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Saint Alphonse-Marie de Liguori
Les Gloires de Marie (suite)

CHAPITRE IX

                                                          O clemens, o pia!

                                                       O clémente, ô bonne.

                         CLÉMENCE ET BONTÉ DE MARIE

                    Combien sont grandes la clémence et la bonté de Marie

Pour exprimer la merveilleuse bonté de Marie envers nous, pauvres enfants d'Ève, saint Bernard l'appelle la véritable " terre promise où
coulent le lait et le miel ". Selon saint Léon, on devrait la nommer, non pas simplement Reine miséricordieuse, mais la miséricorde en
personne, tellement ses entrailles maternelles surabondent de tendresse. Telle était également la pensée de saint Bonaventure. Voyant
d'un côté Marie devenue Mère de Dieu en faveur des malheureux et investie de l'office de leur départir les grâces ; songeant d'un autre
côté à sa vive sollicitude pour eux tous, et à l'extrême compassion qu'elel leur porte, et qui semble ne lui plus laisser qu'un désir, celui
de subvenir à leurs besoins ; le saint disait qu'en présence de la bienheureuse Vierge, il oubliait presque la justice divine, pour ne plus
voir que la divine miséricorde dont elle est toute remplie. Voici ce passage plein d'onction : " Oui, auguste Souveraine, quand je vous
regarde, je ne vous plus que miséricorde ; car c'est pour les misérables que Dieu vous a faite sa Mère et vous a confié la charge de
faire miséricorde ; il n'est pas une misère qui vous trouve indifférente ; vous êtes tout enveloppée de miséricorde ; vous semblez
n'avoir à coeur que de faire miséricorde ".

Telle est en un mot, la bonté du coeur compatissant de Marie, que, selon le mot de l'abbé Guéric, il ne peut cesser un instant de
produire pour nous des fruits de bonté. Eh ! s'écrie saint Bernard, que pourrait-il jaillir d'une source de bonté, sinon de la bonté ?

Voilà pourquoi Marie elle-même se dit : Pareille à un bel olivier qui croît dans les champs. De l'olivier il ne sort que de l'huile, symbole
de miséricorde ; et des mains de Marie il ne tombe que grâces et miséricordes. On pourrait donc, avec le vénérable Louis du Pont,
appeler le coeur de Marie la source de l'huile, puisqu'il est la source de miséricorde. Ainsi, lorsque nous recourons à cette tendre Mère
pour lui demander l'huile de sa bonté, nous n'avons pas à craindre qu'elle ne nous réponde par un refus, comme firent les vierges
prudentes aux vierges folles, en alléguant l'insuffisance de leur provision. Non, l'huile de miséricorde ne saurait lui manquer ; car elle
en est toute remplie, selon la remarque de saint Bonaventure. Aussi la sainte Église la proclame-t-elle, non pas seulement Vierge
prudent, mais Vierge très prudente ; c'est nous donner à entendre, dit Hughes de Saint-Victor, qu'elle est assez riche de grâce et de
bonté pour nous en pourvoir tous abondamment, sans courir le risque de la voir jamais s'épuiser : " O pleine de grâce, vous en êtes
tellement pleine, que le monde entier peut aller puiser en vous et s'enrichir de votre surabondance ; les vierges prudentes prirent de
l'huile dans leurs vases pour entretenir leurs lampes ; mais vous, qui êtes la Vierge très prudente, vous avez pris avec vous un vase
inépuisable, et d'où l'huile de la miséricorde déborde et suffit à tenir enflammées les lampes de tous les mortels."

Mais pourquoi, dans le texte que nous expliquons, est-il dit de ce bel olivier qu'il se trouve au milieu des champs ? Pourquoi pas plutôt
dans un jardin entouré de murs ou de haies ? C'est, répond Hughes de Saint-Victor, afin que tous puissent aisément le voir et s'en
approcher, pour en obtenir le remède dont ils ont besoin. - Saint Antonin confirme cette belle pensée. " Quand un olivier est exposé
dans un champ ouvert à tout le monde, observe-t-il, chacun peut aller en cuillir les fruits ; ainsi en est-il de Marie : tous les hommes,
justes et pécheurs, peuvent recourir à elle pour avoir part à ses bontés ". Oh ! continue le saint, combien de sentences, de châtiments,
la bienheureuse Vierge a su faire révoquer par ses charitables prières, en faveur des pécheurs qui ont recours à elle ?" - " Et quel
refuge plus assuré pour nous que le sein compatissant de Marie ? Là, le pauvre a un asile, le malade y puise des remèdes et l'affligé des
consolations ; dans la perplexité on y trouve des conseils, et dans le délaissement un appui ". Ainsi parle le dévot Thomas a Kempis.

Que nous serions à plaindre, si nous n'avions pas cette Mère de miséricorde, si attentive et si empressée à nous secourir dans nos
misères ! Où la femme manque, dit l'Esprit-Saint, l'indigent souffre et gémit. Par cette femme, saint Jean Damascène entend Marie,
sans laquelle nous sommes tous infirmes et souffrants. C'est bien dit, car, Dieu ayant décrété qu'aucune grâce ne s'accordera qu'à la
prière de Marie, là où cette prière n'intervient pas, il n'est nul espoir de miséricorde ; ainsi le Seigneur lui-même l'a-t-il déclaré à sainte
Brigitte.

Mais qui sait ? peut-être Marie ne voit pas nos misères, ou les voit sans compassion. Gardons-nou de cette pensée : bien mieux que
nous-mêmes elle les voit et elle est loin d'y être insensible. " Entre tous les saints, il n'en est aucun qui compatisse comme elle à nos
maux ", dit saint Antonin. Aussi, " partout où elle aperçoit des souffrances, elle y court avec les remèdes de sa grande miséricorde ".
Cette pensée de Richard de Saint-Laurent est confirmée en ces termes par Mendoza : " Oui, ô Vierge bénie et notre Mère, vous
répandez à pleines mains vos bienfaits là où vous rencontrez nos besoins ". - Et ce charitable office, notre bonne Mère ne cessera
jamais de le remplir ; c'est elle qui nous l'assure ; Je ne cesserai jusqu'au siècle futur, de remplir mon ministère en présence du
Seigneur dans la sainte demeure. Paroles que le cardinal Hughes commente ainsi : " Je ne cesserai pas, jusqu'à la fin du monde, de
secourir les hommes dans leurs besoins, et de prier pour les pécheurs, afin qu'ils se sauvent et qu'ils soient préservés du malheur
éternel ".

Au rapport de Suétone, l'empreur Titus était si désireux d'accorder ses faveurs à qui les lui demandait que, si parfois il n'avait pas eu
l'occasion d'accorder quelque grâce, il disait tout contristé : Diem perditi, ce jour est un jour perdu pour moi, puisque je l'ai passé sans
faire de bien à personne. - Vraisemblablement, Titus parlait ainsi plus par vanité, ou par recherche ambitieuse de l'estime du monde que
par un sentiment d'humanité. Il n'en est pas ainsi de notre Reine Marie ; si jamais un de ses jours se passait sans être signalé par aucun
bienfait, elle dirait aussi : J'ai perdu ma journée ; mais elle le dirait uniquement parce qu'elle est pleine de charité et animée du désir de
nous faire du bien. Ce désir va si loin que, selon Bernardin de Bustis, il surpasse notre aividité à recevoir ses bienfaits. Aussi, ajoute le
même, jamais nous ne recourrons à elle sans lui trouver les mains pleines de miséricorde et de libéralité.

Marie a été figurée par Rébecca, dont on sait l'histoire. Comme le serviteur d'Abraham lui demandait un peu d'eau à boire : Buvez,
Seigneur, lui répondit-elle ; de plus je vais puiser de l'eau en assez grande quantité pour abreuver tous vos chameaux. Ce trait inspire
au dévot saint Bernard les paroles suivantes qu'il adresse à la Vierge : Auguste Reine, le vaisseau de vos miséricordes déborde de toutes
parts ; versez donc, non seulement au serviteur d'Abraham, mais aussi à ses chameaux. C'est-à-dire : Vous êtes pleine de bonté et plus
libérale que Rébecca ; aussi, non contente de faire sentir les effets de votre immense miséricorde au serviteur d'Abraham, qui
représente les fidèles serviteurs de Dieu, vous en faites encore part aux bêtes de somme, qui sont la figure des pécheurs. D'un autre
côté, Rébecca donna plus qu'on lui demandait, et Marie donne toujours plus qu'on ne lui demande. La libéralité de Marie, dit Richard de
Saint-Laurent, ressemble à celle de son Fils, dont les largesses vont toujours au-delà de nos requêtes, et qui, pour cette raison, est
appelé par saint Paul un Dieu riche de grâces, et prodigue de ses dons à l'égard de tous ceux qui le prient. De là cette prière d'un pieux
auteur à Marie : " Vierge sainte, daignez prier vous-même pour moi ; car vous solliciterez les grâces pour moi avec bien plus de
dévotion que je ne saurais le faire, et vous m'obtiendrez beaucoup plus que je ne saurais demander ".

Les Samaritains ayant refusé de recevoir Jésus-Christ et sa doctrine, saint Jacques et saint Jean dirent au divin Maître : " Seigneur,
voulez-vous que nous commandions au feu du ciel de descendre sur eux et de les dévorer ? " Mais le Sauveur répondit : Vous ne savez
pas de quel esprit vous êtes. C'est-à-dire : Mon esprit n'est que miséricorde et douceur ; car je suis venu du ciel pour sauver les
pécheurs, et non pour les punir ; et vous demander leur perte Quoi ! du feu, des châtiments ! taisez-vous, ne me parlez plus de
châtiments ; ce n'est pas là mon esprit. - Or, l'esprit de Marie étant entièrement conforme à celui de son Fils, nous ne pouvons douter
de son inclination à user de miséricorde ; elle-même disait un jour à sainte Brigitte : " On m'appelle la Mère de miséricorde ; c'est avec
raisons, ma fille, car la miséricorde de mon Fils m'a rendue compatissante et douce envers tout le monde ". C'est dans ce sens que
saint Bernard interprète la vision où Marie fut montrée à saint Jean revêtue du soleil : " Céleste Reine, dit le saint Docteur, vous revêtez
le soleil, et le soleil vous revêt " ; vous avez revêtu le Verbe divin de la chair humaine, et à son tour il vous a revêtue de sa puissance et
de sa miséricorde.

Cette Reine est donc si clémente et si bonne que, quand un pécheur vient réclamer son assistance, elle ne commence point par
examiner ses mérites, assure le même saint, ni s'il est digne ou non d'être exaucé ; mais elle exauce quiconque se présente. Voilà
pourquoi, remarque saint Hildebert, elle est dite belle comme la lune. Elle éclaire et aide les plus indignes pécheurs, comme cet astre
répand ici-bas sa douce et bienfaisante lumière sur les êtres les plus vils. D'autre part, bien que la lune emprunte au soleil toute sa
lumière, elle la distribue en bien moins de temps que lui ne distribue la sienne : ce qu'il fait en un an, remarque un auteur, elle le fait en
un mois. Et, selon saint Anselme, nous obtenons parfois plus promptement le secours du ciel en invoquant le nom de Marie qu'en
invoquant le nom de Jésus. Hugues de Saint-Victor ajoute que, si nos péchés nous font nous craindre de s'approcher de Dieu, Majesté
infinie et offensée par nous, du moins nous ne devons pas hésiter d'aller à Marie, en qui nous ne trouvons rien de redoutable. Sans
doute, elle est sainte, elle est immaculée, elle est Reine de l'univers, elle est Mère de Dieu ; mais enfin elle est revêtue de la même chair
que nous ; comme nous elle est enfant de Marie.

En un mot, dit saint Bernard, en Marie tout est grâce et bonté ; comme Mère de miséricorde, elle se fait tout à tous ; et, dans sa grande
charité, elle s'est rendue débitrice à l'égard des justes et des pécheurs ; elle ouvre à tous le sein de sa miséricorde, afin que tous
viennent y puiser. De même donc que le démon rôde sans cesse, cherchant quelqu'un à qui il puisse donner la mort, ou, selon le mot
de saint Pierre, qu'il puisse dévorer, ainsi, remarque Bernardin de Bustis, Marie est sans cesse à la recherche d'âmes à qui elle puisse,
au contraire, donner la vie et le salut.

Nous devons d'ailleurs être persuadés avec saint Germain que la protection de Marie est plus étendue et plus puissante que nous ne
pouvons l'imaginer. " Et d'où vient, demande le Père Pelbart, que le Seigneur, qui, dans l'ancienne loi, punissait avec tant de rigueur les
moindres fautes, use à présent de tant de miséricorde envers les plus grands coupables ? Dieu le fait, répond-il, pour l'amour de Marie
et en considération de ses mérites ". Ah ! s'écrie saint Fulgence, depuis combien de temps le monde ne serait-il pas abîmé, si Marie ne
l'avait soutenu par son intercession. Mais nous pouvons, dit Arnauld de Chartres, nous présenter à Dieu avec assurance et en espérer
tous les biens, maintenant que le Fils est notre Médiateur auprès du Père, et que la Mère intercède pour nous auprès du Fils. En effet,
comment le Père n'exaucerait-il pas son Fils, lui montrant les plaies qu'il a souffertes pour les pécheurs ? Et comment le Fils
n'exaucerait-il pas sa Mère, lui montrant le sein qui l'a nourri ? Et saint Pierre Chrysologue assure, avec une énergie remarquable, que
cette Vierge unique, ayant logé le Seigneur dans son chaste sein, en exige, pour prix de l'hospitalité qu'elle lui a donnée, la paix du
monde, le salut de ceux qui étaient perdus, et la vie de ceux qui étaient morts.

Oh ! s'écrie l'abbé de Celles, combien de pécheurs qui mériteraient d'être condamnés par la justice de Dieu, sons sauvés par la
miséricorde de Marie ! Car elle est le trésor de Dieu et la trésorière de toutes les grâces ; de sorte que notre salut est entre ses mains.
Recourons donc toujours à cette auguste Mère de miséricorde, avec le ferme espoir d'être sauvés par son intercession ; car elle est,
comme l'appelle Bernardin de Bustis, notre salut, notre vie, notre espérance, notre conseil, notre refuge, notre secours. Selon saint
Antonin, Marie est ce trône de la grâce devant lequel l'Apôtre nous exhorte à nous présenter avec confiance, afin d'obtenir la divine
miséricorde et tous les secours nécessaires à notre salut. Et sainte Catherine de Sienne avait coutume de l'appeler " la dispensatrice de
la divine miséricorde ".

Concluons par la belle et touchante exclamation de saint Bernard sur ces paroles : " O clémente, ô bonne, ô douce Vierge Marie ! "
Voici comment il s'exprime : " O Marie ! vous êtes clémente envers les misérables, bonne envers ceux qui vous prient, douce envers
ceux qui vous aiment. Vous êtes clémente envers les pénitents, bonne envers ceux qui font des progrès, douce envers ceux qui sont
arrivés à la perfection. Vous montrez votre clémence en nous préservant des châtiments, votre bonté en nous dispensant les grâces,
votre douceur en vous donnant à ceux qui vous cherchent. "
 
 

                                EXEMPLE

Le père Charle Bovio rapporte qu'à Dormans, en Champagne, un homme marié entreprenait un commerce criminel avec une femme.
Son épouse, indignée de cette conduite, ne faisait qu'appeler les châtiments de Dieu sur les deux coupables. Un jour entre autres, elle
alla dans une église, devant l'autel de la sainte Vierge, pour demander justice conte celle qui lui avait ravi l'affection de son mari. Or, la
femme pécheresse avait coutume de venir prier aussi devant cet autel, et y récitait chaque jour un Ave Maria. Une nuit, la divine Mère
apparut en songe à l'épouse affligée ; celle-ci ne l'eut pas sitôt vue, qu'elle se mit à répéter son invocation ordinaire : " Justice, ô Mère
de Dieu ! justice ! " Mais Marie lui répondit : " Quoi ! justice ! c'est à moi que tu demandes justice ? adresse-toi pour cela à quelque
autre ; moi, je ne puis faire justice ". Ensuite, elle ajouta : " Sache que cette pécheresse me récite chaque jour certaine prière, et je ne
puis souffrir qu'aucune personne qui récite cette prière soit châtiée pour ses péchés ".

Lorsqu'il fit jour, cette pauvre femme se rendit entendre la messe dans l'église susdite ; et, comme elle en sortait, elle rencontra celle
qui lui causait tant de peine. Dès qu'elle l'aperçut, elle se mit à l'injurier, la traitant de sorcière, qui, par ses enchantements, était venue à
bout d'ensorceler la sainte Vierge elle-même. " Taisez-vous, lui cria-t-on alors ; que dîtes-vous là ? - Et pourquoi me tairais-je ?
répondit-elle ; ce que je dis, n'est que trop vrai ; cette nuit, la sainte Vierge m'est apparue ; et, comme je lui demandais justice, elle m'a
répondu qu'elle ne pouvait me satisfaire, à cause d'une prière que cette scélérate lui récite tous les jours." Là-dessus, on demanda de
celle-ci quelle était la prière qu'elle récitait à la Mère de Dieu ; elle répondit que c'était l'Ave Maria. Mais, apprenant que la bienheureuse
Vierge, pour cette simple dévotion, usait envers elle d'une si grande miséricorde, elle alla immédiatement se jeter aux pieds de son
image ; et là,e n présence de tout le monde, elle demanda pardon du scandale qu'elle avait causé, et fit voeu de continence perpétuelle.
De plus, s'étant revêtue d'un habit religieux, et s'étant construit une petite cellule dans le voisinage de cette église, elle s'y renferma, et
persévéra dans les exercices de la pénitence jusqu'à sa mort.

                                 PRIÈRE

O Mère de miséricorde, puisque vous êtes si compatissante, et que vous avez un sigrand désir de nous faire du bien, à nous,
misérables pécheurs, et de nous accorder ce que nous vous demandons, moi, le plus misérable de tous les hommes, je viens implorer
votre bonté ; daignez m'exaucer. Que d'autres vous demandent tout ce qu'ils voudront, santé, biens et avantages temporels ; pour moi,
ô Marie, je vous demande ce que vous-même désirez trouver en moi, ce qui est le plus conforme et le plus agréable à votre très saint
coeur. Vous êtes si humble ; obtenez-moi donc l'humilité et l'amour des mépris. Vous avez été si patiente dans les peines de cette vie ;
obtenez-moi la patience dans les contrariétés. Vous êtes si remplie d'amour pour Dieu ; obtenez-moi le don du saint et pur amour.
Vous êtes toute pleine de charité pour le prochain ; obtenez-moi la charité envers tous, et surtout envers ceux qui me sont opposés.
Vous fûtes toujours unie à la volonté de Dieu ; obtenez-moi une entière conformité à toutes les dispositions de la providence qui me
concernent.

En un mot, vous êtes la plus sainte de toutes les créature ; ô Marie, rendez-moi saint. L'amour ne vous manque point, vous pouvez et
vous voulez me procurer tous les biens ; la seule chose donc qui puisse m'empêcher de recevoir vos grâces, c'est, ou ma négligence à
vous invoquer, ou mon peu de confiance en votre intercession ; mais, ce deux dispositions essentielles, la fidélité à vous invoquer et la
confiance en vous, c'est vous-même quid evez me les obtenir, et c'est à vous que je les demande, c'est de vous que je les veux, d'est de
vous que je les espère, et je les attends de vous avec assurance, ô Marie, ma Mère, mon espérance, mon amour, ma vie, mon refuge,
mon secours et ma consolation ! Amen.
 
 

                              CHAPITRE X

                                                       O dulcis Virgo Maria

                                                       O douce vierge Marie.

                          DOUCEUR DU NOM DE MARIE

                  Combien le nom de Marie est doux pendant la vie et à la mort

L'auguste nom de la Mère de Dieu, le nom de Marie, n'est pas d'origine terrestre ; il ne fut pas, comme les autres noms, inventé par
l'esprit des hommes ; il ne lui fut pas donné par livre choix : descendu du ciel, il lui fut imposé par un décret divin ; ainsi l'attestent
saint Jérôme, saint Épiphane, saint Antonin et d'autres auteurs.

" Le nom de Marie, dit saint Pierre Damien, fut tiré du trésor de la Divinité ". Oui, ô Marie, ajoute Richard de Saint-Laurent, votre nom
sublime et admirable est sorti du trésor de la Divinité ; les trois personnes de la Trinité sainte vous l'ont donné d'un commun accord,
ce nom qui éclipse tous les noms après celui de votre Fils ; elles l'ont rempli de tant de majesté et de puissance que, quand il est
prononcé, il faut que tout se prosterne pour le vénérer, au ciel, sur la terre et dans les enfers ". Mais, sans parler des autres
prérogatives que le Seigneur a voulu attacher au nom de Marie, considérons ici combien il l'a rendu doux aux serviteurs de cette
céleste Reine, soit pendant la vie, soit à l'heure de la mort.

Premièrement, le nom de Marie est doux à ses serviteurs pendant leur vie. Le saint anachorète Honorius le trouvait plein de tout ce qu'il
y a de douceur et de suavité en Dieu ; et, pour le glorieux saint Antoine de Padoue, ce nom avait les mêmes charmes que saint Bernard
trouvait dans celui de Jésus. " Le nom de Jésus, avait dit Bernard, le nom de Marie, reprenait Antoine, est une joie au coeur de ses
pieux serviteurs, un miel sur les lèvres, une mélodie pour leurs oreilles ". Le vénérable Juvénal Ancina, évêque de Saluces, goûtait, en
prononçant le nom de Marie, une douceur sensible telle, dit son historien, qu'il s'en léchait les lèvres. On lit la même chose d'une
femme de Cologne : " Je ne prononce jamais le nom de Marie, assurait-elle à l'évêque Massilius sans que mon palais soit flatté d'une
saveur supérieure à celle du miel ". Massilius adopta sa pratique la même douceur.

Lors de l'Assomption de la Vierge, les anges demandèrent à trois reprises quel était son nom ; on peut le conclure de ces trois passages
des Cantiques : " Quelle est celle-ci qui mont du désert comme un nuage d'encens ? - Quelle est celle-ci qui s'avance comme une
aurore naissante ? - Quelle est celle-ci qui s'élève du désert, nageant dans les délices ? " Pourquoi, se demande Richard, pourquoi les
anges répètent-ils tant de fois leur question : Quelle est celle-ci ?. . . C'est sans doute, répond-il, afin d'entendre répéter le nom de
Marie, tant ce nom résonne délicieusement à l'oreille des anges eux-mêmes.

Mais ce n'est pas de cette douceur sensible que j'entends parler ici : il n'est pas donné à tous de la sentir ; je veux parler d'une douceur
spirituelle, d'un sentiment salutaire de consolation, d'amour, de joie, de confiance et de force, que le nom de Marie inspire
communément à ceux qui le prononcent avec dévotion.

L'abbé Francon dit à ce sujet : " Après le saint nom de Jésus, le nom de Marie est si fécond en biens de tout genre, que, ni sur la terre,
ni dans le ciel, on n'entend prononcer aucun nom qui remplisse les âmes dévotes d'autant de grâces, de consolation et d'espérance. En
effet, continue le même auteur, le nom de Marie renferme je ne sais quoi d'admirable, de doux et de divin, qui fait qu'il ne peut retentir
dans un coeur aimant sans l'embaumer d'une odeur de sainte suavité. Et voici, dit-il en finissant, la merveille de cet auguste nom : mille
fois répété, il paraît toujours nouveau à ceux qui aiment Marie, aussi bien que le plaisir avec lequel ils l'entendent ".

Le bienheureux Henri Suson avait bien fait, lui aussi, l'expérience de cette douceur du nom de Marie. En le prononçant, il se sentait,
disait-il lui-même, pénétré de confiance et enflammé d'amour ; aussi, versant des larmes de joie et transporté hors de lui-même, il eut
voulu que le coeur lui bondît de la poitrine jusque sur les lèvres ; car, assurait-il, ce nom si doux, si cher, se liquéfiait au fond de son
âme comme un rayon de miel. Après quoi, il s'écriait : " O nom plein de suavité ! O Marie ! que devez-vous donc être vous-même, si
votre nom seul est déjà si aimable et si gracieux ? "

De son côté, saint Bernard, s'adressant à sa bonne Mère, lui disait, en ces termes pleins de tendresse, la flamme dont il brûlait pour elle
: " O grande, ô clémente, ô admirable Marie ! ô Vierge très sainte et digne de toute louange, combien doux et aimable est votre nom !
On ne peut le prononcer sans se sentir embrasé d'amour et pour vous et pour Dieu ; il suffit même que ce nom se présente à la pensée
de ceux qui vous aiment, pour accroître beaucoup leur amour et les consoler ". - Ah ! si les richesses consolent les pauvres, en les
tirant de leur misère, ajoute Richard de Saint-Laurent, combien plus, ô Marie, votre nom nous console dans nos peines, car, bien
mieux que les richesses de la terre, il adoucit les angoisses de la vie présente !

En un mot, ô Mère de Dieu, votre nom est tellement rempli, comme le dit saint Méthode, de grâces et de bénédictions divines, que,
comme l'affirme saint Bonaventure, on ne saurait le prononcer dévotement sans en tirer quelque bien. Quelque endurci que puisse être
un pécheur, eût-il même perdu toute confiance en Dieu, qu'il vous nomme seulement, ô Vierge pleine de bonté ; et, ajoute le pieux
Idiot, telle est la vertu de votre nom qu'il sentira sa dureté s'ammolir d'une manière merveilleuse ; car c'est vous qui faites revivres les
pécheurs à l'espérance du pardon et de la grâce.

Votre doux nom, dit à son tour saint Ambroise, est un baume qui répand l'odeur de la grâce ; ah ! que ce bauime de salut descende au
fond de nos âmes ! Voici donc ce que le saint vous demandait par ces paroles, ô Marie, et ce que nous vous demandons après lui :
faites que nous pensions souvent à invoquer votre nom avec amour et confiance ; car c'est là, sinon un signe de la présence de la
grâce divine en nous, du moins un gage de son prochain retour. Il en est bien ainsi, car, ô Marie, selon la pensée de Ludolphe de Saxe,
" le souvenir de votre nom console les affligés, remet dans la voie du salut ceux qui en sont sortis, et fortifie les pécheurs contre la
tentation du désespoir. "

" De même donc que, par ses cinq plaies, Jésus-Cbhrist a préparé le remède à tous les maux du monde ; ainsi, par la vertu de son très
saint nom composé de cinq lettres, Marie ménage chaque jour aux pécheurs, observe Pelbart, la rémission de leur faute ". Voilà
pourquoi il est dit dans les cantiques sacrés : Votre nom est comme une huile répandue ; paroles qu'Alain de l'Isle commente ainsi : "
L'huile guérit les malades, répand une odeur agréable, et nourrit la flamme ; et le nom de Marie guérit les pécheurs, réjouit les âmes, et
les embrase du divin amour." Aussi, Richard de Saint-Laurent exhorte tous les pécheurs à invoquer ce nom assez puissant à lui seul
pour les délivrer de tous les maux ; car il n'est point de maladie si funeste, assure-t-il, qui ne cède aussitôt à sa vertu salutaire.

D'autre part, au témoignage de thomas a Kempis " les démons redoutent à tel poinjt la Reine du ciel, que, si quelqu'un vient à
prononcer son nom, ils fuient incontinent loin de lui, comme on fait pour échapper aux atteintes de la flamme ". Et, d'après une
révélation de la bienheureuse Vierge elle-même à sainte Brigitte, il n'est pas en cette vie de pécheur, si froid, si étranger soit-il à l'amour
divin, qui ne puisse forcer l'esprit malin à s'éloigner, à la seule condition d'invoquer le saint nom de Marie avec le bon propos de se
convertir. Une autre fois, revenant sur le même sujet, Marie disait à la même sainte : " Tous les démons révèrent mon nom et le
redoutent ; et, rien qu'à l'entendre, ils relâchent au plus vite l'âme qu'ils tenaient déjà entre leurs griffes ". Par contre, pendant que les
anges rebelles s'éloignent des pécheurs qui incoquent le nom de Marie, les bons anges se rapprochent davantage des âmes justes qui le
prononcent dévotement ; c'est ce qu'a dit encore Notre-Dame à sainte Brigitte.

Selon saint Germain, comme la respiration est un signe de vie, ainsi la répétition fréquente du nom de Marie est un signe, ou que déjà la
grâce vit en nous, ou qu'elle y revivra bientôt ; car ce nom puissant a la vertu d'attirer en ceux qui l'invoquent, le secours de Dieu et la
vie.

Enfin, Richard de Saint-Laurent dit que ce nom admirable est comme une forte tour où le pécheur qui s'y réfugie est à l'abri de la
mort, où les plus désespérés trouvent une défense sûre et le salut. Mais, continue le même, cette tour céleste ne préserve pas
seulement les pécheurs du châtiment qui leur serait dû ; elle protège encore les justes contre les assauts de l'enfer ; et, après le nom de
Jésus, aucun nom n'est secourable aux hommes, aucun n'est salutaire à l'égal du grand nom de Marie.

Notamment, c'est chose universellement reconnue, et dont les serviteurs de Marie font tous les jours l'expérience, que son nom
puissant donne la force de vaincre les tentations contre la chasteté. Sur ces paroles de saint Luc : " Et le nom de cette vierge est Marie
", le même Richard observe que l'évangéliste a joint ensemble le nom de Marie et celui de Vierge, pour nous donner à entendre que le
nom de cette Vierge très pure ne va jamais sans la chasteté. De là, cette sentence de saint Jean Chrysostôme : " Ce nom béni est indice
de chasteté ". C'est-à-dire : celui qui doute s'il n'a pas consenti à un tentation impure, mais qui se souvient en même temps d'avoir
invoqué le nom de Marie, qu'il se rassure, il n'a pas blessé la sainte vertu ; cette invocation même en est un signe certain.

Puisqu'il en est ainsi, soyons fidèle à suivre le sage conseil de saint Bernard : " Dans les périls, dans les difficultés, dans les
perplexictés, pensez à Marie, dit-il, invoquez Marie ; que son nom ne quitte jamais vos lèvres, qu'il soit consamment dans votre coeur
". Oui, toutes les fois que nous sommes en danger de perdre la grâce de Dieu, pensons à Marie, invoquons le nom de Marie,
conjointement avec celui de Jésus ; car ces deux noms ne doivent jamais se séparer. Que ces deux noms si doux et si puissants ne
s'éloignent jamais de notre coeur ni de nos lèvres ; ils nous donneront la force de ne pas succomber et de vaincre toutes les tentations.

Admirables sont les faveurs promises par Jésus-Christ à ceux qui sont dévots au nom de Marie ; sainte Brigitte les apprit de la bouche
du Sauveur lui-même s'entretenant avec sa sainte Mère : " Quiconque , lui disait-il, invoquera votre nom avec confiance et avec le
propos de s'amender recevra trois grâces signalées, savoir : un parfait repentir de ses péchés, la grâce d'en faire pénitence avec la
force de parvenir à la perfection, et finalement la gloire céleste. Car, ô ma Mère, ajouta le divin Sauvuer, vos paroles me sont si douces
et si agréables, que je ne puis vous refuser aucune de vos demandes ".

Saint Éphrem va jusqu'à dire que " le nom de Marie est la clef du ciel " pour ceux qui l'invoquent dévotement. Saint Bonaventure a
donc raison de proclamer Marie le Salut de tous ceux qui l'invoquent : O salus te invocantium ! comme si c'était une même chose
d'invoquer le nom de Marie et d'obtenir le salut éternel. Et, en effet, Richard de Saint-Laurent nous assure que, par l'invocation de ce
nom si saint et si doux, nous acquérons une grâce surabondantes en cette vie et un sublime degré de gloire en l'autre.

Concluons par cette exhortation de Thomas a Kempis : " Voulez-vous donc, mes frères, être consolés dans toutes vos peines,
recourez à Marie, invoquez Marie, recommandez-vous à Marie ; réjouissez-vous avec Marie, pleurez avec Marie, priez avec Marie,
marchez avec Marie, cherchez Jésus avec Marie, désirez enfin vivre et mourir avec Jésus et Marie. Par ce moyen, ajoute-t-il, vous
avancerez toujours dans la voie du Seigneur ; car Marie priera volontiers pour vous, et le Fils exaucera certainement sa Mère ".

Le saint nom de Marie est donc pour ses serviteurs pendant leur vie la source de bien des douceurs et de grâces bien précieuses ; il
nous reste à voir combien plus doux encore il leur devient au dernier moment, en rendant leur mort tranquille et sainte.

Le Père Sertorius Caputo de la Compagnie de Jésus, engageait tous ceux qui doivent assiter un mourant, à lui répéter fréquemment le
nom de Marie ; prononcé à l'heure, disait-il, ce nom de vie et d'espérance suffit à lui seul pour mettre en fuite tous les démons et
fortifier les mourants dans toutes leurs angoisses. Avec non moins de zèle, saint Camille de Lellis recommandait à ses religieux
d'exciter souvent les moribonds à invoquer les noms de Jésus et de Marie. Après avoir lui-même suggéré toujours cette sainte pratique
aux autres, il apprit par sa propre expérience combien elle est douce et salutaire à l'heure de la mort. En ce moment suprême, raconte
l'auteur de sa vie, il prononçait avec tant de tendresses les noms, si chers à son coeur, de Jésus et de Marie, que les flammes dont il
était consumé, se communiquaient aux assistants. Enfin, les yeux amoureusement fixés sur les images de Jésus et de Marie, le front
serein et les bras en croix, il expira dans une paix céleste, en invoquant encore ces doux noms, qui furent les dernières paroles de sa
vie.

Jésus ! Marie ! . . . est-il prière plus courte que celle-là ? et pourtant, remarque Thomas a Kempis, autant elle est facile à retenir, autant
elle est douce à méditer, et elle est une puissante sauvegarde contre tous les ennemis de notre salut.

Heureux, s'écriait saint Bonaventure, heureux celui qui aime votre doux nom, ô Mère de Dieu ! Votre nom est si glorieux, si admirable
en est la vertu, que tous ceux qui ont soin de l'invoquer à l'article de la mort, n'ont rien à craindre des attaques de l'ennemi.

Ah ! quel bonheur de mourir comme le Père Fulgence d'Ascoli, capucin, qui rendit le dernier soupir en chantant :

                         O beauté sans égale ! ô Marie, ô Marie !

                        Je veux quitter la terre en votre compagnie.

Quel bonheur de mourir comme le bienheureux Henri, moine de Citeaux, qui, d'après les annales de l'Ordre, sortit de ce monde en
articulant le nom de Marie.

Prions donc, pieux lecteurs, prions Dieu de nous faire cette grâce que la dernière parole de nos lèvres mourantes soit le nom de Marie.
Tels étaient le désir et la prière de saint Germain : " Que ma langue, au moment de se glacer, répète encore une fois le nom de Marie ".
Oh ! que la mort est douce et paisible, sous les auspices et la protection de ce nom de salut, de ce nom que Dieu accorde d'invoquer
au moment de mourir, à ceux-là seuls qu'il veut voir sauvés !

Ma douce Souveraine et Mère, je vous aime beaucoup ; et par amour pour vous, j'aime aussi votre saint nom ; je suis résolu et
j'espère, avec votre secours, de l'invoquer pendant toute ma vie, et à ma mort. Je vous adresse donc, en terminant, cette tendre prière
de saint Bonaventure : Pour la gloire de votre nom lorsque mon âme sortira de ce monde, venez au-devant d'elle, ô Vierge bénie, et
daignez la recevoir entre vos bras. Ayez la bonté de venir la consoler alors par votre douce présence : soyez pour elle l'échelle et la voie
du ciel ; obtenez-lui la grâce du pardon et l'éternel repos. O Marie, notre Avocate, c'est à vous de défendre vos serviteurs et de plaider
leur cause au tribunal de Jésus-Christ.

                                EXEMPLE

Le fait qu'on va lire est rapporté par le Père Rho et par le Père Lyroeus, comme arrivé vers l'an 1465, dans la province de Gueldre.

Une jeune fille nommée Marie fut un jour envoyée par son oncle au marché de Nimègue, pour acheter divers objests, avec ordre de se
retirer le soir chez une tante qu'elle avait en cette ville. Elle obéit ; mais, le soir, étant allée trouver sa tante, elle en fut durement
repousséee, et elle dut se remettre en chemin pour regagner sa maison. Mais bientôt, se voyant surprise par la nuit, elle entre dans une
si grande colère, qu'elle appelle le démon à haute voix. Celui-ci lui apparaît aussitôt sous la forme d'un homme, et lui promet de l'aider,
à une condition. " Je suis prête à tout faire ", répond la malheureuse. " Tout ce que je veux, lui dit alors le malin esprit, c'est que
dorénavant vous ne fassiez plus le signe de la croix, et que vous changiez de nom. - Quant au signe de la croix, répliqua-t-elle, je ne le
ferai plus ; mais, pour mon nom de Marie, il m'est trop cher, je ne veux pas le changer. - Et moi, je ne vous aide pas, reprend le
démon ". Enfin, après beaucoup de débats, ils convinrent qu'elle s'appellerait de la première lettre du nom de Marie, Emme ou Emma.
Cela conclu, ils se rendirent à Anvers, où la misérable passa six années de sa vie en cette détestable compagnie, et se livra au
libertinage jusqu'à devenir le scandale de la ville entière.

Un jour, elle dit au démon qu'elle désirait revoir son pays. L'esprit infernal fit d'abord des difficultés, mais il dut finir par céder.
Lorsqu'ils arrivèrent à Nimègue, on y représentait un drame tiré de la vie de la sainte Vierge. Ce spectacle toucha la pauvre Emma, qui
avait conservé un reste de dévotion à la Mère de Dieu ; elle se mit à pleurer. " Que faisons-nous ici ? dit alors son compagnon ;
allons-nous jouer, nous aussi, la comédie ?" Il la saisit en même temps pour l'entraîner ailleurs ; mais, voyant qu'elle résiste, et que déjà
elle lui échappe, de rage, il l'élève en l'air et la jette au milieu du théâtre. Ainsi délivrée, la pauvre fille raconta ce qui lui était arrivé et se
présenta ensuite au curé pour se confesser ; mauis le curé la renvoya à l'archevêque de Cologne, et l'archevêque au pape. Ce dernier
entendit sa confession, et lui imposa pour pénitence de porter continuellement trois anneaux de fer, dont un au cou et un à chaque
bras. Elle obéit, revint à Maestricht, et s'y renferma dans un couvent de repenties, où elle vécut quatorzes ans, dans l'exercice de rudes
pénitences. Après ce laps de temps, un matin à son lever, elle trouva les trois anneaux brisés d'eux-mêmes. Deux ans plus tard, elle
mourut en odeur de sainteté, et voulut qu'on l'ensevelît avec ces trois mêmes anneaux qui, d'esclave de l'enfer, l'avaient rendue
l'heureuse captive de sa Libératrice.

                                 PRIÈRE

O Marie, auguste Mère de Dieu et ma Mère, il est vrai que je ne suis pas digne de prononcer votre nom ; mais, puisque vous m'aimez
et que vous désirez mon salut, vous m'accorderez de pouvoir toujours, quelque impure que soit ma langue, appeler à mon aide ce nom
si saint et si puissant, notre soutien pendant la vie, et notre salut à l'heure de la mort. Ah ! Marie, vierge pleine de pureté et de
douceur, faites que votre nom soit désormais la respiration de mon âme ; et ne tardez pas à me secourir, chaque fois que je vous
invoquerai ; dans toutes les tentations et dans tous les besoins que j'éprouverai dorénavant, je suis résolu de recourir à vous, en
répétant toujours : Marie ! Marie !

Voilà, je l'espère, ce que je ferai durant le reste de ma vie, et surtout dans les derniers moments, pour aller ensuite louer éternellement
en paradis votre nom bien-aimé, ô clémente, ô bonne, ô douce Vierge Marie ! Ah ! aimable Marie, quelle consolation, quelle douceur,
quelle confiance, quelle tendresse ressent mon âme, quand je prononce votre nom, ou seulement quand je pense à vous ! Je remercie le
Seigneur mon Dieu de vous avoir donné, pour mon bonheur, ce nom si doux, si aimble et si puissant. Mais, ma Souveraine, je ne me
contente pas de prononcer votre nom, je veux encore le prononcer avec amour, je veux que mon affection m'avertisse de répéter à
toute heure, en sorte que je puisse m'écrier avec saint Anselme de Lucquers : O Nom de la Mère de Dieu, tu es mon amour !

Ma chère Marie, mon bien-aimé Jésus, que vos doux noms vivent à jamais dans mon coeur et dans tous les coeurs ! Que mon âme
perde le souvenir de tous les autres noms, pour se rappeler uniquement et invoquer sans cesse vos noms vénérés ! Ah ! Jésus, mon
Rédempteur, et Marie, ma Mère, quand je serai arrivé à l'article de la mort, à ce moment décisif où mon âme devra sortir de cette vie,
je vous en conjure par vos mérites, accordez-moi cette grâce qu'avant de devenir à jamais muette, ma bouche répète une dernière fois
ces mots : Je vous aime, Jésus et Marie ! - Jésus et Marie ! je vous donne mon coeur et mon âme.

Fin
des Gloires de Marie de Saint Alphonse-Marie de Liguori
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