L'Imitation de Jésus-Christ
Livre quatrième - Du sacrement de l'Eucharistie
12. Qu'on doit se préparer avec un grand soin à la sainte Communion
Voix du Bien-Aimé
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Je suis l'ami de la pureté et c'est de moi que vient toute
sainteté.
Je cherche un coeur pur, et là est le lieu de mon
repos.
Préparez-moi un grand cénacle et je célébrerai
chez vous la Pâque avec mes disciples.
Si vous voulez que je vienne à vous et que je demeure en vous,
purifiez-vous du vieux levain et nettoyez la maison de votre
coeur. Bannissez-en les pensées du siècle et le tumulte des
vices.
Comme le passereau qui gémit sous un toit solitaire,
rappelez-vous vos péchés dans l'amertume de votre
âme.
Car un ami prépare toujours à son ami le lieu le meilleur et
le plus beau; et c'est ainsi qu'il lui fait connaître avec quelle affection
il le reçoit.
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Sachez cependant que vous ne pouvez, quels que soient vos propres efforts,
vous préparer dignement, quand vous y emploieriez une année
entière sans vous occuper d'autre chose.
Mais c'est par ma grâce et ma seule bonté qu'il vous est permis
d'approcher de ma table, comme un mendiant invité au festin du riche,
et qui n'a, pour reconnaître ce bienfait, que d'humbles actions de
grâces.
Faites ce qui est en vous, et faites-le avec un grand soin. Recevez, non
pour suivre la coutume ou pour remplir un devoir rigoureux, mais avec crainte,
avec respect, avec amour, le corps du Seigneur bien-aimé, de votre
Dieu, qui daigne venir à vous.
C'est moi qui vous appelle, qui vous commande de venir; je suppléerai
à ce qui vous manque; venez, et recevez-moi.
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Lorsque je vous accorde le don de la ferveur, remerciez-en votre Dieu; car
ce n'est pas que vous en soyez digne, mais parce que j'ai eu pitié
de vous.
Si vous vous sentez, au contraire, aride, priez avec instance, gémissez
et ne cessez point de frapper à la porte, jusqu'à ce que vous
obteniez quelque miette de ma table, ou une goutte des eaux salutaires de
la grâce.
Vous avez besoin de moi et je n'ai pas besoin de vous. Vous ne venez pas
à moi pour me sanctifier, mais c'est moi qui viens à vous pour
vous rendre meilleur et plus saint.
Vous venez pour que je vous sanctifie et pour vous unir à moi, pour
recevoir une grâce nouvelle et vous enflammer d'une nouvelle ardeur
d'avancer dans la vertu.
Ne négligez point cette grâce; mais préparez votre coeur
avec un soin extrême et recevez-y votre bien-aimé.
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Mais il ne faut pas seulement vous exciter à la ferveur avant la
communion, il faut encore travailler à vous y conserver après;
et la vigilance qui la doit suivre n'est pas moins nécessaire que
la préparation qui la précède; car cette vigilance est
elle-même la meilleure préparation pour obtenir une grâce
plus grande.
Rien au contraire n'écarte davantage des dispositions où l'on
doit être pour communier que de se trop répandre au-dehors en
sortant de la Table sainte.
Parlez peu, retirez-vous en un lieu secret et jouissez de votre Dieu.
Car vous possédez Celui que le monde entier ne peut vous ravir.
Je suis Celui à qui vous vous devez donner sans réserve; de
sorte que, dégagé de toute inquiétude, vous ne viviez
plus en vous, mais en moi.