Chemin de la perfection de Ste Thérèse d'Avila

INDEX DES 73 CHAPITRES

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CHAPITRE 23

Suite du chapitre précédent.

1 Quand bien même vous ne verriez d'autre avantage que la confusion qu'éprouvera la soeur qui est en défaut en constatant que vous vous laissez condamner injustement, ce serait énorme. Une chose de ce genre élève parfois l'âme plus que dix sermons. Vous devez donc toutes vous efforcer de prêcher par les oeuvres, puisque l'Apôtre et notre inhabileté nous empêchent de le faire par la parole.
2 Ne vous imaginez jamais, bien que vous soyez cloîtrées, que le mal ou le bien que vous ferez demeurera secret - je crois vous l'avoir déjà dit une fois et je voudrais vous le redire maintes fois encore. Croyez-vous donc, mes filles, que si vous ne vous disculpez pas, il n'y aura personne pour prendre votre défense ? Voyez comment le Christ a pris la défense de Madeleine quand sainte Marthe l'accusait. Quand ce sera nécessaire Sa Majesté inspirera à quelqu'un l'idée d'élever la voix en votre faveur. J'ai une grande expérience de ceci, mais je préférerais que vous n'y songiez pas, et que vous vous réjouissiez plutôt de vous voir accusées. Je prends le temps à témoin du profit que vous verrez dans votre âme, car il est grand. En premier lieu, celle-ci commence à acquérir la liberté, et vous ne vous souciez pas plus qu'on dise du mal de vous que du bien ; il vous semble même que vous n'êtes pas en cause ; c'est comme si des personnes parlaient devant vous sans s'adresser à vous ; vous ne vous préoccuperiez pas de leur répondre. Ainsi en est-il ici : une fois que vous aurez pris l'habitude de ne pas répondre, il vous semblera que ce n'est pas à vous que l'on parle. Ceci paraîtra impossible parce que nous sommes susceptibles et peu mortifiées - et au début, c'est difficile- mais je sais que peu à peu on peut arriver à cette liberté d'esprit, à cette abnégation et à ce détachement de soi-même, avec la grâce de Dieu.