91. Saint Jean réfugié de nouveau dans le désert.
Lorsque Élisabeth, avertie par un ange avant le massacre des Innocents, se réfugia de nouveau dans le désert avec le petit Jean, je vis ce qui suit à cette occasion.
Élisabeth chercha longtemps avant de trouver une grotte qui lui parût
assez sûre et assez cachée ; mais quand elle l'eut trouvée,
elle y resta environ quarante jours avec l'enfant. Quand elle revint chez
elle, un Essénien de la communauté du mont Horeb, vint dans
le désert ; il portait des aliments à l'enfant et l'aidait dans
tout ce qui lui était nécessaire. Cet Essénien, dont
j'ai oublié le nom, était parent de la prophétesse Anne.
Il vint d'abord toutes les semaines, puis tous les quinze jours, jusqu'à
ce que Jean n'eût plus besoin de son secours. Ce moment ne tarda pas
beaucoup ; car, de très bonne heure, l'enfant se trouva mieux dans
le désert que parmi les humains. Il était destiné par
Dieu à y croître dans son innocence, sans contact avec les hommes
et leurs péchés. Comme Jésus, il n'alla jamais à
l'école : ce fut le Saint Esprit qui l'instruisit. Je vis souvent près
de lui une lumière ou des figures lumineuses, comme des anges. Le désert
qu'il habitait n'était pas dévasté et stérile
; il y venait parmi les rochers beaucoup d'herbes et d'arbrisseaux portant
des baies de diverses sortes ; il y avait aussi des fraises que Jean cueillait
et mangeait. Il avait une familiarité extraordinaire avec les bêtes,
surtout avec les oiseaux. Ils volaient à lui et se posaient sur ses
épaules ; il leur parlait ; ils semblaient le comprendre et lui servaient
pour ainsi dire de messagers. Il allait aussi le long des ruisseaux, et les
poissons, eux-mêmes, se familiarisaient avec lui ; ils s'approchaient
quand il les appelait et le suivaient tant qu'il marchait au bord de l'eau.
Je le vis s'éloigner beaucoup de sa patrie, peut-être cause du
danger qui le menaçait. Les animaux l'avaient en telle amitié,
qu'ils le servaient et l'avertissaient. Ils le conduisaient à leurs
repaires ou à leurs nids ; et, quand les hommes s'approchaient, il
s'enfuyait dans leurs lieux de refuge. Il se nourrissait de fruits sauvages,
d'herbes et de racines. Il n'avait pas longtemps à chercher pour cela
; car, s'il ne savait pas l'endroit où on en trouvait, les bêtes
le lui indiquaient. Il portait toujours sa peau d'agneau et son petit bâton,
et s'enfonçait toujours plus avant dans le désert. Quelquefois,
pourtant, il se rapprochait de sa patrie. Deux fois il eut une entrevue avec
ses parents, qui désiraient toujours vivement sa présence. Ils
devaient savoir quelque chose les uns sur les autres par révélation
; car, quand Élisabeth ou Zacharie voulaient voir Jean, il ne manquait
jamais de venir à leur rencontre de très loin.
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