CHAPITRE V
Ad te supiramus, gementes et flentes in hac lacrymarum valle
Nous soupirons vers vous, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes.
MARIE, NOTRE MÉDIATRICE
I
Que l'intercession de Marie nous est nécessaire pour nous sauver
La foi nous enseigne qu'il est, non
seulement permis, mais encore utile et conforme à la piété,
d'invoquer et de prier les saints, et
principalement leur Reine, la très
sainte Vierge Marie, afin d'obtenir la grâce divine par leur intercession.
Cette vérité, l'Église l'a définie
en divers conciles, et elle a condamné
comme hérétiques ceux qui réprouvaient l'invocation
des saints comme injurieuse à
Jésus-Christ, notre unique
Médiateur. Si, après sa mort, Jérémie prie
Jérusalem ; si les vieillards de l'Apocalypse présentent
à Dieu les
prières des justes ; si saint
Pierre promet à ses disciples de se souvenir d'eux dans l'autre
vie ; si saint Étienne prie pour ses
persécuteurs ; si saint Paul
prie pour ses compagnons et ses amis ; il est clair que les saints peuvent
prier pour nous ; mais alors,
pourquoi ne pourrions-nous pas supplier
les saints d'intercéder en notre faveur ? D'un autre côté,
saint Paul se recommande aux
prières de ses disciples
: Priez pour nous, dit-il aux Thessaloniciens ; saint Jacques exhorte les
fidèles en ces termes : Priez les uns
pour les autres, afin que vous soyez
sauvés. Nous pouvons donc, nous aussi,quêter les prières
d'autrui, et en particulier celles des
saints.
Que Jésus-Christ soit notre
unique Médiateur de justice ; que lui seul nous ait obtenu par ses
mérites la réconciliation avec Dieu ; qui le
nie ? Mais, d'autre part, c'est
une impiété de nier que Dieu se plaise à octroyer
ses grâces en ayant égard à l'intercession des saints,
et
surtout à celle de la divine
Mère, Marie, que Jésus désire tant de voir aimée
et honorée de nous. Qui ne sait que l'honneur rendu aux
parents rejaillit sur leurs enfants
? Les pères sont la gloire de leur fils, selon le Sage. Qu'on ne
craigne donc pas d'obscurcir la gloire
du Fils à force de louer
la Mère, car honorer la Mère, c'est louer le Fils : " Il
n'est nullement douteux, dit saint Bernard, que toutes les
louanges que nous donnons à
la Mère et à la Reine, retourne au Fils et au Roi. En effet,
personne n'en doute, c'est en considération des
mérites de Jésus-Christ
que Marie fut inverstie de ce grand pouvoir qui la constitue Médiatrice,
disons-nous non pas à titre de justice,
mais à titre de grâce
et par intercession. Saint Bonaventure n'hésite pas à l'appeler
ainsi ; et saint Laurent Justinien demande : Comment
ne serait-elle pas pleine de grâce,
celle qui est devenue l'Échelle du paradis, la Porte du ciel, la
véritable Médiatrice entre Dieu et les
hommes ?
A ce propos, Suarez observe avec
raison que prier la sainte Vierge de nous obtenir des grâces, c'est
témoigner que nous nous défions,
non pas de la miséricorde
divine, mais de nous-mêmes et de notre indignité ; nous nous
recommandons à Marie, afin que sa dignité
supplée à notre misère.
Ainsi, que ce soit une chose utile
et sainte de recourir à l'intercession de Marie, ceux-là
seuls peuvent le révoquer en doute qui
renoncent à la foi. Mais
le point que nous prétendons établir ici, c'est que l'intercession
de Marie nous est même nécessaire pour le
salut, c'est-à-dire, pour
parler avec précision, non pas absolument, mais moralement nécessaire.
Et nous disons que cette nécessité
découle de la volonté
de Dieu même, lequel ne veut pas nous faire de grâces qui ne
passent par les mains de Marie. C'est le sentiment
de saint Bernard ; et nous pouvons
ajouter, avec l'auteur du Règne de Marie, que ce sentiment est communément
suivi aujourd'hui par
les théologiens et les docteurs.
Ainsi ont enseigné Vega, Mendoza, Paciuchelli, Segneri, Poiré,
Crasset et un très grand nombre d'autres
savants écrivains. Le Père
Noël Alexandre lui-même, pourtant si réservé dans
ses propositions, affirme aussi que la volonté de Dieu est
que nous attendions toutes les grâces
par l'intercession de Marie ; et il cite à l'appui le mot célèbre
de saint Bernard : " La volonté de
Dieu est que nous ayons tout par
Marie ". Le Père Contenson soutient la même doctrine ; il
explique en ce sens les paroles adressées
par Jésus du haut de la croix
à saint Jean, et il les comment en ces termes : " Voilà votre
Mère, comme si le Sauveur eût dit : Personne
n'aura part aux mérites du
sang que je répands, si ce n'est par l'intercession de ma Mère.
Mes plaies sont les sources de la grâces ;
mais les ruisseaux n'en couleront
sur aucune âme que par le canal de Marie. Jean, mon cher disciple,
vous serez aimé de moi en
proportion de l'amour filial que
vous aurez pour elle. "
Selon saint Bernard, Dieu a comblé
Marie de toutes les grâces, afin que tous les biens destinés
aux hommes leur arrivent par elle
comme un canal céleste :
" Pareil à un aqueduc plein jusqu'au bord, elle donne à tous
sa plénitude ". Le saint fait en outre une réflexion
bien remarquable ! Si, dit-il, avant
la naissance de la bienheureuse Vierge, on ne voyait pas dans le monde
ce courant de grâces qui
s'épanchent aujourd'hui sur
tous les hommes, c'est qu'alors cet Aqueduc si désirable y manquait.
Marie a été donnée au monde afin
que, par ce canal de grâces,
les dons célestes descendent continuellement jusqu'à nous.
Le démon le saint bien ; aussi,
de même que, pour réduire la ville de Béthulie, Holopherne
en fit couper les aqueducs, cet esprit malin
s'attache de tout son pouvoir à
détruire dans les âmes la dévotion envers la Mère
de Dieu ; car, ce canal salutaire une fois fermé, il lui
devient facile de les subjuguer.
" Voyez donc, conclut le même Père, voyez, âmes fidèlesm
avec quelle affectueuse dévotion le
Seigneur veut que nous honorions
notre Reine ! Il a mis en elle la plénitude de tous les biens, afin
de nous obliger à recourir sans cesse
à elle avec une entière
confiance en sa protection, et à reconnaître ainsi que, désormais,
s'il est pour nous quelque espérance d'obtenir
la grâce et d'arriver à
la gloire, nous ne pouvons la voir réaliser que par l'entremise
de Marie ". - Saint Antonin dit pareillement : "
Toutes les grâces qui ont
jamais été départies aux hommes, leur sont venues
par le moyen de Marie. "
Voilà pourquoi elle est comparée
à la lune. Placée entre le soleil et la terre, dit saint
Bonaventure, la lune renvoie à cette dernière la
lumière qu'elle-même
reçoit du soleil ; et Marie reçoit du soleil divin les célestes
influences de la grâce, pour nous les transmettre
ici-bas.
C'est pour le même motif que
la saint Église l'invoque sous le titre de Porte du ciel : Felix
coeli porta. Toute lettre de grâce émanée du
roi passe par la porte de son palais
; ainsi, remarque saint Bernard, nulle grâce ne descend du ciel sur
la terre, sans passer par les
mains de Marie. Et, rendant raison
de la même appellation, saint Bonaventure ajoute que nul ne peut
entrer dans le ciel, sans passer par
cette bienheureuse Porte qui est
Marie.
Nous sommes encore confirmés
dans notre sentiment par saint Jérôme, ou, comme certains
le veulent, par un autre auteur ancien,
dont le sermon sur l'Assomption
a été inséré parmi les oeuvres de ce Père.
On lit dans ce sermon que la plénitude de la grâce est en
Jésus-Christ comme dans la
tête, d'où découlent et se répandent en nous,
ses membres, tous les esprits vitaux, c'est-à-dire, les
secours divins nécessaires
au salut ; et que la même plénitude se trouve en Marie comme
dans le cou par lequel les esprits vitaux
descendent dans les membres. Saint
Bernardin s'empare de cette pensée et la développe : " C'est
par la bienheureuse Vierge, dit-il, que
toutes les grâces de la vie
spirituelle descendent de Jésus-Christ, Chef sacré de l'Église,
dans son corps mystique, c'est-à-dire dans les
fidèles ". Et, rendant compte
de cette prérogative de la divine Mère, il ajoute : " Depuis
qu'il a plu au Seigneur d'habiter dans le sein de
la bienheureuse Vierge, elle a en
quelque sorte acquis une certaine juridiction sur toutes les grâces
; car Jésus-Christ, en sortant de ses
chastes entrailles, fit en même
temps sortir d'elle, comme d'un céleste réservoir, tous les
courants des dons divins. " - Le saint répète
la même chose ailleurs, et
en tire cette conclusion qu'à partir de l'Incarnation du Verbe,
" nulle créature n'a obtenu de Dieu une grâce
quelconque, si ce n'est par les
mains de notre bonne et tendre Mère. "
Un auteur interprète dans
le sens de notre thèse, le passage où Jérémie
prédit, à propos de l'Incarnation du Verbe dans le sein de
Marie,
qu'une Femme environnera l'Homme-Dieu.
" De même, dit-il, qu'une ligne tirée du centre d'un cercle
ne peut en sortir sans passer par
la circonférence, ainsi aucune
grâce ne peut nous venir de Jésus-Christ, centre de tout bien,
sans passer par Marie, qui, en recevant le
Fils de Dieu dans son sein, l'a
réellement environné de toute part. "
Il résulte de là, selon
saint Bernardin, que tous les dons, toutes les vertus et toutes les grâces,
sont dispensés par les mains de Marie, à
qui elle veut, quand elle veut,
et comme elle veut.
Richard de Saint-Laurent dit pareillement
: " Dieu n'accorde aucun bien à ses créatures sans le faire
passer par les mains de la Vierge
Mère ". Aussi le vénérable
abbé de Celles exhorte chacun de nous à recourir à
cette Trésorière des grâces, comme il l'appelle, assurant
qu'elle est le seul canal par où
le monde et chaque homme en particulier puissent recevoir les faveurs qu'ils
attendent de Dieu.
On le voit clairement : en affirmant
que toutes les grâces nous viennent par l'entremise de Marie, tous
ces saints, tous ces pieux
auteurs n'ont pas voulu attacher
à leurs paroles ce sens restreint, à savoir : que de Marie
nous avons reçu Jésus-Christ, la source de
tout bien. Ils nous déclarent
en termes formels, qu'à partir de la naissance de Jésus-Christ,
et cela en vertu d'un décret divin, toutes les
grâces provenant de ses mérite
furent distribuées aux hommes, le sont actuellement, et le seront
jusqu'à la fin du monde par les mains
et moyennant l'intercession de Marie.
Pour conclure, nous dirons avec le
Père Suarez que, selon le sentiment aujourd'hui universel de l'Église,
l'intercession de Marie ne
nous est pas seulement utile, mais
encore nécessaire. Il ne s'agit pas ici, nous le répétons,
d'une nécessité absolue : la médiation de
Jésus nous est seule absolument
nécessaire ; nous parlons d'une nécessité morale fondée
sur cette raison que, comme le pense
l'Église, d'accord avec saint
Bernard, Dieu a décrété de ne nous accorder aucune
grâce, si ce n'est par l'entremise de Marie. Et avnt
saint Bernard, saint Ildephonse
avec affirmé la même chose, en parlant ainsi à la glorieuse
Vierge : " O Marie ! il a plu au Seigneur de
remettre entre vos mains tous les
biens qu'il a préparés aux hommes ; il vous a confié
tous les trésors et toutes les richesses de ses
grâces ". Selon saint Pierre
Damien, si Dieu n'a pas voulu se faire homme sans le consentement de Marie,
c'est pour deux raisons :
premièrement, afin de nous
obliger à une extrême reconnaissance envers cette divine Mère
; secondement, pour nous apprendre que le
salut de tous les hommes est remis
à sa décision.
Saint Bonaventure considère
le passage où le prophète Isaïe annonce, sous l'emblême
d'une tige et de sa fleur, la naissance de Marie et
celle du Verbe fait chair : Il sortira
une tige de la Racine de Jessé, et une fleur s'élèvera
de sa racine, et sur cette fleur reposera
l'Esprit du Seigneur ; or voici
la réflexion que lui inspire ce beau texte : " Quiconque désire
obtenir la grâce du Saint-Esprit, doit
chercher la Fleur sur la Tige, c'est-à-dire
Jésus en Marie : car par la Tige nous arrivons à la Fleur,
et par la Fleur nous arrivons à Dieu.
Et voulez-vous, ajoute-t-il, avoir
cette Fleur ? tâchez, à force de prières. d'incliner
vers vous la Tige, et vous l'aurez ". Le Docteur
Séraphique appuie ce conseil
sur le texte de l'Évangile : Les Mages trouvère l'enfant
avec Marie sa Mère. Jamais, dit-il, on ne trouve
Jésus qu'avec Marie et par
Marie ; ainsi donc, conclut-il, celui-là cherche en pure perte Jésus-Christ,
qui ne cherche pas à le trouver
avec Marie ". De là ce mot
de saint Ildephonse : " Pour être serviteur du Fils, je veux l'être
de la Mère ". J'aspire à être le serviteur du
Fils ; et, comme sela est impossible
à quiconque ne l'est pas de la Mère, toute mon ambition est
de mériter le titre de serviteur de
Marie.
EXEMPLE
Vincent de Beauvains et Césaire
racontent qu'un jeune gentilhomme, ayant dissipé dans la débauche
les grands biens qu'il avait hérités
de son père, s'était
vu réduit à l'indigence, si bien qu'il était obligé
de mendier son pain. Afin de cacher sa honte avec son nom, il avait
pris le parti de quitter sa patrie
et d'aller vivre ans une contrée lointaine ; déjà
même il était en route, quand il fit la rencontre d'un
ancien serviteur de sa maison. C'était
un impie magicien. Voyant le pauvre jeune homme plongé dans la tristesse
à cause de sa misère,
il lui dit de se consoler, ajoutant
qu'il allait le présenter à un prince généreux
qui pouvoirait à tous ses besoins.
Il le prit en effet un beau jour
et le mena dans un bois près d'une mare, où il se mit à
parler avec un personnage invisible. Le jeune
homme lui demanda à qui il
parlait. Il lui répondit : " Avec le démon " ; et, le voyant
épouvanté, il l'engagea à ne rien craindre. Il dit
ensuite à l'esprit malin
: " Seigneur, ce jeune homme est réduit à une extrême
nécessité, et il voudrait recouvrer son premier état.
-
Pourvu qu'il veuille m'obéir,
répondit l'ennemi du salut, je le rendrai plus riche qu'auparavant
; il faut d'abord qu'il renie Dieu ". A cette
proposition, le malheureux fut saisi
d'horreur ; mais pressé par le maudit magicien, il fit ce qu'on
exigeait de lui, il renia Dieu. " Cela ne
suffit pas, reprit le démon
; il faut qu'il renie aussi Marie ; car, nous ne pouvons nous le dissimuler,
c'est elle qui nous occasionne nos
plus grandes pertes. Combien d'âmes
ne retire-t-eille pas de nos mains pour les ramener à Dieu et les
sauver ! - Oh ! pour cela, non,
répliqua le jeune homme :
je ne renie point ma Mère, celle qui est toute mon espérance
; j'aime mieux mendier le reste de ma vie ". Et
là-dessus, il s'en alla.
Comme il retournait sans son pays,
il vint à passer devant une église dédiée à
Marie ; il y entre tout désolé, va se prosterner devant
l'image de la sainte Vierge, et
le supplie avec larmes de lui obtenir le pardon de ses fautes. Cette bonne
Mère se met aussitôt à prier son
divin Fils pour ce misérable.
Jésus lui dit d'abord : " Mais cet ingrat, ma Mère, vient
de me renier " ! Comme elle ne cessait, malgré
cela, de le prier, il ajouta : "
O ma Mère, je ne vous ai jamais rien refusé ; je lui pardonne
puisque vous me le demandez ". Un homme
avait secrètement observé
tout ceci : c'était celui-là même qui avait acheté
les biens du dissipateur. Témoin de la tendre commisération
de Marie pour ce pécheur,
il lui donna en mariage sa fille, qui était son unique enfant, et
le fit héritier de toute sa fortune. Ainsi ce jeune
homme récupéra, par
l'entremise de Marie, la grâce de Dieu et même ses biens temporels.
PRIÈRE
Tu vois, mon âme, quelle belle
espérance de salut et de vie éternelle le Seigneur t'a donnée
lorsque, malgré les péchés, par où, si
souvent, tu as mérité
sa disgrâce et l'enfer, il a eu la bonté de t'inspirer une
vive confiance dans la protection de sa Mère. Remercie
donc ton Dieu et remercie aussi
ta céleste Protectrice, Marie, qui a daigné te prendre sous
sa tutelle, ainsi que t'en donnent
l'assurance les innombrables faveurs
que tu as reçues par son intercession.
Oui, ô ma tendre Mère,
je vous remercie de tout le bien que vous avez fait à un malheureux
déjà condamné à l'enfer. De combien de
périls ne m'avez-vous pas
délivré, ô Reine puissante, combien de lumières
ne m'avez-vous pas obtenues de Dieu ! Quel si grand bien,
quel si grand honneur avez-vous
donc reçu de moi, pour être si empressée à me
prodiguer vos faveurs ?
C'est uniquement à votre bonté
que j'en suis redevable. Ah ! quand je livrerais mon sang et ma vie, ce
serait peu pour m'acquitter
envers vous : vous m'avez délivré
de la mort ; vous m'avez fait recouvrer, comme j'en ai la confiance, la
grâce de Dieu : en un mot,
je vous dois tout. Que vous rendrais-je,
ô mon aimable Souveraine ? tout ce que je puis dans ma misère,
c'est de vous louer et de vous
aimer à jamais.
Ah ! ne dédaignez pas l'hommage
d'un pauvre pécheur épris d'amour pour votre bonté.
Si son coeur est indigne de vous aimer, parce
qu'il est plein de souillures et
d'affections terrestres, il dépend de vous de le changer ; de grâce,
changez-le. Attachez-moi à mon Dieu,
et attachez-moi tellement que je
ne puisse jamais plus me séparer de son amour. Vous demandez de
moi que j'aime votre Dieu, et c'est
la grâce que je vous demande
; obtenez-moi de l'aimer, et de l'aimer toujours, et je ne désire
plus rien. Amen.
II
Suite du même sujet
Un homme et une femme ayant coopéré
à notre ruine, il convenait, remarque saint Bernard, qu'un autre
homme et une autre femme
coopérassent à notre
réparation ; et c'est ce qu'ont fait Jésus et Marie. Sans
doute, ajoute-t-il, pour nous racheter, c'était assez de
Jésus-Christ seul ; mais
il était plus convenable que les deux sexes concurussent à
notre salut, comme ils avaient concouru à notre
perte. C'est pourquoi le bienheureux
Albert le Grand donne à Marie le titre de Coopératrice de
la Rédemption. Elle disait elle-même un
jour à sainte Brigitte que,
comme Adam et Ève ont vendu le monde pour un seul fruit, elle et
son divin Fils l'ont racheté d'un même
coeur. Selon la pensée de
saint Anselme, Dieu a bien pu créer le monde de rien ; mais, le
monde s'étant perdu par le péché, Dieu n'a
pas voulu le restaurer sans la coopération
de Marie.
Suivant Suarez, la divine Mère
a contribué à notre salut de trois manières : c'est
d'abord qu'elle a mérité d'un mérite de convenance,
comme disent les théologiens,
l'Incarnation du Verbe ; c'est ensuite que, pendant sa vie mortelle, elle
s'est appliquée avec beaucoup de
zèle à prier pour
nous ; c'est enfin qu'elle a fait généreusement le sacrifice
de la vie de son Fils pour notre rédemption. Eh bien ! en
récompense de l'immense gloire
qu'elle a rendue à Dieu et de l'ineffable amour qu'elle nous a témoigné
en travaillant ainsi à la
réhabilitation de tous les
hommes, Dieu a statué avec justice qu'aucun n'obtiendrait le salut,
si ce n'est par son intercession.
Suivant Bernardin de Bustis, Marie
s'appelle la Coopératrice de notre justification, parce que Dieu
lui a confié toutes les grâces qu'il
voulait bien nous faire. Et saint
Bernard en conclut qu'elle est le centre et le point culminant des siècles,
et comme le phare salutaire qui
attira les regards des générations
passées, qui doit attirer ceux de la génération présente,
et de toutes les générations futures.
Personne, a dit Jésus, ne
peut venir à moi si d'abord mon Père qui m'a envoyé,
ne l'attire par sa grâce.
Or, selon Richard, il dit pareillement
: " Personne ne peut venir à moi si ma Mère ne l'attire par
ses
prières". Jésus est
le fruit des entrailles de Marie, selon l'expression de sainte Élisabeth
: Vous êtes
bénie entre toutes les femmes,
et béni est le fruit de votre sein. Mais celui qui veut le fruit,
doit aller à
l'arbre ; et partant, si quelqu'un
veut trouver Jésus, il faut qu'il aille à Marie, qu'on ne
trouve jamais
sans trouver en même temps
Jésus. Quand sainte Élisabeth vit la très sainte Vierge
qui venait la visiter
dans sa maison, ne sachant comment
lui témoigner sa reconnaissance, elle s'écria avec une profonde
humilité : Comment ai-je
pu mériter que la Mère de mon Dieu vînt à moi
? - Mais, demandera-t-on,
sainte Élisabeth ne savait-elle
pas qu'elle avait chez elle non seulement Marie, mais encore Jésus
? Au
lieu donc de se dire indigne de
recevoir la viste de la Mère, pourquoi ne se dit-elle pas plutôt
indigne
de recevoir celle du Fils ? - Ah
! la sainte savait très bien que, lorsque Marie vient, elle amène
avec
elle Jésus ; en conséquent,
il lui suffisait de remercier la Mère, sans nommer le Fils.
Il est écrit de la Femme forte
: Pareille au navire d'un marchand, elle apporte son pain de loin. Telle
est bien Marie, vaisseau béni qui
apporta au monde Jésus-Christ,
le Pain vivant descendu du ciel pour nous donner la vie éternelle.
Je suis, dit-il, le Pain vivant
descendu du ciel ; si quelqu'un
mange de ce pain, il vivra éternellement. D'un autre côté,
selon la remarque de Richard, tous ceux-là
périront qui voguent sur
la mer orageuse du monde en dehors de ce mystique navire, c'est-à-dire
sans être protégés par Marie. Ainsi
donc, ajoute-t-il, chaque fois que
les tentations ou les révoltes des passions, si fréquentes
dans cette vie, nous mettent en péril, il nous
faut recourir à Marie et
pousser vers elle ce cri de détresse : Au secours, ô notre
Reine ! sauvez-nous, ou bien vous aller nous voir
perdus.
D'après le glorieux saint
Gaétan, nous pouvons bien demander les grâces, mais nous ne
pourrons jamais les obtenir sans cet appui. Ce
que confirma saint Antonin par cette
belle expression : " Demander et vouloir obtenir les grâces sans
l'intercession de Marie, c'est
prétendre voler sans ailes
". - Pharaon confia à Joseph un plein pouvoir sur toute l'Égypte
; et, dès lors, tous ceux qui venaient au
palais demander des secours, il
les renvoyait en leur disant : Allez à Joseph ; ainsi, quand nous
sollicitons des grâces, le Seigneur nous
renvoie à la bienheureuse
Vierge : Allez, dit-il, allez à Marie. Car il a décrété,
assure saint Bernard, de ne rien nous accorder, si ce n'est
par les mains de Marie. " Si donc
les Égyptiens ont pu dire à Joseph : Notre salut est entre
vos mains, nous avons bien plus de sujet,
remarque Richard de le dire à
Marie ; car vraiment "not salute" est en son pouvoir ". Le vénérable
Idiot exprime la même pensée dans
les mêmes termes ; et Cassien,
enchérissant encore, dit d'une manière absolue, que le salut
de tout homme consiste à être favorisé et
protégé par Marie
; en d'autres mots, celui-là se perd qui en est privé. Puissante
Reine, lui dit saint Bernardin de Sienne, vous êtes la
dispensatrice de toutes les grâces
; la grâce du salut ne peut donc nous venir que de votre main, et
partant notre salut dépend de vous.
Richard a donc eu raison de dire
: " Comme une pierre tombe dès qu'on ôte ce qui la soutient,
ainsi une âme qui perd l'appui de Marie,
tombe d'abord dans le péché
et puis dans l'enfer. "
Saint Bonaventure ajoute que Dieu
ne nous sauvera pas si Marie n'intercède pas pour nous ; comme un
enfant ne saurait vivre qui n'a
pas de nourrice, dit-il encore,
ainsi une âme ne saurait se sauver sans l'aide de Marie. " Que votre
âme, conclut-uil, soit donc comme
altérée des pratiques
de dévotuion envers Marie ; attachez-vous à cette bonne Mère,
et ne la quittez point que vous n'ayez reçu sa
bénédiction en paradis.
"
Ici trouvent leur place les belles
paroles adressées à Marie par saint Germain : " Qui jamais,
ô Vierge très sainte, parviendrait sans vous
à connaître Dieu ?
Qui serait sauvé, s'il ne l'était par vous, ô divine
Mère ? Qui pourrait, ô Vierge féconde, échapper
aux périls de cette
vie, si vous ne l'en délivrez
? Qui recevrait enfin de Dieu une grâce quelconque sinon par votre
entremise, ô pleine de grâces ? " Et
ailleurs il lui dit : " Si vous
ne nous ouvriez la voie, nul ne marcherait dans les sentiers de la perfection,
nul n'éviterait les atteintes de la
chair et du péché
".
Nous n'avons accès au Père
éternel que par Jésus-Christ ; de même, nous n'avons
accès auprès de Jésus-Christ que par Marie. C'est
saint Bernard qui nous l'assure
; et bien belle est la raison qu'il en donne : " Le Seigneur, dit-il, veut
que tous nous soyons sauvés par
l'intercession de Marie, afin que
ce divin Sauveur nous reçoive des mains de Marie, comme il nous
a été donné par le moyen de Marie
" ; et conséquemment, le
saint proclame Marie la Mère de la grâce et de notre salut.
" Quel serait donc notre sort ? reprend
saint Germain ; quel espoir nous resterait-il d'être sauvés,
si vous nous abandonniez, ô Marie,
vous qui êtes la Vie des chrétiens
" !
Mais, si toutes les grâces
passent par Marie, il faudra donc, quand nous implorerons l'intercession
des saints, que ceux-ci recourent
eux-mêmes à la médiation
de Marie, s'ils veulent nous obtenir les grâces que nous leur demandons
?
Je répondrai d'abord que,
prie en elle-même, cette conséquence ne renferme aucune erreur,
aucun inconvénient. En vue d'honorer sa
Mère, Dieu l'a établie
Reine de tous les saints ; il lui plaît en outre de n'accorder des
grâces que par son entremise ; quel inconvénient
peut-il y avoir à dire qu'il
oblige encore les saints à recourir à elle pour
obtenir les grâces dont leurs protégés ont besoin ?
Cette doctrine est affirmée
expressément par saint Bernard, saint Anselme, saint Bonaventure,
Suarez et d'autres. " En vain,
prierions-nous les autres saints,
dit le premier ; si Marie ne nous venait en aide, aucune grâce ne
nous serait accordée ". Un auteur
explique dans ce sens les paroles
suivantes de David : Tous les riches du peuple vous offriront leurs humbles
prières. Les riches du
peuple par excellence, c'est-à-dire
du peuple de Dieu, ce sont les saints ; quand ils souhaitent quelque grâce
pour l'un de leurs clients,
ils s'adressent à Marie afin
qu'elle la lui procure. " Nous n'avons pas coutume, remarque Suarez, d'employer
l'intercession d'un saint
auprès d'un autre saint,
vu que tous sont d'un même ordre ; mais nous faisons bien de les
prier de se faire nos intercesseurs auprès de
la Vierge, qui est leur Maîtresse
et leur Reine ". Et telle fut précisément, au rapport du
père Marchese, la promesse de saint Benoît à
sainte Françoise Romaine
: lui apparaissant un jour, il l'assura de sa protection, et ajouta qu'il
se ferait son avocat auprès de la divine
Mère.
A l'appui de cette doctrine, citons
encore les paroles de saint Anselme à la bienheureuse Vierge : "
Grande Reine, ce que peut obtenir
l'intercession de tous les saints
faisant cause commune avec vous, votre intercession seule, sans leur concours,
le peut de même. Et
d'où vient cette puissance
illimitée ? De ce que vous êtes la Mère de notre Sauveur
à tous, l'unique Épouse de Dieu, la Reine du ciel et
de la terre. Si vous ne parlez,
aucun saint ne priera pour nous, aucun ne nous aiderai ; mais si vous consentez
à intercéder pour nous,
tous aussitôt nous prêteront
le secours de leurs prières, et s'empresseront d'appuyer nos requêtes."
La sainte Église applique
à Marie les paroles de la Sagesse : J'ai fait seule le tour du ciel
; et voici comment le Père Segneri justifie
cette application : La première
sphère céleste communique son mouvement à toutes les
autres ; et quand la très sainte Vierge se met à
prier pour une âme, elle entraîne
tout le paradis à prier avec elle. Saint Bonaventure va plus loin
et assure qu'en sa qualité de Reine, elle
commande alors à tous les
anges et à tous les saints de se joindre à elle et d'offrir
à Dieu leurs prières en union avec les siennes.
C'est donc à bon droit que
l'Église nous prescrit de saluer et d'invoquer la divine Mère
sous le glorieux titre de notre Espérance : " O
vous, notre Espérance, salut
! " L'impie Luther ne pouvait souffrir, disait-il, ce titre donné
par l'Église romaine à Marie, à une simple
créature. Car enfin, ajoutait-il,
Dieu seul, et Jésus-Christ comme notre Médiateur, sont notre
espérance, et, selon le mot de Jérémie,
Dieu maudit quiconque met son espoir
dans la créature. Mais quoi qu'il ait pu dire, l'Église nous
enseigne par sa pratique universelle à
invoquer Marie en ces termes : "
O notre Espérance, salut ! " Celui qui place son espérance
dans une créature indépendamment de
Dieu, encourt certainement la malédiction
de Dieu ; car Dieu est l'unique sour et le dispensateur de tous les biens
; la créature n'a rien,
ne peut rien donner qu'elle n'ait
reçu de lui. Mais s'il est vrai, comme nous l'avons prouvé,
qu'en vertu d'un décret divin, tutes les
grâces nous viennent par Marie
comme par un canal de miséricorde, nous pouvons, nous devons même
affirmer qu'elle est notre
espérance.
Aussi saint Bernard n'hésitait
pas à dire : " Mes enfants, en Marie est ma principale confiance
; Marie est toujours le fondement de mon
espérance ". Saint Jean Damascène
priait la sainte Vierge en termes non moins expressifs : " Ma Souveraine,
j'ai mis en vous toute ma
confiance ; et, les yeux fixés
sur vous, j'attends de vous mon salut ". " Marie est toutes l'espérance
de notre salut ", dit également saint
Thomas ; et saint Ephrem lui parle
ainsi à elle-même : " Notre espérance n'a point d'appui
en dehors de vous, ô Vierge très pure ; si
donc vous voulez nous voir sauvés,
recevez-nous sous l'aile de votre tendresse, et gardez-nous. "
Pour conclure, je dirai avec saint
Bernard : " Consacrons toutes les affections de notre coeur à honorer
Marie, car telle est la volonté
que nous a manifestée le
Seigneur, en réglant que tout bien nous viendrait par l'entremise
de cette divine Mère ". Chaque fois donc que
nous désirons et sollicitons
une grâce, efforçons-nous de faire appuyer notre requête
par Marie, et tenons-nous sûr de l'obtenir par elle
: " Cherchons la grâce, dit
saint Bernard, et cherchons-la par Marie ; car si nous sommes indignes
d'être exaucés, Marie en est digne,
elle, et le faveur que nous souhaitons,
elle la demandera pour nous ".
Enfin, voulons-nous faire agréer
au Seigneur l'offrande de quelque bonne oeuvre, de quelque prière
? suivons le conseil du même saint,
ayons soin de remettre tout entre
les mains de Marie ; par là. jamais nous ne serons rebuté.
EXEMPLE
C'est une histoire célèbre
que celle de Théophile, écrite par Eutychien, patriarche
de Constanttinople et témoin oculaire de ce que nous
allons raconter. Elle est d'ailleurs
confirméee par saint Pierre Damien, saint Bernard, saint Bonaventure,
saint Antonin, et plusieurs
autres que cite le Père Crasset.
Théohile était archidiacre
de l'Église d'Adana, en Cilicie. Il jouissait d'une si grande estime,
que le peuple le voulait pour évêque ; mais il
refusa par humilité. Dans
la suite, il se vit néanmoins déposer de sa charge sur une
accusation mensongère de la part de ses envieux ;
et il se laissa aveugler par le
chagrin jusqu'à aller solliciter d'un magicien juif le remède
à sa disgrâce. Celui-ci l'aboucha avec Satan, qui
lui promit de l'aider, à
condition qu'il renierait Jésus-Christ et la Vierge Marie, et lui
remettrait, écrit de sa propre main, l'acte de ce
renoncement. Théophile traça
l'abominable écriture. Le jour suivant, l'évêque reconnut
ses torts et en demanda pardon à Théophile et
lui rendit sa charge ; mais, déchiré
par le remords de sa conscience qui lui reprochait son énorme péché,
le malheureux archidiacre ne
faisait que pleurer. Il se rend
enfin dans une église, et là, se jetant tout en larmes aux
pieds d'une image de Marie : " O Mère de Dieu,
lui dit-il, je ne veux pas me livrer
au désespoir ; vous me restez encore, vous si compatissante, et
qui pouvez me secourir. "
Il passa ainsi quarante jours, pleurant
sa faute et priant la sainte Vierge. Ce temps écoulé, la
Mère de miséricorde lui apparut pendant la
nuit et lui parla ainsi : " Ah !
Théophile, qu'as-tu fait ? tu as renoncé à mon amitié
et à celle de mon Fils ; et en quelles mains ? dans les
mains de ton ennemi, de mon ennemi
! - Ma Souveraine, répondit le pécheur, c'est à vous
de remédier au mal que j'ai fait ; ne pensez
plus qu'à me pardonner par
votre divin Fils ". Voyant en lui cette confiance, Marie lui dit : "Aie
bon courage ; je vais prier Dieu pour toi
". Fortifié par cette vision,
Théophile ne fit que redoubler ses larmes, ses pénitences
et ses prières sans s'éloigner de la sainte image.
Tout à coup, Marie lui apparut
de nouveau, et lui dit d'un air joyeux : " Console-toi, Théophile
; j'ai présenté à Dieu tes larmes et tes
prières ; il les a reçues
et t'a pardonné. Désormais, sois reconnaissant et sois fidèle.
- O ma bonne Dame, répliqua Théophile, cela ne
suffit pas pour me consoler pleinement
: l'ennemi tient encore entre ses mains l'écrit impie par lequel
je vous ai reniés, vous et votre
divin Fils ; vous pouvez me le faire
rendre. " Trois jours après, Théophile, en s'éveillant
la nuit, trouva l'écrit sur sa poitrine.
Le lendemain, pendant que l'évêque
se trouvait à l'église en présence d'un peuple nombreux,
Théophile alla se jeter à ses pieds, lui
raconta son histoire en pleurant
à chaudes larmes, et lui remit entre les mains l'infâme billet,
que l'évêque fit aussitôt brûler devant la
multitude. Tous pleuraient de joie,
exaltant la bonté de Dieu et la miséricorde avec laquelle
Marie avait traité ce malheureux pécheur.
Quant à lui, il retourna
à l'église de la Vierge, et y demeura trois jours, au bout
desquels il mourut plein de joie, en rendant grâces à
Jésus-Christ et à
sa sainte Mère.
PRIÈRE
O Marie, vous êtes à
la fois Reine et Mère de miséricorde : tous ceux qui vous
invoquent le reconnaissent à la munificience vraiment
royale, à la tendresse toute
maternelle avec lesquelles vous leur distribuez les grâces. Souffrez
donc que je me recommande
aujourd'hui à vous, moi si
dénué de mérites et de vertus, et si chargé
de dettes envers la Justice divine. O Marie, vous tenez la clef du
trésor des divines miséricordes
; ne dédaignez pas un misérable, nel le laissez pas en proie
à son extrême indigence. Prodigue de vos
bienfaits envers tous les hommes,
vous êtes accoutumée à donner plus qu'on ne vous demande
; montrez-vous la même à mon égard,
Sainte Vierge ! protégez-moi
; c'est tout ce que je vous demande.
Si vous me protégez, je ne
crains rien : rien du côté des démons, parce que vous
êtes plus puissante que tout l'enfer ; rien du côté
de
mes péchés, parce
qu'il vous suffit de dire une parole à Dieu pour m'obtenir un pardon
général ; si vous m'êtes favorable, je ne crains
rien, même de la colère
du Seigneur, parce qu'une seule de vos prières l'apaise aussitôt.
En un mot, si vous me protégez, j'espère tout,
puisque vous pouvez tout. O Mère
de miséricorde, je le sais, vous mettez votre plaisir et votre gloire
à aider les plus misérables, et
vous pouvez les aider, tant qu'ils
ne sont pas obstinés. Je suis un pécheur, mais je ne suis
pas obstiné, je veux changer de vie ; vous
pouvez donc me secourir ; secourez-moi,
sauvez-moi. Aujourd'hui, je me remets tout entier entre vos mains : dites-moi
ce que j'ai à
faire, et j'espère y réussir
avec votre secour, ô Marie, ma Mère, ma lumière, ma
consolation, mon refuge, mon espérance ! Amen,
amen, amen.
suite
des Gloires
de Marie de Saint Alphonse-Marie de Liguori