Homélie de Père Nathan
en la veille du 888ème jour
Samedi 24 octobre 2020
La méditation proposée est de Madeleine Delbrêl.
Nous sommes membres d’un seul Corps. Plonger dans le mystère intime de l’Église, dans le Corps mystique auquel le pape Pie XII consacrait, il y a quelques années, une encyclique, Mystici Corporis Christi (29 juin 1943), nous fait prendre conscience de notre place et de la place de nos frères, non pas seulement une place dans un peuple, mais nous avons notre place dans Jésus Christ en Personne. C’est tout à fait autre chose d’être l’homme d’un peuple donné ou la cellule vivante d’un Corps vivant. C’est tout autre chose de participer à l’action extérieure de l’Église visible dans le monde ou de sauver, enfouis dans un Organisme de rédemption et de salut, les hommes dont le salut exige que nous soyons et vivants et donateurs de vie, et vivifiants. Sans le don de nous-mêmes à cette puissance invisible de l’Église, notre dévouement à sa puissance visible construira du fragile, du creux. Nous donnons la vie. L’Église doit être visible dans le monde, il lui faut l’effort de chacun pour que son vêtement indique où elle est et qui elle est. Mais, si elle doit être visible, il faut d’abord qu’elle existe, et c’est par chacun de nous qu’elle existe. Ce que saint Paul écrivait jadis à nos pères dans la foi est toujours valable lorsqu’il expliquait comment nous devions être les membres d’un même Corps, différents quant à leurs fonctions, complémentaires pour un même but, vie et donation de vie dans le Corps mystique vivant.
C’est un feu qui est sorti du Fils unique de Dieu, de Dieu vivant monté à la droite du Père, c’est un feu qui fait que ce Corps mystique vivant de Jésus vivant a une Ame. Le Saint-Esprit est l’Ame de l’Eglise.
Et l’Eglise n’existe que s’il y a des membres du Corps mystique vivant de Jésus vivant, qui se dépassant, allant toujours beaucoup plus profondément, beaucoup plus haut, beaucoup plus largement, beaucoup plus intensément, dans la Sainteté du Saint-Esprit, permettent au Corps mystique de l’Eglise d’être vivant et à l’Ame qui est le Saint-Esprit d’embraser le Corps mystique de l’Eglise en allant vers son accomplissement : « Qu’il me tarde d’envoyer le feu sur la terre et que ce feu soit allumé ! ».
Nous sommes aujourd’hui la veille du 888ème jour. Demain dimanche, c’est la 888ème fois que le pape – c’était le Lundi de Pentecôte 2018 – a proclamé, a ouvert l’heure du temps.
Il a ouvert le temps de l’Eucharistie par le pouvoir des clés de St Pierre du ciel à la terre et de la terre au ciel, pour que le feu du Saint-Esprit qui fait l’âme de la sponsalité glorieuse de la Très Sainte Trinité qui embrase Marie dans une fécondité eucharistique substantielle, dans un acte pur qui est plongé dans l’éternité de Dieu, puisque c’est l’Esprit Saint qui, dans la supervenue intime et intérieure de sa sponsalité avec Marie, fait d’elle une Engendrante de Dieu dans l’obombration de la première Personne qui est Epoux…
La Femme est Vierge, elle est Epouse, elle est Mère, mais là elle est Reine. C’est la vocation de la Femme d’être Vierge, d’être entièrement donnée, abandonnée dans les énergies, c’est-à-dire dans l’acte pur de l’Epoux, d’être engendrante, d’être féconde et d’être Reine : ce sont les cinq privilèges de la Femme.
Le Saint-Esprit, dans la supervenue qui s’opère à l’intérieur d’elle, engendre et établit le Royaume accompli de la Jérusalem dernière.
Le pape François a ouvert l’heure du temps avec son pouvoir des clés, et donc il faut se rappeler tous les jours de cela.
Demain c’est le 888ème jour que célébrant l’Eucharistie il y a entre les mains du prêtre…
C’est-à-dire de Jésus prêtre éternel, debout, comme un Agneau, à la droite du Père, au-dessus de la résurrection, au-dessus de l’univers de la résurrection, donc vraiment à l’intérieur des Hypostases de la Très Sainte Trinité, « Trois en Un, Un en Trois ».
Jésus prêtre éternel, victime éternelle d’amour, s’inscrit et vient toucher dans l’Eucharistie le point, l’heure et le jour où dans le temps du pèlerinage de l’Eglise il vient toucher le voile qui le sépare de l’accomplissement eucharistique et où Marie sous la supervenue du Saint-Esprit vient à l’intérieur du monde éternel et incréé de la Très Sainte Trinité, et elle-même se trouve dans une unité totale avec cette pure et glorieuse supervenue du Saint-Esprit en elle et entièrement concentrée, obombrée, disparue dans la sponsalité où comme Epouse elle disparaît pour devenir Mère et Reine.
La manifestation, l’heure est arrivée. C’est le Saint-Père qui l’a institué. Le monde nouveau mis en place et institué par le Saint-Père du Lundi de Pentecôte 2018 arrive à son 888ème jour et c’est demain.
C’est très important que les membres de l’Eglise deviennent des membres vivants du Corps mystique de Jésus vivant.
Mais nous serons quoi dans le Corps mystique vivant de Jésus vivant ?
Nous serons la quasi incarnation de l’Eucharistie accomplie où Marie engendre Dieu dans son Hypostase ; elle engendre Dieu dans sa vision, dans sa vie ; elle engendre Dieu lui-même dans sa vie de lumière, dans sa vie de substance divine elle-même, dans sa vie de liberté dans le don de tout lui-même, dans sa vision de Dieu et des profondeurs de Dieu ; elle engendre Dieu dans les membres vivants du Corps mystique vivant de Jésus vivant, dans chacun de nous.
Le pape a mis dans la transsubstantiation eucharistique et surtout la communion eucharistique cette présence d’une fécondité qui devient réelle, substantielle, actuelle, féconde, vivante, efficace, de la nature divine de Dieu à l’intérieur de chacun de nous, y compris les enfants qui sont sous l’autel.
Ces myriades d’enfants qui n’ont pas pu naître, qui n’ont pas pu être baptisés du baptême de l’eau et de l’Esprit Saint, peuvent être baptisés de la fécondité de Marie et ils peuvent être entièrement plongés dans le Verbe de Dieu, la divinité, la nature divine du Dieu le Verbe qui lui a trempé sa propre fécondité dans la Paternité de Dieu.
Un nom est écrit sur son côté, et ce nom c’est le Verbe de Dieu. Il avance de manière intrépide en chevauchant le cheval blanc de l’Apocalypse avec des myriades de myriades derrière lui dans cette immense chevauchée. Il a un manteau blanc trempé de sang.
C’est le baptême glorieux.
Ce baptême glorieux est pour ceux qui n’ont pas de baptême.
Le temps va s’ouvrir et tous ceux qui n’ont pas de baptême auront été déjà revêtus intérieurement par les membres vivants du Corps mystique vivant en communion avec le Saint-Père parce qu’ils auront reçu Celui qui est envoyé de Dieu dans la fécondité de Marie en l’Eucharistie pour pouvoir opérer ce débordement.
Le Corps mystique de l’Eglise n’est le Corps mystique de l’Eglise que parce qu’il y a des membres vivants du Corps mystique vivant dans l’intérieur de ce Corps mystique de l’Eglise qui vont transsubstantiellement plus loin dans l’intensification, dans le débordement, dans la surmultiplication de la grâce et de la sainteté de l’Eglise, avec une ferveur, un feu qui fait qu’il y a des torrents de feu qui par eux dépassent complètement la réalité vivante du Corps mystique de Jésus.
Et le fait d’arriver au 888ème jour, ce n’est pas rien !
Outre le fait bien sûr que le contexte n’est pas très drôle aujourd’hui dans le monde…
Mais c’est une occasion aussi de dire : « Mais attends, c’est l’heure de se convertir ! ».
C’est l’évangile d’aujourd’hui (Luc 13, 1-9).
La tour de Siloé ! Il y a eu 6 personnes + 6 personnes + 6 personnes qui ont été anéanties parce qu’une tour est tombée. Ces gens-là représentent le temps. Dix-huit personnes, vous vous rendez-compte ! Elles n’étaient pas plus coupables que les autres. « C’est parce qu’elles étaient punies, châtiées ! » : non, pas du tout.
Et c’était dans les mêmes semaines qu’il y avait eu dans le temple de Jérusalem ceux qui venaient de Galilée. C’est extraordinaire ça aussi ! En une semaine qui était un petit peu en décalage des autres, parce que c’est comme ça que tous pouvaient rentrer dans le temple pendant les temps de la fête, ils ont offert le sacrifice, leurs brebis, leurs agneaux, ils sont rentrés dans le temple, ils ont adoré dans le temple, et puis parmi eux se sont mêlés une centaine de soldats de Ponce Pilate et ils les ont massacrés. Au milieu du temple le peuple de Galilée s’est fait massacrer. Ils ont mêlé leur sang au sang des agneaux. Cette histoire-là est quand même curieuse ! Ce n’est pas parce qu’ils étaient châtiés parce qu’ils manquaient de foi, non, ce n’est pas ça, ce sont un peu les saints innocents du monde du pouvoir, les sacrifiés du monde de l’argent et du pouvoir.
Aujourd’hui on voit bien que tout est organisé pour qu’il n’y ait pas de Noël cette année, que la Nativité, la fête de Noël, n’existe pas dans le monde, qu’il n’y ait pas de familles, qu’il n’y ait pas de Sainte Famille, qu’il n’y ait pas de Noël, qu’il n’y ait pas de visibilité. Mais c’est pour quoi ? C’est pour un avertissement, comme disait Jésus dans l’évangile : « C’est pour que vous compreniez que c’est maintenant qu’il faut se convertir, et si vous ne vous convertissez pas, vous serez victimes des puissances de l’enfer ».
Mais si nous nous convertissons dans ces jours-ci, alors nous engendrons le Corps mystique de l’Eglise dans une ferveur, une sainteté, un visage, une transformation de notre visage intérieur dans le visage du Corps mystique de Jésus, nous engendrons un peuple nouveau, nous engendrons un Corps mystique nouveau, nous engendrons… c’est Marie plus exactement qui engendre en se servant de la foi de l’Eglise la Jérusalem nouvelle.
Le figuier va donne son fruit parce qu’au jour de l’Avertissement nous aurons creusé dans l’Humilité du Roi. L’Humilité royale est quelque chose qui rejoint la Royauté de Marie sur le monde angélique et la fécondité de l’Eglise toute entière.
Il y a une conversion à faire pour nous engloutir dans le Corps eucharistique de Jésus et être le cœur vivant brûlant qui bat du Corps mystique de l’Eglise. Que nous en soyons l’incarnation quasi incréée ! Que nous y soyons engloutis avec les enfants, avec les anges et avec la fécondité de Marie, de Joseph, de la Sainte Famille, pour engendrer dans l’Eglise le Noël glorieux, la naissance du monde nouveau, le réengendrement de la terre.
Et avec le Noël glorieux, nous pouvons avancer, nous enfoncer dans le Saint des Saints du mystère eucharistique : nous le recevons.
Dire que nous le recevons, c’est dire aussi que nous lui permettons d’exhaler et de répandre son parfum dans tous les diaphanes intérieurs que ce feu veut posséder, embraser, alors dans le mystère de l’Eglise nous sommes, chacun d’entre nous, dans cette foi ardente, une cellule vivante embrasée.
Ste Thérèse de l’Enfant Jésus disait : « Dans le cœur de l’Eglise, je serai l’amour ». Chacun a sa place. Mais si l’un est dans le Corps de l’Eglise l’amour, l’autre aussi : dans le Corps mystique de l’Eglise il est l’amour de l’Eglise, il est l’amour du Corps mystique.
Et s’il y en a un autre qui dit : « Moi, dans le Corps mystique de l’Eglise, je suis le sang brûlant du feu du Saint-Esprit » et qu’il le réalise, tous ceux qui font partie du Corps mystique de l’Eglise du coup pourront dire : « Je suis le sang brûlant du feu du Saint-Esprit dans le Corps mystique de l’Eglise ».
Si un autre dit : « Je suis la contemplation embrasée d’une vive flamme d’amour de la Paternité incréée de Dieu, voilà ce que je suis dans l’Eglise », eh bien tous les autres membres de l’Eglise pourront dire derrière lui : « Je suis le feu embrasé du regard de la vive flamme d’amour de la Paternité de Dieu ».
Et l’autre dira : « Je suis la sponsalité vivante, brûlante, diaphane, invincible et triomphante de l’Eglise ».
Chacun d’entre nous doit se poser la question : « Je suis quoi dans le Corps mystique de l’Eglise ? »
Pour être à la fois les apôtres, les enseignants, les prêtres, les enfants, les membres…
C’est à nous de découvrir que nous avons été créés par Dieu et établis pour la conversion de l’Eglise toute entière à la fécondité du temps qui intègre, inspire à l’intérieur de la spiration de l’Eglise un Noël glorieux pour le monde.
Nous sommes des instruments, nous avons autorité de fécondité de vie divine de Dieu dans la terre à la suite du Saint-Père dans le monde nouveau mis en place et établi par lui dans la fécondité eucharistique de Marie.
Cette Sainte Famille met au monde de manière transfigurée, c’est-à-dire intime, profonde, secrète, sans être vue, dans l’engendrement d’une terre nouvelle qui vient au secours de la Femme parce qu’elle met au monde la Royauté du Royaume accompli, le Noël glorieux.
C’est pour ça que la prière d’autorité que nous faisons la nuit maintenant prend un visage, une coloration…
C’est vrai, nous ouvrons avec le Saint-Père à tous les frères : tous les Chinois, deux milliards de fois, tous les gens de l’Inde et de l’Asie, deux milliards de fois, tous les hommes, toutes les populations, toutes les personnes musulmanes de la terre, tous les membres de l’humanité judéo-chrétienne, chaque avortement, tous les enfants de la terre, nous élargissons avec la fécondité divine de Marie à chaque Eucharistie et nous pouvons les prendre à bras le corps pour les introduire, les plonger dans le Noël glorieux, nous avons désormais autorité pour le faire.
Sans compter tous les autres, même les pires de tous. Nous avons possibilité d’aller vers chacun d’entre eux pour les arracher à la perdition éternelle dans les bras de Lucifer où ils se sont mis, même s’ils s’y sont mis librement et résolument.
Tout ce qui peut être sauvé ! Toute l’humanité ! Nous avons pouvoir de les aimer de l’amour de Dieu parce que le Père les a créés dans un amour fou, chacun d’entre eux, et c’est à nous qu’il donne cette fécondité, cette royauté, de pouvoir les intégrer, les rassembler, les aspirer et les plonger dans le Noël glorieux du monde nouveau.
Et cette fois-ci c’est parce que c’est le Saint-Père qui a ouvert les portes du ciel et de la terre à cette fécondité-là dans l’Eucharistie et dans la Sainte Famille glorieuse que nous avons un nom nouveau, une place nouvelle dans le Corps mystique de l’Eglise, et nous sommes les membres vivants de cet élargissement spectaculaire et quasi universel de l’Eglise dans la Jérusalem qui en apparaît et qui est en train d’en naître, nous sommes les enfants nouveaux du monde nouveau. Cet acte, cette vocation, cette mission, c’est notre mission dans la plénitude du Christ glorieux, 888.
« Mais si vous ne vous convertissez pas à cela, vous périrez tous de la même manière que les autres ».