L'Imitation de Jésus-Christ
Livre troisième - De la vie intérieure
30. Qu'il faut implorer le secours de Dieu, et attendre avec confiance le
retour de sa grâce
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Jésus-Christ: Mon fils, je suis le Seigneur, c'est moi qui fortifie
au jour de la tribulation.
Venez à moi quand vous souffrirez.
Ce qui surtout éloigne de vous les consolations célestes, c'est
que vous recourez trop tard à la prière.
Car avant de me prier avec instance, vous cherchez au-dehors du soulagement
et une multitude de consolations.
Mais tout cela vous sert peu, et il vous faut enfin reconnaître que
c'est moi seul qui délivre ceux qui espèrent en moi,
et que hors de moi il n'est point de secours efficace, point de conseil utile,
point de remède durable.
Mais à présent que vous commencez à respirer après
la tempête, ranimez-vous à la lumière de mes
miséricordes; car je suis près de vous, dit le Seigneur, pour
vous rendre tout ce que vous avez perdu et beaucoup plus encore.
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Y-a-t'il rien qui me soit difficile ? ou serais-je semblable
à ceux qui disent et ne font pas ?
Où est votre foi ? Demeurez ferme et persévérez.
Ne vous lassez point, prenez courage; la consolation viendra en son
temps.
Attendez-moi, attendez: Je viendrai, et je vous
guérirai.
Ce qui vous agite est une tentation et ce qui vous effraie est une crainte
vaine.
Que vous revient-il de ces soucis d'un avenir incertain, sinon tristesse
sur tristesse ? A chaque jour suffit son mal.
Quoi de plus insensé, de plus vain, que de se réjouir ou de
s'affliger de choses futures qui n'arriveront peut-être jamais !
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C'est une suite de la misère humaine d'être le jouet de ces
imaginations et la marque d'une âme encore faible, de céder
si aisément aux suggestions de l'ennemi.
Car peu lui importe de nous séduire et de nous tromper par des objets
réels ou par de fausses images, et de nous vaincre par l'amour des
biens présents ou par la crainte des maux à venir.
Que votre coeur donc ne se trouble point, et ne craigne point.
Croyez en moi, et confiez-vous en ma miséricorde.
Quand vous croyez être loin de moi, souvent c'est alors que je suis
le plus près de vous.
Lorsque vous croyez tout perdu, ce n'est souvent que l'occasion d'un plus
grand mérite.
Tout n'est pas perdu, quand le succès ne répond pas à
vos désirs.
Vous ne devez pas juger selon le sentiment présent ni vous abandonner
à aucune affliction, quelle qu'en soit la cause, et vous y enfoncer
comme s'il ne vous restait nulle espérance d'en sortir.
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Ne pensez pas que je vous aie tout à fait délaissé lorsque
je vous afflige pour un temps, ou que je vous retire mes consolations; car
c'est ainsi qu'on parvient au royaume des cieux.
Et certes, il vaut mieux pour vous et pour tous mes serviteurs être
exercés par des traverses, que de n'éprouver jamais aucune
contrariété.
Je connais le secret de votre coeur et je sais qu'il est utile pour votre
salut que vous soyez quelquefois dans la sécheresse, de crainte qu'une
ferveur continue ne vous porte à la présomption et que par
une vaine complaisance en vous-même, vous ne vous imaginiez être
ce que vous n'êtes pas.
Ce que j'ai donné, je puis l'ôter et le rendre quand il me
plaît.
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Ce que je donne est toujours à moi; ce que je reprends n'est point
à vous, car c'est de moi que découle tout bien et tout don
parfait.
Si je vous envoie quelque peine et quelque contradiction, n'en murmurez pas,
et que votre coeur ne se laisse point abattre; car je puis en un moment vous
délivrer de ce fardeau et changer votre tristesse en joie.
Et lorsque j'en use ainsi avec vous, je suis juste et digne de toute louange.
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Si vous jugez selon la sagesse et la vérité, vous ne devez
jamais vous affliger avec tant d'excès dans l'adversité, mais
plutôt vous en réjouir et m'en rendre grâces.
Et même ce doit être votre unique joie que je vous frappe
sans vous épargner.
Comme mon Père m'a aimé, moi aussi je vous aime,
ai-je dit à mes disciples en les envoyant, non pour goûter les
joies du monde, mais pour soutenir de grands combats; non pour posséder
les honneurs, mais pour souffrir les mépris; non pour vivre dans
l'oisiveté, mais dans le travail; non pour se reposer, mais pour
porter beaucoup de fruits par la patience. Souvenez-vous, mon fils,
de ces paroles.