Père Nathan
Extrait de la Retraite sur l'Espérance
Nous allons continuer notre méditation sur l’espérance.
La Venue intermédiaire du Seigneur qui est précisément le Signe du Fils de l’Homme, comme le dit l’Apocalypse, comme le disent St Jérôme, St Augustin et St Thomas d’Aquin, n’est que le commencement d’une longue, d’une grande, d’une profonde transformation de l’Eglise pour la rendre capable d’attirer à elle, de faire apparaître la Jérusalem céleste au terme. St Thomas d’Aquin, docteur principal de l’Eglise, précise qu’il y a onze étapes entre le Signe du Fils de l’Homme et le Retour du Christ pour juger les vivants et les morts. Nous avons encore beaucoup de travail à faire ! Seulement, ça devient glorieux.
« Là où se trouve le cadavre, là s’assembleront les vautours ». C’est impressionnant que Jésus ait parlé du Signe du Fils de l’Homme, « Là où se trouve le cadavre, là s’assembleront les vautours » ! Le cadavre, tout le monde a compris ce que ça voulait dire : c’est quand l’Eglise vit de Jésus dans l’état cadavérique, quand l’Eglise, extérieurement, est rendue à l’état de cadavre. C’est le plus grand moment de la joie de l’Eglise, même sensible, parce que la Visitation c’est une joie très sensible ; et pas seulement sensible d’ailleurs, évidemment.
Les vautours sont ceux qui dévorent la chair du Fils de l’Homme, qui se nourrissent de l’Eucharistie. C’est merveilleux. Ils vivent de ce que Jésus vit, ils vivent de ce que Marie vit, ils vivent de ce que les saints vivent, de ce que Marthe vit.
Marthe vit de ce torrent, de ce jaillissement de bonheur parce qu’elle est dans l’état de Jésus, cadavre, sur la Croix, toute sa vie ! Demandez-lui de revenir jeune fille pour aller à la fête du village, danser et s’amuser… elle n’en aurait strictement rien à cirer. Et vous non plus, j’en suis sûr. Cela ne veut pas dire qu’elle n’aime pas danser. Elle aime danser, elle trouve ça très sympa. Mais on ne lâche pas la proie pour l’ombre, n’est-ce pas ?
Ce deuxième mystère joyeux du second Avènement du Christ est un très beau mystère ! Il est très profond. Le mystère de l’Avènement de la Croix glorieuse est très lié à notre sensibilité à ce qui se passe dans les Limbes, vous le savez.
Quand Jésus est à l’état sanglant sur la Croix, quand Jésus est crucifié, il y a son corps, le cadavre, c’est la Croix sanglante. Mais pendant ce temps l’âme humaine de Jésus s’est arrachée de son corps. Cela, je crois que c’est facile à comprendre. Il paraît que je suis compliqué, je vais aller lentement. Elle s’est arrachée de son corps. Elle est allée où ? Et comment ? Quand vous aurez « Fin du monde présent et mystères de la vie future » du père Arminjon, vous le lirez. Thérèse de l’Enfant Jésus savait très bien tout cela.
Qu’est-ce qu’a fait Jésus ? Il « est descendu aux enfers », nous le disons dans le Credo. Il y a des tonnes de bouquins des docteurs de l’Eglise là-dessus, pour savoir ce qu’il a fait, comment, etc.
Vous allez me dire : « C’est un mystère donc on ne peut pas le comprendre ». C’est un mystère donc on peut le comprendre ! C’est Luther qui dit : « C’est un mystère donc on ne peut pas le comprendre », tandis que St Pierre dit : « Puisque c’est un mystère, eh bien on le comprend ».
Si je dis « 1+1=2 », peut-être qu’au début je ne comprends pas, mais à partir du moment où j’ai compris 1+1=2, ça y est, maintenant pour moi c’est clair, je deviens fort en math, 1+1=2, une fois que 1+1=2 est évident pour moi, ce n’est plus un mystère, j’ai tout compris, je n’ai plus rien à comprendre.
Tandis que quand je commence à comprendre quelque chose en plénitude dans un mystère, c’est le contraire : quand je commence vraiment à comprendre un mystère complètement, eh bien je n’ai pas fini de le comprendre, c’est pour ça que c’est un mystère.
Quand ce n’est pas un mystère, quand je l’ai vraiment compris, je n’ai plus rien à comprendre, tandis que dans un mystère, quand je le comprends vraiment bien et de l’intérieur, j’ai encore quelque chose à comprendre, je n’ai jamais fini de le comprendre, donc on comprend infiniment plus un mystère que quelque chose qui n’est pas un mystère.
Luther dit : « Un mystère, on ne le comprend pas », donc : « Pas besoin de faire une retraire à Châteauneuf de Galaure où on explique le mystère ! », « Pas besoin qu’il y ait la doctrine infaillible du Saint-Père ! », « La doctrine du Saint-Père, c’est trop touffu, il y en a trop ! »…
Excusez-moi, je n’en étais pas là, je reviens. Jésus meurt sur la Croix.
La forme du corps de Jésus, je crois que je n’ai pas besoin de vous la décrire, mais à quoi ressemble une âme humaine ? « Ah, on ne sait pas ». Pardon, on le sait très bien ! Depuis Aristote on le sait très bien. L’âme a la même forme que le corps, sauf qu’elle est sans matière.
Avec quoi est-elle fabriquée ? Avec de la lumière vivante. Aristote le démontre, dans Περὶ Ψυχῆς (Peri psychès), c’est une démonstration par induction donc elle est inrenversable. L’âme humaine est la forme substantielle du corps. C’est repris par exemple par le Concile de Vienne, donc cela appartient à la foi catholique dogmatique. L’âme humaine est la forme substantielle du corps, donc quand elle se détache elle a la même forme.
Si jamais nous mourons là à cause d’une bombe à neutrons, mon corps tombe sur le bureau, le vôtre sur vos chaises, et puis nos âmes vont se retrouver, alors je vais voir Bernard : « Tiens ! Qu’est-ce que tu fais là ? C’est bizarre ! Ton corps est ici, sur la chaise ! ». Nous allons très bien nous reconnaître, sauf que tu n’auras pas de lunettes, et moi je serai moins gros. Avec quelques défauts en moins : ceux qui ne viennent pas du péché personnel auront disparu. Les défauts qui viennent de nos péchés, c’est différent.
Quand le corps de Jésus est déchiré, l’âme humaine de Jésus est déchirée aussi, donc il descend crucifié par l’âme dans les enfers, c’est-à-dire dans les lieux inférieurs. La première personne qu’il va voir pour épancher toutes les plaies de son âme, c’est son Papa. Il le dit. Il y a dix-neuf passages où il le dit. Et puis c’est le Credo. Il va dans les Limbes.
Il a trente-six choses à faire dans les Limbes, en trente-six heures. Faites vous-mêmes le calcul de ce qui se passe entre la mort de Jésus et la Résurrection. Regardez tout ce qu’il a fait, il y en a des choses !, et essayez de repérer les trente-six œuvres du Christ dans les enfers. Le coup de lance a eu lieu après la mort de Jésus. Le bon larron est mort après le Christ : « Ils ne lui brisèrent pas les jambes, il était déjà mort ». Quand vous lisez attentivement, vous verrez, il y en a des choses !
C’est quelque chose de très beau de voir que Jésus vient visiter les lieux inférieurs. C’est ça la Visitation de la Parousie, le Signe du Fils de l’Homme : « De l’orient à l’occident, tous le verront », du profond de la terre jusqu’au sommet du ciel, tous verront ce Signe, entendront cette trompette, verront leur âme dans la Clarté du Christ, « regarderont vers celui qu’ils ont transpercé », donc dans les Limbes aussi.
Quand Jésus dans son corps est sur la Croix, c’est la Croix sanglante, mais quand son âme humaine qui a la même forme que son corps est déchirée, la Croix est dans son âme aussi. Ecoutez, quand on vous donne un grand coup de couteau dans le ventre – ça ne vous arrive pas souvent –, ça fait mal, c’est vrai, mais si vous étiez déjà mort, ça ne vous ferait pas mal, donc c’est bien l’âme qui a mal, ce n’est pas le corps. C’est l’âme végétative qui éprouve la douleur, ce n’est pas le corps. Le corps est juste l’instrument, le corps en tant que tel ne souffre pas, c’est l’âme qui souffre les douleurs physiques.
C’est important pour comprendre l’enfer. On dit : « En enfer il n’y a pas de feu, on ne brûle pas, c’est symbolique ». Pardon ! C’est contraire à la foi catholique ! C’est un dogme, celui qui pense que ce n’est pas vrai a perdu totalement la foi catholique. C’est défini par l’Eglise. Il faut être très ferme là-dessus.
Une chose est sûre, c’est que l’âme de Jésus est déchirée, mais on est absolument sûr aussi que la Croix lumineuse, la Croix immatérielle… quand Jésus crucifié descend dans les enfers, c’est vraiment la Croix du Seigneur qui descend avec lui, mais pas sanglante, parce qu’une âme ne donne pas du sang, et son âme vient s’engloutir par l’amour, par l’attraction, par la véhémence de la charité, dans l’âme de son Papa et de tous les autres justes.
L’âme humaine de Jésus portant le Fils éternel de Dieu trouve dans l’âme de son Papa la possibilité pour la Personne éternelle du Père de venir se conjoindre à la Personne éternelle du Fils à travers deux âmes en une seule Plaie, et c’est là que l’unité du Père éternel et du Fils éternel dans cette charité de ces deux âmes dans les Limbes produit l’Esprit Saint dans cette rencontre.
C’est ainsi que la Croix de l’âme de Jésus descendu aux enfers devient glorieuse.
C’est pourquoi que la tradition de l’Eglise dit qu’au moment de la Croix, à l’instant de la mort de Jésus, il y a une distinction à faire entre la Croix sanglante et la Croix glorieuse. Aussitôt Jésus, comme dit St Thomas, est glorifié dans toute son âme. Toute l’âme déchirée de Jésus devient glorieuse. La Croix devient glorieuse. Je crois que c’est facile à comprendre.
Il faut le prendre sous beaucoup d’angles d’attaque, sinon on ne saisit pas. Il est beau ce mystère du second Avènement du Christ du deuxième mystère joyeux. Je l’aime particulièrement. J’en discutais beaucoup avec un ermite à Montmorin, qui s’appelait le père Jean. Il paraît que je me disperse trop, c’est vrai, je me disperse tout le temps, ça doit être pénible, donc je reviens.
Reprenons par un autre aspect : la liturgie. Dans la liturgie de l’Eglise, aux offices du Vendredi Saint au soir et du Samedi Saint, nous fêtons, nous vénérons, nous glorifions dans les antiennes la descente de Jésus dans les enfers.
Dans les icônes aussi, dans les mosaïques, dans les représentations traditionnelles, vous remarquerez que Jésus descend aux enfers avec une Croix glorieuse. Dans le catéchisme, il descend avec une Croix glorieuse, il est représenté avec une Croix glorieuse dans les bras, descendant aux enfers, c’est-à-dire dans les Limbes.
Il va voir Adam, Noé, Abraham, Moïse, Lazare. Pas le Lazare qu’il a ressuscité, l’autre. Il va voir tout ce grand monde, cet immense monde. Il descend dans leur âme, il pénètre en eux comme il pénètre en nous par l’Eucharistie, par la grâce. Il est représenté avec une Croix glorieuse, il est représenté avec le fruit de l’Eucharistie, avec la res, la réalité du sacrement de l’Eucharistie, et il descend dans leur âme, c’est leur première communion.
Dans les représentations il est représenté avec une Croix glorieuse. On voit Jésus crucifié sur le Golgotha et son âme qui descend aux enfers, et il y a plein d’anges qui le précèdent et puis qui sonnent de la trompette. Vous n’avez jamais vu des représentations ? Il y en a des milliers.
Dans la liturgie elle-même – quand elle met les antiennes dans une liturgie, l’Eglise engage son infaillibilité sur leur signification –, que disent les anges le Vendredi Saint et le Samedi Saint dans les antiennes ? « N’ayez pas peur, ouvrez toutes grandes vos portes au Christ ! ». Voilà ce que disent les anges quand ils annoncent par la trompette la Venue, la Visitation de Notre-Seigneur dans les Limbes.
Un autre aspect : la première parole que prononce le Saint-Père Jean-Paul II lorsqu’il ouvre le balcon en 1978 – Jésus sur la terre, Jean-Paul Ier, a été crucifié le 33ème jour de son pontificat –, qui a rejailli dans les lieux inférieurs de ce monde.
Parce que nous sommes vraiment dans les lieux inférieurs de ce monde, dans un monde où c’est l’avortement qui domine sur toute la terre puisqu’il y a plus d’enfants avortés que de naissances, donc le poids de l’humanité est passé du côté des enfants avortés.
Que dit le pape Jean-Paul II ? « Ouvrez toutes grandes vos portes au Christ ! N’ayez pas peur ! ». Les Paroles de la Parousie ! Et que met-il sur son blason ? Une Croix glorieuse. En quelle année a-t-il commencé son pontificat ? En l’an 5738 du calendrier d’Israël (1978) : 5, c’est le M de Marie qu’il y a dans son blason, et 738 c’est l’altitude du Golgotha : 738 mètres !
Pourquoi ? Parce que la Croix glorieuse découvre les profondeurs de Satan. C’est grâce à la Croix glorieuse qui illumine de l’intérieur le péché du monde que sont mis à nu nos péchés et que nous voyons le péché à visage découvert. Jésus descend dans les profondeurs de l’Anti-Christ en largeur, en hauteur et en profondeur et il est démasqué. La Parousie met à nu nos péchés, mais aussi la Victoire de l’amour de Jésus pour nous sauver. C’est pour ça qu’il est mort à cette altitude.
Vous savez bien que les bénédictins qui sont des gens très précis, depuis bien des siècles, quand ils font les petites croix pour les exorcistes, ils font des croix de 7 centimètres et 38 millimètres.
C’est une autre manière de regarder ce qui se passe à la Parousie. C’est une Visitation qui nous libère du mensonge sur le péché. Quand vous avez fait un gros péché, instinctivement vous essayez de le cacher, qu’il n’y ait plus de trace. Le démon fait ça : quand il y a un péché, vite, on cache tout, surtout que ça ne se voie pas, que personne ne puisse s’en douter. Au confesseur on le dira en gros… Tandis que Jésus, lui, veut déraciner le péché et mettre la joie à la place. C’est ça la Parousie, c’est la Visitation, vraiment, c’est une très belle chose !
Mais vous voyez, les vierges folles, les vierges sages, nous y sommes vraiment : nous nous y préparons. C’est pour ça que c’est la première fois dans l’histoire de l’Eglise que le pouvoir des clés de l’Eglise demande – à Toulon en premier, mais aussi au Brésil, à Londres… – que l’on fasse des cérémonies pour que le mystère de l’Eucharistie offre le secours de la présence eucharistique aux enfants avortés qui sont dans les Limbes pour qu’ils puissent rentrer, qu’ils ne soient pas exclus du rayonnement de l’Eucharistie. Là aussi c’est un signe. C’est une préparation, en vérité. Nous nous préparons, nous nous habituons, nous sommes très sensibles à cela.
L’humanité elle-même est avortée. Nous sommes dans un état d’avortement, nous, les jeunes, l’Eglise et le Saint-Père. Nous sommes des gens mis à mort mais nous continuons de vivre sur la terre dans le temps. Le Pape a été mis à mort mais il continue de vivre. Il aurait dû mourir mais il continue de vivre. Les enfants avortés, c’est pareil, ils ont été mis à mort mais ils continuent de vivre dans les Limbes dans le temps. Et les jeunes d’aujourd’hui ont été mis à mort, ils vivent quand même, mais en fait ils vivent comme des avortés, et ils le savent mais ils n’en peuvent rien. C’est le climat du monde d’aujourd’hui.
Nous sommes dans un état terrible et nous avons besoin de la visite de la Croix glorieuse, nous avons besoin que Jésus vienne illuminer et nous faire participer à ce Cri silencieux de Jésus sur la Croix, et donner une signification nouvelle à cet état qui est finalement un état de grâce, sans que nous nous en doutions. Ce Cri silencieux qui jaillit de notre innocence divine avortée, cette liberté que nous n’avons plus, cette innocence divine crucifiée avortée qui triomphe dans la visite de l’Innocence triomphante de Jésus, fait que notre Cri silencieux est là et il prend une signification sainte. Alors nous aimons tout le monde.
[Une participante] D’où tenez-vous que les enfants avortés sont dans les Limbes ? (…)
Qui est-ce qui dit le contraire, excuse-moi ?
[La même participante] Que cette histoire des Limbes, c’est (…)
Oui. Le pape Innocent III et le pape Pie VI ont défini que ceux qui disent que les Limbes sont une fable sont dans l’erreur. Donc on n’a pas parlé des Limbes mais on a condamné ceux qui disaient que les Limbes étaient une erreur, cela revient au même. Tu sais quand est-ce qu’il a dit ça, le pape Pie VI ? Au moment de la terreur révolutionnaire en France. Il a bien choisi son temps, son moment pour parler de ça. C’est une hérésie janséniste de dire que les Limbes n’existent pas : « Ils ne sont pas baptisés, ils sont en enfer ». Eh non, ils ne sont pas baptisés, ils ne sont pas en enfer.
« Ils ne sont pas baptisés mais ils sont au ciel quand même ! ». C’est faux puisque le Saint-Père dans son encyclique Evangelium vitae par exemple dit bien qu’il faut les consacrer à la Miséricorde du Seigneur. S’il faut les consacrer à la Miséricorde du Seigneur, c’est qu’ils ne sont pas au Ciel. Je crois que c’est facile. Ne t’inquiète pas, ce n’est pas un problème, si tu veux des précisions là-dessus, il y a sûrement des gens dans l’assemblée qui pourront te donner des précisions. C’est la nécessité absolue du baptême pour le salut qui fait que l’Eglise ne peut pas… Tu liras le père Arminjon aussi là-dessus, bien sûr, tu peux le lire, tout à fait.
Je sais bien qu’il y a une querelle, et la querelle est très forte parce que le démon ne veut pas qu’on en parle, surtout (…), c’est très mal vu. Alors on dit : « Oh, c’est une opinion théologique, ce n’est pas sûr ! ». Attends, la bulle d’exhortation du pape Pie VI et celle d’Innocent III n’ont aucune valeur ? Mais enfin, c’est déjà défini ! C’est incroyable qu’on puisse mettre la parenthèse sur certaines définitions de l’Eglise. « C’est mal vu » : je m’en fiche que ce soit mal vu ! « C’est difficile à expliquer » : je m’en fiche que ce soit difficile à expliquer !
Il faut absolument comprendre que les enfants qui vivent encore sans leur corps doivent faire partie de l’Eglise militante puisqu’ils ne sont pas dans l’Eglise glorieuse, et que c’est le Christ et nous qui devons les faire pénétrer dans l’Eglise militante, et donc nous épousons leur spiritualité qui est le Cri silencieux qui dit : « Mais il faut absolument que Jésus revienne ! ». Il n’y a qu’un seul Cri pour eux, c’est le Retour du Christ. Un seul désir ! Il n’y en a pas d’autre chez eux s’ils s’associent à notre grâce eucharistique. Il faut les faire rentrer dans la communion des saints. C’est la spiritualité du second mystère joyeux. Tout cela fait partie de la même atmosphère, vous voyez ?
[Un participant] On ne peut pas les baptiser après coup ?
Non, l’Eglise définit qu’on ne peut pas baptiser les enfants après leur mort. On ne peut pas baptiser un enfant après sa mort, on le baptise de son vivant, quand il est avec un corps. Les sacrements, c’est avant la mort. Après la mort il n’y a plus de sacrement.
La grâce peut atteindre les gens après leur mort si nous faisons déborder en eux les grâces que nous recevons. Toi qui es encore vivant, tu communies, tu fais déborder la grâce de la présence eucharistique sur ce petit enfant auquel tu penses, par exemple, le petit enfant de ta voisine.
[Le même participant] Ça peut le sortir des Limbes ?
Ça ne le sort pas des Limbes, ça le fait rentrer dans l’Eglise, ça le fait rentrer dans ton cœur, ça le fait rentrer dans ta grâce, ça le fait rentrer dans le Corps mystique qui est en toi, ça le fait rentrer dans une découverte de sa vocation, ça le fait rentrer dans une prière pour ses parents, ça le fait rentrer dans une prière de pardon, ça le fait rentrer dans la reconnaissance, ça le fait rentrer dans le désir, ça le fait rentrer dans la sainteté, ça le fait rentrer dans l’aspiration que Jésus avait que tout s’accomplisse.
Je ne veux pas trop rester là-dessus parce que ce n’est pas le sujet.
Encore que…
C’est normal que la modalité particulière spirituelle du cri silencieux associé au Cri silencieux du Christ sur la Croix…
Quand le cœur de Jésus est cadavérique, qu’il est mort et que son cœur s’ouvre, ce Cri de soif sans parole humaine de Jésus, du Verbe de Dieu dans son corps mort, est un Cri silencieux. C’est le Cri silencieux du Verbe de Dieu dans un corps mort.
Et c’est pour ça que c’est eux qui vont recevoir cette grâce-là, puisque dans leur âme morte et leur cri silencieux ils peuvent recevoir la même puissance – si je puis dire – de ce Cri silencieux du Verbe de Dieu dans son cœur cadavérique déjà mort, ce Cri de soif.
Si vous voulez pénétrer ce mystère-là, il y a un livre très beau du père Marie-Dominique Philippe qui s’appelle « J’ai soif ». Magnifique ! Deux cents pages rien que là-dessus ! Et c’est au couteau, ce n’est pas de la poésie !
[Une participante] (…) en 5738 ?
En 5738 du calendrier d’Israël, en l’année 1978 de notre ère, le Saint-Père est monté sur le trône de l’Eglise de Rome. 5738 ! C’est magnifique !
Tout est cohérent. « J’ai soif ! ». Avant de mourir, Jésus sur la Croix dit : « J’ai soif ! », mais ce n’est qu’une prophétie. Il meurt et en fait c’est la Personne du Verbe dans le cœur cadavérique du Christ qui exprime cette soif ardente. Ce n’est plus l’humanité de Jésus qui a soif, c’est la Personne éternelle du Verbe de Dieu qui enfin a soif. Parce que le Verbe de Dieu n’a jamais soif, mais dans le cœur cadavérique du Christ il a soif, à travers le corps cadavérique du Christ il a soif. Alors du coup il attire tout à lui. C’est pour ça que l’Immaculée qui est très libre est absorbée en lui.
[Une participante] Quand on lui présente le vinaigre, il boit.
Oui, et on lui présente le vinaigre pour bien montrer que ce n’est pas ça qu’il a réclamé et que c’était une prophétie pour autre chose, qu’il s’agissait d’une autre soif. « J’ai soif », père Marie-Dominique Philippe.
Alors cette grande puissance de Dieu dans le corps de Jésus, c’est cette grâce-là qui doit être donnée à ces enfants qui sont dans les Limbes. Parce que les petits enfants qui sont dans les Limbes sont dans un cri de soif incroyable ! Une souffrance incompréhensible, substantielle ! Un abandon total ! Ils n’existent pour plus personne. Ils sont dans un état de mort absolue, et puis en même temps dans une incapacité de faire quoi que ce soit ! Ils ne peuvent pas faire un acte d’intelligence, ni un acte de compréhension, ni un acte de relation, ni un acte d’affection, rien ! Ils sont dans cet état de souffrance, cri silencieux.
Et donc il est nécessaire que nous ayons cette miséricorde pour eux, comme le dit le Saint-Père dans Evangelium vitae, que nous puissions les rejoindre pour qu’ils soient dans ce Cri de Miséricorde du Seigneur et qu’ils puissent enfin jouer leur rôle, et c’est eux qui auront la plus grande grâce de tous les temps pour rentrer au ciel.
Donc ils seront baptisés par un baptême de feu qui ne les consacrera en tant que tel qu’à la Parousie. C’est pour ça d’ailleurs que nous faisons ces Messes pour eux. Un petit peu comme nous faisons des Cérémonies d’introduction au baptême : d’abord la première onction d’huile, puis l’introduction dans l’Eglise, etc. C’est pour ça que nous faisons ces Cérémonies, parce qu’ils rentrent déjà dans l’Eglise, ils sont dans l’Eglise grâce à l’Eucharistie, grâce au pouvoir des clefs de l’évêque uni au Saint-Père.
[Un participant] C’est valable pour les enfants non avortés qui meurent sans le baptême ?
Bien sûr, tous les enfants morts avant la naissance sans baptême. Ceux qui sont morts après la naissance ? Oui, mais on ne peut pas donner de date limite, c’est difficile à dire.
[Une participante] Il y en a un qui est resté longtemps là.
Oui. C’est eux qui viennent, ils veulent écouter, ils sentent que les arbres, c’est-à-dire leur Croix, commencent à vivre. Ce n’est pas la première fois que j’en parle, à chaque fois il y a des petites choses merveilleuses, très jolies, très belles, très émouvantes. Parce qu’ils sont contents, c’est moi qui vous le dis ! Je peux vous dire qu’il y a des torrents de Lumière quand nous faisons ces prières pour eux. Des torrents de Lumière ! Nous sommes dans un bain de bonheur, de joie. C’est eux qui communiquent ça. Leur cri silencieux, de tout incompréhensible, devient enfin compréhensible pour eux, et joyeux.
[Une participante] Quand vous avez fait (…) à Lourdes, sur la photo que j’ai prise il y a une fontaine de petites lumières.
Oui. C’est normal.
Je prends un tout petit passage sur extra Verbum. Je voulais vous le lire parce que souvent on me pose la question : « Quand on est marié, est-ce qu’on retrouve sa femme au ciel ? » :
Ce que nous enseignons comme certain, c’est qu’au ciel on se verra tous, même ceux qu’on ne voyait pas sur la terre, et on se reconnaîtra tous, même ceux qu’on n’a jamais connus sur la terre.
C’est-à-dire que quand vous allez voir quelqu’un que vous n’avez jamais connu, par exemple Vercingétorix, Charlemagne, St Louis, Jeanne d’Arc… vous ne savez pas à quoi elle ressemble, Jeanne d’Arc, mais quand vous verrez Jeanne d’Arc vous la reconnaîtrez, vous ne l’avez jamais vue pourtant. Elle ne ressemble pas du tout aux représentations. On se reconnaîtra, c’est beau ! Quand vous verrez par exemple Jacques, ou Paul, ou Barnabé, ou Jacques le Mineur, vous les reconnaîtrez tout de suite, pourtant nous ne les avons jamais vus. Et eux aussi nous reconnaîtront, nous serons très flattés.
Cela me rappelle un souvenir. Un jour j’avais un cousin germain du côté de ma mère qui voulait se marier, il habitait Paris, il disait : « Qui est-ce qui pourrait me marier ? ». J’étais dans ma grotte, dans un ermitage, je n’avais jamais marié personne. « Ça ne peut être que mon oncle », un vieil oncle qui avait fait tous les mariages dans la famille. D’ailleurs sa mère disait : « Ça ne peut être que l’oncle », c’était impensable autrement, ils n’avaient pas songé à quoi que ce soit d’autre.
Enfin quand même, mon cousin dit : « Ce serait bien qu’il y ait plusieurs prêtres… », il va à Notre-Dame de Paris et il se met au pied de la statue de Notre-Dame de Paris, une jolie petite statue de pierre. Ce n’est pas un mystique pourtant, il n’est pas du tout mystico-dingo. Au pied de la statue de Notre-Dame de Paris, il entend sortir de la bouche de Notre-Dame de Paris : « C’est Patrick qui doit te marier » ! Alors il m’a écrit. Je ne l’avais pas vu depuis dix ou vingt ans et je me demandais pourquoi il m’écrivait. Il m’a écrit : « Est-ce que tu pourrais me marier ? » et puis il m’a dit.
Eh bien quand il m’a dit ça, j’ai été heureux, vous savez pourquoi ? Parce que je me suis dit : « Donc si je comprends bien, la Sainte Vierge me connaît ! ».
[Une participante] (…)
Oui, nous le savons vaguement, mais qu’elle s’intéresse à moi actuellement, concrètement… Vous voyez, au ciel c’est ça. La Sainte Vierge nous reconnaît. Et pas seulement la Sainte Vierge.
C’est normal, c’est parce que j’avais beaucoup étudié la sponsalité et le sacrement de mariage dans la sponsalité, beaucoup travaillé ce qu’il y a dans le sacrement de mariage, à partir des enseignements du Saint-Père. Et j’ai trouvé ça très sympa de la part de ma Maman qu’elle vienne donner la confirmation, et en plus à Paris, par un cousin qui s’appelait Pierre et qui s’est marié avec ma cousine – maintenant – qui s’appelle Sagesse, Sophie : la Sagesse du mariage dans l’Eglise de Pierre confirmée par Notre-Dame dans la Babylone des nations. Parce que Paris c’est la Babylone, d’après une trentaine de saints, la Babylone qui doit être détruite. Au milieu de la Babylone des nations, il y a cette confirmation. J’aime assez ça ! J’avoue que je suis flatté. Au ciel on sera vraiment flatté mais sympa, pas d’orgueil. Bon, continuons :
Ce que nous enseignons comme certain, c’est qu’au ciel on se verra et on se reconnaîtra, tel est le témoignage et le cri constant de la tradition.
En Afrique, St Cyprien, né dans le paganisme et élevé après sa conversion au siège de Carthage, se sentant destiné au martyre, encourage les fidèles à braver comme lui la mort et la leur signale comme un don et une bénédiction du ciel : « Hâtons-nous donc, dit-il, et courons pour voir notre Patrie et saluer nos frères, nous sommes attendus par un grand nombre de personnes qui nous sont chères ; nous sommes désirés par une foule de parents, de frères et d’enfants qui, désormais assurés de leur immortalité, conservent encore de la sollicitude pour notre salut. Allons les voir, allons les embrasser... Et quelle joie, tout ensemble, pour eux et pour moi ! »
Chez les Grecs, à Constantinople, St Théodore Studite, illustre confesseur de la foi, consolait les familles affligées ; il écrivait à un père dont tous les fils étaient morts : « Vos enfants ne sont pas perdus, mais ils demeurent sains et saufs pour vous, et dès que vous serez parvenu au terme de cette vie temporelle, vous les reverrez joyeux et pleins d’allégresse. »
St Théodore Studite écrivait encore à un homme qui venait de perdre sa femme – voilà, c’est pour ça que je vous le lis : « Est-ce que je vais retrouver ma femme ? », « Est-ce que je vais retrouver mon mari ? » – : « C’est auprès de Dieu que vous avez envoyé avant vous une si digne épouse. Et, qu’est-ce que vous devez chercher maintenant ? Vous devez tâcher de la retrouver au ciel, au moment voulu par la grâce… »
« Sans doute, au ciel, les époux venus de la terre seront eux-mêmes comme des anges ». C’est sûr, il n’y aura plus ni homme ni femme, nous serons comme les anges dans le ciel donc il n’y aura plus d’activité conjugale, mais il y aura une activité sponsale. « Sans doute, au ciel, les époux venus de la terre seront eux-mêmes comme des anges et ils n’aspireront plus aux activités conjugales, mais ils goûteront les plaisirs toujours plus purs de l’esprit, dans leurs corps, ensemble, et, comme durant leur exil terrestre ils furent une seule chair, ainsi, dans la gloire ils seront un seul cœur et une seule âme, une seule gloire dans leurs corps, dans les délices d’une union renouvelée qui n’aura pas de fin. » C’est extraordinaire !