Chemin de la perfection de Ste Thérèse d'Avila

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CHAPITRE 58

Expose tout ce que fit pour nous le Père Éternel en acceptant - que son fils restât avec nous dans le Très Saint Sacrement.

1 Pour l'amour de Dieu, mes soeurs, comprenez ce que demande le bon Jésus (ne passez pas à la légère sur cette requête, car il y va de notre vie) et n'attachez que peu d'importance à ce que vous avez donné, puisque vous devez tant recevoir. Il me semble maintenant, sauf meilleur avis, que le bon Jésus - voyant ce qu'il avait promis en notre nom, et combien il nous importait de le donner, et à quel point cela nous était difficile de par notre nature, notre penchant pour les choses superficielles et notre manque d'amour et de courage - comprit que pour réveiller notre amour nos yeux avaient besoin de voir le sien, et non une fois, mais tous les jours ; alors, il se détermina à rester parmi nous. Mais comme il s'agissait d'une chose si grave et si importante, il voulut qu'elle vînt de la main du Père Éternel. Sans doute, lui et son Père ne sont qu'un, et il savait que ce qu'il ferait sur la terre, son Père le ferait dans le ciel, et que sa volonté et celle de son Père n'étaient qu'une pour une si grande chose, mais l'humilité du bon Jésus 286 était telle qu'il voulut, pour ainsi dire, demander permission à son Père, car il savait qu'il était son Fils bien-aimé et que le Père avait mis en lui ses complaisances. Il comprit parfaitement que la supplique qu'il lui adressait dépassait toutes les demandes précédentes, puisqu'il voyait déjà quelle sorte de mort on allait lui infliger, ainsi que les opprobres et les affronts qu'il devait subir.
2 Quel père, Seigneur, nous ayant donné son fils, et un tel fils, pourrait, après l'avoir vu si outragé, consentir à le voir demeurer tous les jours au milieu de nous pour y souffrir encore ? Assurément, Seigneur, aucun si ce n'est le vôtre ; vous saviez bien à qui vous vous adressiez ! O mon Dieu, comme il est grand l'amour du Fils, et comme il est grand l'amour du Père ! Toutefois, je m'étonne moins du bon Jésus, car comme il avait dit : " fiat voluntas tua ", en Fils de Dieu il devait l'accomplir ! Certes ! il n'est pas comme nous ; il savait qu'il accomplissait la volonté de son Père en nous aimant comme lui-même, aussi chercha-t-il le moyen d'accomplir ce commandement le plus parfaitement possible et quoi qu'il puisse lui en coûter. Mais vous, Père Éternel, comment avez-vous consenti ? Pourquoi voulez vous voir chaque jour votre Fils livré à des mains aussi viles que les nôtres ? Vous nous l'avez envoyé une fois, vous l'avez permis, et vous avez vu en quel état nous l'avons mis. Comment votre tendresse peut-elle supporter de le voir chaque jour, oui, chaque jour en butte aux injures ? Et que d'outrages ne doit-on pas faire aujourd'hui à ce Très Saint Sacrement ? En combien de mains ennemies son Père ne doit-il pas le voir ? Que de profanations de la part de ces hérétiques !