Homélie de Père Nathan
Les Lamentations de la Mère de Dieu
Nous fêtons aujourd’hui St Cyrille d’Alexandrie.
St Cyrille d’Alexandrie est mort en l’an 444, c’est facile de se rappeler.
Il est contemporain de St Patrick et du pape St Léon Le Grand.
C’est avec lui que l’Eglise a prononcé le tout premier dogme au concile d’Ephèse : Marie est Mère de Dieu. La divinité de Jésus est liée au fait que Marie n’est pas Mère de Jésus qui lui se trouve être très lié à Dieu, non, elle est Mère de Dieu, et Dieu en elle, une fois engendré par elle comme Dieu vivant dans sa propre Personne, comme le Père engendre Dieu dans la Personne du Verbe de Dieu, une fois engendré en elle dans son Regard éternel, parce que le Regard éternel de Dieu c’est Dieu lui-même, elle engendre le Regard éternel de Dieu vers son incarnation et vers l’incarnation et la création de toute chose, elle est la Mère de Dieu qui s’est fait homme.
La Maternité divine de Marie précède pour ainsi dire l’incarnation de Jésus. Un peu comme on dirait : « Cet enfant-là est magnifique ! Voilà un enfant tout lumineux ! Il est fort ! Il est prophète dès la naissance ! », oui, mais avant sa naissance et la splendeur de son Esprit de prophétie, l’enfant est d’abord conçu, et ensuite il se déploie et il devient ce qu’il est. Avant qu’il y ait Jésus, il y a la Maternité divine de Marie. Il y a un ordre de principe, il y a un ordre de fécondité. Marie est Mère de Dieu et Dieu est devenu Jésus.
Ce n’est pas tout à fait la même chose que de dire : « Le plus grand des éveillés, des rédempteurs, des saints, le Saint des saints parmi les hommes, l’homme le plus saint, le plus parfait, c’est lui qui doit être vénéré dans son accomplissement, dans sa perfection, dans son déploiement universel : on doit le vénérer comme Dieu parce qu’il est devenu Dieu ».
Non, c’est Dieu qui est devenu homme.
Ce mouvement d’Apocalypse – apocalypse, ça veut dire révélation de la révélation, la révélation à la lumière du Verbe de Dieu – montre que Marie est Mère de Dieu. C’est un mouvement descendant. « Nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel » (Jean 3, 13).
En ces jours-ci l’Eglise nous fait faire des lectures sur les livres des Rois dans l’ancien Testament, et aujourd’hui par exemple sur le prophète Jérémie (Lamentations 2, 2…19).
Il y a une grande concentration de prophètes à ce moment-là. Il y a eu les patriarches, il y a eu les juges, comme Gédéon par exemple, et puis il y a eu les prophètes, à profusion : les prophètes étaient presque contemporains les uns des autres.
Que s’est-il passé ? L’Eglise nous donne à lire ça en ces jours-ci qui sont si importants pour nous, où nous voyons que l’on remet en route la dévastation de Dieu dans le Saint des Saints du temple.
Eh bien il s’est passé ceci, c’est qu’à l’époque du prophète Jérémie, le roi du monde entier, le pontife suprême du monde était à Sour, en Assyrie : c’est Nabuchodonosor. Il a réduit à l’esclavage, si je puis dire, il a assujetti tous les pays connus du monde entier. Il restait Jérusalem, il restait Israël, alors il a mis fin à la dynastie du roi David.
Il a assiégé Jérusalem et il a fait une première déportation, il a emporté la royauté de David chez lui. Il a mis à la place un petit jeune qui s’appelle Sédécias à Jérusalem pour qu’il y ait un petit reste, pour qu’il y ait de quoi cultiver les terres.
Et puis une deuxième fois il est venu, dix ans après, parce que le petit Sédécias a fait le péché. Puisque Nabuchodonosor n’avait pas respecté le temple, le Saint des Saints, il s’est laissé aller. C’est à ce moment-là qu’il y avait le prophète Jérémie. Il est donc venu une deuxième fois. Ça s’est fait en trois fois en fait. Nabuchodonosor a tout anéanti, ça a été un quasi génocide ! Ce n’est pas simplement ne pas respecter le temple ou le Saint des Saints qui s’est passé, c’est qu’il n’en est pratiquement plus resté pierre sur pierre, il a tout brûlé, toutes les habitations, tous les remparts, il n’est plus rien resté de Jérusalem. Sédécias, il lui a crevé les yeux, il a tué devant lui tous ses enfants. La royauté de David s’est arrêtée. Comme dévastation tu ne peux pas faire pire puisqu’on avait promis que la royauté de David donnerait un jour un Messie et un Roi pour le monde entier.
Jérémie du coup se lamente. Jérémie dit : « Vous vous êtes trompés. Si Dieu a suscité un roi pour le monde entier, c’est pour que le roi lui-même construise, élève Jérusalem, ce n’est pas pour la détruire. » Mais les riches, les puissances d’argent de l’époque, les puissances temporelles de l’époque, se sont bagarrés pendant dix ans contre Jérémie et ont forcé le roi Sédécias à travailler contre Nabuchodonosor, en disant : « Tiens, on va essayer de faire la guerre en faisant alliance avec l’Egypte ». Les puissances d’argent ont fait travailler le roi à aller contre la volonté de Dieu.
Et Jérémie disait : « Mais non, ça durera soixante-dix ans, ne vous inquiétez pas, il faut laisser, il faut au contraire aller dans le monde entier, sous l’autorité du roi Nabuchodonosor, du pontife suprême du monde, de manière que la splendeur d’Israël puisse être glorifiée dans l’univers tout entier ». Et là, personne n’a cru Jérémie.
C’était l’époque d’Ezéchiel aussi, qui disait que le temple est dévasté parce que Dieu est méprisé. C’est là aussi qu’il y a eu Daniel le prophète, qui faisait partie des déportés.
Et effectivement cette déportation a duré soixante-dix ans exactement, de l’an 586 à l’an 513 avant Jésus-Christ. Et puis à la fin, vous le savez, le pontife suprême du monde a fait reconstruire Jérusalem. Ça s’appelle la deuxième construction du temple de Jérusalem. La splendeur du temple de Jérusalem a été reconstruite.
Si bien que c’est facile, au niveau des dates : l’an 1000, le roi David et son fils Salomon ont construit pour la première fois un temple à Jérusalem avec le Saint des Saints, et cinq cents ans après, la reconstruction, le deuxième temple, après une destruction totale.
Tous ces prophètes annoncent que l’essentiel est dans le Saint des Saints, le véritable Saint des Saints, que doit être marqué sur le front le sceau du Saint-Esprit, l’Epoux de la Jérusalem dernière, et que le Saint des Saints est lié aux petits enfants, que le Saint des Saints est lié à la nature humaine toute entière, et du coup le prophète Daniel va donner l’explication de ce que c’est que la véritable destruction du Saint des Saints.
Et c’est sous l’influence des juifs qui ont obéi à Jérémie en se soumettant à l’autorité du pontife suprême de l’époque pour être le ferment dans la pâte que du coup les juifs ont reçu dans la construction du deuxième temple la vocation de l’absolution des péchés de tous les hommes, qu’ils soient juifs ou pas juifs, et ceci dès la conception.
Nous lisons tous ces jours-ci les livres des Rois, et aujourd’hui nous lisons les Lamentations (2, 2…19) du prophète Jérémie. Si vous vous demandez quelle est la prière du prophète des derniers temps que nous pouvons faire pour comprendre ce que c’est que le shiqoutsim meshomem dans la conception de tous les enfants du monde, lisez le prophète Jérémie, les Lamentations.
Le prophète Ezéchiel dit : « Ceux qui se lamentent à cause du shiqoutsim meshomem, c’est ceux-là qui sont marqués, les autres seront anéantis et ils périront du jour au lendemain ». Alors ceux qui se lamentent à cause du shiqoutsim meshomem se sont lamentés pendant soixante-dix ans, puis ensuite ils ont continué à se lamenter jusqu’à ce que le Christ arrive.
Le Seigneur a détruit les forteresses, jeté à terre, profané le royaume et ses princes. Les anciens de la fille de Sion sont muets, leur tête couverte de poussière ; ils inclinent la tête vers la terre, et les vierges de Jérusalem aussi.
Mes yeux sont usés par les larmes, mes entrailles frémissent, je vomis par terre ma bile face au malheur de la fille de mon peuple, parce que défaillent les tout-petits enfants et les nourrissons sur les places de la cité de la Jérusalem dernière, de la Jérusalem véritable, qui demandent à leur mère : « Mais où est le froment ? Où est le vin ? Où se trouve la nourriture pour ces enfants dans les entrailles ? Où se trouve le vin de l’allégresse de la grâce ? », altérés, alors qu’ils défaillent comme des blessés dans tous les lieux de la cité sainte, la ville de la sainteté, les lieux de la grâce. Ils y défaillent eux-mêmes et ils rendent l’âme dans le sein de leur mère.
Que dire de toi ? A quoi te comparer, fille de Jérusalem, la Jérusalem d’aujourd’hui, la Jérusalem de l’Eglise, la Jérusalem véritable, la Jérusalem immaculée, la Jérusalem virginale ? A quoi te rendre égale pour te consoler, vierge, fille de Sion, fille de la pauvreté et de l’humilité absolues ? Car ton malheur est grand comme la mer et l’océan ! Qui te guérira ?
Tes porte-paroles ont de toi des visions vides et sans valeur parce qu’ils ne dévoilent pas ta faute – c’est d’une clarté ! –, ce qui aurait ramené tous les captifs ; ils ont de toi une certaine vision, et dans leur vision des proclamations vides et illusoires, pendant que le cœur du peuple crie vers le Seigneur.
Laisse couler le torrent de tes larmes, de jour comme de nuit, ne t’accorde aucun répit, que tes pleurs ne tarissent pas ! Lève-toi ! Pousse un cri dans la nuit, au début de la veille de la nuit. A minuit lève-toi – c’est marqué là –, pousse un cri dans la nuit, au début de la première veille de chaque nuit ! Déverse ton cœur comme l’eau devant la face d’Elohim ; élève les mains vers le Saint des Saints pour la vie de ces tout-petits enfants qui défaillent de faim – le froment et le vin – à tous les endroits de tous les chemins de la cité.
Et les prophètes ont continué à dire ça. A l’époque d’Esdras, au jour indiqué d’ailleurs par la prophétie de l’ange Gabriel au prophète Daniel, les murs ont été reconstruits, le temple a été reconstruit. Il y a eu un cheminement qui s’est fait.
Il faut compter 555 ans avant Jésus-Christ pour la déportation, et tout a été lié, de David jusque là et de là jusqu’à Jésus. La royauté de David, la royauté divine dans Israël, a été interrompue. Et le jour où, d’après les lois du lévitique, la royauté est redevenue légale, légitime, vivante par la bénédiction du sang, la bénédiction de l’ascendance, la bénédiction divine, enfin les cinq bénédictions, c’est à l’occasion du mariage qui a rejoint des lignées royales, le mariage de Marie et Joseph qui ont permis de reconstituer l’avènement de la royauté de David. Joseph est le premier des rois d’Israël à nouveau légitimes, au bout de 555 ans.
Il y a quand même eu des successeurs qui ont permis d’aboutir à la royauté de David jusqu’à Joseph, mais il fallait aussi que la lignée qui aboutit à Marie puisse rejoindre cette lignée-là, puisqu’elles avaient été séparées, arrachées les unes des autres, donc le point de vue du lévitique et de la loi du lévirat ne pouvait plus marcher tant que l’alliance n’était pas faite entre ces lignées.
Donc nous voyons que tout est lié au shiqoutsim meshomem. Tout est lié à partir de Moïse, David et là, cette grande montée royale. Et nous le voyons dans les Lamentations, le prophète lie cela aux enfants, aux tout-petits, aux nourrissons dans le sein de la mère, et leur soif de froment et d’huile fraîche, leur soif d’eucharistie. Et Jérémie le dit avec Ezéchiel, il n’est pas tout seul à dire ça : tous les prophètes, le prophète Daniel… Les plus grands que nous connaissons sont Jérémie, Isaïe, Ezéchiel et Daniel.
Et l’Eglise aujourd’hui nous donne ces textes : il faut vraiment être sourd et complètement aveugle et muet pour ne pas voir qu’aujourd’hui, au jour – puisque c’est dans une semaine – où le véritable Israël de Dieu sur la terre, malgré la présence vivante d’un roi, des saints qui sont au milieu d’elle, entièrement cachés, comme les enfants sont cachés dans le sein d’une mère, renouvelle pour la troisième fois la relance du shiqoutsim meshomem à la face des enfants de la terre, à la face de Dieu…
Comment se fait-il qu’on ne puisse pas comprendre que la grâce sanctifiante, la grâce des sacrements, est là pour être donnée, pour être communiquée et pour atteindre les assoiffés, pour atteindre les dévastés, pour atteindre le mal dans sa source, pour atteindre le mal et ceux qui sont accablés par la maladie, par le malin et par la mort, « ceux qui gisent dans l’ombre de la mort » ? Nous avons fêté si récemment Jean Baptiste.
Nous voyons qu’effectivement sur ceux qui sont dans le sein maternel il y a une obombration désormais. Dès que quelqu’un est conçu, au lieu d’aller vers la divinité du Verbe de Dieu dans laquelle il a été illuminé en commençant d’exister…
(Le Prône s'est prolongé sur l'explication pratique du partage des eaux des chrétiens face au coup final qui tombe sur la faute Suprême d'Indifférence ... faute d'oraison prophétique ...)