Le saint du mois ( 5 avril ) Saint VINCENT FERRIER
« O MORTS , LEVEZ-VOUS ET VENEZ AU JUGEMENT ! » : face au ‘ sauve-qui-peut ‘ des survivants de la peste, des victimes et du cataclysme de la guerre de cent ans, de l’affolement d’une chrétienté déchirée par toutes sortes de sectes et par la totale confusion du catholicisme qui ne sait pas lequel des trois papes est le vrai pape, la voix puissante de Saint VINCENT FERRIER retentit.Il est né en Espagne en 1350, est admis dans l’ordre de Saint Dominique à 17 ans, devient vite professeur de Philosophie, de Logique, puis de sciences naturelles ; à 26 ans , le voilà à Toulouse pour devenir Maître en Théologie...
Contrairement à Sainte Catherine de Sienne, il soutient le pape d’Avignon plutôt que celui de Rome, mais son travail intense depuis son ordination sacerdotale jusqu’en 1417 ( donc pendant 36 ans de prédication et de ministère ) pour réunir l’Eglise derrière Benoît XIII est un échec.
Pendant cette période de sa vie, il voyage partout, va dans les Alpes par exemple dans les regroupements de sectes diverses pour prêcher la vérité apostolique : chez les « vaudois », les « catharins », les « purs » de Lombardie, ou dans les sectes du soleil, « Saint Orient » , en Suisse. Il parvient par sa sainteté et son amitié à mettre fin à ces cultes, en obtenant d’innombrables conversions. Il passe aussi systématiquement dans les synagogues des juifs , pensant ainsi hâter le retour du CHRIST. Sa connaissance de l’hébreu et des textes talmudiques et rabbiniques suscitait leur admiration, et la Lumière de ses prédications aboutirent à la conversion d’un nombre immense de rabbins, lesquels devenaient ensuite religieux, dominicains, et même évêques( comme celui qui prendra le nom de Mgr Paul de Sainte Marie, évêque de Burgos) La conversion par exemple de l’élite juive d’Aragon entraîna celle de toutes les communautés israélites de ce royaume...
A 66 ans il prêche en Bretagne, parlant miraculeusement une langue qu’il ne connaissait pas. Il voyage à pied, entouré de cent cinquante à trois cent personnes, prêtres ou pénitents, qui le suivent de ville en village, sans compter l’innombrable masse de ceux qui le suivent un moment seulement sur les routes de cette prédication de « fin des temps ».
Saint VINCENT FERRIER est connu pour les miracles les plus étonnants. La cour romaine, dont on connaît la sévérité en matière de jugement, a authentifié 873 miracles pendant ces pérégrinations sur fond de peste , de schisme et de sectes, lesquels sont sélectionnés parmi les signes les plus éclatants, mais les commissaires pontificaux estimant le nombre des témoignages plus que suffisant mirent fin aux enquêtes. L’historien Fages a décompté au moins 28 résurrections de morts en présence de peuple opérés par la prière de Saint VINCENT FERRIER..
Il suppliait surtout pour le retour au Sacrement de Pénitence, et la préparation à la TROMPETTE DU JUGEMENT, expression qu’on finit par lui attribuer comme d’un surnom. Un jour, il ressuscita un mort devant toute la foule pour prouver à ses contradicteurs que c’était bien l’Ange de l’Apocalypse qui parlait au monde à travers sa bouche ! !Il faut se rappeler le « pouvoir quasi-divin » du personnage et la fascination qu’il exerçait sur les foules, lorsque les larmes fondaient par torrents sur son visage quand il consacrait le pain eucharistique, lorsque sa face se transfigurait en prêchant, lorsqu’on le voyait comme rayonner d’une lumière angélique en chaire... Alors, il apprend à tous les prières du « Je crois en Dieu », du « Notre Père », du « Je vous salue », et du « Signe de croix »
Citons quelques paroles du saint pour les entendre à notre tour ; nous les tirons de son « traité de la vie spirituelle » .... « Aimez à éprouver l’indigence, à être dans le besoin, c’est cette échelle qui fait monter aux éternelles richesses du Paradis (...) La pauvreté en effet conduit à l’humilité, qui ouvre les yeux de notre âme à la lumière divine ... et détourne des ordures que sont les choses de la terre »
Finalement, l’Amour très vif et ardent ne côtoie que cette humilité et cette crainte souveraine du péché, qui fait que l’homme vrai se considère comme « un vil fumier, qu’il s’estime comme un cadavre fourmillant de vers et en proie à la pourriture, un cadavre dont la puanteur excite le dégoût » Alors, oui, sans doute, on trouve la voie spirituelle, et on peut toucher Jésus, et Il nous unit à LUI ... A 69 ans, ayant contribué à la restauration de la paix et de l’unité dans l’Europe judéo-chrétienne, il remit son âme à Dieu,, dans la ville de Vannes en Bretagne. C’est le pape CALIXTE III qui le béatifia 36 ans plus tard, et son successeur PIE II qui eut l’honneur de le canoniser 3 ans après.
Qu’il nous garde dans la vigilance, nous aide à vomir le péché et à désirer le Jugement et la Révélation finale de Dieu ... O oui, Saint VINCENT FERRIER, convertissez-nous !
SAINT ANTOINE MARTYR DE DESIR par Père Vincent Pisanu o.f.m. cap.
Saint Antoine, parti sur la trace des cinq premiers martyrs franciscains, avait espéré, en se rendant au Maroc, y trouver la mort glorieuse du martyr. Mais le Seigneur avait sur lui d'autres projets ... Pourtant Antoine gardera, au fond du coeur, le désir du martyr ... Le récit d'un épisode de sa vie, plusieurs années plus tard, en fait foi. Le voici.
En la ville du Puy, au centre de la France, où résidait alors Antoine, supérieur de couvent franciscain fondé depuis peu, un notaire fort connu menait une vie de débauche publique. Or un jour, Antoine le croise dans la rue et, aussitôt, il s'incline bien bas. Plusieurs autres rencontres se reproduisent et, chaque fois, Antoine salue le notaire avec le plus grand respect. Un jour Antoine se met même à genoux devant cet homme et, à l'occasion de nouvelles rencontres, il renouvelle sa génuflexion. A la fin, le notaire , rouge de confusion et de colère, lance à l'adresse d'Antoine : "Je ne sais ce qui me retient de te passer mon épée au travers du corps". Mais le saint lui dit alors :"Je ne me moque pas de toi, mon frère. Au contraire , je m'agenouille devant celui qui est destiné au Royaume de Dieu. J'ai, toute ma vie, ardemment souhaité mourir martyr pour la foi et je n'ai pas été exaucé, mais toi, tu obtiendras cette grâce et je te supplie de te souvenir de moi à cette heure-là". Le notaire éclate alors de rire et s'éloigne en pensant avoir affaire à un fou.
Or, dix ans plus tard, l'évêque du Puy, Bernard, partit en pèlerinage en Terre Sainte, avec un important groupe de pèlerins, auxquels le notaire avait décidé de se joindre, sans doute davantage attiré par le goût du voyage et la qualité de la compagnie que dans un véritable esprit de foi et de conversion. Mais, arrivé en Terre Sainte, il se convertit... et son ardeur se fait si grande qu'il souhaite annoncer l'Evangile aux musulmans. Il se met à prêcher. Exaspérés, les musulmans, désirant le faire taire, se mettent à le fouetter. Mais lui, se souvenant d'Antoine, confesse avec encore plus de force sa foi de chrétien. Il faut donc le tuer... Et c'est ce qui advint.
Le sermon aux poissons .... texte choisi par père Vincent Pisanu ofm cap.
Saint Antoine prêchait à Rimini, où les hérétiques était très nombreux. Empli du désir de les ramener à la lumière de la vérité, il dénonçait leurs errements. Mais eux, dans leur obstination, refusaient non seulement de se laisser convaincre mais d'écouter le saint. Alors Saint Antoine, mu par une inspiration divine, s'approcha de l'endroit où la rivière débouchait dans la mer. S'arrêtant sur le rivage, tout près de l'embouchure, il se mit à appeler les poissons, au nom de Dieu. Il leur disait: "Ecoutez la parole de Dieu, vous, les poissons de la mer et de la rivière, puisque les hérétiques refusent de l'entendre". Et aussitôt, les poissons accoururent en si grand nombre qu'on n'en avait jamais vu autant en ce lieu. Et tout les poissons se mirent à dresser la tête, un peu hors de l'eau. On pouvait voir les gros poissons à côté des petits, ceux-ci glissant ou s'arrêtant tranquillement entre les nageoires des plus gros. On pouvait voir diverses espèces de poissons, accourant vers leurs semblables et formant, en la présence du saint, comme un jardin merveilleusement paré de couleurs et de formes variées. On pouvait voir les poissons de grande taille venir s'aligner comme une armée rangée en ordre de bataille et occuper les meilleures places possibles pour écouter le sermon. On pouvait voir des poissons de taille moyenne s'installer dans des eaux moins profondes et rester là, comme guidés par Dieu, sans montrer la moindre nervosité. On pouvait voir une foule immense de poissons plus petits s'avancer, comme des pélerins, comme pour se mettre sous la protetion du saint. Bref, afin d'ouir ce sermon organisé par le Ciel, aux premiers rangs se tenaient les petits poissons, ensuite ceux de taille moyenne, et enfin les poissons les plus gros. Une fois son auditoire, très attentif, ainsi rassemblé, Saint Antoine commença, solennellement, à prêcher ainsi: "Mes frères les poissons, vous avez grande obligation à rendre grâce, à votre manière, au Créateur qui vous a donné, pour que vous y habitiez, un élément aussi noble, de sorte que vous avez à votre disposition des eaux salées et des eaux douces, à votre convenance. En outre, il a établi pour vous de multiples refuges, pour vous garder des dangers des tempêtes. Il vous a donné en cadeau un élément transparent et limpide, pour que vous puissiez voir clairement par où passer et trouver vos aliments. Lors de la création du monde, vous avez reçu de Dieu, comme bénédiction, l'ordre de vous multiplier. Pendant le déluge, alors que mourraient tous les autres animaux - à l'exception de ceux qui se trouvaient sur l'arche de Noé - vous, par contre, étiez préservés de l'extermination. Pourvus comme vous l'êtes de nageoires et de forces, vous pouvez vous déplacer ici et là à votre gré. Il fut donné à l'un des vôtres d'avaler le prophète Jonas puis de le restituer sain et sauf. Ce fut vous encore qui avez fourni à Notre Seigneur Jésus Christ, tout pauvre qu'il était, les pièces d'argent nécessaires au paiement des taxes. Et ce fut encore vous, avant et après la Résurrection, qui avez nourri le Roi éternel. Pour tous ces dons, vous êtes grandement tenus à louer et à bénir le Seigneur, dont vous avez reçu tant de faveurs." En réponse à ces paroles, quelques poissons émettaient des sons, d'autres ouvraient la bouche et tous inclinaient la tête, louant le Très-Haut, par toutes sortes de signes, selon leurs possibilités. En présence de cette marque de vénération, St Antoine se mit à exulter et il dit d'une voix très puissante: "Que le Dieu éternel soit béni, parce que les poissons Le louent plus que les hommes hérétiques, et ces créatures privées de raison savent mieux écouter la parole divine que les hommes privés de foi". Et plus St Antoine parlait, plus augmentait la multitude des poissons; et aucun d'eux ne quittait sa place. A la vue d'un si grand miracle, le gens de la cité accoururent. Les hérétiques vinrent aussi et, contemplant un prodige aussi extraordinaire, se repentant sincèrement, ils s'assemblèrent autour du saint pour l'écouter. Alors St Antoine se mit à proclamer la foi catholique avec une telle force que tous les hérétiques présents se convertirent. Après les avoir fortifiés dans la vrai foi, il les quitta, en les bénissant. De même, les poissons furent, par St Antoine, priés de repartir et il s'éloignèrent, tous manifestant leur joie par des jeux et des signes de tête. St Antoine resta dans la ville plusieurs jours pour prêcher et convertir les autres hérétiques. La moisson fut très abondante.
LE MIRACLE DE LA MULE ... texte choisi par le Père Vincent Pisanu ofm cap.
Dans la région de Toulouse (mais certains chroniqueurs placent l'événement ailleurs) le saint homme était en véhémente discussion avec un hérétique endurci. Antoine tente de lui expliquer la présence réelle, présence d'amour dans l'hostie consacrée. Il lui parle, avec patience, de Jésus, Dieu incarné au ciel avec son corps glorieux, qui, toute puissance et tout amour, veut se donner dans ce signe si simple et si concret: le pain. Finalement l'hérétique ébranlé lui dit: "Eh bien! assez de paroles et venons-en au fait: si toi, par un miracle, en présence de tous, tu parviens à prouver que, dans l'Eucharistie, le corps du Christ est réellement présent, alors j'abjurerai et me soumettrai à la foi que tu enseignes!"
Alors Antoine demande: "Frère, si ta mule s'inclinait devant une hostie consacrée, croirais-tu?" et l'autre rétorque: "Oui, mais à condition que ma mule jeûne d'abord trois jours. Nous verrons si elle dédaignera la belle avoine que je lui présenterai pendant que toi, face à elle, tu tiendras entre tes mains le corps du Christ. Si alors, dédaignant la nourriture, ma mule se dirige vers l'hostie et la vénère, alors oui, je croirais.
Antoine ose répondre: "Soit, amène-la ici même dans trois jours". Le quatrième jour, la foule, accourue de toutes parts, emplit la place. L'hérétique, avec un groupe des siens, apparaît, menant sa mule affamée. Alors, ayant terminé de célébrer la messe dans la chapelle proche, Antoine arrive, portant le calice. A côté d'Antoine on dépose sur le sol un petit sac d'avoine bien dorée, fleurant bon. Antoine demande qu'on fasse silence et dit à la mule: "Par la grâce et au nom du Créateur que moi, malgré mon indignité je tiens entre mes mains, je te dis et t'ordonne de t'approcher maintenant avec humilité et de vénérer cette hostie afin que les hérétiques soient persuadés que toute créature est soumise à son créateur et qu'il est réellement présent dans l'hostie que le prêtre consacre à l'autel."
Et de son côté l'hérétique présente l'avoine...Antoine élève l'hostie... Miracle! La mule, après avoir flairé l'avoine se détourne et elle regarde l'hostie. Soudain, devant elle, elle incline la tête et s'agenouille et reste ainsi, longuement, comme en adoration.
Joie des catholiques! Désappointement des hérétiques! Et le mécréant abjura toute hérésie et, selon sa promesse, se convertit à la vraie foi, et beaucoup d'autres avec lui.