu où tout s’est concentré dans la communion des
personnes entre la mère et le fils, entre le fils et la mère,
dans l’amour, ce fut au niveau du cœur. Tout s’est effondré
dans ce qu’il y a de plus profond à l’intérieur de
l’humanité, à la racine de l’âme et du corps
: dans le cœur.
Le Verbe s’est incarné dans l’amour de Marie.
La communion des personnes qui s’est réalisée, cette communion
d’amour, a fabriqué un cœur à Jésus, à
partir du cœur de Marie.
Tout ce qu’il y avait dans la vastitude de la super-venue du Saint Esprit
qui a fulguré l’Immaculée dans l’amour éternel,
s’est rassemblé au fond d’elle, dans la nuit, et néanmoins
son cœur de femme a été imbibé de cette aspiration
à l’amour éternel. Et Jésus est venu se fabriquer
un cœur capable d’aimer d’une manière quasi infinie.
Le mystère de la Visitation est cette communion qui s’est réalisée
entre le fils et la mère.
Dieu a découvert dans sa chair ce qu’était une relation
d’amour entre la mère et son fils, la relation de maternité,
une relation d’enfant, une relation de mère. Il a découvert
ce qu’était le monde humain absolument parfait de l’amour
entre l’enfant et sa mère. Il a découvert cette maternité
dans sa propre chair, dans la communion des personnes, et aussitôt, en
se créant un cœur humain, il a créé une bénédiction,
une présence physique de cet amour qu’Il avait pour sa mère,
il l’a créée dans le sein de toutes les femmes et dans le
ventre de toutes les mères.
Il est devenu créateur d’un amour nouveau, et cet amour qu’Il
avait avec sa mère a établi un lien de création, de bénédiction
et de présence, dans tous les amours maternels et dans tous les amours
de filiation. Cela a été comme une reprise de la fécondité,
de la procréation, au niveau du cœur profond de la nature humaine.
Dans la vie embryonnaire, la première cellule se multiplie, devient une
morula, puis un blastocyste, et à peine quelques jours après,
une espèce de peau recouvre un organe qui se forme. Ce premier organe
est un cœur qui commence à battre. Le vingtième jour après
notre conception, nous avons été un cœur qui bat. C’est
après cela que, petit à petit, une excroissance se forme au-dessus
du cœur, puis une autre excroissance, qui formeront le début de
toutes les autres parties du corps qui vont tous tourner autour du cœur,
tous s’enraciner dans le cœur filial. Aujourd’hui nous avons
un cerveau, des os, et différents organes, mais il ne faut pas oublier
que le fond de nous-mêmes est le cœur. Dans la Visitation, tout est
venu s’établir au niveau du cœur aussi.
Quand nous regardons Jésus, Marie, un être humain, nous comprenons
tout de suite que tout tourne autour du cœur, tant sur le plan physique,
biologique, que sur le plan de l’âme, sur le plan spirituel, et
sur le plan glorieux, sur le plan céleste : tout tourne autour du cœur,
et tout le reste permet d’y parvenir. Le chemin que Dieu a pris, est la
réalisation d’une union de cœur. Au très profond de
Marie, Dieu découvre et réalise une communion vivante d’amour.
Le fruit de ce mystère est la charité dans la communion des personnes
: la charité joyeuse.
Arrêtons nous un moment pour cerner ce qui nous arrive quand nous aimons
quelqu’un… Peut-être avons-nous du mal à dire cela
parce que nous avons l’impression de n’avoir jamais aimé
personne ; mais cela même n’est pas vrai, puisque, que grâce
à la Visitation nous avons connu l’amour que Jésus a eu
avec sa mère sur le plan humain et qu’ils ont alors déposé
dans notre cœur premier : une loi de Dieu a établi cet amour dans
notre cœur lorsque nous étions enfant.
Regardons bien.
Quelle est la personne que j’aime le plus, spirituellement, humainement
? Je ne parle pas de l’attachement viscéral, de cette union esthétique
ou romantique ou sentimentale ou émotionnelle, je parle de l’amour
où je suis en communion pacifique, joyeuse, souveraine avec quelqu’un.
Il y a quelqu’un que j’aime comme cela. Quand j’ai de l’amour
pour quelqu’un, quand je suis en communion avec lui, où vais-je
? Automatiquement, je viens habiter dans son cœur . Lorsque j’aime
quelqu’un de manière humaine, profonde, quand je le regarde, je
suis au fond de son cœur. Où est le fond de son cœur ? C’est
l’endroit où je suis tranquillement installé avec lui.
C’est au-delà, là où nous sommes en commun, tranquilles,
joyeux, pour toujours, en Dieu : au fond du cœur.
La Bible disait : c’est entre les entrailles et les reins.
C’est vraiment le cœur, tout tourne autour du cœur. Les battements
du sang et la vie, et l’âme, et la mise en commun, et le partage,
et la communion, et les services rendus, tout cela existe. Mais je ne confonds
quand même pas la chevelure, les yeux, les oreilles, le foie, la pancréas,
avec le cœur. C’est au niveau du cœur que j’aime quelqu’un,
c’est dans son cœur que je m’installe. A chacun de s’arrêter
un peu et de méditer cet amour : l’amour fait que je n’habite
plus en moi et que je suis dans le cœur de quelqu’un d’autre
et que là est ma maison. Lui-même ne peut pas percevoir où
est son cœur, quand je l’aime, mais moi je le perçois.
Le cœur de l’autre se découvre dans la communion d’amour,
et c’est ce que Jésus a découvert : Il a découvert
le cœur de sa mère et Il s’est alors constitué un cœur.
Il a créé dans son humanité un organe, incarné,
créé, limité et vivant, le paradis d’amour où
tous vont trouver la paix, la joie en Dieu et un amour humain quasi infini.
Il a ainsi créé grâce à la communion d’amour
avec Marie un cœur qui est rempli de suffisamment d’amour pour que
tous les instants de toutes les affectivités humaines de tous les temps
et de tous les lieux, en chaque seconde créée, reçoivent
suffisamment d’amour pour en mourir de ravissement. Tout cela ne va pas
servir à grand chose, mais dans le cœur de Jésus, il y a
de quoi faire mourir d’amour chaque seconde de chaque cœur humain
de tous les temps et de tous les lieux.
C’est ce qui s’est réalisé à ce moment-là.
Dans le cœur de Marie, dans l’amour de Marie qui est rentré
en communion avec l’amour de Jésus, il y avait juste cette impression
où le Saint Esprit a effondré son âme dans son cœur
de femme et de mère. Et cette fulgurante opération du Saint Esprit
a mis son cœur de femme en affinité avec le Sacré Cœur
de Jésus qui allait se créer.
C’est alors que dans le cœur de Marie un appel à l’amour
éternel de Dieu dans sa maternité divine, un appel s’est
manifesté à la fécondité par la maternité,
et à la croissance par la surabondance.
Le mystère de la Visitation existe de par cette ardeur du cœur de
Jésus à se communiquer partout, à travers le cœur
de Marie.
Voilà pourquoi, puisque l’Ange Gabriel avait annoncé l’Incarnation
du Seigneur, il fallait un vase d’expansion immédiat pour la charité
surnaturelle, pour la charité fraternelle, parce que l’amour étant
diffusif de soi, l’amour ne s’arrête pas, l’amour ne
se contient pas, l’amour déborde, l’amour surabonde, l’amour
se communique, et il ne s’arrête pas qu’il ne se soit communiqué.
Aussitôt que Marie dit ‘Shemèm’ « Je suis la
servante du Seigneur : me voici », et que Jésus dit aussi ‘Shemèm’
« me voici, Seigneur, Dieu mon Père, pour faire ta volonté,
voici, je viens pour réaliser ton amour », aussitôt ces deux
amours surabondants prêts à se livrer, à se donner, à
habiter dans le cœur de tous ceux qui en ont soif, qui veulent bien le
recevoir, ont produit une anastasis : une résurrection dans le cœur
immaculé de Marie dans cette communion avec le cœur de Jésus,
dans la communion des personnes.
Jésus a communiqué quelque chose de la résurrection sur
le plan du cœur.
Dans le cœur de Marie et dans le cœur de Jésus, s’est
communiqué quelque chose de glorieux.
Alors Marie s’est levée, et portée par l’Esprit Saint
dans cette résurrection, il fallait qu’elle parte tout de suite,
et elle s’est laissée emporter. Les mots de l’Evangile de
saint Luc sont très forts en grec et en hébreu : elle est partie
à toute vitesse, portée : ressuscitée, elle se lève.
Nous traduisons par « Marie se leva et partit en toute hâte »
: ‘spadous’, en grec ; elle partit à une vitesse fulgurante
: nous sentons bien que c’est le cœur qui la porte.
Elle vient du ciel, elle porte avec elle le ciel tout entier, elle se rappelle,
elle est encore dans le ‘flash’ de l’Incarnation, et cette
fois c’est son cœur qui ressuscite.
Dieu sait que son cœur était déjà magnifique, nous
ne pouvons pas dire que son amour était imparfait : il était même
surnaturalisé par la grâce et même par une certaine plénitude
de grâce. Mais cette fois-ci il est conjoint à l’amour glorieux
du Christ.
Dans cette communion des personnes, le Christ vient se reposer, s’établir
en elle en son cœur immaculé. Et comme la véhémence
de l’amour veut se communiquer en Lui à tous les êtres humains
et pas seulement à sa mère, elle reçoit cette communication
glorieuse, elle se lève et elle va chez Elisabeth.
Elle va chez Elisabeth parce que l’Ange Gabriel était apparu à
Zacharie et avait annoncé la naissance de Jean-Baptiste.
Avait présidé à la naissance de Jean-Baptiste une onction
très particulière : une grâce, une bénédiction,
comme une hostie minuscule, était descendue, qui était sortie
du Saint des Saints du Temple de Jérusalem et en même temps de
la Paternité de Dieu, et apportée aussi par le ministère
angélique, et tout cela fut porté ensuite par Zacharie à
son épouse dans l’unité sponsale : Jean-Baptiste a été
conçu de cette manière-là.
Grâce à cette onction, à cette nourriture, à cette
manne qui émanait de l’Arche d’Alliance toute sainte, et
en même temps de la Paternité de Dieu, cela s’était
inscrit dans le cœur d’Elisabeth et le lien d’amour entre la
mère et son fils, en Jean-Baptiste, était un lien naturellement
parfait. L’amour entre cette mère et son fils, Jean-Baptiste, n’avait
jamais vraiment existé dans les autres amours de mères à
enfants et d’enfant à mère dans le sein.
Le cœur de Jean-Baptiste qui battait dans sa mère, était
inscrit dans quelque chose qui relevait du Saint des Saints, qui relevait du
sacrement. La relation entre la mère et l’enfant à Aïn
Karim était unique au monde. Il n’y a eu d’équivalent
que l’Immaculée Conception dans le sein de sa mère Anne
( ce qui était évidemment très particulier, et en vérité
pour permettre ce qui devait se déployer dans le mystère de la
Visitation ).
Quand Dieu s’est incarné dans le sein de la Vierge, Il a découvert
la maternité humaine, Il l’a choisie comme calice, et Il s’est
fabriqué un cœur humain avec. Aussitôt, il fallait que cela
se communique à ce qui était le plus proche, le plus pur dans
la communion des personnes entre la mère et l’enfant, avant que
de là, comme un arc électrique, cela se communique à toutes
les maternités de tous les temps et de tous les lieux. Ainsi la présence
de cet amour est restituée à l’Incarnation du Seigneur par
la Visitation, la résurrection de l’amour, de la communion en procréation
du cœur de l’homme.
Autant dans le premier mystère joyeux, le mystère de l’Incarnation,
la sponsalité (l’amour nuptial et sponsal) préside, autant
dans le second mystère, c’est l’amour dans la communion des
personnes, l’amour lié à la fécondité, l’amour
lié à la vie. La sponsalité est un appel à la vie.
L’amour dans la communion est lié au fait que la vie soit donnée,
que la vie soit reçue, et que la vie soit dans la gratitude et la communion,
et que le cœur apparaisse. L’apparition du cœur est liée
à la maternité. La complémentarité du cœur
est liée à la sponsalité.
Joseph a accompagné Marie, c’est évident, mais il est bien
montré dans la Révélation que Joseph est derrière,
il n’a de rôle que celui d’être silencieux. Zacharie
n’a pas de rôle non plus, sinon celui d’être muet (depuis
que l’Ange Gabriel lui est apparu pour lui annoncer la conception de Johannan,
Jean le Baptiste ).
Aussitôt que Jésus a pris chair dans le sein de la Vierge et qu’il
y a eu cette communion du cœur et de l’amour, aussitôt, avec
cette résurrection en Marie, forcément, avant même que Marie
commence à partir, quelque chose de l’unité du cœur
de Jésus et de Marie s’est établi en Elisabeth, puisque
tout leur amour s’orientait sur elle. Elisabeth était évidemment
prévenue, cordialement, affectivement, surnaturellement, par une charité
ardente, et elle a su à l’instant où Jésus s’est
incarné, que Dieu s’était fait homme.
De sorte qu’elle était toute en amour par rapport à cette
incarnation, alors qu’elle portait la conception la plus forte, la plus
sainte que l’humanité ait jamais portée. Elle aurait pu
se tourner sur elle-même, mais pas du tout : Elisabeth était tout
attentive et tout en admiration à l’avance, avant que Marie n’arrive
.
Si vous lisez attentivement le texte de la Visitation, vous voyez à quelques
petits détails que quand Marie arrive, Elisabeth est venue à sa
rencontre.
La tradition nous dit qu’ Elisabeth est partie à sa rencontre :
elle savait.
Marie la première a salué Elisabeth, avec l’amour dont je
vous parle, avec le cœur de Jésus rempli d’amour pour tous
ceux dans lesquels Il voulait se répandre jusqu’à la pâmoison,
jusqu’à la mort d’amour. Et tout cela était porté
par la présence, par la voix de Marie : la voix de la mère portait
l’amour du Fils. Cette rencontre, d’après la Révélation,
la Haggadah de la Visitation, a eu des effets simples mais extraordinaires qui
font comprendre pourquoi la Visitation revêt une si grande importance.
Une mère aime son fils, son enfant, et donc du point de vue de l’amour,
le cœur de la mère est établi dans le cœur de l’enfant.
L’amour de Jésus s’établit dans le cœur de celui
qu’Il aime, et donc tout s’est concentré sur le cœur
de l’enfant Jean-Baptiste.
Autant il y avait eu obombration par Dieu le Père de tout l’esprit,
toute l’âme, toute la personne de Marie, autant ici, ce triple amour,
cet amour naturel dans la mère, cet amour surnaturel en Marie et cet
amour éternel dans le cœur de Jésus en Dieu, est venu se
concentrer, s’établir dans le cœur de l’enfant, provoquant
un ‘tremendum et fascinendum’, un frémissement qu’a
bien vu Elisabeth.
Il y a une limpidité dans la communion des personnes au niveau du cœur,
et dans cette pacifique présence mutuelle, lorsque l’amour s’est
répandu dans Jean-Baptiste, un frémissement s’est répandu
dans l’âme de l’enfant, et de l’âme de l’enfant
s’est répandu dans l’âme de la mère.
Ce frémissement physique a provoqué ce grand cri : elle a crié
dans une exclamation (le mot de l’Evangile dit : avec un cri très
fort : la ‘voce magna’ ne rend pas le texte grec ‘kraugè
megalèh’: une forte-clameur méga-puissante !).
Elle a crié d’une voix très forte parce qu’au même
moment elle a été entièrement remplie du Saint Esprit.
La Très Sainte Trinité apportée par Marie en son cœur
et l’amour de Jésus humain porté dans le cœur de Jean-Baptiste,
se sont associés. Les trois Personnes de la Très Sainte Trinité
ont saisi surnaturellement le cœur de l’amour qu’il y avait
entre la mère et son fils, entre Jean et Elisabeth.
Il y a eu une pentecôte, les deux âmes ont été remplies
du Saint Esprit, il y a eu une saisie de leur cœur mutuel. Elle a bien
dit : « il a été saisi, il a exulté, il a bondi et
tressailli d’exultation » .
La super-venue du Saint Esprit dans leur communion mutuelle par l’âme
a produit une surabondance, et ils étaient quatre à vivre de cette
effusion du Saint Esprit par le cœur et par le fond de l’âme.
La pression était tellement forte que Dieu le Fils, source de cette fulgurante
communion des personnes, a été comme une nourriture qui a donné
une force très grande à l’expression de Dieu vivant.
Cette force très grande s’est exprimée par un cri, une voix
tonitruante. Cela a tellement impressionné saint Jean-Baptiste qu’il
dira trente ans plus tard : « je suis la voix qui crie dans le désert
», et il l’a pris de sa mère, exactement comme Jésus
s’est créé une âme humaine à l’image
de l’âme de sa mère, comme Il s’est créé
un cœur à l’image du cœur de sa mère.
Jean Baptiste est devenu la manifestation audible de la présence du Verbe
de Dieu.
Marie, dans l’Incarnation, a conçu le Verbe, tandis que Jésus
va être conçu dans la communion des personnes, dans un nouveau
corps mystique, et alors ce Verbe intérieur va pouvoir se faire entendre
par une Parole tonitruante.
C’est ainsi qu’est née l’Eglise, du cœur de Jean-Baptiste,
du cœur de Jésus, et du cœur d’une maternité parfaite,
d’une maternité surnaturelle incréée. C’est
la conjonction de ces quatre amours et de cette communion parfaite, à
l’ombre de deux unités sponsales discrètes et silencieuses
( lesquels, on s’en doute, représentent la paternité de
Dieu dans le Verbe ), que le corps mystique de l’Eglise est né.
Jésus hostie, l’eucharistie, est devenu le tabernacle, le nouveau
Temple, le corps mystique de Jésus. Le Pain venu du Ciel et la bénédiction
de la manne du Saint des Saints du Temple ont été comme la matière
et la forme de la trans-substantiation de l’amour. La Parole de Dieu pourra
alors se faire entendre de manière tonitruante, d’une voix extrêmement
forte, à toute la terre, à toute la création. L’Eglise
est née. C’est le mystère de la Visitation.
Quand nous contemplons ce mystère, nous voyons à quel point l’Eglise
est extrêmement joyeuse, dans sa source et dans son fruit. Elle est étonnante
dans sa mission qui doit parcourir tous les temps par une proclamation audible
du Verbe de Dieu. Le corps mystique de Jésus (qui vit de l’amour
de Jésus, de l’amour de Marie, de l’amour de la vie, et de
l’amour de Dieu, grâce à cette communion parfaite du cœur,
à plusieurs dans un seul corps mystique) peut proclamer la Parole de
Dieu, peut proclamer que Dieu a parlé dans son Fils et que la langue
du Fils est la langue de l’Eglise. La langue de l’Eglise, c’est
le cœur : la charité incarnée.
Dans le premier mystère joyeux, Dieu a pris chair, Jésus est l’Incarnation
du Dieu vivant.
Dans le mystère de la Visitation, la Charité a pris corps : le
cœur de l’Eglise, le cœur eucharistique, le cœur sacré
de Jésus total, est l’Incarnation de la charité surnaturelle
et incréée de Dieu s’associant à toutes les charités
surnaturelles créées de la terre, et aussi à tous les amours
naturels du cœur. Les trois s’associent, étant saisis par
l’unique pentecôte du Saint Esprit, rassemblés en un seul
cœur pour former le mystère eucharistique.
C’est l’eucharistie qui est le cœur du corps mystique de l’Eglise,
qui est l’incarnation de la charité surnaturelle et divine.
Jésus est Dieu incarné, l’eucharistie est l’amour
communautaire incarné, l’amour universel qui s’est incarné.
Quand je reçois la communication de cet amour, je jubile d’allégresse
et je crie de joie.
Si je vis du mystère de la Visitation, je vis du corps mystique de Jésus,
c’est à dire de l’amour qui doit se répandre jusqu’à
recréer tous les cœurs dans une unique Jérusalem glorieuse
fabriquée avec de l’amour glorieux. Méditer ce mystère
est facile quand nous avons compris que si Dieu a pris chair de la Vierge Marie,
c’est pour réaliser de manière incarnée, corps, âme
et esprit, un mystère d’amour communautaire, un mystère
d’amour surnaturel, un mystère d’amour parfait.
Dieu a voulu que l’amour s’inscrive d’abord et en premier
lieu dans un amour absolument parfait sur le plan naturel. C’est pourquoi
saint Jean-Baptiste a été choisi.
A partir de là, tout pouvait être donné pour la constitution
de la charité surnaturelle. Dès lors que nous vivons de la grâce,
nous pouvons recevoir dans notre cœur la transformation de la charité
: que ce soit l’amour de Jésus qui brûle notre cœur
; et que nous soyons installés à l’intérieur de l’amour
du cœur de Jésus qui bat et qui a commencé à battre
dans le sein de la Vierge, et qui s’est répandu dans tous les fruits
de son amour à l’intérieur du cœur de Jean-Baptiste,
et qui a fait tressaillir toutes les âmes maternelles du monde entier.
C’est pourquoi Elisabeth a crié aussitôt : « tu es
bénie entre toutes les femmes », (tu es la Bénie : eulogéménè,
dans le sein de toutes les femmes ) et « le fruit de tes entrailles est
béni », ( le fruit de ton ventre est le Béni, eulogéménos)
: le fruit de ton ventre est le Béni.
Exactement le mot de Moïse désignant Dieu lorsqu’ Il est présent
dans le sanctuaire, c’est le même mot en grec, c’est «
le Béni » : Eulogéménos.
Elisabeth représente la voix de l’Eglise, elle dit à Marie,
sous l’opération du Saint Esprit, elle crie le cri d’amour
du corps mystique de l’Eglise : « le Béni est Dieu qui se
trouve dans la Bénie ». Le Dieu présent dans ce qu’il
y a de plus saint et de plus sacré, dans l’éternité
et aussi dans toute la création, c’est le Béni. Elle reconnaît
que Marie est la Bénie, qu’elle est divine en tant que femme, par
sa maternité. L’Eglise est divine en tant que source de vie divine,
l’Eglise vient de Dieu.
C’est ce que nous disons à chaque « Je vous salue Marie »,
car Marie communique à l’Eglise ce qu’elle est. Elle le reconnaît
: « tu es bénie dedans l’intérieur du ventre de toutes
les femmes » et effectivement à partir de ce moment-là,
dans la procréation, toutes les femmes ont une porte qui s’ouvre
dans l’amour qu’elles ont pour leur enfant, l’amour de leur
enfant pour elles, même si cet amour est déçu, blessé,
avorté, cette porte reste ouverte à l’amour maternel infiniment
parfait sur le plan naturel, infiniment parfait sur le plan surnaturel, infiniment
parfait sur le plan incréé et éternel, amour qui peut pénétrer
grâce à la Visitation. Une porte s’est ouverte.
Une création nouvelle s’est réalisée : la naissance
de l’Eglise de Jésus, à travers cette porte de la Visitation.
‘Anastasa’, elle ressuscita en se levant, pour ouvrir les portes
du Temple nouveau, le Corps mystique entier du Fils de Dieu.
A la Visitation, toutes les portes s’ouvrirent pour que l’amour
dans lequel Jésus s’était incarné puisse trouver
un lieu dans tous les cœurs humains, immédiatement. L’Eglise
a été constituée à cet instant-là, universellement.
La Jérusalem d’amour glorieuse et ressuscitée s’est
constituée à cet instant-là, miraculeusement et glorieusement.
A chaque fois que nous regardons Jésus hostie, nous trouvons le cœur
eucharistique du Seigneur, qui est précisément le fruit et la
présence même du mystère de la Visitation, cette communication
de l’amour intégral à notre cœur en même temps
qu’à tous les autres, de manière incarnée, substantielle.
L’Ange Gabriel dit à Marie : « voilà, tu vas être
la mère de Dieu, Il sera vraiment le Fils de Dieu vivant, tu seras obombrée,
le Saint Esprit super-viendra en toi, ne t’inquiète pas, alors,
est-ce que tu dis oui ? ». Alors elle dit oui. Nous pourrions penser que
cela devait s’arrêter ainsi. Mais l’Ange Gabriel continue
: « et Elisabeth ta cousine va enfanter un fils dans sa vieillesse, elle
en est à son sixième mois ».
Quelqu’un qui n’a pas la foi se dirait que Jean-Baptiste qui naît,
et Dieu qui prend chair, ça n’a rien à voir : il se dira
que c’est un texte que les auteurs n’ont pas compris.
Pourtant si le Verbe a pris chair, c’est bien pour réaliser le
corps mystique du Christ, c’est pour réaliser le cœur eucharistique
du Seigneur, c’est pour fonder dans l’amour et la charité
incarnée et glorieuse, la Jérusalem céleste.
Marie est devenue cette Jérusalem glorieuse dans son germe, dans sa substance,
dans son initium, dans sa fécondité.
Pendant des années, nous fêtions le mystère de la Visitation
le 2 juillet.
Depuis le Concile Vatican II, nous fêtons le mystère de la Visitation
le 31 mai, le dernier jour du mois de Marie. Avant le Concile, le 31 mai, nous
fêtions Marie médiatrice de toutes les grâces. Tel est le
génie du Saint Esprit dans l’Eglise ( je suis sûr que ceux
qui ont fait la réforme n’ont pas pensé une seconde que
le fait de conjoindre le mystère de la Visitation avec la fête
de Marie médiatrice de toutes les grâces, en faisant disparaître
d’ailleurs la fête de Marie médiatrice de toutes les grâces
par le fait même, donnait au mystère de la Visitation sa véritable
signification). La Visitation l’intronise médiatrice de toutes
les grâces, source d’amour de la vie divine.
Quand Jésus a pris chair de la Vierge Marie, Il a embrassé en
cette créature la plénitude de la grâce, puisqu’il
a embrassé en elle ce qui faisait la lumière tout à fait
pacifique, reposante, confiante et disponible de son âme, l’Immaculée
Conception. Il s’est saisi de son état de passivité, de
disponibilité surnaturelle et éternelle vis-à-vis de Dieu
le Père.
En se saisissant de cela, Il est devenu lui-même par le cœur la source
en elle, dans son âme, de l’Immaculée Conception, la source
de cette plénitude de grâces. Et en devenant source de cette plénitude
de grâces, Il a réalisé en Lui ce qu’on appelle l’union
hypostatique :
Dans cette communion des personnes, en se créant une nouvelle nature
humaine, sa nature humaine s’est trouvée unifiée dans une
source de grâces que l’on appelle l’union hypostatique, c’est
à dire que Dieu vivant, la vie éternelle de Dieu, la vie intime
et vivante de Dieu, et la vie sainte, divine qui est donnée au monde,
sont associées en une seule source. Il y a une seule Personne.
Toute la grâce de Jésus vient de l’union hypostatique. Toute
la nature humaine de Jésus, toute la nature divine de Jésus, sont
une seule source, une seule Personne. Il n’y a pas deux personnes dans
Jésus. L’union est hypostatique. Ce qui fait exister et vivre la
nature humaine de Jésus, c’est la Personne même de Dieu,
c’est le Dieu vivant, la deuxième Personne de la Très Sainte
Trinité. Il n’y a pas de personne humaine en Jésus, mais
il y a un esprit humain, il y a une âme humaine, il y a un corps humain,
et l’unité vivante entre le corps, l’âme et l’esprit
et la grâce et la plénitude de toutes les grâces de Jésus,
et cette unité se fait dans la source qui est Dieu Lui-même. Cette
source, nous l’appelons l’union hypostatique.
Cette union hypostatique fait que Jésus porte la grâce capitale
: Il est la tête, Il est la grâce dans sa source. L’union
hypostatique dans l’âme de Jésus (qui fait que l’on
a la grâce, la vie divine créée dans sa source, et la vie
divine incréée dans sa source), vient rentrer en communion avec
l’âme de Marie elle-même déjà en plénitude
de grâces. L’Immaculée Conception et la plénitude
de grâces de Marie, entrent en communion avec l’union hypostatique
de Jésus, et c’est cela qui a permis la constitution de la communion
des personnes à l’état pur venant du ciel.
L’Apocalypse disait : « voici, je vais créer un ciel nouveau
» et c’était le premier mystère joyeux.
Dans le deuxième mystère joyeux, dans cette communion des personnes
entre la grâce capitale, la grâce dans sa source, la grâce
d’union hypostatique, la source de la plénitude de grâce
de Marie, et la plénitude de grâce de Marie et son Immaculée
Conception, ces cinq sources de la grâce ont fait une seule source, qui
a permis la création d’une nouvelle terre : « voici que je
crée une terre nouvelle ». Et cette terre nouvelle s’est
réalisée justement dans la substance même de l’amour
parfait, rendu audible et visible : le cœur eucharistique de Jésus,
source de la nouvelle terre, c’est à dire du corps mystique glorieux
de Dieu, la Jérusalem glorieuse et l’Eglise.
Quelquefois on entend dire « je n’ai que le mystère de la
Visitation, j’aurais préféré avoir le mystère
de la Pentecôte ».
Le mystère de la Visitation est très extraordinaire au contraire!!.
A force de dire le chapelet, à force de réincarner en moi le mystère
vivant du rosaire vivant, je vais découvrir tous ses aspects, je vais
leur donner leur extension, leur développement, leur intensification,
leur épanouissement, leur progression, leur communication à l’infini,
autant qu’il est en mon pouvoir. Au fur et à mesure je vais découvrir
tous ces aspects dont l’Eglise nous donne l’enseignement. C’est
bien à travers nous que cela peut se communiquer, que cela peut avoir
son extension, et que la nouvelle terre va être créée. C’est
évident.
Marie, Elisabeth, Jésus, Jean-Baptiste, et l’Eglise, tous les jours,
disent le Magnificat qui fait partie du mystère de la Visitation, cette
grande prière qu’Ils vont dire ensemble, une, deux, trois fois,
à grands cris « mon âme exalte le Seigneur ».
Jean-Baptiste avait eu ce frémissement, cette exultation, ce tremendum.
Alors le cœur immaculé de Marie, et le cœur de Jésus,
ont épousé cette exultation de l’enfant Jean-Baptiste.
Et le cantique de l’Eglise commence par cette fascination, ce tremblement,
cet élargissement, cette fournaise ardente qui brûle partout à
l’intérieur de Dieu dans un cœur physique, dans un cœur
humain, dans un cœur de chair, dans un cœur d’enfant, dans un
sentiment humain en même temps. Marie dit « mon âme exalte
le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon sauveur ! », parce qu’elle
a entendu la mère dire « mon enfant exulte ».
A partir de ce jour-là, Marie, Jésus et Jean-Baptiste sont devenus
inséparables, dans tout ce qu’ils vont faire, pendant tout le parcours
du grand saint rosaire jusqu’à la fin du monde. Ils seront toujours
un seul cœur, ensemble. Ce qui donne la grandeur de Jean-Baptiste.
Marie Salomé avait dit un jour à Jésus : « Seigneur,
j’ai mon fils Jacques, et mon fils Jean, ils sont disciples de Jean-Baptiste,
Fils du tonnerre, ils sont les meilleurs ». Elle savait bien que ces deux-là
était les meilleurs des douze apôtres et de tous les disciples
( elle avait le cœur de Jésus en elle : je viens de vous expliquer
comment) et elle dit à Jésus : « ils seront à ta
droite et à ta gauche quand Tu trôneras dans ta gloire »
; mais elle n’avait pas compris le mystère de la Visitation, et
Jésus a répondu : « il y a ceux pour qui ces places sont
préparées ».
Père : Obombration
Mère du Verbe Fils : Conception
Mère du respectus éternel du Verbe vis-à-vis de son Incarnation
Saint-Esprit : Super-venue
Mère du Verbe incarné Annonciation
Marie Mère de Dieu
Exultation
Saisissement, disparition en Dieu
Maternité assumée Forte clameur
Exclamation sensible en Dieu
Humanité assumée
Remplis du Saint Esprit
Epanouissement d’amour en Dieu
Virginité assumée Visitation
Marie Mère de l’Eglise
Union Hypostatique
Science de vision béatifique
Vision et Nuit dans l’esprit Grâce capitale
Science infuse
Résurrection dans la chair de l’amour divin Grâce eucharistique Science acquise d’amour
Grâce et Source de grâce dans l’âme Jésus plein
de Grâce
et de Vérité
Corps mystique vivant
Mon âme exalte
Mon esprit exulte
Il s’est penché Force de Son bras
Comble de Bien
Relèvement d’Israël Merveilles
Saint est Son Nom
Amour s’étend, éternel Magnificat
Note : Mère de Dieu et mère de l'Église, Marie figure l'acte
constitutif de la communion ecclésiale, parce que toute sa vie est le
modèle de ce que l'art divin peut opérer dans la nature humaine,
pour peu que celle-ci ne s'y oppose pas. Dans cette oeuvre d'art qu'est Marie
' l'Église primordiale rend intelligible ce qu'est le christianisme:
une « ecclésialité » qui ne se limite pas à
la dimension visible de l'Église, mais qui peut s'étendre aussi
loin que s'étendent les mérites du Christ …. C'est ainsi
qu'Adrienne von Speyr écrit: «Le ciel ne s'ouvre plus pour Marie;
il est ouvert conjointement avec elle. Elle fait partie de l'ouverture du ciel,
elle entre, elle franchit le seuil; maintenant la présence divine du
Père, du Fils et de l'Esprit est ce dans quoi elle vit... Elle vit dans
la vérité sans voile de l'éternité » . Davantage
que le type de l'Église et de la nouvelle naissance à la vie chrétienne,
Marie est l'essence de l'Église: le lieu où se donne la nouvelle
naissance et où le croyant célèbre, dans l'adoration eucharistique,
la vie qui l'a constitué Église de Dieu et temple de la très
sainte Trinité. La liberté nuptiale de Marie, dans sa réponse
au plan divin, devient universellement féconde. Comme l'écrivait
Balthasar, Marie, par l'incarnation du Verbe, « devient, à partir
de l'Eucharistie et de la croix, le vase ecclésial dans lequel se répand
la substance du Fils, universalisée par le Saint-Esprit».