90. Sur le massacre des Innocents par Hérode.
Jésus étant à peu près au milieu de sa seconde année, un ange apparut à la sainte Vierge, à Héliopolis, et lui apprit le massacre des enfants par Hérode. Joseph et elle en furent très affligés, et l'Enfant-Jésus pleura toute la journée. Voici ce que je vis à cette occasion.
Les trois rois n'étant pas revenus à Jérusalem, les craintes
d'Hérode, qui avait alors diverses affaires de famille à régler,
se calmèrent un peu ; mais elles se réveillèrent de nouveau
lorsqu'après le retour de la sainte Famille à Nazareth, mille
bruits arrivèrent jusqu'à lui touchant les prédictions
faites par Siméon et par Anne lors de la présentation de Jésus
au temple. Il envoya des soldats, sous divers prétextes, en différents
lieux des environs de Jérusalem, à Gilgal, à Bethléhem,
et jusqu'à Hébron, et il fit faire un dénombrement des
enfants. Les soldats occupèrent ces endroits pendant neuf mois. Hérode,
pendant ce temps, était à Rome ', et ce ne fut qu'après
son retour que les enfants furent égorgés. Jean avait alors
deux ans, et il avait été caché chez ses parents pendant
quelque temps, avant qu'Hérode ait donné l'ordre aux mères
de présenter devant les autorités leurs enfant. Agés
de deux ans et au-dessous. Élisabeth, avertie par un ange, s'enfuit
de nouveau dans le désert avec le petit saint Jean. Jésus avait
alors prés d'un an et demi et pouvait déjà courir.
Les enfants furent égorgés en sept endroits différents.
On promit aux mères des gratifications à cause de leur fécondité.
Elles portèrent leurs enfants, qu'elles avaient revêtus de leurs
plus beaux habits dans les maisons où se tenaient les autorités.
Les hommes furent renvoyés et les mères séparées
de leurs enfants. Ceux-ci furent égorgés par des soldats dans
des cours fermées, jetés en tes enterrés dans des fosses.
La soeur Emmerich raconta sa vision sur le massacre des Innocents, le 8 mars
1821, par conséquent, vers le moment de l'année où eut
lieu la fuite en Egypte, en sorte qu'on : peut admettre que cet événement
eut lieu un an après.
Elle raconta ceci étant gravement malade : elle mentionna divers événements
arrivés dans la famille d'Hérode et divers voyages, mais d'une
manière très peu intelligible. Elle ne mentionna clairement
que le séjour d'Hérode à Rome. L'écrivain lisant
quinze ans après l'histoire d'Hérode le Grand dans l'historien
Josèphe, n'y trouva rien qui indiquait un voyage d'Hérode à
cette époque, et il ne sait pus d'où peut venir cette erreur.
Peut-être voulait-elle dire : Antipater, fils d'Hérode, avait
été à Rome. et ce ne fut qu'après son retour qu'eut
lieu le massacre des enfants.
Aujourd'hui, vers midi, dit-elle, je vis les mères avec leurs enfants
de deux ans et au-dessous, venir à Jérusalem d'Hébron,
de Bethléhem et d'un autre endroit où Hérode avait envoyé
des soldats et fait donner des ordres en conséquence par ses fonctionnaires
Elles se rendirent à la ville en différentes troupes. Plusieurs
avaient deux enfants avec elles, et étaient montées sur des
ânes. On les conduisit toutes dans un grand bâtiment, et on renvoya
les hommes qui les accompagnaient. Elles entrèrent gaiement , car elles
croyaient recevoir des gratifications pour leur fécondité.
L'édifice était un peu isolé ; il n'était pas
loin de celui qui fut plus tard la demeure de Pilate. Il était entouré
de murs, de manière qu'on ne pouvait pas facilement savoir au dehors
ce qui se passait dans l'intérieur. Ce devait être un tribunal,
car je vis dans la cour des piliers et des blocs de pierres où pendaient
des chaînes ; il y avait aussi des arbres qu'on courbait et qu'on liait
ensemble pour y attacher des hommes. puis on les laissait se redresser rapidement
pour écarteler ces malheureux. C'était un édifice massif
et sombre. La cour était presque aussi grande que le cimetière,
qui est À un des côtés de l'église principale de
Dulmen. Une porte, qui s'ouvrait entre deux murs, conduisait à cette
cour, qui était entourée de bâtiments de trois côtés.
Ceux de droite et de gauche avaient un étage ; celui du centre ressemblait
à une vieille synagogue abandonnée. Ces bâtiments avaient
tous des portes sur la cour.
On conduisit les mères, à travers la cour, aux deux bâtiments
latéraux ! et on les y enferma. Elles me firent l'effet d'être
dans une espèce d'hôpital ou d'auberge. Quand elles se virent
privées de leur liberté. elles eurent peur et commencèrent
à pleurer et à se lamenter. Elles restèrent ainsi toute
la nuit.
Le jour suivant`, 9 mars, elle raconta ce qui suit : J'ai vu aujourd'hui,
après midi, un tableau effrayant. Je vis dans la maison de Justice
le massacre des Innocents. Le grand édifice de derrière qui
fermait la cour était élevé de deux étages. L'étage
inférieur consistait en une grande salle nue, semblable à une
prison ou à un grand corps de garde ; au-dessus, était une pièce
dont les fenêtres avaient vue sur la cour. Je vis là plusieurs
personnages rassemblés comme en tribunal ; il y avait devant eux des
rouleaux posés sur une table. Je crois qu'Hérode était
présent, car je vis un homme en manteau rouge avec une fourrure blanche
; il y avait sur cette fourrure de petites queues noires. Je le vis, entouré
des autres, regarder par la fenêtre de la salle.
Les mères, avec leurs enfants, étaient appelées une à
une pour être conduites des bâtiments latéraux dans la
grande salle inférieure du corps de logis qui était sur le derrière.
A l'entrée, les soldats leur enlevaient leurs enfants et les portaient
dans la cour, où une vingtaine d'entre eux les massacraient en leur
perçant la gorge et le coeur avec des épées et des piques.
Il y avait des enfants au maillot que leurs mères allaitaient encore,
et d'autres, un peu plus grands, avec de petites robes. Ils ne les déshabillaient
pas, mais ils les égorgeaient, et, les prenant par le bras ou par le
pied, ils les jetaient en tas. C'était un horrible spectacle.
Les mères furent entassées par les soldats dans la grande salle
; et, quand elles virent ce qu'on faisait de leurs enfants, elles poussèrent
des cris lamentables, s'arrachèrent les cheveux et se jetèrent
dans les bras les unes des autres. A la fin, elles étaient si serrées,
qu'elles pouvaient à peine se remuer. Je crois que le massacre dura
jusqu'au soir.
Les enfants furent, plus tard, jetés tous ensemble dans une fosse creusée
dans la cour Leur nombre me fut montré, mais je ne m'en souviens pas
bien. Je crois qu'il y en avait sept cents, plus un chiffre où se trouvait
sept ou dix-sept.
Je fus terrifiée à cette vue ; je ne savais pas où cela
avait lieu, je croyais que c'était ici. Quand je me réveillais,
je ne pus me remettre que peu à peu. Je vis, dans la nuit suivante,
les mères chargées de liens et reconduites chez elles par les
soldats. Le lieu du massacre des enfants à Jérusalem était
l'ancienne cour des exécutions, située à peu de distance
du tribunal de Pilate ; mais des changements y avaient été faits
à son époque. Je vis, à la mort de Jésus, s'ouvrir
la fosse où avaient été jetés les enfants égorgés
; leurs âmes apparurent et sortirent de là.
Vie de Marie : index
Chapitres 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98
Mort de la Sainte Vierge : index
Chapitres 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14