71. Mort de Siméon.

(3 janvier.) Siméon avait une femme et trois fils, dont l'aîné pouvait avoir quarante ans et le plus jeune vingt ans. Tous trois étaient employés au temple. Plus tard, ils furent constamment les amis secrets de Jésus et des siens. Ils devinrent disciples du Seigneur, soit avant sa mort, soit après son ascension. Lors de la dernière cène, l'un d'eux prépara l'agneau pascal pour Jésus et les apôtres. Je ne sais pourtant pas si tous ceux-là n'étaient pas peut-être des petits fils de Siméon. Lors de la première persécution qui eut lieu après l'Ascension, ils rendirent de grands services aux amis du Sauveur. Siméon était parent de Séraphia, qui reçut le nom de Véronique, et aussi de Zacharie par le père de celle-ci.


Je vis que Siméon, étant revenu chez lui après avoir prophétisé à la présentation de Jésus, tomba aussitôt malade ; il n'en témoigna pas moins une grande joie dans les discours qu'il tint à sa femme et à ses fils. Je vis cette nuit que c'était aujourd'hui qu'il devait mourir. De tout ce que je vis à ce sujet, je ne me rappelle que ce qui suit : Siméon, sur son lit de mort, adressa à sa femme et à ses enfants des exhortations touchantes ; il leur parla du salut qui était venu pour Israël et de tout ce que l'ange lui avait annonce, en termes très forts et avec une joie touchante. Je le vis ensuite mourir paisiblement. Sa famille le pleura en silence. Il y avait autour de lui beaucoup de prêtres et de Juifs qui priaient.


Je vis ensuite qu'ils portèrent son corps dans une autre pièce. Il fut placé là sur une planche percée de plusieurs ouvertures, et ils le lavèrent avec des éponges sous une couverture, en sorte qu'ils ne le virent pas à nu. L'eau coulait par les ouvertures de la planche dans un bassin de cuivre placé au-dessous. Ils placèrent ensuite sur lui de grandes feuilles vertes, l'entourèrent de beaux bouquets d'herbes, et l'ensevelirent dans un grand drap, où il fut enveloppé à l'aide d'une longue bandelette, comme un enfant au maillot. Son corps était raide et si inflexible, que je croyais presque qu'il était attaché sur la planche.


Le soir il fut mis au tombeau. Six hommes le portèrent, avec des lumières, sur une planche qui avait à peu près la forme du corps, avec un rebord peu élevé des quatre côtés. Sur cette planche reposait le corps enveloppé, sans être recouvert par-dessus. Les porteurs et le cortège allaient plus vite qu'on ne va dans nos enterrements. Le tombeau était sur une colline peu éloignée du temple. Le caveau où il fut déposé avait à l'extérieur la forme d'un monticule, où se trouvait adaptée, à l'extérieur, une porte oblique, maçonnée à l'intérieur d'une façon particulière. C'était l'espèce de travail, quoique plus grossier, que je vis faire à saint Benoît dans son premier monastère '.


Dans une vision de la vie de saint Benoît (le 10 février 1820), elle vit, entre autres choses, que le saint, dans sa jeunesse, apprit de son maître à faire avec des pierres de diverses couleurs, sur le sable du jardin, toute espèce d'ornements et d'arabesques à la façon des mosaïques antiques. Plus tard, elle le vit, étant anachorète, exécuter à la voûte de sa cellule ou de sa grotte une mosaïque grossière représentant une vision du jugement dernier. Elle vit plus tard des disciples de saint Benoît l'imiter dans ce genre de travail et le perfectionner, Dans une vision où elle exposa toute l'histoire de l'ordre, exprimée jusque dans ses plus petits détails par le caractère et les habitudes du fondateur, elle dit : "Lorsque chez les Bénédictins l'esprit fut moins vivant que l'écorce, je vis leurs églises et leurs monastères trop ornes et trop embellis, et en voyant toutes les images et tous les ornements qui couvraient la voûte des églises, je me disais : Cela vient de ce travail que faisait Benoît dans sa cellule : cette semence est ainsi montée en herbe. Si toute cette surcharge vient à tomber, elle brisera bien des choses.


Les parois, comme dans la cellule de la sainte Vierge au temple, étaient ornées de fleurs et d'étoiles, formées de pierres de différentes couleurs Le petit caveau où ils placèrent Siméon n'offrait que juste assez d'espace pour qu'on pût circuler autour du corps. Il y avait encore certains usages particuliers lors des enterrements : on mettait près des morts des pièces de monnaie, des petites pierres, et aussi, je crois, des aliments. Je ne m'en souviens plus très bien.

Vie de Marie : index

Chapitres 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98

Mort de la Sainte Vierge : index

Chapitres 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14