Homélie de Père Nathan
La Nativité de Saint Jean Baptiste
Ecoutez-moi, îles lointaines ! Peuples du lointain, écoutez-moi, soyez attentifs ! Ecoutez-moi encore dans le sein maternel ! J’étais dans le sein maternel quand le Seigneur Adonaï Elohim m’a appelé. Ecoutez-moi, soyez attentifs ! J’étais encore dans les entrailles de ma mère quand il a prononcé mon nom. Ecoutez-moi, soyez attentifs ! Il a fait de ma bouche un glaive tranchant. Il m’a protégé. Il m’a obombré de sa main. Il a fait de moi une flèche acérée. Ecoutez-moi ! J’étais encore dans le sein maternel. Il m’a caché dans son carquois. Il m’a dit : « En toi je manifesterai ma splendeur ». Ecoutez-moi, gens des lointains, îles éloignées, soyez attentifs, car maintenant Adonaï Elohim parle. C’est lui qui me façonne dès le sein de ma mère pour que je lui rassemble Israël, pour que je lui ramène Jacob. Et il me dit, soyez attentifs : « C’est trop peu que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob, pour ramener les rescapés d’Israël : je fais de toi la lumière des nations, voilà ce que je fais ». Ecoutez, soyez attentifs ! « Voilà ce que je fais : je fais de toi la lumière des nations pour que ma rédemption parvienne jusqu’aux extrémités de la terre ».
Voilà la lecture du prophète Isaïe (49, 1-6) que l’Eglise nous donne.
C’est la joie d’Isaïe, c’est le jubilé d’Isaïe, c’est le quarante-neuvième chapitre d’Isaïe.
Il y a deux Noël dans l’année. Il y a le Noël de Jésus et le Noël de Jean le Baptiseur. C’est une fête de réjouissance. C’est une solennité.
Dans la bouche de Jésus, Jean Baptiste est « le plus grand des fils de la femme », et dans la bouche de Jean Baptiste, Jésus est l’Agneau de Dieu : « Le voici, l’Agneau de Dieu », l’Agneau, Dieu Agneau.
Nous sommes très impressionnés, parce que nous pouvons relire ce que nous venons de lire dans le prophète Isaïe, s’adressant aujourd’hui à ces myriades de ceux à qui s’adresse aujourd’hui le Ciel à travers les textes de la Nativité, à tous ceux qui sont dans les entrailles de leur mère, à tous ceux qu’il appelle alors qu’ils sont dans le sein maternel, à tous ceux dont il veut faire de la bouche une épée tranchante, à tous ceux qu’il vient obombrer par le pouvoir de la Femme, à tous ceux qui ont le droit d’être obombrés et d’être en face et en présence de Dieu, en présence du Seigneur, et qu’ils aient leur récompense dans leur Oui, à ce qu’ils ont dit Oui dans le façonnement de Dieu lui-même de leur âme, de leur chair et de leur sang dans le sein de leur mère, pour qu’ils aient une mission : la mission de rassembler Israël, de ramener tous les fils de la foi d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, tous ceux qui ont entendu, tous ceux qui ont été attentifs à la parole de l’Eglise, à la parole de Jean le Baptiseur, à la parole du baptême de l’alpha et de l’oméga, en raison des mérites du plus grand des enfants de la femme, parce que toute sa force n’est pas en lui-même, toute sa force c’est Dieu : « C’est mon Dieu qui est ma force ».
Et tous ceux qui entendent, étant dans les entrailles de la femme, ils entendent cette parole d’aujourd’hui que proclame l’Eglise à l’humanité toute entière : « Je fais de toi la lumière des nations » : « Je te façonne, c’est trop peu que tu sois mon serviteur, je fais de toi la lumière des nations qui permet à mon salut de parvenir jusqu’aux extrémités de la terre ».
Tous les enfants doivent être baptisés, tous les enfants de l’Eglise, tous les enfants des fils de la femme, à la naissance de ce que nous proclamons aujourd’hui en raison du pouvoir du façonnement de la présence de Dieu dans la femme et présent à l’intérieur d’eux ont ce pouvoir d’obombration de tout ce qui est conçu par Dieu et façonné par Dieu dans le sein maternel pour faire d’eux la lumière qui rassemble, la lumière qui unifie, la lumière des nations, le rassemblement d’Israël, la réconciliation de la conception avec la Paternité de Dieu et de la Paternité de Dieu avec tous ceux qu’il a façonnés dans le sein maternel.
Ah !, ce témoin de l’Agneau de Dieu, et de ce que l’Agneau de Dieu façonné dans le sein de la Femme, aussitôt façonné, aussitôt conçu dans le sein de la Femme, Dieu Agneau de Dieu a voulu s’engloutir dans le cœur d’un embryon qui bat !
Il a vécu de ce battement du cœur d’un enfant embryonnaire, il s’est associé à ce souffle de la respiration du cœur dans le sang d’un embryon, et donc dans un cœur communautaire, dans un cœur rassemblant, dans un cœur divinement rassemblant, dans un cœur magnifiquement rassemblant, exultant, exalté dans cette allégresse de ce cœur qui bat.
Le Verbe de Dieu a pris chair et aussitôt il s’est rendu Agneau en s’engloutissant dans le cœur de Jean Baptiste au jour de la Visitation et il a engendré ici le germe méritoire en lui par la foi de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie, de l’Assomption du véritable Israël de Dieu à la fin du monde.
C’est la grandeur de Jean Baptiste.
Tout est suspendu sur lui.
Le baptême de conversion de Jean le Baptiseur sur les rives du Jourdain – que Jésus d’ailleurs a prolongé : il a baptisé lui aussi du baptême de Jean le Baptiseur – était une prophétie – il est le plus grand des prophètes –, une prophétie de sa mission, la mission de ce grand chandelier, de la grande memorah qui flambe devant la présence de Dieu.
Et il est le témoin de la lumière.
Il est, comme dit Jésus, celui qui réalise toutes les volontés de Dieu.
Et quand son père le voit naître, sa langue se délie, lui qui était muet, et il dit : « Iohanan est son nom » et « C’est le soleil levant qui vient nous visiter, l’astre d’en-haut qui illumine tous ceux qui sont dans l’ombre de la mort, le guide de nos pas au chemin de la paix » : « Celui qui marche devant à la face du Seigneur, le flambeau qui flambe devant la face de Dieu, le témoin de l’Apocalypse, le signe de la présence de la justice, de la grâce et de la sainteté, de la délivrance de la main des ennemis, celui qui illumine ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort, et le guide de nos pas au chemin de la paix », un cantique que l’Eglise proclame tous les jours, à chaque office de Laudes, des millions et des millions de fois chaque jour par la bouche des consacrés !
Jean Baptiste fait partie de la grâce qui est la nôtre, il fait partie de la grâce chrétienne, il en est le flambeau. Alors nous ne vénérons pas un saint des temps passés, nous vénérons un saint du temps actuel, nous vénérons la sainteté et la présence flamboyante, Jésus le dit à son sujet : « C’est lui qui vient avec la puissance d’Elie, c’est Jean le Baptiseur ».
Ils étaient des millions à venir de toutes les régions, de toutes les nations connues à l’époque. Ils venaient à Jérusalem – les historiens disent : « des millions chaque année » –et tous se faisaient baptiser par Jean.
Et c’était à un point tel que lorsqu’une des premières communautés chrétienne s’est formée…
Je pense par exemple à Ephèse. Au pied de la montagne où se trouvaient la Sainte Vierge et Jean l’Evangéliste, une communauté chrétienne s’était formée, que St Paul est venu visiter. Il y avait sept hommes qui avaient été baptisés là et qui formaient les premières communautés chrétiennes quand St Paul est venu les visiter. Et puis il y avait eu Apollos aussi.
Eh bien dans les premières communautés chrétiennes comme Ephèse – il y a eu Antioche, Ephèse, enfin les premiers chrétiens –, quand on est venu les visiter, c’était très frappant, nous avons vu ça dans les Actes des Apôtres d’une de nos messes du mois de mai de cette année :
« Vous avez reçu le baptême ?
– Oui, nous avons reçu le baptême.
– Mais est-ce que vous avez reçu le baptême de Jésus ?
– Oui, nous avons reçu le baptême de Jésus, selon la manière de Jean. »
Et St Paul s’est rendu compte, et du coup on a expliqué à ceux qui avaient suivi Apollos, il a fallu compléter, si je puis dire, le baptême de Jean par le baptême du Nom du Père du Fils et du Saint-Esprit pour incorporer dans le Corps mystique de Notre-Seigneur Jésus-Christ tous ces chrétiens, qui étaient chrétiens.
C’est un petit peu comme les catéchumènes : ils ne sont pas baptisés du baptême sacramentel du christianisme mais ils ont la grâce sanctifiante, ils sont chrétiens, ils font partie du Corps mystique de l’Eglise, ils font partie du Corps vivant, ils sont les membres vivants de l’Agneau de Dieu vivant sur la terre par la grâce.
Eh bien c’est le même baptême que Jean Baptiste aujourd’hui réclame au Saint-Père avec la puissance de son père, du cri silencieux des enfants. Il réclame le baptême. Il réclame son propre baptême, un baptême qui fait que les enfants avortés vont recevoir la grâce chrétienne, exactement comme quelqu’un qui rentre dans l’Eglise et reçoit l’aube blanche : il devient chrétien sans être encore baptisé, il va se préparer à recevoir le baptême dans deux ou trois ans mais il est chrétien, il est justifié par la foi, il a la grâce sanctifiante. Ces enfants-là ont le droit de voir leur vocation reconnue par l’Eglise et actuée par le ministère de St Jean Baptiste glorieux.
L’Eglise ne le fait pas encore aujourd’hui, sinon à travers ceux qui vivent du monde nouveau, à travers ceux qui vivent dans le corps spirituel venu d’en-haut, ceux qui sont fécondés jusqu’au point de vue de la chair et du sang par la grâce du mariage de Marie et Joseph.
Marie et Joseph sont tous les deux ressuscités d’entre les morts avec le Christ Jésus Notre-Seigneur, et donc ils voient leur sponsalité, leur mariage, dans un état résurrectionnel, dans un état d’anastase – anastase, ça veut dire résurrection –. Et donc c’est bien un corps masculin, féminin, sponsal, de l’époux et de l’épouse. Comme dit St Thomas d’Aquin, ils réalisent un mariage absolument parfait. Ils sont deux en une seule chair d’une manière virginale, et de cette unité de chair ils ont un pouvoir qui est propre au mariage et qui est celui de féconder, qui est celui de donner fécondation, qui est celui de donner la vie, l’onction, la grâce quasi incarnée et incarnée à ceux qui s’engloutissent dans leur sein glorieux pour aller dans le ventre de la Mère et rejoindre Jean Baptiste.
Parce qu’il ne faut quand même pas oublier une chose : ceux qui vivent cela vivent la même chose que Jean Baptiste. Le monde nouveau, c’est le monde de St Jean Baptiste. Le monde des cinquième, sixième et septième sceaux de l’Apocalypse, c’est le monde de l’Eglise de St Jean Baptiste, c’est le monde nouveau glorieux de la joie parfaite.
Il ne faut quand même pas oublier une chose, et je ne peux pas ne pas le rappeler continuellement, c’est que l’ange Gabriel est apparu dans le Saint des Saints qui représente au niveau biblique la présence créatrice de Dieu dans le sein maternel, dans le corps de l’homme, dans le corps de la femme.
L’ange Gabriel est apparu dans le Saint des Saints à Zacharie, père de Jean Baptiste, non pas en raison de la sainteté de Zacharie ou d’Elisabeth mais en raison de la sainteté de Marie et Joseph puisque c’était dans ces jours-là la semaine du mariage de Marie et Joseph au temple de Jérusalem.
Alors en raison de cette unité de chair immaculée dans l’au-delà de leur unité sponsale en une seule chair virginale, ils ont été assumés et l’ange Gabriel a été envoyé pour donner cette fécondité de la Sainte Famille, Marie et Joseph, ce qui a permis la disparition des conséquences du péché originel concernant la conception et la stérilité, et ce qui a permis la conception de Jean le Baptiseur à partir d’une fécondité venant physiquement et surnaturellement de Marie et Joseph, de sorte que c’est lui le plus grand des fils de la femme.
Alors c’est sûr que quand Jésus lui-même, six mois après, est conçu à la suite de l’apparition de l’ange Gabriel à Nazareth, aussitôt le Verbe de Dieu, source de toute grâce chrétienne, se précipite là où il l’a mise en premier, et là où il l’a mise en premier, c’est dans le plus grand des fils de la femme, en communion avec Marie et Joseph, et l’obombration de Dieu le Père et la supervenue du Saint-Esprit.
Eh bien tous ceux qui vivent de cette grâce dans l’ouverture du cinquième sceau de l’Apocalypse, ceux qui s’y préparent, ceux qui en vivent de manière prophétique, de manière royale, de manière sacerdotale, de manière incarnée, de manière eucharistique, de manière pontificale, de manière infaillible, de manière invincible, comme nous pouvons le faire déjà depuis sept cent cinquante jours parce que le pape François l’a établi et institué, tous ceux qui en vivent reçoivent la Visitation de leur conception dans la $Sainte Famille glorieuse et ils appartiennent à la famille, ils appartiennent à la mission et à la grâce de St Jean Baptiste pour le monde nouveau.
Ils proclament ce que dit le prophète Isaïe pour tous les enfants qui sont dans le sein maternel, ou qui n’y sont plus : ils proclament que c’est eux la lumière des nations et qu’ils ont la grâce méritoire du rassemblement d’Israël, du véritable Israël de Dieu.
Tout cela est dans les mains du pouvoir de la charité et de la grâce méritoire des membres vivants du Corps mystique vivant de Jésus vivant des trois blancheurs.
Il est normal que tout cela ne vienne pas d’une décision du pape ex cathedra, parce que ça dépasse très largement l’infaillibilité de la proclamation de la foi, c’est à l’intérieur de l’infaillibilité d’une proclamation de l’animation immédiate : aussitôt que tu es conçu, aussitôt tu es dans l’obombration de Dieu et Dieu te façonne dans la grâce pour faire de toi la lumière des nations.
Mais nous le proclamons par charité en communion de grâce lumineuse, incarnée, vivante, avec cette grâce qui fait de chacun de nous des engendrés du monde nouveau avant que n’en vienne le baptême.
Aussitôt qu’un enfant de la terre est rentré à l’intérieur de l’Eglise, même s’il n’est pas baptisé, il est catéchumène, il fait partie du Corps mystique de l’Eglise, et aujourd’hui nous avons autorité, nous avons charité, nous avons mission de faire de toutes ces myriades d’enfants altérés, assoiffés, des catéchumènes de la Jérusalem dernière dès maintenant. Les chrétiens peuvent en raison de leur ministère faire d’eux des catéchumènes de la Jérusalem dernière dès maintenant.
Voilà, c’est la signification aujourd’hui de la troisième fois où dans la Maternité divine de Marie et de Joseph à l’intérieur de l’Eucharistie nous pouvons engendrer par la communion en état de grâce, dans une charité surabondante, pontificale et infaillible, leur introduction, l’un après l’autre, en leur donnant un nom, comme nous venons de le lire dans le prophète Isaïe, pour qu’ils soient obombrés, pour qu’ils soient vivifiés, pour qu’ils soient illuminés comme les flambeaux de la constitution du véritable Israël de Dieu, la production de l’ouverture des temps et la manifestation de l’Eglise comme Jérusalem immaculée, triomphe de l’innocence crucifiée immaculée.
Nous sommes les membres vivants de Jean le Baptiseur et c’est nous qui le rendons vivant. Voilà pourquoi, par un mystère étonnant, il n’a pas connu la résurrection de la chair. Parce que c’est à travers notre chair que son ministère doit s’accomplir, et qu’il doit accomplir ce ministère à travers nous par la puissance d’Elie le prophète, comme le flambeau de l’Apocalypse.
Heureux les invités à ce festin de ce ministère d’allégresse, d’exultation, d’exaltation !
Dieu va montrer, Dieu est en train de montrer par le Saint Père, par l’Eucharistie, par la Sainte Famille glorieuse et ceux qui ont la royauté de cette charité-là, Dieu va montrer sa puissance à Satan en faisant miséricorde : c’est la conversion et le pardon de tous les péchés.