Homélie de Père Nathan
pour le mois du Sacré-Cœur
Evangile de Notre-Seigneur Jésus Christ selon St Matthieu 5, 1-12
En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Jésus s’assied et ses disciples s’approchent de lui. Ouvrant la bouche, Jésus les enseignait. Il disait :
« Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si on vous insulte, si on vous persécute et si on dit faussement toute sorte de mal contre vous à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux ! C’est de cette manière qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés. »
La méditation est du Vénérable Prosper Guéranger : « Le mois de juin est tout embrasé des feux récents de la Pentecôte. L’embrasement du Saint-Esprit vient poser les premières assises de l’Eglise sur ses fondements prédestinés. Il méritait l’honneur d’être choisi pour rappeler au monde les grands noms de Pierre et de Paul, qui résument les services et la gloire du collège entier des Apôtres. Pierre a proclamé l’accueil des non-juifs à la grâce de l’évangélisation. Paul fut déclaré leur Apôtre en particulier. Mais avant même d’avoir comme il convient rendu gloire à la puissante principauté de ces deux colonnes du peuple chrétien, l’hommage en ce mois du Sacré-Cœur de l’embrasement du feu d’amour de la Pentecôte s’adresse à bon droit en ce jour à celui qui a guidé Paul lui-même, l’envoyé par Pierre pour cette œuvre admirable, le fils de la consolation (Actes 4, 36) : c’est le nom de Barnabé qui présenta le converti de Damas à l’Eglise qu’il voulait anéantir. Le début du mois de juin, du Règne du Sacré-Cœur, tirera sa splendeur au 29, à la fin, en la confession simultanée des deux colonnes de l’Eglise, unis cette fois dans leur mort alors qu’ils étaient totalement séparés dans leur origine. Honneur donc tout d’abord à celui qui noua dans l’origine cette union féconde en conduisant au chef de l’Eglise naissante le futur docteur de la chrétienté universelle (cf. Actes 9, 27) ! Barnabé se présente à nous comme avant-coureur, la fête que lui consacre l’Eglise annonce des joies qui nous attendent à la fin de ce mois si riche en lumière et en fruits de sainteté que l’Eglise vénère comme le mois du Cœur d’amour embrasé de Jésus. »
Nous allons célébrer. La messe n’a plus tout à fait la même signification depuis que Marie est proclamée Mère de l’Eglise. C’est la première fois que le mois du Sacré-Cœur emporte le temps et le rythme de l’Eglise à l’intérieur d’une fécondité descendante. Marie fait l’unité et elle fait l’unité par voie descendante. C’est normal, personne n’est monté au ciel s’il n’est d’abord descendu du ciel, et personne ne descend du ciel s’il ne vient d’en-haut.
Pendant le mois du Règne du Sacré-Cœur, nous avons trente jours de messes, nous avons un trentain si je puis dire, nous avons le trentain du Sacré-Cœur de Jésus qui opère une grâce descendante eucharistique.
La transVerbération du Père descend dans l’immolation eucharistique, ce chemin de Croix descendant, et qui s’opère pour la première fois au fond dans l’histoire du Sacrifice du Christ.
Cela a une signification profonde, c’est que l’état d’offrande se transforme en état d’accueil. Il y a un moment donné où on ne peut pas aller plus loin dans l’offrande, à cause d’une capacité d’accueil, et la capacité d’accueil ne se trouve plus dans l’Eglise.
C’est pour ça d’ailleurs je crois qu’à un moment donné il y a deux papes, comme pour dire que le rideau du temple se déchire en deux et qu’il y a une réceptivité qui correspond à la Jérusalem d’en-haut et qui doit trouver sa capacité d’accueil dans la Jérusalem d’en-haut.
C’est pour ça que le mois de juin de cette année 2018 a quelque chose de très particulier, de très spécial, où Dieu nous attend d’une manière vraiment particulière.
Alors dans l’Eucharistie il va falloir que nous prenions le même mouvement : « Comme j’ai vu faire à Dieu le Père, je fais moi pareillement », et puisqu’il y a une grande descente, eh bien nous descendons dans les immenses profondeurs de l’Eucharistie, dans l’immense profondeur de l’état victimal quasi incréé du Verbe de Dieu. Cette transVerbération, elle s’est inscrite dans le fond du temps dans le Cœur immaculé de Marie. Et quand la grâce descendante de l’Apocalypse descend jusqu’à l’autel, c’est pour aller avec nous jusque dans ces profondeurs-là qui sont les seules qui ouvrent et engendrent en le temps de la terre et de l’Eglise une capacité d’accueil qui soit en affinité avec la Jérusalem nouvelle.
Au temps de l’Anti-Christ c’est comme ça : au temps de l’Anti-Christ, ou bien c’est l’homme dans sa plénitude de perfection, de lumière et d’amour, 666, ou bien c’est la Très Sainte Trinité.
Parmi les deux Témoins de l’Apocalypse il y a Elie. Cette oraison très profonde, mariale, nous fait descendre dans la Paternité. Et le deuxième Témoin c’est Hénoch. Hénoch, vous le savez, est apparu sur la terre 669 ans avant le Déluge. La Jérusalem à laquelle il préside comme un flambeau au milieu du Trône de Dieu… Jérusalem, c’est-à-dire l’avènement de l’accueil en sa plénitude finale d’affinité du Sacré-Cœur de Jésus. On trouve le mot « Jérusalem » 669 fois dans la Torah, dans les cinq premiers livres de la Bible. Il y a un lien. Avant le Déluge il y a Hénoch, la Paternité, et il y a Jérusalem.
Au temps de l’Anti-Christ, il y a ou la Très Sainte Trinité, ou la plénitude de l’humanité.
Il faut dépasser la plénitude de l’humanité, même comblée de la grâce, parce que la grâce reste une participation créée. Il faut donc la compléter par la présence dans le corps spirituel de la Jérusalem nouvelle à venir de l’incréé de la Très Sainte Trinité, et cela ne peut se faire que dans un Cœur d’accueil qui soit en affinité avec la Très Sainte Trinité dans le monde incréé lui-même. C’est pour ça : 666 + 3. Il faut prendre appui sur ce qui est derrière nous et pénétrer dans le monde incréé.
C’est pour ça que c’est le Règne du Sacré-Cœur que de venir descendre jusque dans le fond de l’autel, c’est-à-dire de l’Arche d’alliance, et laisser les enfants et la messe pénétrer jusque dans le fond de l’autel, de la Conception Immaculée de Marie glorifiée, et laisser les enfants visiter la Conception Immaculée de Marie de manière eucharistique, et nous, laisser la Très Sainte Trinité transVerbérer notre conception et la conception de la nature humaine toute entière, parce que le mystère d’Israël n’est plus réservé seulement à Jérusalem et à la Judée. La Jérusalem nouvelle dépasse largement le mystère d’Israël, mais c’est quand même à partir de Jérusalem qu’est incorporé l’ensemble de la Jérusalem bénie de la fin.
Pour ça il y a des apôtres. Pour ça il y a des instruments. Les instruments du Règne du Sacré-Cœur de Jésus ont découvert qu’ils pouvaient faire tout le bien qui s’est fait sur la terre depuis le début de la création jusqu’à la fin du monde, eh bien ce n’est rien à côté de cette mission de la fin du monde, mission d’accueil.
Un jour quelqu’un est venu nous visiter et disait : « On voit la Paternité de Dieu qui descend dans une coupe et il dit : « Voici, je crée à l’intérieur de vous un Cœur d’accueil qui a la vastitude suffisante pour recevoir la toute-puissance de mon amour trinitaire et paternel ». C’est le Cœur ouvert qui reçoit l’offrande jusqu’au fond. »
Il y a quelque chose dans le Règne du Sacré-Cœur, nous le savons très bien de toute façon, qui est lié aux enfants avortés, qui est lié aux enfants qui n’ont pas pu naître. Ils n’ont rien de la plénitude de l’humanité à laquelle aspirent les gens assoiffés d’amour et de lumière parce qu’ils ont réduit cette soif d’amour et de lumière à la sainteté de la terre. Et ce n’est pas à la sainteté de la terre où Dieu nous attend mais à la sainteté de la Très Sainte Trinité.
C’est pour ça que le martyre, le témoignage, c’est la transVerbération, cette transVerbération qui mène à un Cœur d’accueil qui est capable de recevoir la transSpiration, une Spiration incréée à l’intérieur d’une Sponsalité d’éternité où le voile se déchire entre la Sponsalité surnaturelle d’amour glorifiée dans l’acte du Saint-Esprit de Jésus Marie Joseph, et puis la Sponsalité incréée de l’Epoux et de l’Epouse. Les deux se conjoignent indivisiblement.
C’est pour ça qu’il doit y avoir une Pentecôte. « Le mois de juin est tout embrasé des feux récents de la Pentecôte », non pas une Pentecôte de l’Immaculée Conception mais une Pentecôte du Saint-Esprit qui actue l’Immaculée Conception embrasée qui descend. L’Apocalypse est descendante parce qu’à un moment donné l’Eglise est tout à fait elle-même dans l’accueil après avoir été offerte entièrement par la puissance du Saint-Esprit.
C’est une disposition et un regard, parce que Celui qui vient, il faut se tourner vers lui et regarder et voir qu’il vient, et s’y disposer. C’est une disposition contemplative qui est une disposition instrumentale, c’est une disposition déjà éternelle, c’est une disposition finale, c’est une disposition d’affinité.
Quand on dit que c’est le mois du Sacré-Cœur, le mois de juin c’est le sixième mois, le mois de la Visitation venue d’en-haut de la Sponsalité de Spiration éternelle. C’est le Feu incréé et c’est quelque chose qui précède le feu de la résurrection, c’est pour ça qu’à Jérusalem le Feu incréé du grand Sabbat du samedi midi précède le feu créé de la résurrection qui va avoir lieu environ douze heures après.
Il y a quelque chose qui fait que le don eucharistique va plus loin que le don de la messe lui-même, paradoxalement, parce qu’il creuse en nous une capacité à aller dans le fond eucharistique, et le fond eucharistique se trouve dans le monde incréé de Dieu, il ne se trouve pas sur l’autel créé de l’Eglise. C’est pourtant à travers l’autel créé de l’Eglise que je me laisse emporter dans le fond eucharistique dans le monde incréé de Dieu.
Les enfants qui ne sont pas nés sont adaptés spirituellement à être dans le Cœur d’accueil de ce fond incréé de l’Eglise dans la transVerbération. D’ailleurs c’est pour ça qu’ils sont considérés dans leur robe blanche comme les princes de la patience et du temps, parce qu’ils vivent leur mort conjointement à celle du Verbe de Dieu dans le fond eucharistique de la fin des temps et de l’accomplissement de tout.
Alors 669 c’est ça. Avant Noé il y a eu Hénoch, et dans Hénoch il y a le creux très profond de notre nature humaine emporté à l’intérieur de la Très Sainte Trinité sans la voir puisqu’Hénoch n’est pas dans la vision béatifique, sans la voir jusqu’à la fin du monde, pour l’emportement de la nature humaine dans le Feu incréé de la Jérusalem nouvelle. C’est pour ça que c’est le même chiffre.
Tout cela, ce n’est pas pour parler d’Hénoch, ce n’est pas pour parler du nombre, pourtant c’est bien le nombre des élus qui décide de tout, mais ce n’est pas pour ça : c’est pour qu’une parole soit prononcée à l’intérieur de l’autel pour les enfants, parce qu’ils l’entendent des apôtres de l’Eglise, et qu’eux aussi, et nous aussi, et quelque chose dans l’atmosphère et la création toute entière, se disposent à vivre ce mois du Sacré-Cœur de manière très pauvre, très dépouillée d’une humanité parfaite, très aspirante à la transVerbération, et une fois entièrement disparus dans la transVerbération, très recueillante de la Spiration, c’est-à-dire de la Sponsalité brûlante et incréée de Dieu.
C’est là que nous avons besoin du Sacré-Cœur, c’est là que nous avons besoin du Cœur immaculé de Marie, c’est là que nous avons besoin de St Joseph. Il faut les trois.
Il faut nous dire : « Nous avons trente jours qui sont très importants pour nous et qui sont très importants pour les enfants ». Nous pouvons laisser tomber une multitude d’autres affaires mais il faudra peut-être essayer d’éviter de laisser tomber cette affaire-là. Cela veut dire que si nous sommes invités à faire ceci, ou à aller faire cela, ou à aller ici ou là, eh bien nous donnerons la priorité à la réponse « Non ». Et nous donnerons la priorité à la réponse « Oui » au recueillement parce que le doigt de Dieu nous attend là.
C’est une des choses que je trouve très parlantes, c’est bien le cas de le dire, dans la prière que Jésus a enseignée à Dozulé : « Pitié pour ceux qui l’oublient complètement parce qu’ils te fuient, alors donne-leur le goût, donne-leur le fond de l’Eucharistie ».
Alors le Royaume de Dieu va venir et nous pouvons demander à nous ouvrir au don parfait du Feu incréé.
Vous savez, plus nous la faisons, plus nous la prononçons, cette prière de la nuit : « Intercédez pour nous auprès du Seigneur pour sa Venue avec ses élus marqués du sceau du Saint-Esprit incréé de Dieu », à force de le dire, à force de le prononcer, à force de l’intérioriser, eh bien nous avons ce regard sur l’Apocalypse descendante qui fait le fond de la spiritualité du Règne du Sacré-Cœur de Jésus du sixième jour de l’année, sixième mois. La Visitation de l’Apocalypse ne se fait pas après l’Avertissement, évidemment que non, elle se fait avant.