49. Joseph cherche inutilement un logement. Ils vont à la grotte de la crèche.
Ils entrèrent alors à Bethléem dont les maisons étaient séparées les unes des autres par d'assez longs intervalles. On entrait à travers des décombres et comme par une porte détruite. Marie se tint tranquillement près de l'âne au commencement de la rue, et Joseph chercha vainement un logement dans les premières maisons, car il y avait beaucoup d'étrangers à Bethléhem, et on voyait beaucoup de gens courant ça et là. Il revint vers Marie, et lui dit qu'on ne pouvait pas trouver à se loger là, et au il fallait aller plus avant dans la ville. Il conduisit l'âne par la bride, pendant que la sainte Vierge marchait à côté de lui. Quand ils furent à l'entrée d'une autre rue, Marie resta de nouveau près de l'âne, pendant que Joseph allait de maison en maison sans pouvoir en trouver une où l'on voulût le recevoir. Il revint bientôt tout attristé. Cela se répéta plusieurs fois, et souvent la sainte Vierge eut bien longtemps à attendre. Partout la place était prise, partout on le rebuta, et il finit par dire à Marie qu'il fallait aller dans une autre partie de Bethléhem, où ils trouveraient sans doute ce qu'ils cherchaient. Ils revinrent alors sur leurs pas, dans la direction contraire à celle qu'ils avaient prise en venant, puis ils tournèrent au midi. Ils suivirent une rue qui ressemblait plutôt à un chemin dans la campagne, car les maisons étaient isolées et placées sur de petites élévations. La aussi. toutes les tentatives furent vaines.
Arrivés de l'autre côté de Bethléhem, où
les maisons étaient encore plus dispersées, ils y trouvèrent
un grand espace vide situé dans un fond : c'était comme un champ
désert dans la ville. Il y avait là une espèce de hangar,
à peu de distance un grand arbre assez semblable à un tilleul,
dont le tronc était lisse, et dont les branches s'étendaient
au loin et formaient comme un toit autour de lui. Joseph conduisit la sainte
Vierge à cet arbre ; il lui arrangea avec des paquets un siège
commode au pied du tronc ; afin qu'elle pût se reposer pendant qu'il
chercher : il fit encore un logement dans les maisons d'alentour. l'âne
resta la tête tournée vers l'arbre. Marie se tint d'abord debout,
appuyée contre le tronc. Sa robe de laine blanche n'avait pas de ceinture
et tombait en plis autour d'elle, sa tête était couverte d'un
voile blanc. Plu sieurs personnes passèrent et la regardèrent,
ne sachant pas que leur Sauveur fût si près d'elles. Combien
elle était patiente, humble et résignée ! Il lui fallut
attendre bien longtemps, et elle s'assit enfin sur les couvertures, les mains
jointes sur la poitrine et la tête baissée. Joseph revint tout
triste vers elle ; il n'avait pas pu trouver de logement. Les amis dont il
avait parlé à la sainte Vierge voulaient à peine le reconnaître.
Il pleurait et Marie le consolait. Il alla encore de maison en maison, mais
comme. pour faire mieux accueillir ses prières, il parlait de la prochaine
délivrance de sa femme, il s'attirait par là des refus plus
formels.
Le lieu était solitaire ; mais à la fin quelques passants s'étaient
arrêtés et regardaient de loin avec curiosité, comme on
fait ordinairement quand on voit quelqu'un rester longtemps à la même
place à la chute du jour. Je crois que quelques-uns adressèrent
la parole à Marie et lui demandèrent qui elle était.
Enfin Joseph revint : il était tellement troublé qu'il osait
à peine s'approcher d'elle. Il lui dit que tout était inutile,
mais qu'il connaissait en avant de la ville un endroit où les bergers
s'établissaient souvent quand ils venaient à Bethléhem
avec leurs troupeaux, et qu'ils trouveraient là au moins un abri. Il
connaissait ce lieu depuis sa jeunesse : quant ses frères le tourmentaient,
il s'y retirait souvent pour y prier à l'abri de leurs persécutions.
Il disait que si les bergers y venaient, il s'arrangerait aisément
avec eux, et que du reste ils s'y tenaient rarement à cette époque
de l'année. Quand elle y serait tranquillement établie, ajoutait-il,
il ferait de nouvelles recherches
Ils sortirent alors par le côté oriental de Bethléhem,
suivant un sentier désert qui tournait à gauche. C'était
un chemin semblable à celui que l'on suivrait en marchant le long des-
murs écroulés, des fossés et des fortifications en ruine
d'une petite ville. Le chemin montait d'abord un peu, puis il descendait la
pente d'un monticule, et il les conduisit, à quelques minutes à
l'est de Bethléhem, devant le lieu qu'ils cherchaient, près
d'une colline ou d'un vieux rempart en avant duquel se trouvaient quelques
arbres. C'étaient des arbres verts (des térébinthes ou
des cèdres), et d'autres arbres qui avaient des petites feuilles comme
celles du buis.
Nous voulons maintenant, autant que possible, décrire les alentours
de la colline et la disposition intérieure de la grotte de la Crèche,
d'après les indications données à plusieurs reprises
par la soeur Emmerich, afin de n'avoir pas à interrompre plus tard
la narration.
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