Chemin de la perfection de Ste Thérèse d'Avila
Ou page par page : 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73
CHAPITRE 14
Ce qui vient d'être
dit ne suffit pas si l'on ne se détache pas de soi-même.
1 Une fois détachées de cela, et après avoir fait de grands
efforts pour y parvenir, parce que la chose était de grande importance
- ne perdez jamais de vue son importance -, enfermées ici sans rien posséder,
il semble que tout soit accompli et que nous n'ayons plus de sujet de lutte.
Oh mes filles ! ne vous croyez pas en sécurité et ne vous endormez
pas, car vous seriez comme celui qui reste bien tranquille chez lui parce qu'il
a fort soigneusement fermé ses portes par crainte des voleurs, mais les
a laissés dans sa maison. N'avez-vous pas entendu dire qu'il n'y a pire
voleur que celui qui vit dans la maison ? Or, c'est nous-mêmes qui demeurons
dedans ; si donc nous ne sommes pas extrêmement vigilantes, et si chacune
de nous (comme s'il s'agissait de l'affaire la plus importante) ne se surveille
pas de très prés, il y aura beaucoup de choses pour nous priver
de cette sainte liberté d'esprit que nous cherchons, et empêcher
l'âme de voler vers son Créateur sans être chargée
de terre et de plomb.
2 Un grand remède pour l'acquérir est de ne jamais oublier que
tout est vanité, et que tout passe très vite ; nous détournons
ainsi notre affection de toute chose, et la fixons sur ce qui doit durer éternellement
; ce moyen, tout faible qu'il paraisse, finit par grandement fortifier l'âme
; veillons très soigneusement à ne pas nous attacher à
une chose, pour insignifiante qu'elle soit ; dés que nous nous sentons
attirées par elle, détournons-en notre esprit et dirigeons-le
vers Dieu : Sa Majesté nous y aidera. Elle nous a déjà
accordé une grande faveur en nous appelant dans cette maison ; le principal
est fait ; mais il reste à nous détacher de nous-mêmes.
Cette mise à l'écart de notre " moi " est chose ardue,
car nous sommes très unies à nous-mêmes et nous nous aimons
beaucoup.