89. Héliopolis. Habitation de la sainte Famille. Travaux de saint Joseph et de la sainte Vierge.

La soeur Emmerich communiqua encore les fragments suivants sur la vie ultérieure de la sainte Famille dans la ville d'Héliopolis ou d'On.


Je franchis une fois la mer pour aller en Egypte, et je trouvai encore la sainte Famille établie dans la grande ville ruinée. Elle s'étend le long d'un grand fleuve à plusieurs bras. On la voit de loin à cause de sa position élevée. Il y a des parties voûtées sous lesquelles coule le fleuve. On en traverse les bras sur des poutres placées dans l'eau pour ce but. Je vis là avec surprise de grands restes d'édifices, des tours à demi détruites, et des temples presque entiers. Je vis des colonnes, semblables à des tours, sur lesquelles ou pouvait monter par l'extérieur. Je vis aussi d'autres colonnes très élevées, pointues par en haut et couvertes d'images étranges, ainsi que beaucoup de grandes figures semblables à des chiens accroupis avec des têtes humaines.


La sainte Famille habitait les salles d'un grand bâtiment supporté d'un côté par de grosses colonnes peu élevées, les unes carrées, les autres rondes. Beaucoup de gens s'étaient arrangé des habitations sous ces colonnes. En haut, au-dessus de cet édifice, régnait un chemin par lequel on allait et venait. En face était un grand temple d'idoles avec deux cours.


Devant un endroit fermé d'un côté par un mur, s'ouvrant de l'autre sous une rangée de gros piliers peu élevés, Joseph avait disposé une légère construction en bois, divisée par des cloisons en plusieurs compartiments : c'était là qu'ils habitaient. Je les y vis tous ensemble. Je remarquai, pour la première fois, que, derrière une de ces cloisons, ils avaient un petit autel où ils priaient : c'était une petite table avec une couverture rouge, et une autre couverture blanche et transparente par-dessus ; une lampe la surmontait. Je vis plus tard saint Joseph tout à fait installé ; il travaillait souvent au dehors Il faisait de longs bâtons avec des pommeaux ronds à l'extrémité, de petits escabeaux à trois pieds et des corbeilles. Il fabriquait aussi des cloisons légères en branches entrelacées. Les gens du pays y ajoutaient un certain enduit, et s'en servaient pour disposer des cabanes à compartiments contre les murs et même dans ces murs, qui étaient d'une épaisseur extraordinaire. Il faisait aussi, avec des planches longues et minces, de petites tours légères, à six ou huit pans, se terminant en pointe, et surmontées d'un bouton. Il y avait une ouverture, en sorte qu'une personne pouvait s'y asseoir comme dans une guérite. Des degrés étaient pratiqués à l'extérieur pour monter jusqu'en haut. Je vis de petites tours semblables devant les temples des idoles, et aussi sur des toits plats. On s'asseyait dedans. C'étaient peut-être des espèces de corps de garde ou des abris contre le soleil.


Je vis la sainte Vierge tresser des tapis. Je la vis aussi s'occuper d'un autre travail pour lequel elle se servait d'un bâton à l'extrémité duquel était un pommeau ; je ne sais pas si elle filait ou faisait quelque autre ouvrage. Je vis souvent des gens la visiter, ainsi que l'Enfant-Jésus, qui était près d'elle par terre dans une espèce de petit berceau. Je vis plusieurs fois ce berceau placé sur une espèce de tréteau comme ceux des scieurs. Je vis l'enfant gracieusement couché dans ce berceau ; je l'y vis une fois sur son séant. Marie était assise à coté et tricotait. Il y avait une petite corbeille près d'elle. Trois femmes se trouvaient là.


Les hommes qui habitaient cette ville en ruine étaient vêtus comme ces fileurs de coton que je vis lorsque j'allai à la rencontre des trois rois ; seulement ils portaient des espèces de tabliers ou plutôt des robes courtes autour du corps. Il y avait là peu de Juifs. Je les voyais roder avec précaution, comme s'ils n'avaient pas eu la permission d'habiter dans cet endroit.


Au nord d'Héliopolis, entre cette ville et le Nil, qui se divisait en plusieurs bras, se trouvait le pays de Gessen. Il y avait là un lieu où demeuraient entre deux canaux un assez grand nombre de Juifs, fort dégénérés en ce qui touchait la pratique de leur religion. Plusieurs d'entre eux avaient fait connaissance avec la sainte Famille ; Marie faisait pour eux des ouvrages de femme, au moyen desquels elle se procurait du pain et d'autres aliments. Les Juifs de la terre de Gessen avaient un temple qu'ils mettaient en parallèle avec celui de Salomon, mais il était fort différent.


Je vis la sainte Famille à Héliopolis. Ils habitaient encore près du temple d'idoles, dans l'édifice dont j'ai parlé Joseph avait construit, assez près de là, un oratoire où les Juifs qui habitaient cet endroit se réunissaient avec eux. Auparavant, ils n'avaient pas de lieu pour prier en commun. Cet oratoire était surmonté d'une coupole légère qu'on pouvait ouvrir, et alors on se trouvait comme en plein air. Au milieu se trouvait une table ou un autel sur lequel étaient posés des rouleaux écrits. Le prêtre ou le docteur était un homme très avancé en âge. Les femmes étaient d'un côté, les hommes de l'autre.


Je vis la sainte Vierge La première fois qu'elle vint dans cet oratoire avec l'Enfant-Jésus. Elle était assise par terre, appuyée sur un bras. Elle avait devant elle l'enfant, vêtu d'une robe bleu de ciel, et elle joignait ses petites mains sur sa poitrine. Joseph se tenait derrière elle, comme il faisait toujours, quoique les autres, hommes et femmes, fussent assis ou debout, les uns d'un côté, les autres de l'autre.


L'Enfant-Jésus me fut aussi montré quand il était plus grand et qu'il recevait souvent la visite d'autres enfants. Il pouvait déjà parler et courir ; il était habituellement près de saint Joseph, et allait souvent avec lui lorsqu'il travaillait au dehors. Il avait une petite robe, semblable à une petite chemise tricotée ou faite d'un seul morceau.


Comme ils habitaient dans le voisinage d'un temple, quelques-unes des idoles qui s'y trouvaient étaient tombées en morceaux ; beaucoup de gens se souvenant de la chute de l'idole qui avait eu lieu devant la porte lors de leur entrée, attribuèrent cela à la colère des dieux contre eux, et ils eurent beaucoup de persécutions à souffrir à cause de cela.

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