11. Jacques le Majeur arrive avec Philippe et trois disciples.
- Comment les apôtres furent convoqués pour assister à la mort de la sainte Vierge.
- Leurs voyages et leurs missions.

(Le 13 août 1821.) Je vis aujourd'hui faire le service divin comme les autres jours. Je vis la sainte Vierge se mettre sur son séant plusieurs fois dans la journée et prendre quelque chose avec la petite cuiller. Le soir, vers sept heures, la soeur dit pendant son sommeil : Jacques le Majeur est arrivé d'Espagne en passant par Rome avec trois compagnons, Timon, Erémenzéar et encore un autre. Plus tard, Philippe vint d'Egypte avec un compagnon.


Les apôtres et les disciples arrivaient la plupart du temps très fatigués. Ils avaient à la main de longs bâtons recourbes qui indiquaient leur dignité. Leurs longs manteaux blancs étaient relevés sur la tête, où ils formaient comme des capuchons. Ils avaient là-dessous de longues tuniques sacerdotales de laine blanche ; elles étaient ouvertes de haut en bas, mais attachées avec des petites courroies fendues et passées dans de petits bourrelets qui servaient de boutons. En voyage, ils relevaient leurs vêtements dans leur ceinture. Quelques-uns portaient une bourse pendue au côté.


Les arrivants embrassaient tendrement ceux qui les avaient précédés. J'en vis plusieurs pleurer à la fois de joie et de douleur en revoyant leurs amis dans une circonstance si triste. Ils déposaient alors leur bâton, leur manteau, leur ceinture et leur bourse, puis ils laissaient retomber jusqu'à leurs pieds leur robe blanche ; ils mettaient ensuite une large ceinture sur laquelle était une inscription et qu'ils portaient avec eux. On leur lavait les pieds ; ils s'approchaient de la couche de Marie et la saluaient respectueusement. Elle pouvait a peine leur adresser quelques paroles. Je ne les vis prendre d'autres aliments que du pain ; ils buvaient dans de petits flacons qu'ils portaient sur eux.


Quelque temps avant la mort de la sainte Vierge, lorsqu'elle fut avertie intérieurement que sa réunion avec son Dieu, son Fils, son Rédempteur, était proche, elle pria pour l'accomplissement de la promesse que Jésus lui avait faite dans la maison de Lazare, à Béthanie, la veille de l'Ascension. Il me fut montré en esprit comment Jésus, auquel elle demandait de ne pas la laisser longtemps dans cette vallée de larmes après l'Ascension, lui dit en termes généraux quelles oeuvres spirituelles elle devait accomplir pendant le temps qu'elle devait encore rester sur la terre. Il lui fit connaître aussi qu'à sa prière, les apôtres et plusieurs disciples se réuniraient près d'elle pour assister à sa mort ; il lui indiqua ce qu'elle devait leur dire et comment elle devait leur donner sa bénédiction. Je vis aussi qu'il dit à l'inconsolable Madeleine de se cacher dans le désert, et à sa soeur Marthe d'établir une communauté de femmes ; il ajouta qu'il serait toujours avec elles.


Quand la sainte Vierge eut prié pour faire venir les apôtres près d'elle, je vis la convocation leur arriver dans diverses parties du monde. Je ne me souviens plus que de ce qui suit.


Les apôtres avaient de petites églises dans divers lieux où ils avaient enseigné. Quoique plusieurs d'entre elles De fussent pas encore construites en pierre, mais faites seulement de branches tressées et enduites de limon, toutes celles que je vis avaient à leur partie postérieure la même forme arrondie ou angulaire que la maison de Marie près d'Éphèse. Il y avait des autels, et on y célébrait le saint sacrifice de la messe.


Je les vis tous, si éloignés qu'ils fussent, avertis par des apparitions de se rendre auprès de la sainte Vierge. En général, les voyages si longs des apôtres ne se faisaient pas sans une miraculeuse assistance du Seigneur. Je crois que souvent, sans qu'eux-mêmes en eussent bien la conscience, ils voyageaient à l'aide d'un secours surnaturel, car je les vis plus d'une fois passer à travers des foules pressées sans que personne parût les voir. Je les vis opérer chez divers peuples paiens et sauvages des miracles d'une tout autre espèce que ceux de leurs miracles que nous connaissons par l'Écriture sainte. Ils les opéraient partout suivant les besoins des hommes. Je vis que tous, dans leurs voyages, portaient avec eux des ossements des prophètes ou des martyrs mis à mort dans les premières persécutions, et qu'ils les avaient auprès d'eux lorsqu'ils priaient ou célébraient le saint sacrifice.


Lorsque le Seigneur convoqua les apôtres à Ephèse, Pierre et Mathias aussi, à ce que je crois, se trouvaient dans les environs d'Antioche. André, venant de Jérusalem où il avait eu à souffrir la persécution, ne se trouvait pas à une grande distance d'eux. Je vis Pierre et André s'arrêter la nuit, ou passer dans différents endroits qui n'étaient pas très éloignés les uns des autres. Ils n'étaient pas dans des villes, mais dans des auberges publiques, comme on en trouve au bord des routes dans les pays chauds. Pierre était couché contre un mur. Je vis un jeune homme resplendissant s'approcher de lui et l'éveiller en le prenant par la main ; il lui dit qu'il devait se rendre en toute hâte près de Marie, et qu'il trouverait en route son frère André. Je vis Pierre, qui était déjà affaibli par l'âge et les fatigues de l'apostolat, se mettre sur son séant et s'appuyer avec les mains sur ses genoux pendant qu'il écoutait l'ange. Quand le messager céleste eut disparu, il se leva, se ceignit, mit un manteau, prit son bâton et partit. Il rencontra bientôt André, qui avait vu une apparition semblable. Plus loin, ils se réunirent à Thaddée, auquel la même chose avait été dite. C est ainsi qu'ils se rendirent chez Marie, où ils trouvèrent Jean.


Jacques le Majeur, qui avait une figure pâle et allongée et les cheveux noirs. était venu d'Espagne à Jérusalem avec plusieurs disciples. Il s'arrêta quelque temps à Sarona, près de Joppé, et ce fut là qu'il fut appelé à se rendre à Éphèse. Après la mort de Marie, il revint à Jérusalem avec ses compagnons, et il y souffrit le martyre. Son accusateur se convertit fut baptisé par lui et décapité avec lui. Jude, Thaddée et Simon étaient en Perse où ils reçurent leur convocation.


Thomas avait une taille ramassée et les cheveux d'un brun cuivré. Il était le plus éloigné de tous, et n'arriva qu'après la mort de Marie. J'ai vu comment l'ange chargé de l'avertir vint à lui. Il n'était pas dans une ville, mais dans une cabane de roseaux, et il priait lorsque l'ange lui ordonna de partir pour Éphèse. Je l'ai vu sur la mer dans une petite barque avec un serviteur d'une grande simplicité ; il traversa ensuite le continent, mais, je crois, sans entrer dans aucune ville. Il vint encore un disciple avec lui. Il était dans l'Inde lorsqu'il reçut l'avertissement ; mais, avant de le recevoir, il avait formé le dessein d'aller plus au nord, jusqu'en Tartarie, et il ne put se résoudre à abandonner ce projet : il voulait toujours trop faire, et il arrivait souvent trop tard. Il alla vers le nord, en touchant presque la Chine, et arriva jusque dans les possessions actuelles de la Russie. Il reçut là un nouvel avertissement, et se dirigea en toute hâte vers Éphèse. Le serviteur qu'il avait avec lui était un barbare qu'il avait baptisé. Cet homme est devenu quelque chose plus tard, mais j'ai oublié ce qui le concernait. Thomas ne revint pas en Tartarie après la mort de Marie ; il fut percé d'un coup de lance dans l'Inde. J'ai vu que, dans ce pays, il érigea une pierre sur laquelle il avait prié et à la marque de ses genoux s'était imprimée, et qu'il dit que lorsque la mer viendrait jusqu'à cette pierre, un autre personnage prêcherait Jésus-Christ dans ces contrées.


Jean s'était trouvé à Jéricho peu de temps auparavant. Il allait souvent dans la Terre Sainte. Il résidait ordinairement à Éphèse et dans les environs. C'était là qu'il avait reçu sa convocation.


Barthélémy était en Asie, à l'orient de la mer Rouge. C'était un bel homme, très intelligent. Il avait le teint blanc, le front élevé, de grands yeux, des cheveux noirs frisés, une barbe noire, courte et crépue. Il avait converti récemment un roi et sa famille. Je vis tout cela, et je le raconterai en son temps. Quand il fut de retour dans ce pays, le frère de ce roi le fit mourir.


J'ai oublié où Jacques le Mineur reçut l'avertissement. Il était très beau et ressemblait beaucoup au Sauveur. Aussi était-il appelé particulièrement le frère du Seigneur. même par ses propres frères.


En ce qui touche Matthieu, je vis de nouveau aujourd'hui qu'Alphée l'avait eu d'un premier mariage et l'avait amené avec lui quand il épousa en secondes noces Marie, fille de Cléophas. J'ai oublié ce qui concernait André.


Paul ne fut pas appelé. Ceux-là seulement furent convoqués qui étaient alliés à la sainte Famille ou qui avaient été en rapport avec elle.


Pendant ces visions, j'avais près de moi des reliques de saint André, de saint Barthélémy, des deux sainte Jacques, de saint Jude, de saint Simon, de saint Thomas, et de plusieurs disciples et saintes femmes ; ceux-là se montrèrent d'abord à moi plus clairement et plus distinctement. Puis je les vis figurer dans la scène qui m'était représentée. Je vis aussi saint Thomas venir à moi mais il ne figurait pas dans le tableau de la mort de la mort de Marie. Il était éloigné et arriva trop tard.


Je vis aussi cinq disciples figurer dans le tableau J'a spécialement un souvenir distinct de Siméon le Juste et de Barnabé (ou Barsabas), dont il y avait des reliques près de moi. L'un des trois autres était l'un de ces fils des bergers qui avaient accompagné Jésus dans le voyage qu'il fit après la résurrection de Lazare. (Erémenzéar). Les deux autres étaient de Jérusalem.


Je vis aussi près de la sainte Vierge sa soeur aînée, Marie Héli. Marie Héli, femme de Cléophas, mère de Marie de Cléophas, grand mère des apôtres Jacques le Mineur, Thaddée, Simon, etc., était une femme très âgée (elle avait vingt ans de plus que la sainte Vierge). Toutes ces saintes femmes demeuraient dans le voisinage ; elles s'étaient réfugiées précédemment dans ce pays, fuyant la persécution qui sévissait à Jérusalem. Plusieurs habitaient des grottes creusées dans les rochers, où on avait disposé des logements nu moyen de boiseries en clayonnage.

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