II Marie est notre vie, parce qu'elle nous obtient la persévérance.
La persévérance finale
est un don de Dieu, don si excellent, que, comme l'a déclaré
le Concile de Trente,
il est purement gratuit, nous ne
saurions le mériter ; néanmoins, selon l'enseignement de
saint Augustin ;
Dieu l'accorde à tous ceux
qui le lui demandent ; et, suivant le Père Suarez, on l'obtient
infailliblement si
l'on a soin de le solliciter jusqu'à
la fin de la vie ; car, dit Bellarmin, la persévérance doit
être demandée
tous les jours, pour être
obtenue tous les jours. Or, s'il est vrai, dis-je, que toutes les grâces
qui nous
viennent de Dieu, passent par les
mains de Marie, il sera également vrai que nous ne pouvons espérer
et
obtenir la grâce suprême
de la persévérance, si ce n'est par l'entremise de Marie.
Et nous l'obtiendrons
indibutablement, si nous la lui
demandons toujours avec confiance ; c'est la récompense qu'elle
promet à
tous ceux qui la servent fidèlement
en cette vie : Ceux qui me glorifient auront la vie éternelle. Ces
paroles lui sont appliquées
par la sainte Église.
Pour conserver la vie de grâce,
il faut que nous ayons la force de résister à tous les ennemis
de notre salut
; or, cette force ne s'obtient que
par le moyen de Marie ; Le don de force est entre mes mains, dit Marie
;
Dieu me l'a remis afin que je le
dispense à mes serviteurs. Par moi règnent les rois ; soutenus
par moi,
mes dévots règnent
sur la terre, en commandant à tous leurs sens et à toutes
leurs passions, et ils se
rendent ainsi dignes de régner
éternellement dans le ciel. Oh ! de quelle force victorieuse sont
revêtus les
sujets de cette grande Reine pour
leurs luttes avec l'enfer ! A Marie convient ce passage des cantiques :
Votre cou est comme la tour de David,
munie de travaux avancés, et où l'on voit suspendus mille
boucliers et toute l'armure des
vaillants. Pour ceux qui l'aiment et qui l'invoquent dans le combat, elle
est en effet pareille à une
tour environnée de puissants moyens de défense ; ils trouvent
en elle tous les
boucliers et toutes les armes dont
ils ont besoin pour repousser les attaques de Satan.
Pour la même raison, la très
sainte Vierge se dit semblable au platane qui s'élève le
long de la route, au
bord d'un courant d'eau. Le platane
est un nouvel emblême de la protection dont Marie favorice ceux qui
se réfugient auprès
d'elle ; car, selon la remarque du cardinal Hughes, cet arbre a des feuilles
en forme de
boucliers. Le bienheureux Amédée
donne une autre explication : comme le feuillage du platane mes les
voyageurs à couvert du soleil
et de la pluie, ainsi, dit-il, Marie nous offre sous son manteau royal
un abri
contre l'ardeur des passions et
la violence des tentations.
Malheur aux âmes qui se privent
de cet abri salutaire, en négligeant d'honorer Marie et de l'invoquer
dans
les occasions dangereuses ! Si le
soleil cessait de paraître, dit saint Bernard, que deviendrait le
monde,
sinon un chaos de ténèbres,
et de ces ténèbres dont l'Esprit Saint dit qu'elles permettent
aux bêtes
sauvages de rôder en toute
liberté. Dès qu'une âme n'est plus éclairée
de la divine lumière, la nuit s'y fait
et elle devient le repaire de tous
les péchés et des démons. De là ce cri de saint
Anselme : " Malheur à
ceux qui méprisent la lumière
du Soleil ", c'est-à-dire la dévotion envers Marie !
Saint François de Borgia craignait
avec raison pour la persévérance de ceux en qui il ne trouvait
pas une
dévotion particulière
envers la bienheureuse Vierge. S'entretenant un jour avec des novices,
il voulut
savoir d'eux à quel saint
chacun était surtout dévot, et, s'apercevant que quelques-uns
manquaient cette
dévotion spéciale
à Marie, il avertit le maître des novices de surveiller plus
attentivement ces pauvres
jeunes gens ; or, qu'arriva-t-il
? tous perdirent malheureusement leur vocation et quittèrent l'institut.
Ce n'est donc pas à tort que
saint Germain proclame Marie la Respiration des chrétiens ; en effet,
comme
le corps ne peut vivre sans respirer,
de même l'âme ne peut vivre sans recurir et se recommander
à cette
divine Mère, par le moyen
de qui nous naissons à la vie de grâce et nous la conservons
sûrement. Voici
les propres termes du saint : "
De même que la respiration n'est pas seulement le signe mais encore
la
cause de la vie corporelle ; ainsi
le nom de Marie, que les serviteurs de Dieu ont sans cesse sur les lèvres,
est tout à la fois une preuve
qu'ils ont la vie spirituelle, et un moyen qui produit et conserve en eux
cette
vie, et leur attire toutes sortes
de biens. ".
Alain de la Roche pensa un jour se
perdre, faute de s'être recommandé à Marie dans une
violente
tentation ; mais la Sainte Vierge
lui apparut, et, afin qu'un autre fois il se tînt mieux sur ses gardes,
elle lui
donna un soufflet, en lui disant
: " Si tu m'avais invoquée, tu ne te serais pas trouvé dans
ce péril. "
D'autre par, la Reine du Ciel nous
adresse ces paroles : Heureux celui qui écoute ma voix, et qui a
soin de
venir sans cesse frapper à
la porte de ma miséricorde, et réclamer de moi lumière
et secours ! - Marie
s'emploie de grand coeur à
procurer à ceux qui l'invoquent ainsi tous les secours nécessaires
pour sortir
du vice et marcher dans la voie
de la vertu. De là les beaux titres de Lune, d'Aurore et de Soleil
que lui
donne Innocent III. Lune pour le
malheureux plongré dans la nuit du péché, elle lui
fait voir l'état de
damnation où il se trouve.
Aurore, c'est-à-dire, avant-courrière du soleil, pour l'âme
qui se reconnaît déjà,
elle l'aide à sortir du péché
et à entrer dans l'amitié de Dieu. Soleil, enfin, pour l'âme
en état de grâce, elle
l'empêche de tomber de nouveau
dans quelque précipice.
Les docteurs appliquent à
Marie les paroles de l'Ecclésiastique : Ses liens sont des liens
salutaires. - La
sainte Vierge lie ses serviteurs
par ses exemples et ses secours, dit Richard de Saint-Laurent, de peur
qu'ils n'aillent s'égarer
dans les voies du vice. Saint Bonaventure explique dans le même sens
cet autre
texte, qu'on lit dans l'office de
Marie : Je me tiens au milieu des saints. La divine Mère, dit-il,
ne se tient
pas seulement au milieu des saints,
mais elle maintient les saints, afin qu'ils ne retournent pas en arrière
;
elle soutient leurs vertus, afin
qu'ils ne viennent pas à défaillir ; et elle contient les
démons, afin qu'ils n'en
reçoivent aucun dommage.
Il est dit des serviteurs de Marie,
qu'ils sont couvers d'un double vêtement. Selon Cornelius, cela signifie
que Marie orne ses fidèles
serviteurs des vertus de son divin Fils et des siennes propres ; et, protégés
par
ce double vêtement, ils conservent
la sainte persévérance.
Aussi saint Philippe de Nérie
ne se laissait pas de répéter à ses pénitents
: " Mes enfants, si vous désirez la
persévérance, soyez
dévots à la sainte Vierge. ". Le saint frère Jean
Berchmans, de la Compagnie de
Jésus, disait pareillement
: " Celui qui aime Marie, aura la persévérance ". Ici vient
à propos la belle
réflexion de Rupert sur la
parabole de l'Enfant prodigue. Si ce jeune étourdi eût eu
encore sa mère, dit-il,
ou bien il n'aurait jamais quitté
la maison paternelle, ou bien il y serait revenu beaucoup plus tôt.
La
pensée du pieux abbé
est qu'un enfant de Marie ne s'éloigne jamais de Dieu, ou du moins
ne tarde pas à
être ramené par elle,
si par malheur il vient à s'en éloigner.
Ah ! si tous les hommes aimaient
cette Reine pleine de clémence et de tendresse, et si, dans les
tentations,
ils avaient toujours et aussitôt
recours à elle, en verrait-on jamais faire une chute ? en verrait-on
un seul
se perdre ? Celui-là tombe
et se perd, qui ne recourt point à Marie. On lit au livre de l'Ecclésiastique
: J'ai
marché sur les flots de la
mer ; ces mots, Richard de Saint-Laurent les applique à la Vierge
et les
commente ainsi : Je marche avec
mes serviteurs au milieu des tempêtes qui viennent les assaillir
; je les
environne de ma protection et les
empêche d'être engouffrés dans l'abîme du péché.
Voici un trait raconté par
le père Bernardin de Bustis. Un oiseau avait été dressé
à dire : Ave Maria ; se
voyant poursuivi par un épervier,
il cria : Ave Maria ! et l'épervier tomba mort. - Le Seigneur a
voulu
nous montrer par cet exemple, que,
si un pauvre animal a pu être sauvé en prononçant le
nom de Marie,
à plus forte raison tout
homme échappera-t-il aux mains du démon qui l'attaque, s'il
a soin d'invoquer ce
nom béni. Ainsi, dit saint
Thomas de Villeneuve, lorsque les démons viennent nous tenter, nous
n'avons
qu'à imiter les poussins
effrayés à la vue du mlan : de même qu'ils courent
aussitôt se réfugier sous l'aile
maternelle, allons sans retard,
et sans raisonner avec la tentation, nous mettre en sûreté
sous le manteau
de Marie. Car c'est à vous,
ô notre Reine et notre Mère, continue le même, c'est
à vous de nous défendre
; car, après Dieu, nous n'avons
pas d'autre refuge que vous ; vous êtes notre unique espérance,
la seule
protectrice en qui nous mettons
notre confiance.
Concluons par ces paroles de saint
Bernard : O vous, qui comprenez que, dans le tourbillon de ce siècle,
vous naviguez sur une mer agitée
par la tempête, plutôt que vous ne marchez sur la terre ferme,
voulez-vous ne pas être submergé
par les vents contraires ? gardez-vous de détourner les yeux de
cette
brillante Étoile. Etes-vous
en danger de tomber dans le péché, pressé par de fâcheuses
tentations, ou bien,
dans vos doutes, ne savez-vous que
résoudre ? regardez l'Étoile, pensez que Marie est assez
puissante
pour vous secourir, invoquez-la
sans retard. Que son Nom puissant soit toujours dans votre coeur par la
confiance, et sur vos lèvres
par la fidélité à l'invoquer. En suivant Marie, vous
ne sauriez vous écarter de
la voie du salut ; pourvu que vous
ayez soin de vous recommander à elle, vous ne tomberez point ; si
elle
vous protège, vous n'avez
pas à craindre de vous perdre ; si elle vous guide, vous vous sauverez
sans
peine. En un mot, si Marie vous
prend sous sa défense, vous arriverez certainement au royaume des
Bienheureux.
Faites ainsi et vous vivrez.
EXEMPLE
C'est une histoire célèbre
que celle de sainte Marie d'Égypte, rapportée dans la Vie
des Pères. A l'âge de
douze ans, elle s'enfuit de la maison
paternelle et se rendit à Alexandrie, où sa conduite devint
le scandale
de toute la ville. Après
seize années de désordres, elle alla, courant le monde, jusqu'à
Jérusalem, où l'on
célébrait alors la
fête de la Sainte Croix, et voulut, elle aussi, entrer dans l'Église,
plus par curiosité que
par dévotion ; mais, en arrivant
à la porte, elle se sentit repoussée en arrière par
une force invisible ; elle
essaya une seconde fois d'entrer
et fut encore repoussée ; une troisième et une quatrième
tentative qu'elle
fit, n'eurent pas plus de succès.
S'étant alors retirée dans un coin du parvis, la malheureuse
comprit, à
l'aide d'une lumière céleste,
qu'en punitions de sa mauvaise vie, Dieu la rejetait, et de sa présence
et
même de son temple.
Elle en était là quand,
levant les yeux, elle aperçut pour son bonheur une peinture représentant
la sainte
Vierge ; elle s'adressa à
cette Reine du ciel et lui dit, d'une voix entrecoupée de sanglots
: " O Mère de
Dieu, prenez pitié d'une
pauvre pécheresse. Mes crimes me rendent indigne du moindre de vos
regards, je
le reconnais ; mais vous êtes
le refuge des pécheurs ; pour l'amour de Jésus, votre Fils,
assistez-moi ;
faites que je puisse entrer dans
l'église, car je suis résolue de changer de vie et d'aller
faire pénitence en tel
lieu qu'il vous plaira de m'indiquer
". Une voix qu'elle prit pour celle de la bienheureuse Vierge, lui
répondit au fond du coeur
: " Eh bien ! puisque tu recours à moi, et que tu veux changer de
vie, entre
dans l'église, la porte n'en
sera plus fermée pour toi ". La pécheresse entre, et adore
la Croix avec les
sentiments de la plus vive componction.
Elle retourne ensuite devant l'image de Marie : " Ma Reine,
dit-elle, me voici, prête
à vous obéir ; où voulez-vous que je me retire pour
faire pénitence ? " - Va, lui
répondit la sainte Vierge,
passe le Jourdain, et tu trouveras le lieu de ton repos ". Elle se confessa,
communia, passa le fleuve et arriva
au désert, et comprit que c'était là le lieu de sa
pénitence.
Pendant les dix-sept premières
années que la saint vécut dans la solitude, quels assauts
ne lui livrèrent pas
les démons pour la faire
retomber ! Et que fasait-elle alors ? pas autre chose que de se recommander
à
Marie ; et Marie lui obtint la force
de résister pendant ces dix-sept années ; après quoi,
ses combats
cessèrent. Enfin, après
avoir passé quarante-sept ans dans le désert, et se trouvent
parvenue à la
soixante-dix-septième année
de son âge, elle fut découverte par l'abbé Zozime,
que la Providence conduit
en ce lieu. Elle lui raconta toute
sa vie, et le pria de revenir l'année suivante pour lui apporter
la sainte
communion. L'abbé revint
selon son désir, et la communia. Ensuite, la sainte lui renouvela
sa prière de la
visiter encore une fois. Zozime
le fit, et il la trouva morte. Son corps était environné
de lumière, et près
de sa tête étaient
tracés ces mots : " Ensevelissez ici le corps d'une misérable
pécheresse que je suis, et
priez Dieu pour moi ". Le saint
abbé la descendit dans une fosse qu'un lion vint creuser ; et, de
retour au
monastère, il racomta les
merveilles de la divine miséricorde envers cette heureuse pénitente.
PRIÈRE
O Vierge sainte, Mère de miséricorde
! voici à vos pieds le perfide qui, payant d'ingratitude les grâces
qu'il a reçues de Dieu par
votre intercession, a trahi Dieu et vous. Mais sachez-le, ô douce
Reine !
loin de diminuer ma confiance en
vous, ma misère ne fait que l'augmenter ; car je vois qu'elle redouble
votre compassion envers moi. Faites
connaître, ô Marie, que, pour moi comme pour tous ceux qui
vous
invoquent, vous êtes pleine
de bonté et de miséricorde. Je ne réclame de vous
qu'un regard de
compassion : si votre coeur a compassion
de moi, il ne saura refuser de me protéger ; et, si vous me
protégez, qu'ai-je à
craindre ? Non, je ne craindrai rien : je ne craindrai pas mes péchés,
puisque vous
pouvez réparer le mal que
j'ai fait ; je ne craindrai pas les démons, puisque vous êtes
plus puissante
que l'enfer ; je ne craindrai même
pas la juste indignation de votre divin Fils, puisqu'une seule de vos
paroles suffit pour l'apaiser.
Je me trompe, il me reste une crainte
: je pourrais, au moment de la tentation, faire la faute de ne pas
recourir à vous, et ce serait
ma perte. Mais je suis résolu de ne jamais cesser de me recommander
à
vous, je vous en fais aujourd'hui
la promesse, aidez-moi à la tenir. Voyez quelle belle occasion pour
vous de contenter votre coeur en
faisant le bonheur d'un misérable tel que je suis. O Mère
de Dieu, j'ai
une grande confiance en vous. J'attends
de vous la grâce de pleurer mes péchés comme je le
dois, et la
force de n'y plus retomber : si
je suis malade, vous pouvez me guérir ; si mes fautes m'ont rendu
faible,
votre secours me rendra fort. J'espère
tout de vous, ô Marie, parce que vous pouvez tout auprès de
Dieu. Amen.
III Marie est notre douceur : elle rend la mort douce à ses serviteurs.
L'ami sincère aime en tout
temps ; et le frère se connaît dans l'affliction. Les vrais
amis et les vrais
parents ne sont pas bien connus
dans les temps de prospérité, mais seulement dans la détresse
et la
misère. Les partisans du
monde restent attachés à un ami tant que la fortune lui sourit
; mais qu'il vienne
à essuyer quelque disgrâce,
que surtout la mort approche, et aussitôt les amis de s'éloigner.
Marie n'agit
pas ainsi avec ceux qui lui sont
dévoués : bonne Maîtresse et bonne Mère, elle
ne saurait abandonner ses
fidèles serviteurs dans leurs
tribulations, surtout dans les angoisses de la mort, qui sont les plus
terribles
qu'on puisse éprouver ici-bas
; et, après avoir été notre Vie durant tout le temps
de cet exil, elle devient
notre Douceur au terme de ntore
carrière, en nous ménageant une mort douce et heureuse.
En effet, depuis le jour mémorable
où elle eut à la fois le bonheur et la douleur d'être
présente à la mort
de Jésus-Christ, son Fils,
qui est le Chef des prédestinés, Marie est en possession
du privilège d'assister
tous les prédestinés
à l'heure de la mor. C'est pourquoi l'Église nous fait prier
cette bienheureuse Vierge
de venir à notre secours
principalement à nos derniers moments : Priez pour nous, pécheurs,
maintenant
et à l'heure de notre mort.
Bien cruelles sont les angoisses
des pauvres mourants ! remords des péchés commis, incertitude
du salut,
tout est pour les tourmenter. En
ce moment où l'âme va passer à l'éternité,
l'enfer fait appel plus que
jamais à toutes ses armes
; il met en jeu toutes ses forces pour s'en rendre maître ; il sait
qu'il lui reste peu
de temps pour la gagner, et que,
s'il la perd alors, c'est pour toujours : Le diable descend vers vous plein
d'une grande fureur, sachant qu'il
n'a plus qu'un peu de temps. Alors, le démon qui la tentait
ordinairement pendant sa vie, ne
vient pas seul l'attaquer, mais il en appelle d'autres à son aide,
et la
maison se remplit d'esprits invernaux
qui unissent leurs efforts pour la perdre : Leur demeure se remplira
de dragons.
On raconte de saint André
d'Avellin, qu'au temps de sa mort, dix mille démons vinrent le tenter
; ils lui
livrère surtout de rudes
assauts quand il fut à l'agonie ; tous les religieux présents
étaient épouvantés du
spectacle qui s'offrait à
leurs regards. Le visage du sain se gonflait jusqu'à paraître
tout noir par l'effet de
son agitation intérieure
; il tremblait de tous ses membres et se débattait étrangement
; de ses yeux
sortaient deux torrents de larmes,
sa tête était en proie à des secousses violentes :
autant d'indices de
l'horrible combat qu'il soutenait
contre l'enfer. Tous les assistants, émus jusqu'aux larmes, redoublaient
de
prières et tremblaient de
crainte, en voyant un saint mourir de la sorte. On se consolait toutefois,
en le
voyant tourner souvent les yeux
vers une pieuse image de Marie, comme pour réclamer son secours
; et
on se souvenait de lui avoir entendu
dire bien des fois, dans le courant de sa vie, que la sainte Vierge
serait son refuge à l'heure
de sa mort.
Il plut enfin au Seigneur de mettre
fin à ce combat par une glorieuse victoire : les convulsions cessèrent,
le
visage désenflé reprit
sa première couleur, et on vit le saint, tenant les yeux tranquillement
fixés sur
l'image, faire une dévote
inclination comme pour remercier Marie, laquelle, pense-t-on, se faisait
voir à lui
; après cela, il remit paisiblement
son âme bénie entre les mains de la divine Mère, et
ses traits prirent une
expression de paix céleste.
En ce moment-là même, une religieuse capucine à l'agonie,
se tourna vers les
soeurs qui l'assistaient, et leur
dit : " Récitez l' Ave Maria ; car un saint vient de mourir ".
A l'aspect de la Reine, les rebelles
prennent la fuite. Si, à l'heure de la mort, nous avons Marie de
notre
côté, que pourrons-nous
craindre de la part de tous nos ennemis infernaux ? Dans les craintes que
lui
inspirait la pensée de cette
lutte suprême, David reprenait courage en s'appuyant sur le sacrifice
du
Rédempteur futur et sur l'intercession
de la Vierge Marie ; Alors même, disait-il que je marcherais au
sein des ombres de la mort, je ne
craindrais rien... votre verge et votre bâton me rassurent. Par le
mot
bâton, le cardinal Hughes
entend ici la croix du Sauveur : et, par le mot verge, notre Médiatrice
Marie,
qui fut prédite en ces termes
par Isaïe : Il sortira une verge de la racine de Jessé, et
une fleur s'élèvera
de sa racine. Vierge puissante,
dit saint Pierre Damien, par elle sont réprimées toutes les
violences des
esprits infernaux. Courage donc,
s'écrie saint Antonin ; car, " si Marie est vec nous, qui osera
nous
attaquer "?
Quand le père Mauel Padial,
jésuite, était près de mourir, Marie lui apparut,
et lui adressa ces consolantes
paroles : " Voici enfin le moment
où les anges vont te féliciter et te dire : O heureux travaux
! O
mortifiction bien récompensées
" ! On vit ensuite une troupe de démons qui fuyaient, en criant
avec
désespoir : " Hélas
! nouve ne pouvons rien ; celle qui est sans tache, le protège "
! Le Père Gaspard
Hayewood fut assailli par les démons
à ses derniers moments et violemment tenté contre la foi
; il se
recommanda aussitôt à
la sainte Vierge, et on l'entendit ensuite s'écrier : " Je vous
rends grâces, ô Marie,
d'être venue à mon
secours " !
Selon saint Bonaventure, quand un
serviteur de Marie est sur le point de mourir, elle lui envoie saint
Michel et tous les anges dont il
est le chef, afin qu'ils le défendent contre les attaques des démons
; elle les
charge de recevoir les âmes
de tous ceux qui ont eu l'heureuse habitude d'implorer avec ferveur sa
maternelle protection.
Lorsqu'une âme va sortir de
ce monde, l'enfer s'émeut, dit Isaïe, et il envoie les plus
terribles d'entre les
démons la tenter avant qu'elle
quitte son corps, et l'accuser au tribunal de Jésus-Christ, quand
elle s'y
présentera : L'enfer s'est
mis en mouvement à ton arrivée ; il suscitera contre toi
des géants. Mais, si
cette âme est défendue
par Marie, les démons n'oseront entreprendre de l'accuser, assure
Richard ; ils
savent trop bien que le divin Juge
n'a jamais condamné et ne condamnera jamais une âme protégée
par
son auguste Mère.
Dans son épître à
sainte Eustochie, saint Jérôme enseigne que, non contente
de secourir ses chers
serviteurs au moment de leur mort,
Marie vient encore à leur rencontre quand ils passent à l'autre
vie, les
encourage par sa douce présence,
et les accompagne au tribunal suprême : " Quel jour que celui où
Marie, Mère du Seigneur,
viendra au devant de vous, suivie du choeur des vierges " ! et cela est
conforme à ce que la bienheureuse
Vierge a dit elle-même à sainte Brigitte, touchant ses serviteurs
à leurs
derniers moments : " Moi, leur Maîtresse
bien-aimée et leur Mère, j'irai à leur rencontre quand
ils seront
pour mourir, afin que, dans la mort
même, ils trouvent consolation et soulagement ".
Saint Vincent Ferrier ajoute qu'elle
reçoit leurs âmes. Oui, cette Reine pleine de tendresse les
reçoit en
quelque sorte dans les plis de son
manteau, et les présente elle-même à leur Juge, qui
est son Fils ; et ainsi
elle leur obtient infailliblement
la grâce du salut. Tel fut, par exemple, le bonheur de Charles, fils
de sainte
Brigitte : comme il était
mort dans le périlleux métier des armes et loin de sa mère,
la sainte craignait pour
son salut, mais la bienheureuse
Vierge lui révéla que Charles était sauvé ,
grâce à son amour pour elle.
Elle-même, ajouta-t-elle,
l'avait assisté dans ses derniers moments, et lui avait suggéré
les actes que tout
chrétien doit faire en cette
circonstance. Sainte Brigitte vit en même temps Jésus-Christ
sur un trône, et le
démon qui portait deux accusations
contre la divine Mère. En premier lieu, disait-il, elle m'a empêché
de
tenter Charles au moment de sa mort
; en second lie, elle a présenté elle-même au jugement
l'âme de ce
soldat, et l'a ainsi sauvée,
sans même me permettre d'exposer les droits que je prétends
avoir sur cette
âme. La sainte vit ensuite
le démon reoussé par le divin Juge, et l'âme de Charles
porté au ciel.
Oh ! quel bonheur pour vous, mon
cher frère, si à la mort, vous vous trouvez attaché
à la Mère de Dieu
par les douces chaîne de l'amour
! Ses chaînes sont des chaînes de salut, c'est-à-dire
qu'elles vous
assurent le salut éternel.
Elles vous feront goûter à la mort une heureuse paix, qui
sera pour vous le
commencement d'un repos et d'un
bonheur sans fin. - Le Père Binet rapporte qu'un pieux serviteur
de
Marie disait en mourant : " Si vous
saviez quel contentement on sent en son âme, au moment de la mort,
d'avoir essayé de bien servir
la très sainte Mère de Dieu durant le cours de sa vie, vous
en seriez étonné
et consolé ; je ne saurai
dire la joie que je ressens en mon coeur à l'heure que vous me voyez
". - Ainsi
mourut également le Père
Suarez, si dévot envers la sainte Vierge qu'il aurait donné
toute sa science,
disait-il, pour le mérite
d'un seul Ave Maria ; il déclara au moment d'expirer, qu'avant d'en
avoir fait
l'expérienve, il ne se serait
jamais imaginé que la mort pût être si douce.
Tel sera sans doute aussi votre contentement,
pieux lecteur, telle sera votre joie au moment de la mort, si
vous pouvez vous rendre alors le
témoignange d'avoir aimé cette bonne Mère, toujours
fidèle à
récompenser ceux de ses enfants
qui ont été fidèles à la servir et à
l'honorer par des visites, par la
récitation du rosaire, par
des jeûnes, et surtout à la remercier, à la louer,
et à implorer souvent sa
puissante protection. Vous ne serez
même pas privé de cette consolation pour avoir vécu
un temps dans
le péché, si désormais
vous tâchez de vous bien conduire et de servir fidèlement
cette Reine si clémente
et si généreuse ;
dans les angoisses de votre dernière heure, et dans les tentations
par où le démon
cherchera à vous jeter dans
le désespoir, elle vous fortifiera et portera la bonté jusqu'à
venir elle-même
vous assister au moment de votre
mort.
Saint Pierre Damien raconte qu'un
jour son frère Martin, ayant eu le malheur d'offenser Dieu, se rendit
devant un autel de Marie pour se
consacrer à elle en qualité d'esclave ; en signe de quoi,
il se passa sa
ceinture autour du cou, et parla
ainsi : " O ma Souveraine, Miroir de pureté ! je suis un pauvre
pécheur,
j'ai offensé mon Dieu et
vous, en blessant la chasteté ; je ne puis mieux réparer
ma faute qu'en m'offrant
à vous pour esclave ; me
voici donc à vos pieds, recevez-moi, tout rebelle que je suis, ne
me rejetez pas
". Ensuite, il déposa sur
le marchepied de l'autel une certaine somme d'argent, qu'il promit de payer
chaque année comme esclave
tributaire de Marie. Quand il fut près de mourir, on l'entendit
un matin qui
s'écriait : " Levez-vous
; saluez ma Souveraine " ! Puis, il ajouta : " O Reine du ciel ! quelle
est votre
bonté de daigner visiter
ce pauvre serviteur ! De grâce, bénissez-moi, ma Souveraine,
et ne permettez pas
que je me perde, après que
vous m'avez honoré de votre présence ". Pierre étant
alors arrivé, Martin lui
raconta comment la sainte Vierge
l'avait visité et béni, se plaignant de ce que les assistants
ne s'étaient pas
levés en présence
de la Mère de Dieu. Peu après, il passa doucement dans le
sein du Seigneur.
Oui, mon cher lecteur, telle aussi
sera votre mort, si vous êtes fidèles à Marie ; eussiez-vous
d'ailleurs
offensé Dieu dans le passé,
elle ne laissera pas de faire que votre fin soit douce et heureuse. Et
si alors,
une crainte excessive au souvenir
de vos péchés d'autrefois, ébranle votre confiance,
elle viendra
elle-même soutenir votre courage.
Ainsi fit-elle pour Adolphe, comte d'Alsace, dont l'histoire se lit aux
chroniques des Frères Mineurs.
Ce prince avait renoncé au monde pour entre dans l'ordre de Saint
François, et s'y était
distingué par sa dévotion à la Mère de Dieu.
Sur la fin de ses jours, il se remit devant
les yeux la vie qu'il avait menée
dans le siècle et la rigueur des divins jugements ; ces pensées
lui
inspirèrent des doutes touchant
son salut et une vive crainte de la mort. Mais, quand les pieux serviteurs
de Marie sont dans la peine, elle
ne dort pas. Escortée d'une multitude de saints, elle se présenta
tout à
coup au mourant , et le rassura
par ses tendres paroles : Mon cher Adolphe, tu m'appartiens, tu t'es donné
à moi, et tu redoutes la
mort ? - A ces mots le serviteur de Marie se sentit entièrement
consolé, toutes ses
craintes s'évanouirent, et
il mourut au sein d'une paix profonde et d'un doux consentement.
Ayons bon courage, nous aussi, bien
que pécheurs ; et si, pendant le reste de notre pélerinage
ici-bas,
nous servons Marie avec amour, espérons
qu'elle viendra nous secourir dans les angoisses de notre mort,
et nous consoler par sa présence.
Notre bonne Reine en fit la promesse, un jour qu'elle s'entretenait avec
sainte Mechtilde : " Tous ceux,
lui dit-elle, qui me servent pieusement, peuvent compter qu'à leur
heure
dernière, je me ferai un
devoir de me tenir à leurs côtés, comme la plus tendre
des mères pour les
consoler et les défendre
". O Dieu ! à ce moment où nous attendrons la décision
de notre éternel sort,
quelle joie pour nous, de voir auprès
de nous la Reine du ciel qui nous assistera et relèvera notre
confiance, en nous assurant de sa
protection !
C'est là une faveut dont on
voit dans les livres une multitude innombrable d'exemples, outre ceux que
nous avons déjà cités.
Elle fut accordée à sainte Claire, à saint Félix
de Cantalice, à sainte Claire de
Montefalco, à sainte Thérèse,
à saint Pierre d'Alcantara. Mais, pour notre commune consolation,
nous en
relaterons quelques autres encores.
Au rapport du Père Crassetm sainte Marie d'Oignies vit un jour la
bienheureuse Vierge au chevet d'une
pieuse veuve de Willembroc ; elle se tenait tout à côté
de la malade ;
et, comme celle-ci était
en proie aux brûlantes ardeurs de la fièvre, elle la consolait
et la rafraîchissait à
l'aide d'un éventail. Saint
Jean de Dieu allait mourir et attendait la visite de Marie, à laquelle
il était très
dévot ; mais, ne la voyant
point paraître, il en était tout triste, et peut-être
même s'en plaignait-il. Tout à
coup, le moment suprême arrivé,
la divine Mère lui apparut, et, comme pour lui reprocher son peu
de
confiance, elle lui adressa ces
tendres paroles, qui doivent remplir de courage tous ses serviteurs : "
Cette
heure est celle où jamais
je ne délaisse mes serviteurs dévoués ". C'est comme
si elle eût dit : Mon cher
Jean, que pensais-tu ? que je t'avais
abandonné ? Ne sais-tu donc pas que je ne saurais abandonner mes
serviteurs à l'heure de la
mort ? Je ne suis pas accourue plus tôt parce que le temps n'était
pas encore
venu ; maintenant qu'il est arrivé,
me voici prête à te prendre avec moi ; allons en paradis.
- Peu après, le
saint expira, et son âme s'envola
vers les cieux, pour y remercier à jamais sa très aimante
Reine.
Terminons cet entretien, par l'exemple
suivant, qui montre jusqu'où va la tendresse de cette bonne Mère
envers ses enfants, lorsqu'ils se
trouvent au lit de la mort.
EXEMPLE
Un curé avait été
appelé auprès d'un homme riche qui allait mourir. Il le trouva
dans une maison bien
meublée, entouré des
soins de ses domestiques, de ses parents et des amis ; mais il vit en même
temps les
démons sous forme de chiens,
qui attendaient sa mort pour s'emparer de son âme ; et ils l'eurent
en effet,
car ce malheureux mourut dans le
péché. Or, pendant que le curé était là
occupé, on vint le demander de
la part d'une pauvre femme, proche,
elle aussi de sa fin, et qui désirait recevoir les Sacrements. Le
curé
ne pouvait abandonner ce riche dans
un moment si critique ; il envoya à sa place un autre prêtre,
qui prit
le saint ciboire et partit.
Arrivé au logis de cette bonne
femme, le prêtre ne vit ni domestique, ni compagnie, ni meubles précieux,
parce que la malade était
pauvre et n'avait guère pour lit qu'un peu de paille ; mais que
voit-il ? dans la
chambre, une grande lumière,
et, près du lit de la mourante, la Mère de Dieu, qui la consolait,
et essuyait
avec un linge son front couvert
des sueurs de l'agonie. A la vue de la sainte Vierge, le prêtre n'osait
approcher ; mais, sur un signe qu'elle
lui fit, il entra, et Marie, lui indiquant un escabeau, l'invita à
s'asseoir pour entendre la confession
de sa servante. Celle-ci se confessa, et, après avoir communié
avec
beaucoup de dévotion, elle
expira heureusement entre les bras de Marie.
PRIÈRE
O ma très douce Mère,
quelle sera la mort d'un pauvre pécheur tel que moi ? Dès
à présent, quand je
pense au moment redoutable où
je devrai quitter cette vie et comparaître au tribunal de Dieu, et
qu'en
même temps je me rappelle
avoir tant de fois écrit moi-même, par des actes pervers,
la sentence de ma
condamnation, je tremble, je demeure
confondu, et je crains beaucoup pour mon salut éternel. O
Marie, c'est dans le sang de Jésus
et dans votre intercession que sont mes espérances. Vous êtes
la
Reine du ciel, la Maîtresse
de l'univers ; vous êtes, c'est tout dire, la Mère de Dieu
! Vous êtes donc
bien grande ! Mais votre grandeur
ne vous éloigne pas de nous, au contraire, elle vous dispose à
une
plus vive compassion pour nos misères.
Les amis d'ici-bas ne se voient pas
plus tôt revêtus de quelque dignité, qu'ils se tiennent
sur la réserve
; ils ne daignent même plus
accorder un regard à un ancien ami victime des revers dela fortune.
Votre
noble et tendre coeur n'est pas
ainsi fait : où vous voyez plus de misère, c'est là
surtout que vous portez
votre assistance ; à peine
invoquée, vous volez aussitôt à notre secours ; vos
faveurs préviennent même
nos prières ; vous nous consolez
dans nos affections, vous dissipez les tempêtes, vous terrassez nos
ennemis ; en un mot, vous ne laissez
échapper aucune occasion de nous faire du bien. Bénie soit
à
jamais la divine Bonté, qui
a réuni en vous tant de majesté et tant de tendresse, tant
d'élévation et tant
de charité ! J'en remercie
sans cesse le Seigneur, et je m'en félicite moi-même, parce
que je mets tout
mon bonheur dans le vôtre.
O consolatrice des affligés,
consolez un affligé qui se recommande à vous ; je me sens
tourmenté par
les remords d'une conscience chargée
d'innombrables péchés ; j'ignore si je les ai pleurés
comme je
devais ; je vois toutes mes oeuvres
pleine d'imperfections et de souillures ; l'enfer attend ma mort pour
m'accuser ; la divine justice outragée
veut être satisfaite. Ma Mère qu'en sera-t-il de moi ? Si
vous ne
venez à mon aide, je suis
perdu. Dites-moi : voulez-vous me secourir ?
O Vierge compatissante, consolez-moi
; obtenez-moi une vraie douleur de mes péchés ; obtenez-moi
la
force de me corriger et d'être
fidèle à Dieu le reste de mes jours. Et, quand je me trouverai
dans les
extrêmes angoisses de la mort,
ô Marie, mon espérance, ne m'abandonnez pas. Assistez-moi
plus que
jamais à cette heure, et
soutenez-moi, afin que je ne tombe pas dans le désespoir à
la vue de mes
fautes, que le démon me remettra
sous les yeux.
Ma Reine, pardonnez ma témérité
; venez vous-même alors me consoler par votre présence. Cette
grâce, vous l'avez faite à
tant d'autres ; je la réclame aussi pour moi. Si ma témérité
est grande, plus
grande encore est votre bonté,
qui va chercher les plus misérables pour les consoler ; c'est là
ce qui
fait ma confiance. Que votre gloire
éternelle soit d'avoir sauvé de l'enfer un malheureux damné,
et de
l'avoir conduit dans votre royaume,
où j'espère avoir un jour le bonheur de me tenir à
vos pieds pour
vous rendre grâces, vous bénir
et vous aimer, sans cesse et sans fin. O Marie ! je vous attends, ne me
privez pas cette consolation ! Fiat,
fiat ! Amen, amen !
suite
des Gloires
de Marie de Saint Alphonse-Marie de Liguori