Chemin de la perfection de Ste Thérèse d'Avila
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CHAPITRE 57
Du grand besoin que nous avons de faire cette demande du " panem nostrum ".
1 Le bon Jésus,
ai-je dit, comprenait combien il nous était difficile de faire ce qu'il
promettait en notre nom ; il connaissait notre faiblesse, et savait que nous
feignons souvent de ne pas comprendre quelle est la volonté du Seigneur.
Comme il est si compatissant, en nous voyant si faibles, il voulut trouver un
moyen de nous aider (car ne pas réaliser ce qu'il avait promis ne nous
convenait nullement), puisque tout ce que nous gagnons vient de ce que nous
donnons ; mais il reconnut que ce serait pour nous très difficile. Allez
dire à un homme riche que la volonté de Dieu lui enjoint de limiter
ses mets afin que ceux qui meurent de faim aient au moins du pain à manger,
et il trouvera mille raisons pour ne pas l'entendre ainsi et agir à sa
guise. Dites à un médisant que la volonté de Dieu est qu'il
aime son prochain comme lui- même, et il ne pourra le supporter ; aucune
raison ne saura le convaincre. Dites à un religieux - ou religieuse -
habitué à la liberté et à ses aises, qu'il est tenu
de donner le bon exemple et ne doit pas se contenter de répéter
les paroles du Paternoster, qu'il a promis et juré de les accomplir,
que la volonté de Dieu est qu'il observe ses voeux, et que s'il est un
sujet de scandale il les enfreint (même s'il ne les viole pas entièrement),
qu'il a fait voeu de pauvreté et doit le garder sans détour, que
telle est la volonté du Seigneur ; dites tout cela et vous ne pourrez,
aujourd'hui encore, les empêcher d'agir à leur gré. Que
serait-ce, Seigneur, si vous ne nous aviez grandement aidés par le remède
que vous nous avez donné ? Bien peu accompliraient la parole du Seigneur
et répondraient à ce qu'il a offert au Père ! Et plaise
à Sa Majesté que, même aujourd'hui, nous en ayons beaucoup
! Voyant donc combien nous avions besoin de lui, le Seigneur inventa un moyen
admirable par lequel il nous montra l'excès de son amour, et en son nom
et au nom de ses frères, il fit cette demande : " Donnez-nous aujourd'hui,
: Seigneur, notre pain de chaque jour. "