52. La sainte Famille entre dans la Grotte de la Crèche.
(Le vendredi, 23 novembre.) il était déjà tard quand ils arrivèrent devant l'entrée de la grotte. La jeune ânesse. qui, depuis qu'ils étaient entrés dans la maison paternelle de Joseph, avait couru de côté et d'autre autour de la ville, vint alors à leur rencontre et se mit à sauter joyeusement auprès d'eux. Alors la sainte Vierge dit à Joseph : " voyez, c'est certainement la volonté de Dieu que nous entrions ici ". Joseph mit l'âne sous l'espèce de toit qui était en avant de l'entrée de la grotte ; il prépara un siège pour la sainte Vierge, et elle s'y assit pendant qu'il se procurait de la lumière et entrait dans la grotte. L'entrée était un peu obstruée par des bottes de paille et des nattes posées contre les parois. Il y avait aussi dans la grotte même divers objets qui l'encombraient, Joseph la débarrassa de manière à préparer à la sainte Vierge une place commode du côté oriental de la grotte. Il attacha une lampe allumée à la paroi, et fit entrer Marie, qui se plaça sur le lit de repos qu'il lui avait préparé avec des couvertures et quelques paquets. Il s'excusa humblement de n'avoir pu lui procurer qu'un si mauvais gîte ; mais Marie, intérieurement, était contente et joyeuse.
Quand elle se fut installée, Joseph sortit avec une outre de cuir qu'il
portait avec lui, et alla derrière la colline, dans la prairie où
coulait un petit ruisseau ; il remplit l'outre d'eau et la rapporta dans la
grotte. Il alla ensuite dans la ville, où il se procura de petits plats
et du charbon. Le sabbat était proche, et, à cause des nombreux
étrangers auxquels manquaient les choses les plus indispensables, on
avait dressé au coin des rues des tables sur lesquelles étaient
les aliments dont ils pouvaient avoir besoin. Je crois qu'il y avait là
des gens qui n'étaient pas Juifs.
Joseph revint, portant des charbons allumés dans une espèce
de botte grillée, il les plaça à l'entrée de la
grotte, et alluma du feu avec un petit fagot de morceaux de bois sec ; il
apprêta ensuite un repas, qui se composait de petits pains et de quelques
fruits cuits. Quand ils eurent mangé et prié, Joseph prépara
une couche pour la sainte Vierge. Il étendit sur une litière
de jonc une couverture semblable à celles que j'avais vues dans la
maison de sainte Anne, et plaça une autre couverture roulée
pour appuyer la tête. Après avoir fait entrer l'âne et
l'avoir attaché dans un endroit où il ne pouvait pas gêner,
il boucha les ouvertures de la voûte par où l'air venait, et
disposa la place où lui-même devait reposer dans l'entrée
de la grotte.
Quand le sabbat commença, il se tint avec la sainte Vierge sous la
lampe, et récita avec elle les prières dur sabbat ; il quitta
ensuite la grotte et s'en alla à la ville. Marie s'enveloppa pour se
livrer au repos. Pendant l'absence de Joseph, je vis la sainte Vierge prier
à genoux. Elle s'agenouilla sur sa couche ; puis elle s'étendit
sur la couverture, couchée sur le côté. Sa tête
reposait sur son bras, qui était posé sur l'oreiller. Joseph
revint tard. Il pria encore, et se plaça humblement sur sa couche à
l'entrée de la grotte.
(Le samedi, 24 novembre.) Ce jour-là la soeur était très
malade et ne put dire que peu de choses ; elle communiqua pourtant ce qui
suit :
La sainte Vierge passa le sabbat dans la grotte de la Crèche, priant
et méditant avec une grande ferveur. Joseph sortit plusieurs fois ;
il alla probablement à la synagogue de Bethléhem. Je les vis
manger des aliments prépares les jours précédents et
prier ensemble. Dans l'après-midi, temps où les Juifs font ordinairement
leur promenade le jour du sabbat, Joseph conduisit la sainte Vierge à
la grotte du tombeau de Maraha, nourrice d'Abraham. Elle resta quelque temps
dans cette grotte, qui était plus spacieuse que celle de la crèche,
et où Joseph lui arrangea un siège ; elle se tint aussi sous
l'arbre qui était auprès, toujours priant et méditant
jusqu'après la clôture du sabbat. Joseph alors la ramena. Marie
avait dit à son époux que la naissance de l'enfant aurait lieu
ce jour même, à minuit ; car c'était à cette heure
que se terminaient les neuf mois écoulés depuis que l'ange du
Seigneur l'avait saluée. Elle l'avait prié de faire en sorte
qu'ils pussent honorer de leur mieux, à son entrée dans le monde,
l'enfant promis par Dieu et conçu surnaturellement. Elle lui demanda
aussi de prier avec elle pour les gens au coeur dur qui n'avaient pas voulu
lui donner l'hospitalité. Joseph offrit à la sainte Vierge de
faire venir pour l'assister deux pieuses femmes de Bethléhem qu'il
connaissait. Elle ne le voulut pas, et lui dit qu'elle n'avait besoin du secours
de personne.
Joseph alla à Bethléhem avant la fin du` sabbat, et aussitôt
que le soleil fut couché, il acheta quelques objets nécessaires,
une écuelle, une petite table basse, des fruits et des raisins secs,
qu'il rapporta à la grotte de la Crèche ; il alla de là
à la grotte de Maraha, et ramena la sainte Vierge à celle de
la crèche, où elle s'assit sur la couverture. Joseph prépara
encore des aliments. Ils mangèrent et prièrent ensemble. Il
établit alors une séparation entre la place qu'il avait choisie
pour y dormir et le reste de la grotte, à l'aide de quelques perches
auxquelles il suspendit des nattes qu'il avait trouvées là ;
il donna à manger à l'âne qui était à gauche
de l'entrée, attaché à la paroi de la grotte ; il remplit
ensuite la mangeoire de la crèche de roseaux et d'herbe ou de mousse,
et il étendit par-dessus une couverture.
Comme alors la sainte Vierge lui dit que son terme approchait et l'engagea
à se mettre en prières dans sa chambre, il suspendit à
la voûte plusieurs lampes allumées, et sortit de la grotte parce
qu'il avait entendu du bruit devant l'entrée. Il trouva là la
jeune ânesse qui, jusqu'alors, avait erré en liberté dans
la vallée des bergers ; elle paraissait toute joyeuse, et jouait et
bondissait autour de lui Il l'attacha sous l'auvent qui était devant
la grotte et lui donna du fourrage.
Quand il revint dans la grotte, et qu'avant d'entrer dans son réduit,
il jeta les yeux sur la sainte Vierge, il la vit qui priait à genoux
sur sa couche ; elle lui tournait le des et regardait du côté
de l'orient. Elle lui parut comme entourée de flammes, et toute la
grotte semblait éclairée d'une lumière surnaturelle.
Il regarda comme Moise lorsqu'il vit le buisson ardent ; puis, saisi d'un
saint effroi, il entra dans sa cellule et s'y prosterna la face contre terre.
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