65. Les Saints Rois vont de Jérusalem à Bethléhem. Ils adorent l'Enfant et lui offrent leurs présents.

Je vis le cortège des trois rois arriver à une porte située au midi. Une troupe d'hommes les suivit jusqu'à un ruisseau qui est en avant de la ville, et s'en retourna ensuite. Quand ils eurent franchi le ruisseau, ils firent une petite halte et cherchèrent l'étoile des yeux. L'ayant aperçue, ils jetèrent un cri de joie et continuèrent leur marche en chantant. L'étoile ne les conduisit pas en ligne directe, mais par un chemin qui se détournait un peu à l'ouest.


Ils passèrent devant une petite ville que Je connais bien, derrière laquelle je les vis s'arrêter et prier vers midi, dans un site agréable voisin d'un hameau. En cet endroit, une source jaillit de terre devant eux, ce qui les remplit de joie. Ils descendirent et creusèrent pour cette source un bassin qu'ils entourèrent de sable, de pierres et de gazon. Ils campèrent là plusieurs heures, firent boire et manger leurs bêtes, et prirent eux-mêmes un peu de nourriture ; car à Jérusalem ils n'avaient pu prendre aucun repos par suite de leurs diverses préoccupations. Plus tard, j'ai vu Notre Seigneur s'arrêter plusieurs fois près de cette source avec ses disciples. L'étoile, qui brillait la nuit comme un globe de feu, ressemblait maintenant à la lune vue dans le jour ; elle ne paraissait pas parfaitement ronde, mais comme découpée ; je la vis souvent cachée par des nuages.


Sur la route directe de Bethléhem à Jérusalem il y avait un grand mouvement de voyageurs avec des bagages et des ânes ; c'étaient probablement des gens qui revenaient de Bethléhem après avoir payé l'impôt, ou qui allaient à Jérusalem pour le marché ou pour visiter le temple. Le chemin que suivaient les rois était solitaire, et Dieu les conduisait sans doute par là pour qu'ils pussent arriver à Bethléhem le soir et sans faire trop d'effet. Je les vis se remettre en marche quand le soleil était déjà très bas. Ils allaient dans le même ordre qu'en venant ; Mensor, le plus jeune, allait en avant ; puis venait Sair, le basané, et enfin Théokéno, le blanc et le plus âgé.


(Le dimanche, 23 décembre). Je vis aujourd'hui, par le crépuscule du soir, le cortège des saints rois arriver devant Bethléhem, près de ce même édifice où Joseph et Marie s'étaient fait inscrire : c'était l'ancienne maison de la famille de David. Il n'en reste plus que quelques débris de murs ; elle avait appartenu aux parents de saint Joseph. C'était un grand bâtiment entouré d'autres plus petits, avec une cour fermée, devant laquelle était une place plantée d'arbres et où se trouvait une fontaine. Je vis sur cette place des soldats romains, parce que la maison était comme le bureau des collecteurs de l'impôt. Quand le cortège arriva, un certain nombre de curieux se rassembla autour de lui. L'étoile ayant disparu, les rois avaient quelque inquiétude. Des hommes s'approchèrent d'eux et les interrogèrent. Ils descendirent de leurs montures, et des employés vinrent de la maison à leur rencontre avec des branches à la main, et leur offrirent quelques rafraîchissements. C'était l'usage de souhaiter ainsi la bienvenue à des étrangers de cette espèce. Je me dis à moi-même : On est bien plus poli avec eux qu'avec le pauvre saint Joseph, parce qu'ils ont distribué de petites pièces d'or. On leur parla de la vallée des bergers comme d'un bon endroit pour y dresser leurs tentes. Ils restèrent assez longtemps dans l'indécision. Je ne les entendis pas faire des questions sur le roi des Juifs nouvellement né : ils savaient que Bethléhem était l'endroit dédaigné par la prophétie ; mais, par suite des discours d'Hérode, ils craignaient d'attirer l'attention. Bientôt ils virent briller du ciel, sur un côté de Bethléhem, un météore semblable à la lune à son lever ; alors ils remontèrent sur leurs bêtes ; puis, longeant un fossé et des murs en ruine, ils firent le tour de Bethléhem par le midi et se dirigèrent à l'orient, vers la grotte de la Crèche, qu'ils abordèrent par le côté de la plaine où les anges étaient apparu aux bergers.


Quand ils furent arrivés prés du tombeau de Maraha dans la vallée qui est derrière la grotte de la Crèche. Ils descendirent de leurs montures. Leurs gens défirent beaucoup de paquets, dressèrent une grande tente qu'ils portaient avec eux, et firent d'autres arrangements, avec l'aide de quelques bergers qui leur indiquèrent les places les plus convenables. Le campement était arrangé en partie, quand les rois virent l'étoile se montrer, claire et brillante, sur la colline de la Crèche et y diriger perpendiculairement ses rayons. Elle parut grandir beaucoup et répandit une masse de lumière extraordinaire. Je les vis d'abord regarder d'un air très étonné. Il faisait sombre ; ils ne voyaient pas de maison, mais seulement la forme d'une colline semblable à un rempart. Tout d'un coup, ils furent saisis d'une grande joie, car ils virent dans la lumière la figure resplendissante d'un enfant. Tous se découvrirent la tête pour témoigner leur respect ; puis les trois rois allèrent vers la colline et trouvèrent la porte de 'a grotte. Mensor l'ouvrit ; il vit la grotte pleine d'une lumière céleste, et au fond la Vierge tenant l'enfant et assise, telle que ses compagnons et lui l'avaient vue dans leurs visions.


Il retourna aussitôt su. ses pas et dit aux autres ce qu'il venait de voir. Alors Joseph sortit de la grotte, accompagné d'un vieux berger, pour aller à leur rencontre. Ils lui dirent en toute simplicité comment ils étaient venus pour adorer le roi nouveau-né des Juifs, dont ils avaient vu l'étoile, et pour lui offrir leurs présents. Joseph les accueillit amicalement, et le vieux berger les accompagna près de leur suite et les aida dans leurs arrangements, ainsi que quelques autres bergers qui se trouvaient là.


Eux-mêmes se préparèrent comme pour une cérémonie solennelle. Je les vis mettre de grands manteaux blancs qui avaient une longue queue ; ces manteaux avaient un reflet brillant comme s'ils eussent été de soie brute ; ils étaient très beaux et flottaient légèrement autour d'eux : c'était leur costume ordinaire pour les cérémonies religieuses. Ils portaient à la ceinture des bourses et des boites d'or suspendues à des chaînes. Tout cela était recouvert par leurs larges manteaux. Chacun des rois était suivi par quatre personnes de sa famille ; il y avait en outre quelques serviteurs de Mensor qui portaient une petite table, un tapis à franges et d'autres menus objets. Quand ils eurent suivi saint Joseph sous l'auvent qui était devant la grotte, ils recouvrirent la table avec le tapis, et chacun des trois rois y plaça quelques-unes des boîtes d'or et des vases qu'ils détachèrent de leur ceinture : c'étaient les présents qu'ils offraient en commun. Mensor et tous les autres ôtèrent leurs sandales, et Joseph ouvrit la porte de la grotte Deux jeunes gens de la suite de Mensor marchaient devant lui ; ils étendirent une pièce d'étoffe sur le sol de la grotte, puis ils se retirèrent en arrière ; deux autres le suivirent avec la table, où étaient les présents. Arrivé devant la sainte Vierge, il les prit, et, mettant un genou en terre, il les déposa respectueusement à ses pieds. Derrière Mensor étaient les quatre hommes de sa famille qui s'inclinaient humblement. Sair et Théokéno, avec leurs compagnons, se tenaient en arrière dans l'entrée. Quand ils s'avancèrent, ils étaient comme ivres de joie et d'émotion et inondés de la lumière qui remplissait la grotte ; et pourtant il n'y avait là d'autre lumière que la Lumière du monde. Marie, appuyée sur un bras, était plutôt couchée qu'assise sur un tapis, à la gauche de l'Enfant-Jésus, lequel était étendu, à la place où il était né, dans une auge recouverte d'un tapis et placée sur une estrade ; mais au moment où ils entrèrent, la sainte Vierge se mit sur son séant, se voila et prit dans ses bras l'Enfant-Jésus enveloppé dans son large voile. Mensor s'agenouilla, et, mettant les présents devant lui, il prononça de touchantes paroles par lesquelles il lui faisais hommage, en croisant ses mains devant sa poitrine et en inclinant sa tête découverte. Pendant ce temps, Marie avait mis à nu le haut du corps de l'enfant, qui regardait d'un air aimable du milieu du voile dont il était enveloppé ; sa mère soutenait sa petite tête de l'un de ses bras et l'entourait de l'autre. Il avait ses petites mains jointes devant sa poitrine, et souvent il les étendait gracieusement autour de lui.


Oh ! combien se trouvaient heureux de l'adorer ces chers hommes de l'Orient ! Quand je voyais cela, je me disais à moi-même : " Leurs coeurs sont purs et sans souillure, pleins de tendresse et d'innocence comme des coeurs d'enfants pieux. Il n'y a rien de violent en eux, et pourtant ils sont pleins de feu et d'amour. Je suis morte, je ne suis plus qu'un esprit ; autrement je ne pourrais pas voir cela, car cela n'existe pas maintenant, et cependant existe maintenant ; mais cela n'existe pas dans le temps ; en Dieu il n'y a pas de temps ; en Dieu tout est présent ; je suis morte, je ne suis plus qu'un esprit ". Pendant que j'avais ces pensées si étranges, j'entendis me voix qui me disait : " Que t'importe cela ? regarde et loue le Seigneur, qui est éternel et dans lequel tout est éternel ".


Je vis alors Mensor tirer d'une bourse, qui était ; suspendue à sa ceinture, une poignée de petites barres compactes, pesantes, de la longueur du doigt, effilées à l'extrémité et brillantes comme de l'or : c'était son présent, qu'il plaça humblement sur les genoux de la sainte Vierge, à côté de l'Enfant-Jésus. Elle prit l'or avec un remerciement gracieux et le couvrit d'un coin de son manteau. Mensor donna ces petites barres d'or vierge parce qu'il était plein de sincérité et de charité, et qu'il cherchait la vérité avec une ardeur constante et inébranlable.


Mensor se retira en arrière avec ses quatre suivants, et Sair, le roi basané, s'avança avec les siens et s'agenouilla avec une profonde humilité ; il offrit son présent avec des paroles touchantes : c'était un vase d'or à mettre de l'encens, plein de petits grains résineux, de couleur verdâtre ; il le plaça sur la table devant l'Enfant-Jésus. Il donna l'encens, parce que c'était un homme qui se conformait respectueusement et du fond du coeur à la volonté de Dieu et la suivait avec amour. Il resta longtemps agenouillé avec une grande ferveur avant de se retirer.


Après lui vint Théokéno, le plus vieux des trois ; il était très avancé en âge ; ses membres étaient raides, et il ne pouvait pas se mettre à genoux ; mais il se tint debout, profondément incliné, et plaça sur la table un vase d'or avec une belle plante verte. C'était un bel arbuste à tige droite, avec de petits bouquets frisés surmontés de jolies fleurs blanches : c'était la myrrhe. Il offrit la myrrhe, parce qu'elle est le symbole de la mortification et de la victoire sur les passions ; car cet excellent homme avait soutenu des luttes persévérantes contre l'idolâtrie, la polygamie et les habitudes violentes de ses compatriotes. Dans son émotion, il resta si longtemps devant l'Enfant-Jésus avec ses quatre suivants, que je pris pitié des autres serviteurs restés hors de la grotte, parce qu'ils avaient tant attendu pour voir l'Enfant-Jésus.


Les paroles des rois et de tous leurs compagnons étaient pleines de simplicité et fort touchantes. En se prosternant et en lui offrant leurs présents, ils s'exprimaient à peu près en ces termes : Nous avons vu son étoile ; nous savons qu'il est le Roi de tous les rois ; nous venons l'adorer et lui offrir notre hommage et nos présents, et ainsi de suite. Ils étaient comme en extase, et, dans leurs prières naïves et affectueuses, ils recommandaient à l'Enfant-Jésus eux-mêmes, leurs familles, leur pays, leurs biens et tout ce qui avait du prix pour eux sur la terre. Ils offraient au roi nouveau-né leurs coeurs, leurs âmes, leurs pensées et leurs actions. Ils le priaient de les éclairer, de leur donner la vertu, le bonheur, la paix et l'amour. Ils se montraient enflammés d'amour et répandaient des larmes de joie, qui tombaient sur leurs joues et leurs barbes. Ils étaient dans le bonheur ; ils croyaient être arrivés eux-mêmes dans cette étoile vers laquelle' depuis des milliers d'années, leurs ancêtres avaient dirigé leurs regards et leurs soupirs avec un désir si constant. Toute la joie de la promesse accomplie après tant de siècles était en eux.


La mère de Dieu accepta tout avec d'humbles actions de grâces ; d'abord, elle ne dit rien, mais un simple mouvement sous son voile exprimait sa pieuse émotion. Le petit corps de l'enfant se montrait brillant entre les plis : de son manteau. A la fin, elle adressa à chacun quelques paroles humbles et gracieuses et retira un peu son voile en arrière. Oh ! j'ai pris là une nouvelle leçon ; je me disais à moi-même : Avec quelle douce et aimable gratitude elle reçoit chaque présent ! Elle qui n'a besoin de rien, qui possède Jésus, qui accueille avec humilité tous les dons de la charité. Moi aussi, à l'avenir, je recevrai' humblement et avec reconnaissance tous les dons charitables. Que de bonté dans Marie et dans Joseph. Ils ne gardaient presque rien pour eux, et distribuaient tout aux pauvres.


Lorsque les rois eurent quitté la grotte avec leurs suivants et furent retournés à leur tente, leurs serviteurs entrèrent à leur tour. Ils avaient dressé la tente, déchargé les bêtes de somme, mis tout en ordre, et ils attendaient devant la porte, patiemment et humblement. Ils étaient plus de trente, et il y avait aussi avec eux une troupe d'enfants qui avaient seulement un linge autour des reins et un petit manteau. Les serviteurs entraient cinq par cinq, et un des principaux personnages auxquels ils appartenaient les conduisait. Ils s'agenouillaient autour de l'Enfant et l'honoraient en silence. Enfin, les enfants entrèrent tous ensemble, se mirent à genoux et adorèrent Jésus avec une joie innocente et naive. Les serviteurs ne restèrent pas longtemps dans la grotte de la Crèche, car les rois rentrèrent avec solennité. Ils avaient mis d'autres manteaux longs et flottants ; ils portaient à la main des encensoirs, et ils encensèrent très respectueusement l'enfant, la sainte Vierge, Joseph et toute la grotte ; puis ils se retirèrent après s'être inclinés profondément. C'était une manière d'adorer chez ce peuple.


Pendant tout ce temps, Marie et Joseph étaient pénétrés de la plus douce joie où je les eusse jamais vus ; des larmes d'attendrissement coulaient souvent sur Leurs joues. Les honneurs solennellement rendus à l'Enfant-Jésus, qu'ils étaient obligés de loger si pauvrement, et dont la dignité suprême restait cachée dans leurs coeurs, les consolaient infiniment ; ils voyaient que la Providence toute-puissante de Dieu, malgré l'aveuglement des hommes, avait préparé pour l'Enfant de la promesse et lui avait envoyé des contrées les plus lointaines ce qu'eux-mêmes ne pouvaient lui donner, l'adoration due à sa dignité rendue par les puissants de la terre avec une sainte magnificence. Ils adoraient Jésus avec les saints rois ; les hommages qui lui étaient adressés les rendaient heureux.


Les tentes étaient dressées dans la vallée située derrière la grotte de la Crèche jusqu'à la grotte du tombeau de Maraha ; les bêtes étaient rangées en ordre et attachées à des pieux séparés par des cordes. Près de la grande tente qui était voisine de la colline de la Crèche, se trouvait un espace recouvert de nattes, où était déposée une partie des bagages ; cependant, la plus grande partie fut portée dans la grotte du tombeau de Maraha. Quand tous eurent quitté la crèche, les étoiles s'étaient levées. Ils se rassemblèrent en cercle près du vieux térébinthe, qui s'élevait au-dessus de la grotte de Maraha, et entonnèrent des chants solennels en présence des étoiles. Je ne puis dire combien étaient touchants ces chants qui retentissaient dans la vallée silencieuse. Pendant tant de siècles leurs ancêtres avaient regardé les astres, prié, chanté ; maintenant, tous leurs désirs étaient exaucés ; ils chantaient comme enivrés de joie et de reconnaissance.


Pendant ce temps, Joseph, avec l'aide de deux vieux bergers, avait apprêté un petit repas dans la tente des trois rois. Ils apportèrent du pain, des fruits, des rayons de miel, quelques herbes et des flacons de baume, qu'ils rangèrent sur une table basse recouverte d'un tapis. Joseph s'était procuré tout cela dès le matin pour recevoir les rois, dont la sainte Vierge lui avait annoncé d'avance l'arrivée. Quand ceux-ci revinrent à leur tente, je vis saint Joseph les accueillir très amicalement, et les prier, comme étant ses hôtes, d'accepter le petit repas qu'il leur offrait. Il se plaça à côté d'eux autour de la table, et ils mangèrent. Il ne montrait point de timidité ; il était si content qu'il versait des larmes de joie.


Quand je vis cela, je pensai à feu mon père, le pauvre paysan, qui, lors de ma vêture dans le couvent, fut obligé de se mettre à table avec beaucoup de gens de distinction. Dans sa simplicité et son humilité, il avait eu d'abord grand peur ; puis, plus tard, son contentement fut tel, qu'il en pleura de joie. Il tenait, sans le vouloir, la première place à la fête. Après ce petit repas, Joseph les quitta. Quelques-uns des plus considérables de la caravane allèrent à une auberge de Bethléhem ; les autres se placèrent sur leurs couches, qui étaient rangées en cercle dans la grande tente, et se livrèrent au repos. Joseph, revenu à la grotte, mit tous les présents à droite de la crèche, dans un recoin devant lequel il avait mis une cloison, en sorte qu'on ne pouvait pas voir ce qui s'y trouvait. La servante d'Anne qui, après le départ de celle-ci, était restée auprès de la sainte Vierge, s'était tenue dans une grotte latérale pendant toute la cérémonie ; elle ne reparut que lorsque tous eurent quitté la crèche. Elle était grave et intelligente. Je ne vis ni la sainte Famille, ni même cette servante regarder les présents des rois avec une complaisance mondaine ; tout fut accepté avec d'humbles remerciements et presque aussitôt distribué charitablement.


Ce soir, à Bethléem, je vis un peu d'agitation lors de l'arrivée du cortège à la maison où l'on payait l'impôt, et, plus tard, bien des allées et des venues dans la ville. Les gens qui avaient suivi le cortège jusqu'à la vallée des bergers, n'avaient pas tardé à revenir. Plus tard, pendant que les trois rois, pleins de joie et de ferveur, adoraient et déposaient leurs présents dans la grotte de la Crèche, je vis roder dans les environs, à une certaine distance, quelques Juifs qui espionnaient et chuchotaient ensemble ; plus tard, je les vis aller et venir dans Bethléhem, et faire divers rapports. Je ne pus m'empêcher de pleurer amèrement sur ces malheureux. Je souffre beaucoup de voir ces méchantes gens, qui alors, et maintenant encore, quand le Sauveur s'approche des hommes, se tiennent là murmurant et observant) puis, poussés par leur malice, répandent des mensonges. Oh ! combien ces malheureux me semblaient à plaindre ! ils ont le salut si près d'eux, et ils le repoussent, tandis que ces bons rois, guidés par leur foi sincère dans la promesse, Sont allés si loin et ont trouvé le salut. Oh ! combien je pleure sur ces hommes endurcis et aveugles !


A Jérusalem, je vis aujourd'hui, pendant le jour, Hérode lire encore des rouleaux avec plusieurs scribes, et parler de ce qu'avaient dit les trois rois. Plus tard, tout fut calme, comme si l'on eût voulu assoupir cette affaire.

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