DOCTRINE & FORMATION

Symbolique de l’icône de la Nativité

La grotte Sur les icônes, la grotte représente les profondeurs mystérieuses de la terre. Ce triangle sombre déchirant une ouverture dans le monde minéral désigne certes le cœur du Christ ouvert sur la croix en son cadavre : la fête de la Nativité contient déjà l’épiphanie, Gethsémani, la Pâques et la Pentecôte ( saint Jean Chrysostome )…Il est descendu aux enfers, il en a touché l’abîme, et est devenu lui-même là  le cœur de la création toute entière :

Le Christ situe et place mystiquement sa naissance au fond du gouffre où le mal paraît le plus invincible et le plus désespéré.

C’est que, «  uni à une forme mortelle, Dieu libère le sein d’Eve de l’antique malédiction et établit une voie ouverte vers le ciel » (Hirmos 11ème canon)

Romain le Mélode ( Kontakion de Noël) : « La Vierge en ce jour met au monde le Suressentiel, et la terre offre une grotte à l’Inaccessible »

« Les cieux descendent jusque dans la caverne et la métamorphosent :  «  Venez, jouissons du paradis dans cette grotte… » (Hirmos, 9ème ode)

 

L’étoile L’étoile est dans la nuit, car la nuit toute entière est comme la lumière aveuglante et obscure à  nos yeux du triangle de l’Essence même de Dieu ; mais, grâce à l’étoile ce rayon ténébreux  de la Procession éternelle se fait voir comme trois rayons, trois éclairs, pour expliquer que les trois Personnes divines participent de manière égale à cette naissance de rédemption et d’illumination. C’est pourquoi elle provoque irrésistiblement l’allégresse, une joie très délicate qui fait frissonner toute la terre, et de plus en plus, parce que c’est et le ciel et la terre qui ici se réjouissent ensemble à l’unisson ; voilà ce que symbolise l’étoile !

«  Ciel et terre en ce jour se réjouissent prophétiquement…Dieu, Anges et hommes, joie et allégresse, car le ciel et la terre s’unissent aujourd’hui : aujourd’hui, Dieu est venu sur terre, l’homme est remonté aux cieux, l’ange peut commencer son service de louange universelle et être introduit dans les trésors de la Jérusalem spirituelle et glorieuse »

Maintenant, tout est nouveau : c’est la re-création !

 

Les lange Ce sont là aussi les langes du Sépulcre, les bandelettes qu’il fallait aromatiser et qui ne le sont pas encore.

Souvent l’icône montre Jésus enfant baigné par une femme tandis qu’il vient de naître, pour montrer que Noël est un symbole de Baptême ; un arbre ou des figures montre ce bain nouveau sous le signe de la croix : le baptême est une figure de la mort.

Emmailloté, il délie les chaînes de nos péchés…  et ce ne sont pas les femmes, mais les mages d’orient qui apportent les aromates et les  parfums réservés aux défunts.

C’est le début de la lumière surnaturelle de la FOI : c’est lorsque saint Jean entra dans le tombeau et qu’il vit les bandelettes qu’il crut : «  La lumière luit dans les ténèbres »

 

Le bœuf et l’âne, et  les brebis Isaïe l’avait prophétisé ( Is. 1 v.3 ) : «  Le bœuf reconnaît son maître et l’âne la crèche de son Seigneur ; Israël ne connaît rien, mon peuple ne comprend rien »…. «   La montagne du messie… sera domaine de bœufs et pacage de moutons » (7 v. 24) et encore : «  L’âne reconnaît l’étable de son maître » ( Is.1 v.3 )

C’est Job qui disait dans sa nuit, et pour sa consolation, comme s’il voyait déjà Noël : « Devant cela, un âne  est devenu raisonnable » (Autre traduction plus littérale:  l’homme vain qui s’est élevé dans la superbe se voit, à la naissance, libre comme le petit de l’âne) ( Job 11 v. 12 )… et il dit plus loin que ce sont les méchants qui ne veulent pas voir ce que contemple pour sa paix le petit de l’onagre : « Les méchants poussent devant eux l’âne de l’orphelin » ( Job  24 v. 3 ) «  ils prennent  en otage le bœuf de la veuve. Bref, ils détruisent la voie des pauvres » ( v.4 )

Les brebis enfin, parce que «  la toison de mes brebis réchauffe le Pauvre » ( Job 31 v.20 ), et que «  les collines bondissent comme les agneaux » ( Ps.113 v.4 ), parce qu’il   « porte les agneaux dans les replis de son manteau » ( Is. 40 v.11 ) : les enfants de Dieu peuvent enfin trouver l’allégresse sur les collines de la grâce et de la vie divine, en se cachant  dans  les abîmes insondables des trésors et mystères cachés dans les replis des sacrements du Corps mystique du Christ…

 

L’adoration des berger Cette adoration est immédiate, prompte, sans hésitation, comme doit l’être la foi, lumière surnaturelle qui illumine de l’intérieur notre intelligence pour adorer Dieu lui-même dans le Corps de Jésus.

Cette adoration est pauvre et humble, elle fait que ces bergers s’approchent avec crainte, modestie, esprit de service auprès de ceux qui sont plus pauvres qu’eux. Et qui est plus pauvre que Jésus dans son Corps-Hostie  dans la crèche eucharistique ?

Cette adoration force l’admiration de ceux qui l’aperçoivent, et dans le cœur des bergers eux-mêmes elle engendre louange et enthousiasme pour la gloire de Dieu : elle communique l’amour lorsqu’ils s’en retournent au troupeau…En s’en retournant après avoir communié au corps de Jésus dans l’action de grâces eucharistique, il ne nous quitte plus, et demeure en nous par la béatitude de Dieu  lui-même en notre âme..

 

Le sommeil de Joseph « Celui qui est né d’un Père sans mère, a, en ce jour, pris naissance de toi, Marie, sans père » ( Kontakion de matines )

Les deux enfantements, divins et humains, se rencontrent dans la torpeur de Joseph, la tardemah de l’époux de la vierge ; c’était également à partir de la torpeur d’Adam que Dieu a pu manifester la nouvelle création pour qu ‘elle puisse être révélée, montrée, vue, admirée et donnée à l’homme ; ce sera également à partir de la torpeur du Fils de l’homme sur la croix, que sera révélé et donné la vie nouvelle de l’Esprit Saint…

C’est que la nativité du Seigneur ne peut se voir dans le ravissement de la torpeur surnaturelle que si nous nous sommes perdus et engloutis dans les épousailles intimes du sein de Marie, illuminé par la Génération éternelle du Verbe du Père, car nous avons reçu cette parole : « Ne crains pas de prendre chez toi Marie comme épouse »