48. Bethléhem.-Arrivée de le sainte Famille.
(Le vendredi, 23 novembre.) Le chemin, depuis le dernier gîte jusqu'à Bethléhem, pouvait être d'à peu près trois lieues. Ils firent un détour au nord de Bethléhem, et s'approchèrent de la ville par le côté du couchant. Ils firent une halte sous un arbre, en dehors de la route. Marie descendit de l'âne et mit ses vêtements en ordre Alors Joseph se dirigea avec elle vers un grand édifice ; entouré d'autres bâtiments plus petits et de cours ; il était à quelques minutes en avant de Bethléhem ; il y avait aussi là des arbres, et beaucoup de gens avaient dressé des tentes alentour. C'était l'ancienne maison de la famille de David, qu'avait possédée le père de Joseph. De parents ou des connaissances de Joseph y habitaient encore, mais ils le traitèrent en étranger et ne voulurent pas le reconnaître. C'était maintenant la maison où l'on recevait les impôts pour le gouvernement romain.
Joseph, accompagné de la sainte Vierge et tenant l'âne par la
bride, se rendit à cette maison ; car tous ceux qui arrivaient devaient
s'y faire connaître et y recevaient un billet sans lequel or. ne laissait
pas entrer à Bethléhem.
La soeur dit ensuite, mettant quelques intervalles entre ses paroles : La
jeune ânesse n'est pas avec eux ; elle court autour de la ville, vers
le midi ; il y a là un petit vallon. Joseph est entré dans le
grand bâtiment ; Marie est dans une petite maison sur la cour, avec
des femmes. Elles sont assez bienveillantes pour elle et lui donnent à
manger... Ces femmes font la cuisine pour les soldats... Ce sont des soldats
romains ; ils ont des courroies qui pendent autour des reins... Il fait ici
un temps agréable et pas du tout froid ; le soleil se montre au-dessus
de la montagne qui est entre Jérusalem et Béthanie. On a d'ici
une très belle vue... Joseph est dans une grande pièce qui n'est
pas au rez-de-chaussée ; on lui demande qui il est, et on consulte
de grands rouleaux, dont plusieurs sont suspendus aux murs ; on les déploie,
et on lit sa généalogie et aussi celle de Marie. Il ne paraissait
pas savoir qu'elle aussi, par Joachim, descend en droite ligne de David...
L'homme lui demande où est sa femme.
Il y a sept ans qu'on n'a taxé régulièrement les gens
de ce pays ; il y a eu du désordre et de la confusion. Cet impôt
est en vigueur depuis deux mois ; ou le payait de temps en temps pendant les
sept années précédentes, mais pas régulièrement.
Il faut maintenant payer deux fois. Joseph est arrivé un peu tard pour
payer l'impôt ; mais on l'a traité très poliment. Il n'a
pas encore payé. On lui a demandé quels étaient ses moyens
d'existence, et il a répondu qu'il n'avait pas de biens-fonds, qu'il
vivait de son métier et qu'il était en outre aidé par
sa belle mère.
Il y a une grande quantité d'écrivains et d'employés
importants dans la maison. Dans le haut sont des Romains et plusieurs soldats
; il y a des pharisiens, des saducéens, des prêtres, des anciens,
un certain nombre de scribes et de fonctionnaires, tant Juifs que Romains.
II n'y a pas de comité de ce genre à Jérusalem, mais
il s'en trouve en plusieurs autres endroits du pays : par exemple, à
Magdalum, près du lac de Génésareth, où des gens
de la Galilée viennent payer, ainsi que des gens de Sidon, à
cause de certaines affaires de commerce, à ce que je suppose : il n'y
a que ceux qui n'ont pas de biens-fonds d'après lesquels on puisse
les taxer, qui soient obligés de se rendre au heu de leur naissance.
Le produit de l'impôt, d'ici à trois mois, sera divisé
en trois parties dont chacune aura une destination différente. La première
est au profit de l'empereur Auguste, d'Hérode et d'un autre prince
qui habite dans le voisinage de l'Egypte. Il a pris part à une guerre
et il possède des droits sur une portion du pays, ce qui fait qu'on
doit lui payer quelque chose. La seconde part est pour la construction du
temple : il semble qu'elle doive servir à éteindre une dette.
La troisième part doit être pour les veuves et les pauvres qui
n'ont rien reçu depuis longtemps ; mais, comme il arrive souvent de
nos jours, cet argent ne va guère à qui de droit. On donne de
beaux prétextes pour lever ces impôts et presque tout reste dans
les mains des gens puissants.
Quand ce qui concernait Joseph fut réglé, on fit venir aussi
la sainte Vierge devant les scribes, mais ils ne lui lurent pas leurs papiers.
Ils dirent à Joseph qu'il n'aurait pas été nécessaire
qu'il amenât sa femme avec lui, et ils eurent l'air de le plaisanter
à cause de la jeunesse de Marie, ce qui le rendit un peu confus.
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