14. Figure prophétique de la Sainte Vierge en Égypte.

Je vis en Égypte ce message de salut apporté de la manière suivante : je vis qu'Élie devait faire rassembler de trois contrées, à l'Orient, au Nord et au Midi, de pieuses familles dispersées, et qu'il chargea de cette mission trois disciples des prophètes. Il ne les envoya qu'après avoir reconnu par un signe demandé à Dieu quels étaient ceux qui convenaient pour cela, car c'était une tâche périlleuse, et il fallait choisir des messagers intelligents, afin qu'ils ne fussent pas mis à mort. L'un d'eux alla vers le Nord, l'autre vers l'Orient, le troisième vers le Midi. Celui-ci avait à faire un long voyage à travers l'Egypte, où les Israélites avaient des risques particuliers à courir. Ce messager suivit le chemin que la sainte Famille prit lors de sa fuite en Egypte ; je crois aussi qu'il passa dans le voisinage de la ville d'On, où l'enfant Jésus se réfugia. Je le vis, dans une grande plaine, arriver près d'un temple d'idoles, qui était dans une prairie, et entouré de diverses autres idoles. On adorait là un taureau vivant. Il y avait dans le temple une figure de taureau et plusieurs autres idoles. On faisait là d'horribles sacrifices et on immolait des enfants mal conformés.


Les habitants du pays saisirent le disciple des prophètes et le conduisirent devant leurs prêtres. Heureusement ils étaient très curieux, sans cela ils l'auraient égorgé. Ils lui demandèrent d'où il était et ce qui l'amenait chez eux. Il leur dit sans hésiter qu'il devait naître une vierge de laquelle sortirait le salut du monde, et qu'alors ils briseraient toutes leurs idoles'.


Saint Epiphane, dans son livre sur la Vie des Prophètes, dit de Jérémie : "Ce prophète donna un signe aux prêtres égyptienne, et Leur annonça que toutes leurs idoles tomberaient en morceaux quand une Vierge mère, avec son enfant divin, entrerait en Egypte. Et cela arriva ainsi ; c'est pourquoi, encore aujourd'hui, ils adorent une Vierge mère et un enfant couché dans une crèche. Quand le roi Ptolémée leur en demanda la cause, ils répondirent : " C'est un mystère que nous avons reçu de nos pères, auxquels il a été annoncé par un saint prophète' et nous en attendons l'accomplissement ". (Epiphan., t. II, p. 240.) Toutefois le disciple d'Elie, mentionné plus haut, ne peut pas être Jérémie, puisque celui-ci vécut trois siècles plus tard.


Ils s'étonnèrent de ce qu'il annonçait, en parurent très émus, et le laissèrent aller sans lui faire de mal. Je les vis ensuite tenir conseil et faire faire l'image d'une vierge, qu'ils placèrent au milieu du plafond du temple, étendue en l'air et comme planant. Cette figure' avait une coiffure pareille à celle de leurs idoles, dont un grand nombre étaient rangées à la suite les unes des autres, ayant le haut du corps d'une femme et le reste d'un lion. Sur le haut de la tète était un petit vase assez profond, semblable à ceux dont on se servait pour mesurer des fruits ; le haut des bras était appliqué le long du corps jusqu'au coude, les bras s'en séparaient et s'étendaient en se relevant ; elle tenait des épis de blé dans les mains ; elle avait trois mamelles, une plus grande, placée plus haut au milieu ; deux plus petites, plus bas, de chaque côté de la première.


Un archéologue a communiqué à l'écrivain un dessin fait d'après une antique statue égyptienne, qui est censée représenter Isis, et qui correspond de tout point à la description donnée par la soeur de cette singulière figure.


Le bas du corps était enveloppé d'un long vêtement ; les pieds étaient petits et effilés ; des espèces de houppes y pendaient. Aux deux épaules étaient attachées des espèces d'ailes comme de belles plumes en forme de rayons. Ces ailes étaient comme deux peignes de plumes jointes les unes aux autres. Des plumes croisées couraient le long des hanches et se repliaient par-dessus le milieu du corps. La robe n'avait pas de plis.


Ils honorèrent cette image et lui offrirent des sacrifices, la priant de vouloir bien ne pas briser leur dieu Apis et leurs autres dieux. Du reste, ils persévérèrent comme auparavant dans toutes les abominations de leur culte idolâtrique ; seulement, à dater de ce temps, ils invoquèrent par avance cette vierge, dont ils avaient composé l'image, à ce que je pense, d'après diverses indications tirées du récit du prophète et en essayant de reproduire la figure vue par Élie.


Je vis aussi comment, à cette époque, par un effet de la grande miséricorde de Dieu, il fut annoncé à de pieux paiens que le Messie naîtrait d'une vierge dans la Judée. Les ancêtres des trois rois mages, les Chaldéens, adorateurs des astres, reçurent cette connaissance au moyen de l'apparition d'une image dans une étoile ou dans le ciel. Ils prédirent l'avenir à ce sujet. J'ai vu les traces de ces annonces prophétiques de la sainte Vierge dans les représentations figurées qui ornaient leurs temples. J'en ai parlé ailleurs.

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