2. La maison de Marie à Ephèse.
La maison de Marie était carrée ; la partie postérieurs se terminait en rond ou en angle ; les fenêtres étaient pratiquées à une grande hauteur ; le toit était plat. Elle était séparée en deux parties par le foyer, qui était placé au milieu. On allumait le feu en face de la porte, dans l'excavation d'un mur, terminé des deux côtés par des espèces de degrés qui s'élevaient jusqu'au toit de la maison. Dans le centre de ce mur, courait, à partir de l'âtre jusqu'au haut, une excavation semblable à un demi tuyau de cheminée, où la fumée montait et s'échappait ensuite par une ouverture pratiquée dans le toit. Au-dessus de cette ouverture, je vis un tuyau de cuivre oblique qui dépassait le toit.
Cette partie antérieure de la maison était séparée de la partie qui était
derrière l'Atre par des cloisons légères en clayonnage. Dans cette partie,
dont les murs étaient assez grossièrement construits et un peu noircis par
la fumée, je vis des deux côtés de petites cellules formées par des cloisons
en branches entrelacées. (quand on voulait en faire une grande salle, on défaisait
ces cloisons qui étaient peu élevées, et on les mettait de côté. C'était dans
les cellules en question que couchaient la servante de Marie et d'autres femmes
qui lui rendaient visite.
A droite et à gauche du foyer, de petites portes conduisaient à la partie
postérieure de la maison, qui était peu éclairée, terminée circulairement
ou en angle, du resta très proprement et très agréablement disposée. Tous
les murs étaient revêtus de boiseries, et le haut formait une voûte. Les poutres
qui la surmontaient, liées entre elles par d'autres solives et recouvertes
de feuillage, avaient une apparence simple et décente.
L'extrémité de cette pièce, séparée de reste par un rideau, formait la chambre
à coucher de Marie. Au centre du mur se trouvait, dans une niche, comme un
tabernacle qu'on faisait tourner sur lui-même au moyen d'un cordon, selon
qu'on voulait l'ouvrir ou le fermer. Il y avait une croix longue à peu près
comme le bras, de la forme d'un Y, ainsi que j'ai toujours vu la croix de
Notre seigneur Jésus-Christ. Elle n'avait pas d'ornements particuliers, et
était à peine entaillée, comme les croix que viennent aujourd'hui de la Terre
Sainte. Je crois qui saint Jean et Marie l'avaient arrangée eux-mêmes. Elle
était faite de différentes espèces de bois. Il me fut dit que le tronc, de
couleur blanchâtre, était en cyprès ; l'un des bras, de couleur brune, en
cèdre ; l'autre bras, tirant sur le jaune, en palmier ; enfin, l'extrémité,
avec la tablette, en bois d'olivier jaune et poli. La croix était plantée
dans un support en terre ou en pierre, comme la croix de Jésus dans le rocher
du Calvaire. A ses pieds se trouvait un écriteau en parchemin où était écrit
quelque chose : c'étaient, je crois, des paroles de Notre-Seigneur. Sur la
croix elle-même, était l'image du Sauveur, tracée simplement par des lignes
de couleur foncée, afin qu'on put bien la distinguer. J'eus aussi connaissance
des méditations de Marie sur les différentes espèces de bois dont elle était
faite. Malheureusement, j'ai oublié ces belles explications. Je ne sais pas
non plus maintenant si la croix du Christ était réellement faite de ces diverses
espèces de bois ; ou si cette croix de Marie avait été ainsi faite pour fournir
un aliment à la méditation. Elle était placée entre deux vases pleins de fleurs
naturelles.
Je vis aussi un linge posé près de la croix, et j'eus le sentiment que c'était
celui avec lequel la sainte Vierge, après la descente de crois, avait essuyé
le sang qui couvrait le corps sacré du Sauveur. J'eus cette impression, parce
qu'à la vue de ce linge cet acte de saint amour maternel fut présenté devant
mes yeux. Je sentis, en même temps, : que c'était comme le linge avec lequel
les prêtres purifient le calice quand ils ont bu le sang du Rédempteur dans
le saint sacrifice ; Marie, essuyant les blessures de son Fils, me parut faire
quelque chose de semblable ; et, du reste, dans cette circonstance, elle avait
pris et plié de la même manière le linge dont elle se servait. J'eus la même
impression en voyant ce linge prés de la croix.
A droite de cet oratoire, était la cellule où reposait la sainte Vierge, et,
vis-à-vis de celle-ci, à gauche de l'oratoire, un autre petit réduit où étaient
disposés ses vêtements et ses effets. De l'une à l'autre de ces cellules,
était tendu un rideau qui cachait l'oratoire placé entre elles. C'était devant
ce rideau que Marie avait coutume de s'asseoir quand elle lisait ou travaillait.
La cellule de la sainte Vierge s'appuyait par derrière à un mur recouvert
d'un tapis ; les cloisons latérales étaient en clayonnage léger, qui ressemblait
à un ouvrage de marqueterie. Au milieu de la cloison antérieure, qui était
couverte d'une tapisserie, se trouvait une porte légère, à deux battants,
qui s'ouvrait à l'intérieur. Le plafond de cette cellule était aussi en clayon.
nage, qui formait comme une voûte au centre de laquelle était suspendue une
lampe à plusieurs branches. La couche de Marie était une espèce de coffre
creux, haut d'un pied et demi, de la largeur et de la longueur d'un lit ordinaire
de petite dimension. Les côtés étaient recouverts de tapis qui descendaient
jusqu'au sol et qui étaient bordés de franges et de houppes. Un coussin rond
servait d'oreiller, et un tapis brun à carreaux de couverture. La petite maison
était voisine d'un bois et entourée d'arbres à forme pyramidale. C'était un
lieu solitaire et tranquille, Les habitations des autres familles se trouvaient
à quelque distance. Elles étaient dispersées ça et là et formaient comme un
village.
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