CHAPITRE IV
Ad te clamamus, exules filii Evae
Enfants d'Ève, pauvres exilés, nous cirons vers vous.
MARIE, NOTRE SECOURS
I
Combien Marie est prompte à secourir ceux qui l'invoquent
Pauvres enfants de la malheureuse
Ève, et, comme tels, coupable aux yeux de Dieu de la même
faute et
condamnés à la même
peine, nous errons çà et là dans cette vallée
de larmes, exilés de notre patrie,
gémissant sous le poids de
maux innombrables qui nous affligent dans le corps et dans l'âme
! Mais, au
milieu de ces peines, heureux celui
qui tourne souvent ses regards vers la Consolatrice du monde, le
Refuge des misérables, l'auguste
Mère de Dieuu, et l'invoque et la prie avec ferveur ! Heureux, dit
Marie,
celui qui écoute mes conseils,
et qui veille continuellement aux portes de ma miséricorde, pour
invoquer mon intercession et mon
secours !
La sainte Église, notre Mère,
nous enseigne clairement, par le culte spécial qu'elle lui voue,
avec quel
empressement et quelle confiance
nous devons recourir sans cesse à cette bienveillante Protectrice
: elle
célèbre dans le courant
de l'année un grand nombre de fêtes en l'honneur de Marie
; elle consacre
spécialement à son
service un jour chaque semaine ; elle veut que, chaque jour, dans l'office
divin, les
ecclésiastiques et les religieux
l'invoquent au nom de tout le peuple chrétien ; trois fois le jou,
au son des
cloches, elle invite les fidèles
à la saluer. Au surplus, comment douter de l'intention de l'Église
à cet égard,
quand on la voit, dans toutes les
calamités publiques, s'adresser à la Mère de Dieu
et ne négliger, pour se
la rendre favorable, aucune des
pratiques pieuses, telles que neuvaines, prières spéciales,
processions,
vistes de ses églises ou
de ses images ? Et, remarquons-le bien, si Marie désire être
invoquée et priée ainsi
pour nous en toute occurence, ce
n'est pas qu'elle mendie nos hommages, toujours fort au-dessous de son
mérite, mais elle veut que,
par des progrès toujours nouveaux en confiance et en dévotion
envers elle,
nous méritions de sa part
une plus grande abondance de secours et de consolations. Ainsi l'entendait
saint
Bonaventure : " Marie cherche, dit-il,
des âmes qui recourent à elle avec de vifs sentiments de respect
et
d'amour ; car ce sont celles-là
qu'elle chérit, qu'elle nourrit, qu'elle embrasse comme ses enfants.
"
Selon la pensée du même
Docteur, Marie fut préfigurée par Ruth, dont le nom signifie
" celle qui voit et
qui se hâte " ; car, quand
Marie nous voit dans la tribulation, elle en est touchée et se hâte
de nous venir
en aide. Dans son désir de
nous favoriser, ajoute Novarin, elle ne peut souffrir de retard ; et, loin
de
retenir ses grâces d'une main
avare, cette Mère de miséricorde n'a rien de plus pressé
que de répandre sur
ses serviteurs les trésors
de munificience."
Oh ! comme cette bonne Mère
est prompte à secourir quiconque l'invoque ! En expliquant un passage
des
Cantiques, Richard de Saint-Laurent
fait cette remarque : " Le coeur maternel de Marie n'est pas moins
prompt à donner le lait de
la miséricorde à ceux qui le demandent, que les jeunes chevreuils
ne le sont à
bondir ; un simple Ave Maria suffit,
assure-t-il, pour faire jaillir à flots ce lait bienfaisant. " Et,
selon
Novarin, la bienheureuse Vierge
ne se contente pas de courir, elle vole au secours de ceux qui l'invoquent.
Dans l'exercice de la miséricorde,
dit-il, elle ne peut manquer d'imiter le Seigneur : fidèle à
la promesse
qu'il nous a faite en ces termes
: Demandez et vous recevrez, Dieu semble prendre des ailes quand il s'agit
d'aller tirer de la peine une âme
qui l'appelle à son aide ; ainsi fait aussi Marie quand nous la
prions ; elle
ne sait nous différer son
assistance. Par là, on comprend quelle est cette femme dont il est
dit dans
l'Apocalypse : Il fut donné
à la femme deux grandes ailes pareilles à celle de l'aigle.
Par ces ailes,
Ribeira entend celles de l'amour,
à l'aide desquelles Marie s'élevait sans cesse vers Dieu.
Mais le
bienheureux Amédée
donne une explication plus conforme à notre sujet ; pour lui, ces
ailes d'aigle
marquent la promptitude de Marie
à secourir ses enfants. Les séraphins eux-mêmes, ajoute-til,
ne
sauraient égaler la rapidité
de son vol.
Tout ceci est confirmé par
un passage de l'Évangile. Quand Marie alla visiter Élisabeth
et combler de
grâces toute cette heureuse
famille, elle ne marcha pas avec lenteur, mais selon la remarque de saint
Luc,
elle fit grande diligence pendant
tout le trajet ; ce qui n'est pas dit de son retour. Pourquoi, dans les
sacrés
Cantiques, est-il dit des mains
de Marie qu'elles semblaient faites au tour ? " L'art du tour, répond
Richard est de tous le plus prompt
et le plus expéditif ; et Marie est plus prompte qu'aucun autre
saint à
tendre une main secourable à
ses dévots". Ineffable est son désir de consoler tout le
monde, ajoute Louis
de Blois ; aussi elle n'a pas sitôt
entendu une voix suppliante s'élever vers elle, qu'elle y prête
une oreille
favorable et l'exauce. Qu'il avait
donc raison saint Bonaventure, quand, s'adressant à Marie, il s'écriait
: "
O toi, le salut de ceux qui t'invoquent
" ! Par là il donnait à entendre qu'il suffit pour être
sauvé
d'invoquer cette divine Mère,
toujours prête, assure Richard de Saint-Laurent, à secourir
quiconque la
prie. Et nous ne devons point nous
en étonner, puisque, selon Bernardin de Bustis, cette grande Reine
ressent un plus vif désir
de nous accorder des grâces, que nous de les recevoir.
La multitude même de nos péchés
ne doit pas diminuer en nous la confiance d'être exaucés de
Marie,
quand nous irons nous jeter à
ses pieds : elle est Mère de miséricorde ; or, la miséricorde
resterait sans
emploi, si elle ne trouvait des
misères à soulager. Une bonne mère qui verrait son
enfant infecté de la
lèpre, ne saurait lui refuser
ses soins, bien qu'il lui en coûtât beaucoup de peines et de
dégoûts ; et, quand
nous réclamons les soins
de Marie, elle ne saurait nous repousser, si grande que soit l'infection
de péchés
dont nous sollicitons la guérison
; elle n'a pas oublié, ajoute Richard, que c'est en faveur des pécheurs
qu'elle est devenue la Mère
d'un Dieu qui est la miséricorde en personne. Et tel est précisément
le sens
d'une vision dont fut favorisée
sainte Gertrude : elle voyait la glorieuse Vierge ouvrant son manteau
comme pour donner asile à
tous ceux qui voulaient se réfugier auprès d'elle. La sainte
comprit en même
temps que les anges sont attentifs
à défendre les pieux serviteurs de leur Reine contre les
attaques de
l'enfer.
Au reste, la tendresse vraiment maternelle
de Marie à notre égard et sa compassion pour nos maux vont
si
loin, qu'elle n'attend pas nos prières
pour nous secourir : Elle prévient ceux qui la désirent et
se présente
à eux la première.
Ces paroles de la Sagesse lui sont appliquées par saint Anselme
: Sur un simple désir
de notre part, dit-il, Marie nous
accorde sa protection ; ce qui veut dire qu'elle nous obtient de Dieu
beaucoup de grâces avant que
nous l'ayons priée. C'est pourquoi, selon Richard de Saint-Victor,
le Sage
la compare à la lune. Ce
bel astre l'emporte sur les autres en rapidité, et, nous l'avons
dit, rien n'égale la
promptitude de Marie à nous
secourir. Mais de plus, elle ne se montre pas telle seulement quand nous
l'invoquons : elle pousse le zèle
de notre bien jusqu'à prévenir nos prières quand elle
nous voit dans le
besoin ; et nous sommes moins prompt
à implorer son appui, qu'elle à nous le prêter. Écoutons
la
touchante raison qu'en donne cet
auteur : " Le Seigneur, ô Marie, a tellement rempli de tendresse
votre
sein maternel, que la simple connaissance
de notre misère en fait couler le lait de la miséricorde
; et vous
ne sauriez, ô douce Reine,
être témoin des besoins d'une âme, sans lui venir aussitôt
en aide."
Mais déjà pendant sa
vie terreste, Marie donnait des marques de cette grande bonté qui
la porte à
compatir à nos peines et
à les adoucir, alors même que nous ne la prions pas : à
preuve ce que, selon saint
Jean, elle fit aux noces de Cana.
Voyant le cruel embarras des deux époux, désolés et
confus de ce que le
vin allait manquer à la table
du banquet, cette tendre Mère n'attendit point qu'on eut recours
à elle ; mais,
cédant à la seule
inclination de son coeur, incapable de voir l'affliction d'autrui sans
la partager, elle vint
prier son divin Fils de consoler
ses hôtes ; et, lui exposant simplement le besoin dans lequel ceux-ci
se
voyaient : Ils n'ont plus de vin,
lui dit-elle. Et Jésus, désireux de tirer cette famille de
la peine, désireux
surtout de contenter le coeur compatissant
de sa Mère, Jésus, disons-nous, opéra le miracle que
tout le
monde connaît : il changea
en vin l'eau dont on avait rempli six grandes urnes. Sur quoi Novarin raisonne
ainsi : Si Marie, même sans
être priée, se montre si empressée à secourir
les affligés, combien plus le
sera-t-elle à consoler ceux
qui l'invoquent et qui réclament son assistance.
Et si quelqu'un craignait de voir
sa prière par Marie, Innocent III le reprendrait de sa défiance
en ces
termes : " Et qui donc invoqua jamais
cette douce Souveraine sans être exaucé ? "
Que celui-là écoute
le bienheureux Eutychien, lequel s'écrie pareillement : O glorieuse
Vierge, qui a jamais
imploré votre protection
assez puissante pour soulager tous les malheureux et sauver les pécheurs
les plus
désespérés,
et s'est vu abandonné de vous ? Cela n'est jamais arrivé,
et n'arrivera jamais.
Qu'il écoute saint Bernard
: " Je le veux bien, ô Vierge sainte, dit le saint Docteur ; que
celui-là ne parle
plus de votre miséricorde,
n'en fasse plus l'éloge, qui vous aurait invoquée dans ses
besoins, et se
souviendrait d'avoir été
délaissé par vous ".
" On verra le ciel et la terre tomber
en ruines, ajoute Louis de Blois, avant que Marie refuse son secours à
une âme qui le lui demande
avec une intention droite et en plaçant son espoir en elle. "
Saint Anselme ajoute encore à
tous ces motifs de confiance : Non seulement nous devons compter sur la
protection de la divine Mère
quand nous nous recommandons à elle, dit-il, mais parfois nous serons
plus
vite exaucés et sauvés
en invoquant le saint nom de Marie, qu'en invoquant le saint nom de Jésus,
notre
Sauveur. " La raison en est, ajoute-t-il,
que le Fils est notre Seigneur et notre juge... ; mais quand nous
invoquons le nom de la Mère,
si nous ne méritons pas d'être exaucés, les mérites
de la Mère interviennent
en notre faveur et nous font exaucer
". C'est-à-dire : si nous parvenons plus vite au salut en priant
la Mère
qu'en priant le Fils, ce n'est pas
que Maria ait plus de pouvoir que son divin Fils pour nous sauver ; nous
savons, en effet, que Jésus-Christ
est notre unique Sauveur, que lui seul, par ses mérites, nous a
obtenu
et nous obtient le salut ; mais,
en recourant à Jésus-Christ, nous voyons en lui non seulement
notre
Sauveur, mais encore notre Juge,
à qui revient de punir les ingrats ; et il peut nous arriver ainsi
de
manquer de la confiance requise
pour être exaucé.
Il n'en est pas de même quand
nous nous adressons à Marie, dont l'unique office est de compatir
à nos
peines comme Mère de miséricorde,
et de nous défendre comme notre Avocate : notre confiance alors
est
plus ferme, ce semble, et plus entière.
Nicéphore nous donne de ceci une autre raison non moins solide :
On demande beaucoup de choses à
Dieu, et on ne les obtient pas, nous dit-il ; on les demande à Marie
et
on les obtient ; comment cela se
fait-il ? ce n'est pas que Marie soit plus puissante que Dieu, mais c'est
que Dieu a voulu honorer ainsi sa
Mère.
Elle est bien consolante, la promesse
que sainte Brigitte recueillit à ce sujet de la bouche du Seigneur
lui-même. On lit dans ses
Révélations, qu'elle entendit un jour Jésus qui parlait
ainsi à sa Mère : Ma
Mère, demandez-moi tout ce
que vous voudrez ; je ne rejetterai jamais aucune de vos requêtes.
Sachez
en outre, ajoute-t-il, que tous
ceux qui solliciteron de moi quelque grâce, en me priant de la leur
accorder
par l'amour de vous, je promets
de les exaucer, fussent-ils pécheurs, pourvu qu'ils aient la volonté
de
s'amender. - La même chose
fut révélée à sainte Gertrude. Elle entendit
notre fin Rédempteur dire à
Marie que, dans sa toute-puissance,
il lui avait accordé d'user de miséricorde envers les pécheurs
qui
l'invoqueraient, et de le faire
en la manière qui lui plairait davantage.
Que chacun donc, en invoquant cette
Mère de miséricorde, lui dise avec grande confiance ce que
lui disait
saint Augustin : " Souvenez-vous,
ô très clémente Reine, que, depuis l'origine du monde,
on n'a jamais
ouï dire que vous ayez abandonné
personne. Pardonnez-moi donc, si j'ose vous déclarer que ne veux
pas
être abandonné de vous,
après avoir eu recours à votre protection ".
EXEMPLE
Saint François de Sales fit
l'heurese expérience de l'efficacité de cette prière,
ainsi qu'on le voit dans
l'histoire de sa vie. Il se trouvait
à Paris pour ses études, à l'âge de dix-sept
ans environ ; et il se livrait
sans réserve à la
dévotion et à l'amour de Dieu ; il y goûtait des délices
toutes célestes, quand, en vue
sans doute de mettre sa vertu à
l'épreuve et l'attacher toujours plus étroitement, Dieu permit
que son
bonheur fut troublé. Le démon
lui mit dans l'esprit que tout ce qu'il faisait ne lui servirait de rien,
attendu
que, dans les décrets divins,
il était réprouvé. Ce qui prêta de nouvelles
forces à la tentation et la rendit
plus affligeante pour le coeur du
saint jeune homme, ce fut l'état d'obscurité et de sécheresse
dans lequel
il plut à Dieu de le laisser
pendant ce temps : il était devenu insensible aux pensées
les plus consolantes
tirées de la bonté
divine ; enfin, ses craintes et ses désolations allèrent
si loin, qu'il en perdit l'appétit, le
sommeil, le teint, la gaieté
; il faisait compassion à tous ceux qui l'observaient.
Pendant cette horrible tempête,
le saint ne pouvait ni concevoir de pensées ni proférer de
paroles, qui ne
fussent inspirées par la
désolation et la douleur. " Je serai donc, s'écriait-il,
privé de la grâce de mon Dieu,
qui par le passé a été
pour moi si aimable et si doux ! O Amour, ô Beauté, à
laquelle j'ai voué toutes mes
affections, je ne jouirai donc plus
de vos consolations ? - O Vierge, Mère de Dieu, la plus belle de
toutes
les filles de Jérusalem,
je ne vous verrai donc jamais en paradis ? Ah ! s'il ne m'est pas donné
de
contempler vos traits ravissants
dans le ciel, ne permettez pas du moins que je sois réduit à
vous
blasphémer et à vous
maudire dans l'enfer " ! Tels étaient alors les tendres sentiments
de ce coeur affligé
et plein d'amour pour Dieu et Marie.
La tentation dura plus d'un mois
; mais enfin le Seigneur voulut bien l'en délivrer par l'entremise
de la
Consolatrice du monde, la bienheureuse
Vierge, à qui le saint avait déjà consacré
sa virginité, et en qui il
disait avoir placé toutes
ses espérances. Un soir, en retournant chez lui, il entre dans une
église et
aperçoit, fixée au
mur, une tablette sur laquelle il trouve tracée l'invocation de
saint Augustin : "
Souvenez-vous, ô très
miséricordieuse Marie, que jamais on n'ouït que personne, après
s'être réfugié sous
votre protection, se soit vu abandonné".
Aussitôt, proterné devant l'autel de la Mère de Dieu,
il récite
avec ferveur cette prière,
renouvelle son voeu de virginité, promet de réciter chaque
jour le chapelet, et
termine par ces mots : " Ma Reine,
soyez mon avocate auprès de votre divin Fils, auquel je n'ai pas
la
hardiesse de m'adresser. O ma Mère,
si j'ai le malheur de ne pouvoir aimer mon Dieu dans l'autre monde
quoique je le sache si digne d'être
aimé, obtenez-moi du moins que je l'aime en cette vie le plus que
je
pourrai ; c'est la grâce que
je vous demande, et j'espère l'obtenir de vous".
Après avoir ainsi prié
la sainte Vierge, il s'abandonne entre les bras de la divine miséricorde,
et se résigne
entièrement à la volonté
de Dieu. Mais sa prière était à peine finie, qu'en
un instant il fut délivré de la
tentation par sa tendre Mère.
Il recouvra aussitôt la paix intérieur, et avec elle la santé
du corps ; et puis, il
conserva toujours la plus vive dévotion
envers Marie, dont il ne cessa, tant qu'il vécut, de publier les
louanges et les miséricordes,
dans ses discours et ses écrits.
PRIÈRE
O Mère de Dieu, Reine des
anges et espérance des hommes, écoutez un pécheur
qui vous implores et
vous appelle à son secours.
Me voici aujourd'hui prosterné à vos pieds ; moi, misérable
esclave de
l'enfer, je me consacre pour toujours
à vous comme votre serviteur, et je m'offre à vous servir
et à vous
honorer de tout mon pouvoir, pendant
toute ma vie. Vous ne retirerez aucune gloire, je le reconnais,
des services d'un esclave vil et
pervers comme moi, qui ai tant offensé Jésus-Christ, votre
Fils et mon
Rédempteur.
Mais si vous recevez un indigne au
nombre de vos serviteurs ; si vous le rendez digne de cette qualité
en le changeant par votre intercession,
cette miséricorde même envers lui vous procurera la gloire
que
ne saurait vous rendre un misérable
tel que je suis. Daignez me recevoir, ô ma Mère, et ne point
me
rebuter. Pour chercher les brebis
perdues, le Verbe éternel est descendu du ciel sur la terre ; pour
les
sauver, il s'est fait votre Fils,
et vous pourriez dédaigner une pauvre brebis qui vous prie de lui
faire
retrouver Jésus ? Déjà
le prix de mon salut est acquitté ; déjà, en versant
son sang précieux, mon
Sauveur a payé pour moi une
rançon qui suffirait à racheter des mondes en nombre infini
; il ne reste
plus qu'à m'en appliquer
les mérites, et cela dépend de vous, ô Vierge bénie
! Oui, dit saint Bernard,
c'est à vous de dispenser
à qui il vous plaît les mérites de son sang divin.
Oui, dit aussi saint
Bonaventure, vous pouvez sauver
qui vous voulez.
Ainsi, ô ma Reine, assistez-moi
; ma douce Souveraine, sauvez-moi. Je remets aujourd'hui entre vos
mains toute mon âme ; songez
à la sauver. Je finis en vous disant avec le même saint Bonaventure
: O
vous, le salut de ceux qui vous
invoquent, sauvez-moi !
II
Combien Marie est puissante à défendre ceux qui l'invoquent contre les attaques du démon
La très sainte Vierge n'est
pas seulement Reine du ciel et des saints ; son pouvoir s'étend
encore sur
l'enfer et sur les démons,
dont elle a triomphé par l'héroïsme de ses vertus. Déjà
à l'origine du monde,
Dieu prédit au serpent infernal
cette glorieuse victoire de notre Reine, et l'empire que par suite elle
devrait
exercer sur lui ; car, dès
lors, il lui annonça la venue en ce monde d'une Femme qui ruinerait
sa puissance
: Je mettrai, lui dit-il, des inimitiés
entre toi et la femme ; elle te brisera la tête.
Quelle fut en effet, cette Femme,
cette ennemie du serpent, si ce n'est Marie, qui, par son admirable
humilité et sa sainte vie,
le vainquit toujours et anéantit ses forces ? C'est ce qu'enseigne
saint Cyprien, et
après lui un autre ancien
auteur, lequel fait observer en outre que Dieu ne dit pas, au présent
: Je mets,
mais au futur : Je mettrai, pour
indiquer que cette Femme victorieuse de Satan, ne serait pas Ève,
alors
vivante, mais une autre Femme qui
descendrait d'elle, et apporterait à nos premiers parents, selon
la
pensée de saint Vincent Ferrier,
plus de biens qu'ils n'en avaient perdu par leur faute. Marie est donc
cette
Femme par excellence, qui a vaincu
le démon et lui a brisé la tête, selon la divine prédiction,
en réprimant
son orgueil. Quelques-uns doutent,
à la vérité, si cette prophétie ne concerne
pas plutôt Jésus-Christ que
Marie, parce que la version des
Septante porte : Il te brisera la tête ; mais, dans notre Vulgate,
seule
version approuvée comme règle
de foi par le Concile de Trente, nous lisons : Elle, et non : Il te brisera
la
tête. Ainsi d'ailleurs ont
lu et compris saint Ambroise, saint Jérôme, saint ugustin,
saint Jean Chrysostôme,
et beaucoup d'autres. Quoi qu'il
en soit, il demeure certain, ou que le Fils a défait Lucifer par
le moyen de
Marie, ou que la Mère en
a triomphé par la puissance de son Fils ; en sorte que l'esprit
superbe s'est vu, à
son grand dépit, abattu et
foulé aux pieds de cette Vierge bénie, dit saint Bernard
; et, comme un
prisonnier de guerre est de droit
l'esclave de son vainqueur, Satan se voit pour toujours forcé d'obéir
aux
injonctions de notre Reine. En se
laissant vaincre par le serpent, Ève nous apporta la mort et les
ténèbres,
remarque saint Bruno ; mais, en
domptant, en enchaînant le démon, Marie nous apporta la vie
et la
lumière. Oui, elle l'a enchaîné,
et de telle sorte que cet ennemi est hors d'état de nuire en rien
à ceux qui
la servent avec amour.
Bien beau est le commentaire de Richard
sur les paroles des Proverbes : Le coeur de son époux se confie
en elle, et il ne manquera point
de dépouilles. Jésus est l'Époux de toutes les âmes
saintes, et avant tout
celle de Marie. Or, dit cet auteur,
il ne saurait manquer de dépouilles, parce que, tous les esclaves
du
démon que Marie délivre
par ses prières, ses mérites et ses exemples, elle les soumet
au domaine de cet
Époux divin. Toute semblable
est l'interprétation de Cornelius : Dieu, dit-il, a remis entre
les mains de
Marie le Coeur de Jésus,
afin qu'elle prenne soin de le faire aimer des hommes. Comment donc
manquerait-il de dépouilles
? Marie lui apporte un nombe infini d'âmes, dépouilles opimes
que sa
puissance secourable enlève
à Satan.
On sait que la palme est le symbole
de la victoire ; c'est pourquoi notre Reine a été placée
sur un trône
élevée, en face de
tous les potentats, comme un palmier, pour signifier la victoire que peuvent
se
promettre en toute assurance ceux
qui se mettent sous sa protection. Ainsi peuvent s'entendre ces paroles
dans sa bouche : J'ai été
élevée comme un palmier en Cadès, - et cela, pour
vous défendre, ajoute le
bienheureux Albert le Grand. Mes
enfants, semble-t-elle nous dire par là, quand l'ennemi vous attaque,
recourez à moi ; regardez-moi,
et prenez courage ; car vous verrez en moi votre défense et votre
victoire
tout à la fois. - Le recours
à Marie est donc un moyen très sûr de vaincre tous
les assauts de l'enfer. Et,
en effet, selon saint Bernardin
de Sienne, elle étend son empire jusque dans l'enfer ; elle règne
en
souveraine sur les démons
eux-mêmes ; c'est elle qui les dompte et les terrasse. Aussi est-il
écrit de Marie
qu'elle est terrible pour les puissances
de l'enfer, comme une armée en bon ordre, tant elle sait bien
disposer son soin de ses ennemis,
et pour le plus grand bien de ses serviteurs qui, dans les tentations,
invoquent son tout-puissant secours.
Semblable à la vigne, lui
fait dire l'Esprit-Saint, j'ai produit des fleurs d'une odeur agréable.
- Or,
remarque saint Bernard sur ce passage,
lorsque la vigne fleurit, on assure que tous les reptiles vénimeux
s'en éloignent ; de même,
les démons fuient loin de ces âmes heureuses dans lesquelles
ils sentent l'odeur
de la dévotion envers Marie.
- Elle est aussi comparée au cèdre : Je me suis élevée
comme le cèdre sur le
Liban ; parce que, si le cèdre
est incorruptible, Marie fut exempte du péché ; et plus encore
parce que,
selon la remarque du cardinal Hughes,
comme l'odeur du cèdre met en fuite les serpents, la sainteté
de
Marie met en fuite les démons.
L'arche d'alliance assurait la victoire
aux Israélites. C'est sur son secours que comptait Moïse pour
voir les
ennemis en déroute : Quand
on élevait l'arche, Moïse disait : Levez-vous Seigneur, et
que vos ennemis
se dispersent. Ainsi tombèrent
les murs de Jéricho ; ainsi furent vaincus les Philistins ; car
l'arche de
Dieu était là, dit
l'Écriture, rendant compte de ces glorieux triomphes. Or, on le
sait, l'arche était la figure
de Marie. Dans l'arche se trouvait
la manne, dit le père Cornelius, et en Marie se trouve Jésus,
préfiguré
par la manne ; et c'est par le moyen
de cette Arche qu'il nour rend victorieux des ennemis que la terre et
l'enfer arment contre nous. De là
cette pensée de Bernardin de Sienne, que, quand Marie, cette Arche
du
nouveau Testament, fut élevée
au ciel pour en être la Reine, le pouvoir de l'enfer sur l'humanité
fut
affaibli et ruiné.
" Oh ! s'écrie saint Bonaventure,
comme les démons redoutent Marie, comme son grand nom les fait
trembler " ! Le même saint
compare ces ennemis des âmes aux larrons dont il est écrit
au livre de Job : A
la faveur des ténèbres,
ils vont piller les maisons où ils pénètrent en perçant
le mur ; mais quand
l'aurore vient à paraître,
ils s'enfuient comme s'ils voyaient l'ombre de la mort. Ainsi font
les démons,
dit saint Bonaventure ; ils entrent
dans nos âmes à la faveur des ténèbres de l'ignorange
; mais, aussitôt
qu'apparaissent dans une âme
la grâce et la miséricorde de Marie, les ténèbres
se dissipent devant cette
belle Aurore, et les mauvais esprits
s'enfuient comme pour éviter la mort. Heureux donc celui qui,
dans
ses luttes contre l'enfer, invoque
le beau nom de Marie.
Cette doctrine fut confirmée
par une révélation faite à sainte Brigitte.
Dieu, apprit-elle, a donné à Marie
un tel pouvoir sur tous les démons,
que, quand un de ses serviteurs assailli par eux réclame son secours,
d'un signe elle les épouvante
et les met en fuite ; ils aimeraient mieux voir redoubler leurs supplices,
que
de sentir peser plus longtemps sur
eux le joug de la puissance de la Vierge.
Faisant l'éloge de cette Épouse
bien-aimée, l'Époux divin la compare au lis, et dit qu'elle
est entre les
autres vierges ce que le lis est
entre les épines. Sur quoi Cornelius fait la réflexion
suivante : " Le lis est
un spécifique contre le venin
des serpents et les autres poisons ; et l'invocation de Marie est un remède
souverain contre toutes les tentations,
spécialement celles d'impureté ; c'est ce dont peuvent rendre
témoignage tous ceux qui
en ont fait l'expérience ".
Saint Jean Damascène disait
à Marie, et quiconque a le bonheur d'être attaché au
service de cette grande
Reine, peut lui dire pareillement
: " O Mère de Dieu, si j'espère en vous, bien certainement
je ne
succomberai point ; soutenu par
vous, je poursuivrai mes ennemis ; à leurs traits j'opposerai le
bouclier de
votre protection et de votre puissance
tutélaire, et je me tiens sûr de les vaincre". Le savant
moine
Jacqwues, compté parmi les
Père grecs, a donc pu s'exprimer ainsi en s'adressant au Seigneur
: En nous
donnant cette sainte Mère,
vous nous avez remis entre les mains l'arme la plus puissante contre tous
nos
ennemis, et le gage le plus assuré
de la victoire.
Selon le récit des Livres
saints, quand le peuple juif fut sorti de l'Égypte, le Seigneur
le guida depuis ce
pays jusqu'à la Terre promise,
le jou par une colonne de nuée, et la nuit par une colonne de feu.
Cette
merveilleuse colonne, tantôt
nuée et tantôt feu, préfigurait Marie, remarque Richard,
et le double office de
charité qu'elle exerce en
notre faveur : comme nuée, elle nous met à couvert des ardeurs
vengeresses de
la divine justice ; et, comme feu,
elle nous protège contre les démons. Car, à l'égard
des démons, cette
glorieuse Créature est un
feu dévorant : la cire approchée d'un brasier se fond et
s'écoule ; de même,
assure saint Bonaventure, les esprits
impurs sentent leurs forces brisées en présence des âmes
qui se
rappellent fréquemment le
nom de Marie et l'invoquent avec dévotion, surtout si elles s'étudient
à l'imiter.
Oh ! comme les démons tremblent,
dès que retentit à leurs oreilles le nom de Marie ! " Non
seulement les
rebelles craignent la Vierge, dit
saint Bernard ; mais, de plus, s'ils biennent seulement à entendre
son nom
de Marie, les voilà qui tremblent
de frayeur ". Thoms a Kempis en parle de même : " Les esprits
malins
redoutent la Reine du ciel ; son
nom seul est pour eux comme un feu aux atteintes duquel ils se dérobent
par la fuite. Et si les hommes
se laissent tomber de frayeur quand la foudre éclate à leurs
pieds, les
démons ne sont pas moins
épouvantés, abattus par le nom de Marie".
Et combien de glorieuses victoires
sur ces ennemis du salut les serviteurs de Marie ont dues à la vertu
de
son saint nom ! Ainsi les a vaincus
saint Antoine de Padoue, ainsi le bienheureux Henri Suson, ainsi tant
d'autres amants de Marie.
On sait par les relations des missionnaires du Japon, qu'un jour, dans
ce pays,
une troupe de démons apparurent
à un chrétien sous la forme d'animaux féroces ; comme
ils cherchaient
à l'épouvanter par
leurs menaces, il leur répondit : " Je n'ai point d'armes qui puissent
vous nuire ; si le
Très-Haut vous le permet,
faites de moi tout ce que vous voudrez ; seulement, j'emploierai les noms
de
Jésus et de Marie ".
Il avait à peine dit, et voilà qu'au son de ces noms redoutables,
la terre s'ouvre, et
ces esprits superbes s'y précipitent.
Saint Anselme atteste que beaucoup de personnes qu'il a lui-même
vues et entendues, ont soudainement
échappé, pour avoir prononcé le nom de Marie, aux
périls qui les
menaçaient.
Que votre nom est glorieux et admirable,
ô Marie ! ceux qui n'oublient pas de le prononcer à l'article
de la
mort, n'ont rien à craindre,
eussent-ils contre eux l'enfer tout entier ; car les démons abandonnent
une
âme sitôt qu'ils l'entendent
prononcer le nom de Marie. - Ainsi parle saint Bonaventure ; et il
ajoute que
les rois en guerre avec leurs voisins
ne redoutent pas une nombreuse armée, comme les puissances de
l'enfer redoutent le nom de Marie
et sa protection. O Vierge puissante, dit saint Germain, la seule
invocation de votre nom met vos
serviteurs en sureté contre tous les efforts de leurs ennemis.
Ah ! plût au ciel que, dans
les tentations, les chrétiens fûssent attentifs à invoquer
avec confiance le nom
de Marie ! il est certain qu'ils
ne tomberont jamais. Non jamais, dit Alain de la Roche, car, dès
que le
tonerre de ce grand nom vient à
éclater, les démons fuient, et l'enfer tremble. Et,
selon une révélation de
notre céleste Reine à
sainte Brigitte, il n'est pas de pécheur tellement désespéré,
tellement éloigné de Dieu
et livré au pouvoir des démons,
que ces ennemis ne l'abandonnent tout d'abord, pourvu qu'avec un
sincère propos de s'amender,
il ait recours au tout-puissant nom de Marie. Seulement, ajouta-t-elle,
si
l'âme pécheresse ne
se corrige, et ne se purifie du péché par le repentir, les
démons reviennent bientôt à
elle, et continuent de la tenir
sous leur joug.
EXEMPLE
Au monastère de Reichersperg,
en Bavière, vivait un chanoine régulier, nommé Arnould,
très dévot à la
sainte Vierge. Se trouvant à
l'article de la mort, il reçut les Sacrements, puis il fit venir
ses confrères
auprès de son lit, et les
pria de ne pas l'abandonner dans ce dernier passage. Il avait à
peine dit, qu'ils le
virent trembler de tous ses membres,
rouler des yeux hagards et se couvrir d'une froide sueur : " Ne
voyez-vous pas, leur dit-il d'une
voix entrecoupée, ces démons qui veulent m'entraîner
en enfer ?"
Ensuite il s'écria : " Mes
frères, implorez pour moi le secours de Marie ; j'ai la confiance
qu'elle me
donnera la victoire ".
A ces mots, les assistants récitèrent Les Ltanies de la sainte
Vierge ; et lorsqu'ils
dirent : Sancta Maria, ora pro eo
; le moribond reprit : " Répétez, répétez le
nom de Marie ; car je suis
déjà au tribunal de
Dieu ". Il s'arrêta quelques instants, et puis il ajouta : " Il est
vrai que je l'ai fait ; mais
j'en fais pénitence ". Et
s'adressant alors à la divine Mère, il s'écria : "
O Marie, je serai délivré, si vous
venez à mon aide. " Après
cela, les démons lui donnèrent encore un assaut ; mais il
se défendait avec le
crucifix et en invoquant Marie.
Ainsi passa-t-il la nuit entière.
Enfin, le matin venu, Arnould reprit un air serein, et s'écria plein
de joie
" Marie, ma Protectrice et mon Refuge
m'a obtenu le pardon et le salut ". Regardant ensuite la
bienheureuse Vierge, qui l'invitait
à la suivre : " Je viens, dit-il, ma Reine ! je viens". Il
fit en même temps
un effort comme pour la suivre,
et il expira doucement. Si son corps demeura ici-bas, son âme
du moins,
nous en avons la confiance, suivit
Marie au royaume de la gloire.
PRIÈRE
Voici à vos pieds, ô
mon espérance, Marie, un pauvre pécheur, qui s'est fait bien
des fois l'esclave
volontaire de l'enfer. Si
je me suis laissé vaincre par les démons, je le confesse,
c'est pour n'avoir pas
eu recours à vous, mon unique
refuge : si je n'y eusse manqué, si toujours je vous eusse invoquée,
jamais je n'aurais succombé.
Grâce à vous, j'en ai la confiance, ô tout aimable Reine,
je suis
maintenant échappé
aux mains des démons et rentré en grâce avec Dieu.
Mais je tremble pour
l'avenir, je crains de retomber
dans l'esclavage du péché : je sais que mes ennemis n'ont
pas perdu
l'espoir de me vaincre encore une
fois, et que déjà ils me préparent de nouveaux assauts,
de nouvelles
tentations. Ah ! ma Souveraine
et mon refuge, secourez-moi, cachez-moi sous votre manteau, ne
souffrez pas qu'on me voie redevenu
leur esclace. A condition de vous invoquer, je suis assuré
de votre
secours et de la victoire ; mais
il me reste une crainte : il pourrait m'arriver de ne pas me souvenir de
vous dans les tentations, et d'oublier
de vous invoquer.
Ainsi, ô Vierge sainte ! la
grâce que je sollicite et que je désire obtenir de vous, c'est
de me souvenir
toujours de vous, surtout dans les
combats que j'ai à soutenir ; accordez-moi d'être fidèle
à vous
invoquer fréquemment, en
disant : Marie, secourez-moi ; secourez-moi, ô Marie ! - Et quand
enfin
viendra le jour de ma dernière
lutte contre l'enfer, à l'heure de ma mort, ah ! ma Reine, assistez-moi
plus puissamment encore en ce moment-là,
et vous-même, faites-moi penser alors à vous invoquer plus
souvent, soit de bouche, soit au
moins de coeur ; afin qu'en expirant avec votre doux nom et celui de
votre divin Fils Jésus sur
les lèvres, je puisse être admis à vous bénir
et à vous louer en paradis, pour
ne plus cesser de me tenir à
vos pieds pendant toute l'éternité. Amen.
suite
des Gloires
de Marie de Saint Alphonse-Marie de Liguori