69. Préparatifs pour le départ de la sainte Famille.

- Départ de sainte Anne. Détails personnels à la soeur.
- Elle reconnaît des reliques venant des trois Rois.


(Du 28 au 30 décembre.) Je vis dans les derniers jours et aujourd'hui saint Joseph prendre divers arrangements qui annonçaient le prochain départ de la sainte Famille. Chaque jour il amoindrissait son mobilier. Il donna aux bergers les cloisons mobiles, les claies et les autres objets à l'aide desquels il avait rendu la grotte habitable, et tout cela fut emporté par eux.


Aujourd'hui, dans l'après-midi, un assez grand nombre de gens qui allaient à Bethléhem pour le sabbat, vinrent à la grotte de la Crèche ; mais, la trouvant abandonnée, ils passèrent outre. Sainte Anne doit retourner à Nazareth après le sabbat ; on met tout en ordre et on fait des paquets. Elle prend avec elle et charge sur deux ânes plusieurs choses données par les trois rois, spécialement des tapis, des couvertures et des pièces d'étoffe. Ce soir, la sainte Famille célébra le sabbat dans la grotte de Maraha ; on continua à le célébrer le samedi 29 décembre. La tranquillité régnait dans les environs. Après la clôture du sabbat, on prépara tout pour le départ de sainte Anne.


Cette nuit, je vis, pour la seconde fois, la sainte Vierge sortir, au milieu des ténèbres, de la grotte de Maraha, et porter l'Enfant-Jésus dans cette de la Crèche. Elle le posa sur un tapis à l'endroit où il était né et pria à genoux près de lui. Je vis alors toute la grotte remplie d'une lumière céleste, comme à l'heure de la naissance du Sauveur. Je pense que la sainte Mère de Dieu doit aussi avoir vu cela.


Le dimanche 30 décembre, de très grand matin, je vis sainte Anne faire de tendres adieux à la sainte Famille et sus trois bergers, et partir pour Nazareth avec ses gens.


Ils emportaient sur leurs bêtes de somme tout ce qui restait des présents des trois rois, et je fus très surprise de les voir prendre un petit paquet qui m'appartenait. J'eus le sentiment qu'il était parmi les leurs, et je ne pus comprendre comment il pouvait se faire que sainte Anne emportât ainsi ce qui était à moi.


Cette impression qu'eut la soeur Emmerich s'explique par ce qui va être raconté. Bientôt après ce mouvement de surprise qu'elle eut lorsqu'il lui sembla voir sainte Anne emporter de Bethléhem quelque chose qui lui appartenait, elle communiqua ce qui suit à l'écrivain :


" Sainte Anne, dit elle, a emporté en partant beaucoup de choses données par les trois rois, et spécialement des étoffes ; une grande partie de tout cela a servi dans la primitive Église, et il en est resté quelque chose jusqu'à nos jours. Il y a parmi mes reliques un petit morceau de la couverture de la petite table où étaient les présents des trois rois. et un autre morceau venant d'un de leurs manteaux.


A l'occasion de ce mot : mes reliques, nous avons quelques détails à donner au lecteur. A toutes les époques, il y a eu dans l'Église catholique des personnes qui, en vertu d'un don particulier, éprouvaient une rire et agréable impression à la vue ou nu contact des ossements des saints et de tous les objets consacrés et sanctifiés. Vraisemblablement ce don ne s'est jamais manifesté à un aussi haut degré ni aussi constamment que chez la soeur Anne-Catherine Emmerich. Non seulement le très saint Sacrement mais encore tout ce qui avait été consacré et bénit par l'Église, particulièrement les ossements des saints et tout ce que l'Eglise désigne par le nom de reliques, était distingué par elle de toutes les autres substances semblables quant à Leur nature. Ces objets sacrés lui apparaissaient brillants de lumière, et d'une lumière différemment colorée suivant leur espèce. Lorsque c'étaient des ossements de saints on des etoffe9 qui leur avaient appartenu, elle pouvait faire connaître les noms des sainte et souvent raconter leur histoire dans le plus grand détail. C'est ce dont les personnes qui l'approchaient le plus souvent purent se convaincre si pleinement par une foule d'expériences journalières, qu'un de ses amis lui donna le nom de saeromètre. Celui qui écrit ceci rapportent dans l'histoire détaillée de sa vie un grand nombre de ces expériences. Nous ne savons pas si les autorités ecclésiastiques du pays où a vécu la soeur Emmerich se sont fait faire un rapport étendu avec tous les témoignages à l'appui sur ce phénomène si intéressant en ce qui touche la vie spirituelle, mais nous sommes convaincus que ce don était ce qu'il y avait en elle de' plus remarquable et de plus digne d'attention. Pour éprouver cette connaissance qu'elle avait des reliques et des autres objets consacrés, plusieurs de ses amis, et notamment l'écrivain, étaient mis à la porté. de la bonne soeur une grande quantité d'objets de ce genre Cela leu avait été facile, car, malheureusement, par suite de la destruction de tant d'églises et de couvents à notre époque, et aussi par suite de la diminution ou même de l'extinction complète du sens de la loi en ce qui touche les choses saintes et les objets transmis par la tradition comme sacrés et vénérables, de véritables trésors, eu l'honneur desquels de grandes églises avaient peut-être été bâties, étaient négligés ou profanés de la manière la plus affligeante. Plusieurs étaient tombés dans les mains de particuliers et jusque dans les boutiques des fripiers. Elle-même indiqua ce qu'étaient devenus beaucoup de ces ossements sacres, et on les lui procura. Elle reçut ainsi, grâce à la bonté du respectable Overberg, qui était son directeur extraordinaire, deux châsses importantes, pleines de reliques des temps primitifs, qui avaient été trouvées dans une vieille église supprimée.


Comme une partie de ces reliques se trouvait dans une petite armoire près du lit de la malade, tandis qu'une autre partie était dans la demeure de l'écrivain, celui-ci demanda : " Cette relique est-elle ici " ? Non, répondit-elle, là-bas, dans la maison. " est-ce chez moi " ? dit l'écrivain.-Non, répliqua-t-elle, chez cet homme, chez le pèlerin ". (Elle avait coutume de désigner ainsi l'écrivain). c Elle se trouve dans un petit paquet ; la petite pièce du manteau est d'une couleur effacée. Mais on ne me croira pas, et pourtant cela est vrai ; je le vois devant vos yeux. Il y a un proche parent de l'écrivain, celui qui m'a fait une visite ; celui-là a un coeur semblable à celui du roi basané Séir. Il est si doux, si docile et si sincère c'est un vrai coeur chrétien. Ah ! si cet homme était dans l'Eglise : il posséderait le ciel sur la terre !


L'écrivain ayant pris parmi les reliques déposées chez lui ce qu'on pouvait appeler un petit paquet, et le lui ayant apporté, elle l'ouvrit aussitôt et reconnut un petit reste d'étoffe de laine jaune et un autre morceau de soie rougeâtre, comme provenant des trois rois, mais sans donner à cet égard d'explications plus précises. Elle dit ensuite : " Je dois avoir moi-même un petit morceau d'étoffe venant des trois rois mages. Ils avaient plusieurs manteaux ; un, qui était épais et d'une étoffe serrée pour le mauvais temps ; un autre, de couleur jaune, et un autre rouge, de belle laine fine. Ces manteaux flottaient au vent quand ils marchaient. Dans les cérémonies, ils portaient des manteaux de soie sans teinture ; les bords étaient brodés d'or, et il y avait une longue queue que portaient des suivants. Je pense qu'il y a près de moi quelque pièces d'un de ces manteaux, et que c'est pour cela que j'ai vu près des trois rois, antérieurement et encore cette nuit, des scènes relatives à la production et au tissage de la soie.


Dans une contrée située a l'orient, entre le pays de Théokéno et celui de Séïr, se trouvaient des arbres de..' les branches étaient couvertes de vers ; on avait creusé autour de chaque arbre un petit fossé pour que les vers ne pussent pas s'en aller. Je vis souvent placer des feuilles sous ces arbres ; de petites boites étaient suspendues aux arbres, et comme on y prenait des objets ronds, plus longs que le doigt, je croyais d'abord que c'étaient des oeufs d'oiseau d'une espèce rare ; mais je vis bientôt que c'étaient des coques filées par les vers, lorsque ces gens les dévidèrent et en tirèrent des fils très déliés. Ils en assujettissaient une grande quantité devant leur poitrine, et filaient avec un beau fit qu'ils roulaient sur quelque chose qu'ils tenaient à la main. Je les vis aussi tisser entra des arbres ; leur métier à tisser était très simple : la pièce d'étoffe était à peu près large comme mon drap de lit. Quelques jours après, elle dit : Mon médecin m'a souvent interrogée à propos d'un petit morceau d'étoffe de soie d'un tissu singulier. J'en ai vu dernièrement un pareil auprès de moi, et ne sais plus ce qu'il est devenu. En recueillant mes souvenirs, j'ai reconnu que c'était à cette occasion que j'avais vu ce tableau du tissage de la soie : c'était plus à l'orient que le pays des trois rois, dans un pays où alla saint Thomas. Je me suis trompée en le racontant : il faut que le pèlerin efface cela. Ce morceau d'étoffe n'appartient pas aux trois rois ; il m'a été donné par quelqu'un qui voulait faire une expérience, sans s'inquiéter de ce qui m'occupait alors intérieurement : il résulte de là des contusions, et tout devient obscur.


J'ai vu de nouveau les reliques, et je sais où elles sont. Il y a plusieurs années, j'ai donné à ma belle-soeur qui habite Flamske, avant ses dernières couches, un petit paquet fermé par une couture. Elle m'avait priée de lui donner une relique pour la fortifier ; je lui donnai ce petit paquet, que j'avais vu lumineux. et comme ayant été autrefois en contact avec la Mère de Dieu. Je ne me souviens pas bien si je vis alors clairement tout ce qu'il contenait ; mais il procura à cette pieuse femme beaucoup de consolation. Cette nuit, je l'ai revu, elle le possède encore, il est solidement cousu. Il y a un petit morceau de tapis d'un rouge sombre, deux petites pièces d'un tissu léger comme du crêpe, de la couleur de la soie brute, quelque chose de vert qui ressemble à du coton, un petit morceau de bois et deux petits fragments de pierre blanche. J'ai fait dire à ma belle-soeur de me le rapporter.


Au bout de quelques jours, sa belle-soeur vint en effet la voir et apporta le petit paquet en question, qui était à peu près de la grosseur d'une noix. L'écrivain l'ouvrit chez lui avec soin, sépara les uns des autres les morceaux d'étoffe roulés ensemble, et les serra entre les pages d'un livre pour les aplatir. Il y avait un morceau d'étoffe de laine fort épaisse d'environ deux pouces carrés, de couleur rouge tirant sur le brun ; des morceaux longs et larges de deux doigts d'un tissu léger, semblable à de la mousseline, et dont la couleur était celle de la soie brute, puis un petit éclat de bois et deux petits fragments de pierre. Ayant plié les petits morceaux d'étoffe dans des feuilles de papier à lettre, il les lui mit sous les yeux dans la soirée. Elle ne savait pas ce que c'était et dit d'abord : " Qu'ai je à faire de ces lettres " ? Puis, tenant dans sa main les papiers sans les ouvrir, elle ajouta aussitôt : "Il faut conserver cela avec soin et n'en pas perdre un brin. L'étoffe épaisse, qui maintenant parait brune, était autrefois d'un rouge foncé. C'était une couverture, à peu près aussi grande que ma chambre ; les suivants des trois rois l'étendirent dans la grotte de la Crèche, et Marie s'y assit avec l'Enfant-Jésus pendant qu'ils présentaient l'encens. Elle l'a conservée ensuite dans la grotte et la prit sur son âne lorsqu'elle alla à Jérusalem présenter l'enfant au temple. Le tissu léger vient d'une espèce de manteau court, composé de trois bandes d'étoffe séparées et attachées à un collet, qu'ils portaient sur leurs épaules comme une étole pour les cérémonies. Le petit éclat de bois et les deux petites pierres ont été rapportés de la Terre Sainte à une époque plus récente.


Elle était alors occupée de la suite de ses visions relatives à la dernière année de la prédication de Jésus. Le 27 janvier qui précéda sa Passion, elle le vit, allant à Béthanie, s'arrêter, avec dix-sept disciples, dans une auberge de Bethléhem. Il les instruisit sur leur vocation, et célébra le sabbat avec eux. La lampe resta allumée toute la journée. " Il y a, dit-elle, un de ces disciples qui est nouvellement venu avec lui de Sichar. Je l'ai vu très distinctement : il doit y avoir parmi mes reliques un petit fragment de ses os. Son nom ressemble à Silan ou à Vilan ; ces deux lettres s'y trouvent ". Plus tard, elle dit Silvain. Au bout de quelque temps elle ajouta : " J'ai vu de nouveau les petits morceaux d'étoffe venant des trois rois. Il doit y avoir encore là un petit paquet, où se trouvent entre autres choses un peu du manteau du roi Mensor, un morceau d'une couverture de sole rouge qui fut placée anciennement près du Saint Sépulcre, et un petit fragment de l'étole blanche et rouge d'un saint ". Après avoir fait une pause, elle dit encore : " Je vois maintenant où est ce petit paquet ; je l'ai donné, il y a deux ans et demi, à une femme d'ici pour le porter sur elle ; elle l'a encore. Je la prierai de me le rendre. Je le lui donnai pour la consoler quand on me mit en prison, à cause du grand intérêt qu'elle me portait. Je ne savais pas alors au juste ce qu'il y avait ; je voyais seulement qu'il brillait, que c'était une relique, et qu'il avait été en contact avec la mère de Dieu. Maintenant que j'ai vu avec tant de détail tout ce qui concerne les trois rois, j'ai reconnu tout ce qui, dans mon voisinage, avait quelque rapport à eux, et notamment ces reliques d'étoffe ".


Au bout de quelques jours, quand elle eut de nouveau ce petit paquet, elle le donna à ouvrir à l'écrivain, parce qu'elle était malade. Il ouvrit dans l'autre pièce ce petit paquet, fermé depuis longtemps par une forte couture, et il y trouva les objets suivants enveloppés ensemble :


1 - un petit morceau de tissu de laine très fine, sans teinture, qui, lorsqu'on voulait le déployer, s'effilait en parcelles très minces ;
2 - Deux petits morceaux d'étoffe de coton, couleur nankin d'un tissu peu serré mais pourtant assez solide de la longueur d'un doigt ;
3 - Un pouce carré d'étoffe de soie cramoisie ;
4 - un quart de pouce carré d'étoffe de soie jaune et blanche ;
5 - Un petit échantillon de soie verte et rouge ;
6 - Au milieu de tout cela, un petit papier plié où était une petite pierre blanche de la grosseur d'un pois.


L'écrivain sépara tous ces objets et les enveloppa dans autant de morceaux de papier, excepté le n° 6 qu'il laissa dans le vieux papier. Quand il s'approcha de la malade, elle ne semblait pas être dans l'état de clairvoyance ; elle était éveillée, toussait et se plaignait de vives douleurs ; pourtant elle dit bientôt : " Qu'est-ce que ces lettres que vous avez là ? cela est tout brillant. Nous avons là des trésors qui ont plus de valeur qu'un royaume ". Elle prit alors les différents papiers sans les ouvrir et sans regarder ce qu'ils contenaient. Après les avoir tenus successivement dans sa main, elle se fut pendant quelques instants, comme regardant intérieurement ; puis, en les rendant, elle dit ce qui suit sur leur contenu, sans faire la plus légère erreur, car l'écrivain s'en assura aussitôt en ouvrant ces papiers, qui étaient tous pliés de la même manière :


N. l. Ceci vient d'une robe de Mensor ; c'est de la laine très fine. Elle n'avait pas de manches, mais seule ment des ouvertures pour passer les bras. Une bande d'étoffe, semblable à une manche, pendait depuis les épaules jusqu'aux coudes. Elle décrivit alors très exacte. ment la forme, la matière et la couleur de la relique.

N. 2. Ceci provient d'un manteau que les trois rois avaient laissé après eux. Elle décrivit ensuite la relique.

N. 3. Ceci est un petit morceau d'une couverture de soie rouge qui était étendue sur le sol près du Saint Sépulcre, quand les chrétiens possédaient encore Jérusalem. Lorsque les Turcs prirent la ville, elle était comme neuve. Les chevaliers la partagèrent entre eux, et chacun en emporta un morceau comme souvenir.

N. 4. Ceci vient de l'étole d'un très saint prêtre, nommé Alexis. C'était, je crois, un capucin. Il priait continuellement au Saint Sépulcre. Les Turcs lui firent subir beaucoup de mauvais traitements. Ils firent entrer des chevaux dans l'église, et placèrent une vieille femme turque entre lui et le Saint Sépulcre, à l'endroit où il priait. Mais il ne se laissa pas troubler par tout cela. Ils finirent par le murer là, et la femme lui donnait de l'eau et du pain par une ouverture. Je sais cela par beaucoup de choses qui m'ont été montrées récemment, lorsque j'ai vu le petit paquet, sans bien savoir où il se trouvait.

N. 5. Ceci n'est pas une relique, c'est cependant un objet digne de respect. Cela provient des sièges où les princes et les chevaliers s'asseyait dans l'église du Saint Sépulcre

N. 6. C'est une petite pierre de la chapelle qui est au-dessus du Saint Sépulcre, et il y a aussi un petit fragment d'ossement du disciple Silvain de Sichar.


L'écrivain lui ayant dit qu'il n'y avait pas de fragment d'ossements, elle répondit : " Regardez et cherchez ". Il alla dans la première pièce pour y voir plus clair, ouvrit avec précaution le papier plié, et trouva dans un pli un très petit morceau d'ossement, de forme irrégulière, de l'épaisseur de l'ongle et de la grandeur d'un demi kreutzer. Elle l'avait exactement décrit, et il le reconnut aussitôt. Tout cela se passa le soir dans sa chambre, qui n'était pas éclairée ; il n'y avait de la lumière que dans la première pièce.

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