41. Marie et Joseph en voyage pour visiter Elisabeth.

Quelques jours après l'Annonciation de l'ange à Marie, saint Joseph revint à Nazareth et il fit certains arrangements dans la maison pour pouvoir exercer son métier, car il n'avait pas encore été à demeure à Nazareth, où il avait passé à peine deux jours. Il ne savait rien de l'incarnation de Dieu dans Marie ; elle était la mère du Seigneur, mais elle était aussi la servante du Seigneur et gardait humblement son secret. La sainte Vierge, lorsqu'elle sentit que le Verbe s'était fait chair en elle, éprouva un grand désir d'aller tout de suite à Juttah, près d'Hébron, visiter sa cousine Élisabeth, que l'ange lui avait dit être enceinte depuis six mois. Comme on approchait du temps où Joseph devait se rendre à Jérusalem pour la fête de Pâques, elle désira l'accompagner pour aller assister Elisabeth pendant sa grossesse. Joseph se mit donc en route pour Juttah avec la sainte Vierge.


La soeur Emmerich raconta les détails suivants du voyage de Joseph et de Marie ; mais il y a dans ses récits beaucoup de lacunes, causées par son état de maladie et par des dérangements continuels. Elle ne raconta pas le départ, mais pendant quelques jours consécutifs différentes scènes de voyage que nous communiquons ici.


Leur route se dirigeait vers le midi ; ils avaient avec eux un Ane sur lequel Marie montait de temps en temps. Il portait quelques effets, entre autres un sac appartenant à Joseph, où se trouvait une longue robe brune de la sainte Vierge avec une espèce de capuchon. On l'attacha sur le cou de l'âne. Marie mettait cet habit quand elle allait au. temple ou à la synagogue. En voyage elle portait une tunique de laine brune, une robe grise avec une ceinture par-dessus, et une coiffe tirant sur le jaune.


Ils voyageaient assez vite. Je les vis, après avoir traversé la plaine d'Esdrelon, dans la direction du midi, gravir une hauteur et entrer dans la ville de Dothan, chez un ami du père de Joseph. C'était un homme assez riche,. Originaire de Bethléhem. Le père de Joseph l'appelait son frère, quoiqu'il ne le fût pas : mais il descendait de David par un homme qui était aussi roi, à ce que je crois, et qui s'appelait Éla, ou Eldoa, ou Eldad, je ne sais plus bien lequel '. Cet endroit était très commerçant.


Je les vis une fois passer la nuit sous un hangar ; puis, comme ils étaient encore à douze lieues de la demeure de Zacharie, je les vis un soir dans un bois sous une cabane de branchages, toute recouverte de feuillage vert avec de belles fleurs blanches. On trouve souvent dans ce pays, au bord des routes, de ces cabanes de verdure ou même des bâtiments plus solides dans lesquels les voyageurs peuvent passer la nuit ou se rafraîchir et apprêter les aliments qu'ils ont avec eux. Une famille du voisinage a la surveillance de plusieurs abris de ce genre et fournit plusieurs choses nécessaires moyennant une modique rétribution.


La soeur Emmerich vit Jésus, le 2 novembre (12 Marcheswan) de sa trente et unième année, dans cette même maison de Dothan où il guérit de l'hydropisie un homme de cinquante ans, nommé Issachar, mari de Salomé, la fille des maîtres de cette maison. A cette occasion Issachar parla du séjour qui7 avaient fait Marie et Joseph. Le rejeton de David que la soeur nomme Eldoa ou Eldad, et par lequel le père de cette Salomé était parent de saint Joseph, pourrait bien être Elioda ou Eliada, fils de David cité dans le second livre des rois, V, 16, et dans le premier livre des Paralipomènes, III, 8. Quoiqu'on doive admettre naturellement des confusions fréquentes dans les noms prononcés par la soeur, on ne doit pourtant pas admettre que cette confusion ait toujours lieu. Les noms propres en hébreu ont en général une signification précise ; mais comme un seul et même sens peut s'exprimer de différentes manières dans la langue hébraïque, les mêmes personnes portent souvent différents noms. Ainsi nous trouvons un fils de David appelé tantôt Elischna " Dieu aide ", tantôt Elischama " Dieu entend ". Ainsi Eldea ou Eldoa peut aussi bien signifier " Dieu vient " qu'Eliada. La mention peu précise que ce rejeton de David aurait été roi, ne doit point étonner, car il est indubitable que des fils ou petits-fils de David eurent le gouvernement de certains pays dépendant du royaume d'Israel.


Ici il semble y avoir une lacune dans le récit. Vraisemblablement la sainte Vierge alla avec Joseph à Jérusalem pour la fête de Pâques, et ce n'est que de là qu'elle se rendit chez Elisabeth, car il est dit plus haut que Joseph allait à la fête, et plus loin que Zacharie était revenu chez lui après les fêtes de Pâques la veille de la visitation de Marie.


De Jérusalem ils n'allèrent pas tout droit à Juttah, mais ils firent un détour vers le levant pour voyager plus solitairement. Ils contournèrent une petite ville à deux lieues d'Emmaus, et prirent alors des chemins que Jésus suivit souvent pendant ses années de prédication. Ils eurent ensuite deux montagnes à franchir. Entre ces deux montagnes je les vis une fois se reposer, manger du pain et mêler dans leur eau des gouttes de baume qu'ils avaient recueillies pendant le voyage. Le pays ici était très montagneux. Ils passèrent devant des rochers qui étaient plus larges d'en haut que d'en bas ; on voyait aussi là de grandes cavernes dans lesquelles étaient toutes sortes de pierres singulières. Les vallées étaient très fertiles.


Leur chemin les conduisit encore à travers des bois, des landes, des prés et des champs. Dans un endroit assez rapproché du terme du voyage, je remarquai particulièrement une plante qui avait de jolies petites feuilles vertes et des grappes de fleurs, formées de neuf clochettes roses fermées. Il y avait là quelque chose dont j'avais à m'occuper, mais j'ai oublié de quoi il s'agissait '.


Cette fleur' avec neuf clochettes, avait peut-être pour la soeur un rapport mystique aux neuf mois que le Seigneur passa dans le sein de sa mère ; peut-être aussi y vit-elle le symbole de quelque dévotes ou exercice de piété se rattachant a la fête de la Visitation. Du reste, un ami versé dans la connaissance de l'Écriture sainte, communiqua à l'écrivain l'observation suivante : " La fleur indiquée ici est probablement la petite grappe de cypre (Lawsonia spinosa inerrnis, Linn.), dont il est dit dans le Cantique des Cantiques (I, 13) : "Mon bien-aimé est pour moi une grappe de cypre (botrus cypri) cueillie dans les vignes d'Engaddi. "Mariti, dans son voyage en Syrie et en Palestine, a vu cet arbrisseau et sa fleur dans la contrée où la soeur fait voyager la sainte Vierge. Les feuilles sont, d'après lui, plus petites et plus élégantes que celles du myrte ; les fleurs, couleur de rose, disposées par bouquets en forme de grappe, ce qui, d'ailleurs, correspond à la description sommaire de la soeur, quand elle dit qu'elle a à s'occuper de quelque chose qu'elle a oublié touchant ces fleurs campaniformes ; il s'agit peut-être d'une méditation sur le Cantique des Cantiques (I, 13). Comme en os moment le bien-aimé était encore sous le coeur virginal de sa mère, elle célébrait peut-être, en contemplant les capsules de cet arbrisseau, le degré de développement du Verbe fait chair, et cette méditation pouvait être d'autant plus féconde, que la grappe odorante des fleurs de cypre s'appelle en hébreu grappe de kopher, c'est-à-dire grappe de la réconciliation, et c'est pourquoi quelques commentateurs trouvent dans les paroles : "Mon bien-aimé est pour moi une grappe de cypre, "le sens suivant : " Mon bien-aimé a donné pour moi la grappe sanglante de la réconciliation ". De même que les Orientaux estiment beaucoup ces bouquets de fleurs odorantes et les regardent comme un présent très agréable, la soeur, en voyant passer la sainte Vierge près de ces grappes de fleurs, pouvait fêter les progrès de la maturité de la grappe du sang de la réconciliation dans le fruit béni de ses entrailles Elle considérait peut-être, dans le texte du Cantique des Cantiques le sens suivant lequel on pouvait dire : La vraie grappe du kopher mûrit pour nous sous le coeur de Marie, de même que dans le texte : " Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe qui repose entre mes mamelles ; "elle peut avoir considéré que Marie, plus tard, porta Jésus enfant sur son sein, et dans la suite, après la descente de croix, reçut le Sauveur dans ses bras lorsqu'on l'embauma avec de la myrrhe, quoique lui-même fut la véritable myrrhe qui préserve de ta corruption.

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